Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous,
Travaillant sur les terrains de stationnement des escadrilles françaises, je voudrais trouver quelques références sur l'organisation des régiments d'artillerie lourde.
L'ouvrage du SHAA consacré l'Aéronautique française de 1912 à 1920 donne de nombreuses affectations à des des RAL, dont j'ai compris que les dénominations ont changé plusieurs fois au cours du conflit. J'étais donc parti sur l'idée qu'une escadrille pouvait avoir été affectée à un régiment et le suivre, mais à travers plusieurs JMO, il apparaît que ces RAL pouvaient avoir été scindés en plusieurs groupes dispersés dans des zones différentes, ce qui est difficielement compatible avec l'affectation d'un escadrille à UN régiment.
De plus, en lisant le JMO de l'esc. 217, aucune référence à un RAL particulier n'y est mentionné pendant la période où elle effectue des réglages pour l'A.L. de la IV° A. en Champagne depuis le terrain de la ferme d'Alger, d'autant que dans le même temps, elle réalise manifestement des missions d'observation ou de reconnaissance photo pour d'autres unités (elle reçoit une citation d'une Division d'infanterie, par exemple). si aucun RAL n'est mentionné, on y trouve des groupes d'A.L. désignés apparemment par le nom de leur commandant...
Plus précisemment, je me pose les questions suivantes:
1/. Les groupes d'A.L. sont-ils rattachés à des Corps d'Armée, ou bien leur emploi est-il coordonné par l'E.M. d'une Armée ? (les deux cas existent-ils peut-être ?).
2/. Ces escadrilles, comme la 217, sont-elles vraiment attachées à un groupe d'A.L., ou bien restent-elles contrôlées par l'aviation d'une Armée ou d'un C.A., travaillant au coup par coup.
3/. (question subsidiaire) De quelles sources viennent ces affectations données par le SHAA ?
Merci d'avance.
PFM

Bonjour,

Votre question appelle des réponses assez compliquées, l'organisation de l'artillerie française n'a jamais été étudiée en détail, il faut se tourner vers les archives du SHD.Voici quelques pistes d'études :

-1: A partir de 1915, des régiments d'A.L sont affectés aux Corps d'Armée (régiments de la série 101 et au-dessus) mais seuls quelques Groupes de ces régiments sont en fait partie constituante de l'Artillerie de Corps organique de ces Corps, les autres Groupes sont en Réserve d'Armée et à partir de 1917, certains Groupes deviendront les Groupes d'Artilerie Lourde organiques des D.I.
Le plus souvent, il est créé à l'échelon Corps ou Armée des "Groupements" d'Artillerie Lourde comprenant des groupes de diverses provenance placés sous un même commandement.
A partir de 1918, près de la moitié de l'artillerie lourde constituera la Réserve Générale d'Artillerie où le G.Q.G "puise" des groupes et les attribue en fonction des besoins.Tout ceci est très compliqué.
-2: En 1917, une escadrille d'A.L à 10 avions est bien affectée à chaque Régiment d'Artillerie Lourde dans 20 Corps d'Armée, à chacun des 10 régiments d'Artillerie Lourde à Tracteurs et 4 escadrilles à 14 avions à l'A.L.G.P.De surcroît, 23 ballons d'A.L sont affectés à usage de l'artillerie lourde.Cette organisation ne restera pas longtemps en place.
A la fin de la guerre, 24 escadrilles sont classées "Escadrilles d'Artillerie":
-10 escadrilles à 10 appareils affectées aux 10 Régiments d'Artillerie à Tracteurs armés de canons longs (81e à 90e R.A.L.T).
-10 escadrilles à 10 appareils affectées à 10 Régiments d'A.L armés de 155 L (régiments série 400).
-4 escadrilles à 15 appareils affectées à l'A.L.G.P.
Les ballons ne sont plus affectés en propre à l'artillerie mais des ballons reçoivent ponctuellement la mission d'oeuvrer au profit de l'A.L au cours des grandes offensives.
-3: Les tableaux d'organisation de l'artillerie du G.Q.G publient la liste des "escadrilles d'artillerie".Tableaux valables jusqu'à changement dans l'organisation.
Je précise que ces escadrilles d'artillerie, au moins sur le papier, ont la mission prioritaire d'observer et de régler les tirs.Les escadrilles de Corps d'Armée reçoivent la mission du contrôle des tirs de l'artillerie (avec bien d'autres missions assignées par le Corps d'Armée).
Cordialement,
Guy François.

Merci pour ces longues explications.
Dans la mesure où vous dites que les régiments d'AL sont dispersés en groupes dans les CA et la réserve générale, les escadrilles ne sont-elles pas affectées à l'AL d'un CA plutôt qu'à un régiment ?
Qu'en est-il des unités d'aviation dites "Sections d'Artillerie Lourde", créées au début de 1916 et rattachées à une escadrille d'observation, et qui prennent leur indépendance quelques mois plus tard ?
Les RALT 81-90 et les RAL 400 sont-ils également scindés ou restent-ils groupés, ce qui expliquerait qu'ils reçoivent individuellement une escadrille ?
Vous parlez des "tableaux d'organisation de l'artillerie du G.Q.G"; sont-ils en ligne sur le site "Mémoire des Hommes" ?
Amicalement.
P.F. Mary

Bonsoir,

Les RALT avaient vocation à être employés groupés, c'est d'ailleurs pourquoi leur composition est assez semblable.
L'évolution de la situation sur le front ne permet pas toujours ce regroupement, ce sera néanmoins souvent le cas d'octobre 1917 à mars 1918 puis à l'automne 1918.
Les Tableaux d'Organisation de l'Artillerie sont des documents d'une vingtaine de pages détaillant la composition exacte de l'artillerie à une date donnée.Ce sont, bien entendu, des documents classés "Secret" et peu diffusés.On les trouve dans les cartons d'archives du G.Q.G, Groupes d'Armées, Armées, Grands Etats-Majors d'Artillerie (1er et 3e Bureaux).
Cordialement,
Guy François.

Merci.
PFM