Forum PAGES 14-18

Bonsoir,
J’ai lu, sur ce forum, la composition d’un RAC.
J’aurais toutefois besoin de vos lumières pour savoir si j’ai bien tout compris.

1- Dans la composition d’une batterie de tir, on parle de 9 « pièces », qui, si j’ai bien compris, sont des ensembles de « voitures » (8 voitures pour chaque 4 premières pièces, 2 pour la 5° etc etc).
Mais qu’est-ce qu’une « voiture » ? une sorte de chariot tiré par des chevaux ?

2- Il est indiqué que « la dotation de la batterie est de 1248 cartouches soit 312 coups par pièce et la cadence moyenne de tir est de 6 cp/mn ». Si je comprends bien là aussi, cela signifie qu’au bout d’une petite heure, la batterie ne peut plus tirer ? Que fait elle alors (est-ce qu’elle se replie ? attend une livraison…. ?)
De plus, pourquoi les cartouches sont elles dispatchées entre toutes ces voitures ?

3- J’avais cru comprendre (là aussi) que chaque RAC était constitué de 9 batteries. Pourtant, on lit souvent des choses comme le cas personnel de mon ARGP : 48° RAC, 71ème batterie. Est-ce parce que la théorie AVANT conflit était 9 batteries, et qu’ENSUITE la réalité du terrain a imposé la création de nouvelles batteries ?

4- Tant que j’y suis, une petite dernière : Une batterie étant aux ordre de son RAC (si je ne me trompe pas) et si l’on ne retrouve pas le journal de marche et d’opération de cette batterie, peut-on espérer se faire un petite idée de ce qu’elle a vécu en lisant celui du RAC ????

Merci pour la lecture passionnante de vos échanges et aussi d’avance merci pour vos éclairages.

Bien cordialement
Frédéric

Bonjour Frédéric,

Je ne suis pas spécialiste, mais voici des ouvrages susceptibles de vous aider.

Dictionnaire des connaissances générales utiles à la gendarmerie (1915), définition de batterie : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... f117.image

Le livre du gradé d'artillerie (1915), composition de la batterie : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... /f49.image

Cordialement
Yves

Bonjour,
en realite une batterie de 75 c'est normalement:
3 officiers, 171 hommes, 168 chevaux et 22 voitures (215 chevaux pour une batterie de 75 à cheval)
lorsque l'on parle de pièces c'est une unite fonctionnelle soit de combat (avec un canon) soit logistique (à comparer à la section dans l'infanterie)
la composition des pièces d'une batterie est la suivante:
- 4 pièces avec canon et caisson, attelés chacun à un avant-train, un caisson à 72 coups plus 24 par avant train.
- 5° pièce dotée de 2 caissons, cette pièce est installée à proximite des canons.

les pièces suivantes sont en arrière 400/500m à l'abri des vues de l'enemi
- 6° pièce dotée de 3 caissons,
- 7° pièce dotée de 3 caissons,
- 8° pièce qui rassemble la forge et le chariot de batterie,
- 9° pièce qui rassemble 3 fourgons à vivres et un chariot-fourragère

Un caisson c'est une remorque "armoire" qui comprend des casiers chargés d'obus.
l'avant train est une remorque sur laquelle s'attelle le canon ou le caisson trois artilleurs prennent place sur l'avant train le coffre de l'avant train servant de banc cet avant train possede une "galerie porte sac"
Les fourgons a vivres, le chariot de batterie sont les ancetres des camions, une fourragère est une remorque ouverte comme celles servant autrefois au transport des foins (fourrages)

La batterie a effectivement avec elle 312 coups par pièce

cette batterie est elle même ravitaillée par le parc de corps d'armée situe entre 4 et 10 km du front et qui a une capacite de livraison (et de stockage) de 189 coups par canon (22680 coups pour les 120 canons de 75 du corps d'armée) bien evidemment ces munitions sont livrees en foction des besoins et consommations et non pas systematiquement à raison de 189 coups par pièces donc en fonction des circonstance rien n'interdit au parc de corps d'armée de livrer 3 dotations de 189 coups à une batterie et la moitié voire rien à une autre en fonction des consommations. cela n'a l'air de "rien" mais cela necessite une comptabilité parfaite, une gestion des "flux" envoi de colonnes etc complexe les batteries d'un corps d'armée n'etant pas les unes à coté des autres, une connaissance des positions etc. et ceci n'est qu'une partie du probleme car il faut aussi nourrir les 175 hommes et les 168 chevaux de la batterie (le fourrage prend un volume important)

plus en arriere le parc d'armee a lui la capacite de ravitailler le parc de corps d'arméee de 200 coups par pieces (toujours en fonction des besoins)

Au total chaque pièce a une dotation theorique de 701 coups par pièce
ce qui equivaudrait en théorie à 116 minutes de tir à raison de 6 coups minute. mais ce n'est qu'une théorie il est impossible de tirer à cette cadence en continu, le canon n'appréciera pas, les artilleurs ne suivront pas la cadence, la logistique non plus
La moyenne de consommation par canon de 75 pendant tout le mois de septembre 1914 est semble t'il de 700 coups ce qui pourrait sembler peu si on ne tient pas compte du fait qu'aucune batterie n'a combattu tout les mois, il y a les deplacements les attentes etc. les phases de combat ou la batterie ne tire pas car il n'y a pas d'objectif visible ou qu'il est difficile de distinguer ami et adversaire etc.
On peut voir que la dotation theorique de 701 coups par canon a plus ou moins bien correspondu à la consommation d'un mois de guerre
la consommation de munition va aller augmentant pendant la guerre d eposition, mais le sobus sont- prepositionnes dans des parcs de munition à l'avance, le sarmées etant statiques il est plus facile d eprevoir le ravitaillement; a titre d'exemple:
en juin/juillet 1916 sur 17 jours le 25 RAC a tire 180 000 coups soit une moyenne de 290 obus/jour avec un maximum pour certaines pieces de 1300 coups en 24 heures soit 1 coup minute. en moyenne mais ces moyennes ne veulent rien dire il n'y a pas de tir en continu..
Cordialement
Pierre

Merci beaucoup pour ces premiers éclairages.
Bonne continuation
Frédéric