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Re: séparation des échelons

Publié : lun. sept. 12, 2011 7:57 pm
par acesar55
Bonjour à tous,

J'étudie actuellement le combat d'Ochamps et de la forêt de Luchy.
Dans les jmo on lit que l'artillerie s'est engagée dans la forêt de Luchy en colonne, à la suite de l'infanterie .
Une violente attaque en flanc et en queue a anéanti une bonne partie du 18e RAC (perte de 27 canons sur 36); Il est dit dans un jmo que les échelons n'ont pas été séparés.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html page 6
Je sais que cette opération consiste à éloigner les échelons de leur batterie de quelques centaines de mètres.
Ma question est la suivante : A quel moment doit-on séparer les échelons lors d'une progression ? Quel est le critère de séparation ?
Il y a pas mal de post qui parlent des échelons dans cette rubrique mais je n'ai pas trouvé de réponse à cette question.
Merci aux costauds de l'artillerie pour leur réponse.
Cordialement,
Alain

Re: séparation des échelons

Publié : lun. sept. 12, 2011 9:05 pm
par ALVF
Bonjour,

Les échelons de combat sont séparés de la batterie de tir au moment de la mise en batterie des pièces à des distances variables en fonction de la topographie et de la physionomie des couverts environnant la position de batterie.
Dans le cas tragique de la forêt de Luchy, il est manifeste que les groupes et batteries étaient encore en formation de colonnes de marche.Compte-tenu de l'étroitesse des pistes et routes de la forêt, il est probable que la formation de marche devait ressembler à une de ces combinaisons décrites dans "L'Aide-Mémoire de l'officier d'état-major en campagne"-édition 1914 (il y en a d'autres mais celles-ci sont adaptées aux déplacements sur des routes étroites):
ImageImage
Image
Colonnes de batterie, de groupe et de régiment d'artillerie (à trois groupes).

Cordialement,
Guy François.

Re: séparation des échelons

Publié : lun. sept. 12, 2011 9:37 pm
par acesar55
Bonsoir,

Merci Guy François pour ces précisions et pour les planches.
J'en conclus donc que la mise en batterie des pièces n'était pas d'actualité alors qu'on savait que le village d'Ochamps était potentiellement occupé par un ennemi en nombre.
On a commis pas mal d'erreurs en début de conflit et on les a payées cash. Les Allemands ont su utiliser leur artillerie mieux que nous n'avons su le faire.
Heureusement qu'on s'est rattrapé après.
Cordialement,
Alain

Re: séparation des échelons

Publié : lun. sept. 12, 2011 11:20 pm
par ALVF
Bonsoir,

Je ne crois pas que "les allemands ont su utiliser leur artillerie mieux que nous" en 1914, c'est vrai dans les Ardennes mais pas partout.
C'est surtout l'engagement général des forces françaises qui a été totalement défectueux.Il y a bien sûr la supériorité écrasante de l'artillerie lourde allemande (obusiers de 10,5-cm et de 15-cm) mais leur artillerie de campagne a souvent été mal employée dans bien des occasions.Il faut aussi tenir compte de l'infériorité manifeste des projectiles allemands de 7,7-cm sur ceux tirés par le "75" (un simple coup d'oeil sur les caractéristiques suffit, notamment en ce qui concerne le poids de l'explosif dans les projectiles français et allemands).Un autre point, pourtant capital en 1914, est assez rarement évoqué:
-le nombre des canons allemands de 7,7-cm était plus important que celui des "75" mais l'organisation des batteries allemandes à 6 pièces faisait que l'Armée française avait un nombre supérieur de batteries d'artillerie de campagne, ce qui change beaucoup de choses au plan de l'emploi car il ne suffit pas "d'aligner" des canons pour prendre la supériorité sur l'artillerie de l'adversaire.
Les fautes abondent au début de la guerre dans les deux camps, l'exemple des 24 canons allemands de 7,7-cm "hachés" au sens propre du terme et capturés en août 1914 en Haute-Alsace par l'action du 5e Régiment d'Artillerie de Campagne du 7e Corps d'Armée (ce R.A.C de Corps d'Armée était commandé par un certain colonel Nivelle!) en est un exemple parmi d'autres.
Cordialement,
Guy François.

