Combats de septembre 1914 (Huiron)

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Laurent59
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par Laurent59 »

Bonjour à tous, après lecture des combats dans les environs de HUIRON (sud de Vitry le François), je cherche à localiser le Chateau Beaucamps ainsi que les fermes de Petites Perthes et Grandes Perthes situées au sud de Huiron. Période septembre 1914.

Merci

Laurent [:nico56]
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Laurent59
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par Laurent59 »

Eureka ! en superposant la carte des combats et sur carte sur G. Maps j'ai enfin pu localiser les deux fermes ! Lors de l'attaque du 10 septembre 1914 on y retrouve les: 91e 328e 272e 1OOe 11e RI sous les ordres de la 48e brigade. L'avance des troupes se fera sous le feu de l'artillerie ennemie, durant cette avance le Lt Colonel Brumm (272e RI) sera blessé, on dénombre 593 tués, blessés, disparus dont 2 officiers tués, 11 s/Off tués et 36 s/off blessés.

Le déroulement de cette journée du 10 septembre 1914

Image

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chatrou51
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par chatrou51 »

Bonjour Laurent,

Le chateau de Beaucamp est sur la commune de Chatelraould, idem pour les fermes Petites et Grandes Perthes.

Les combats du 6 au 11 sept se sont déroulé principalement sur Courdemanges - Glannes - Chatelraould - Frignicourt, dans ce secteur.

Huiron était occupé par les allemands du XIX AK et VIII AK.

Tu peux trouver un peu d'info ici : http://phmichel.freesurf.fr
De ton coté, as tu des éléments sur la blessure du Lt-Col Brumm ?

Merci.

Phil
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Laurent59
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par Laurent59 »

Bonjour Laurent,

De ton coté, as tu des éléments sur la blessure du Lt-Col Brumm ?

Merci.

Phil
D'après les archives que je possède la pluspart des blessures sont dues aux effets de l'artillerie allemande, les première lignes ont été touchées par les tirs de mitrailleuses placées 1000 mètres au dela de la ligne de chemin de fer, le Lt Colonel Brumm quant à lui a été blessé "sommairement" au talon ! les officiers ont été blessé à cheval en première ligne au devant des hommes (dixit compte rendu et témoignages divers). Les officiers progressaient sur le terrain à la boussole.
Laurent
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Laurent59
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par Laurent59 »

Le témoignage de Marc Bloch (272e RI) sur cette journée du 10 septembre en dit long sur les circonstances d'une attaque d'infanterie Fr en aout 1914 sur un terrain plat:
" Le jour se levait. L'air était frais. La pluie venait de cesser. Les capotes humides étaient lourdes. Je n'avais plus sommeil. Notre lieutenant s'en alla vers le capitaine, ou le chef de bataillon, je ne sais plus et, revenu, nous dit "Vous allez vous battre. Il y a assez longtemps que vous en avez envie".
Les premières marmites arrivèrent en sifflant. Elles tombaient à quelques centaines de mètres de nous, dégageant de grosses fumées noires. Une vache fut tuée, et un homme qui se trouvait près d'elle. Puis, nous reprîmes la marche en avant, franchissant la route et montant le versant opposé à celui par où nous étions venus. Nous dépassâmes une ligne de tranchées qu'occupait un autre régiment, le 100ème je crois.
Nous avions ce jour-là, sous un feu extrêmement violent de grosse artillerie et de mitrailleuses, progressé de quelques kilomètres, trois ou quatre sans doute, depuis dix heures du matin, jusqu'à six heures du soir. Nos pertes furent très fortes; elles montèrent pour ma compagnie, qui ne fut pas la plus éprouvée, à plus du tiers de l'effectif. Je ne sais si ma mémoire me trompe, mais il ne me semble pas que le temps m'ait paru très long.
Les balles des mitrailleuses bruissaient à travers les branches comme des essaims de guêpes. Les lourdes détonations des obus ébranlaient l'air, suivies par le chant que font les éclats en retombant après l'explosion. La fusée du shrapnell, en particulier vibre doucement en tournoyant dans l'air et ne se tait, brusquement, qu'à la fin de sa chute. Combien en ai-je entendu ce jour-là, de ces funèbres mélodies! Je rentrais la tête dans les épaules et j'attendais que vînt le silence, et peut-être avec lui le coup meurtrier. Je me souviens avoir remarqué pour la première fois que les fumées des obus fusants ont une couleur ocre, à la différence de celles des percutants, qui sont très noires.
Mon voisin, un caporal, fut touché au bras et au genou. L'autre sergent de la section et moi-même nous nous mîmes en devoir de le panser, mais nous fûmes nous-mêmes atteints, mon collègue assez sérieusement à la cuisse, moi très légèrement au bras droit. La balle, après être entrée dans la manche, eut le bon goût d'en ressortir tout de suite et ne fit que me brûler la peau. Comme la douleur fut très vive, je me crus d'abord sérieusement blessé. Mais je me rendis compte, bien vite, que ce n'était rien.
Vers ce moment-là il y eut dans notre section une sorte de panique, causée, autant qu'il m'en souvient, par les chevaux des mitrailleuses. On avait mené assez sottement les pièces jusque-là et on chercha à les mettre en batterie, ce qui, sous une pareille mitraille, n'était guère possible. Les bêtes s'affolèrent et jetèrent le trouble parmi nous. Je me vois encore courant, debout, devant deux chevaux que je cherchais à éviter et qui, je ne sais pourquoi, apparaissent dans ma mémoire comme prodigieusement grands
"