Re: séparation des échelons

Publié : mar. sept. 13, 2011 11:30 am
par acesar55
Bonjour,

Merci Guy François pour cette mise au point.
Ma remarque faisait référence aux évènements de la bataille des frontières et plus particulièrement dans les Ardennes belges.
On a du mal à comprendre la stratègie de l'armée française dans cette région en dehors du fait qu'il fallait attaquer de flanc un ennemi qui s'étirait d'Est en Ouest et qu'il fallait combattre partout où on le rencontrerait.
Cet ennemi qui était parfaitement renseigné sur les mouvements de troupes françaises (les nombreux contacts avec les Uhlans le prouve) a soigneusement choisi l'endroit des confrontations.
Sur plusieurs écrits il est fait référence à cette sensation que l'ennemi se dérobe jusqu'au moment de l'attaque sournoise, violente et meurtrière qui ne laisse pas le temps aux divisions françaises de positionner leurs pièces.
Cordialement,
Alain

Re: séparation des échelons

Publié : sam. sept. 24, 2011 6:02 pm
par pierre C31
Bonjour à tous,
La lecture des JMO du 18e RA et de la 66e brigade laisse apparaitre une certaine confusion, sinon dans les faits, du moins dans les récits , laissant la désagréable impression que chacun essaie de reporter sur les autres sa propre responsabilité dans une manœuvre qui s’est révélée lourde de conséquences. Le JMO de la 66e brigade, naturellement écrit postérieurement aux faits, indique en effet que le général Fraisse a donné à 13h l’ordre à l’artillerie de ne pas pénétrer dans le bois car son plan aurait été d’attaquer Ochamps en contournant la forêt de Luchy par l’ouest, sous la protection du 20e RI tenant la lisière nord.
Le JMO de la 66e brigade indique en outre qu’à 13h45, l’artillerie divisionnaire pénètre dans le bois et encombre la route nord-sud sans qu’un ordre lui ait été donné en ce sens. Parallèlement un ordre écrit prescrit au lieutenant–colonel Picheral, adjoint au colonel commandant le 18e RA et l’artillerie divisionnaire, et commandant des deux groupes adjoints à la 66e brigade.d’effectuer une reconnaissance vers le nord-ouest afin de préparer une éventuelle action de l’artillerie. De son côté le JMO du 18e RA, vraisemblablement rédigé par le colonel Paloque, ou le lieutenant-colonel Picheral, indique que durant le trajet entre Bertrix et l’entrée de la forêt les deux groupes de l’artillerie divisionnaire affectés à la 66e brigade ont été informés que le bois était libre jusqu’à sa lisière nord. Puis ils avaient été croisés par un sous-lieutenant de réserve d’artillerie (M. Portrait) qui avait dit au colonel Paloque commandant l’artillerie divisionnaire «  Je suis chargé par le lieutenant-colonel Picheral d’aller prévenir l’artillerie de venir jusqu’à la lisière du bois. ».
Ce qui est clair c'est que jamais le 18e RA n'a pu se mettre en position pour appuyer l'attaque des 20e et 11e RI sur Ochamps en l'absence de position favorable, d'autant plus que les trajectoires tendues du canon de 75 ne permettaient pas le tir par dessus les rideaux forestiers. En revanche, l'artillerie allemande installée sur une colline (cote 469) au nord est d'Ochamps à pu prendre à partie les vagues d'assaut française sur les pentes (environ 800m )du thalweg qui sépare la forêt de Luchy du village d'Ochamps et notamment vers la chapelle de ND de Beauraing qui marque l'extême avancée du 20eRI.
Bien cordialement.
Pierre