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chatrou51
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par chatrou51 »

Laurent,

Le terrain dans ce secteur n'est pas plat, comme on pourrait le penser.
Ce sont de grand vallon, avec des monts qui culminent à environ 200 m.

Ce qui fait que lorsque l'infanterie attaquait, elle était très vulnérable. très peu de bois, qq bosquets. Une course folle de qq km pour atteindre le mont suivant. Imagine !

Le mont-Moret juste à coté, culmine à 153 m, mais il donne une vue magnifique de la Marne et Vitry le François.

Idem sur la ferme de la Certine, un peu plus à l'ouest. Donc des points stratégiques importants. Pas plat, mais pas montagneux :

Le 21ème B.C.P donne une description peu élogieuse du paysage autour de Mailly : «Le spectacle des petits bois rabougris, défrichés, des vallonnements peu accentués étonnent nos chasseurs habitués aux montagnes des Vosges.» ;)

Philippe
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Laurent59
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par Laurent59 »

Bonjour, ce qui est incroyable dans les témoignages que je lis c'est cette hécatombe des hommes sur le terrain sans même avoir vu l'ennemi après avoir marché des centaines de mètres sous la mitraille des obus ! A ce sujet le témoignage du S/Off. Pierre Quentin Bauchart (5e bataillon 272e RI) est remarquable de précision. Il arrive avec son bataillon à l'objectif désigné (la ligne tenue par le 100e RI) mais doit rester de longues heures coucher sous le feu de l'artillerie (qui cadre bien ses tirs). Les pertes s'accumulent, il n'y a quasiment aucun abris. En absence d'ordres venant d'un supérieur QB décide d'avancer son bataillon encore quelques mètres et là ce sont les mitrailleuses allemdandes qui prennent le relais (placées au delà de la ligne d'horizon). Les hommes resteront sur cette position jusqu'en fin de journée sans même avoir tiré un coup de feu et avoir vu l'ennemi !!!. Plus de 500 hommes seront perdus durant cette journée...de sacrifice.

Je pense faire un tour sur le terrain pour mieux comprendre l'aspect géographique de la région...la ferme des Petites Perthes (lieu de départ de cette attaque) est devenu un gite de qualité avec...piscine ! Gite n°Gîte n°51G234 ;)

Image
crédit photo (DR)

Laurent :hello:
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par yann prouillet »

Bonjour à tous

pour abonder dans le sens de Philippe, voici, sur l'action rapide, un peu tardive mais semble-t-il décisive des chasseurs dans la Champagne pouilleuse devant Mailly, le témoignage d'Auguste Laurent, du 20ème BCP, le...

..."8 septembre 1914

À 2 heures, réveil. Départ 2 heures 30, le jour pointe à peine. Nous passons à Chassericourt, Margerie, Saint-Utin (Marne), Chapelaine, Corbeil, Saint-Ouen puis le camp de Mailly où nous arrivons vers 12 heures. Pendant que le bataillon va faire le jus, la 1ère compagnie est envoyée en avant garde avec les éclaireurs montés du 19ème chasseurs à cheval en avant. Arrivés à mi-crête après la ferme des Monts-Marains, le capitaine fait déployer la compagnie en colonne de demi-section. Sac à terre, le fusil dessus, nous commençons à grignoter un bout de pain et de bidoche assis auprès de nos sacs alors que déjà les balles sifflent à nos oreilles. Nous mettons sac au dos sans nous relever et sur un ordre du capitaine, nous nous développons en tirailleurs sans nous relever ; mais déjà plusieurs de mes camarades sont tués en voulant tirer sur les ennemis masqués par la crête. À notre droite une batterie du 62ème est entourée par les Bavarois, la 1ère compagnie se précipite à la baïonnette et la délivre, mais les tireurs sont tués ou blessés. La 2ème compagnie commandée par le lieutenant Krauss arrive à la rescousse ainsi que le reste du bataillon. L'ennemi recule, il est mis en fuite. La 1ère compagnie perd moitié de son effectif ainsi que la 2ème. Nous ramassons les blessés toute la nuit sans prendre aucune nourriture. Nous les transportons à la ferme des Monts-Marains ouverte à tous les vents mais où ces malheureux seront un peu à l'abri des obus. Plusieurs meurent dans la nuit, les ambulances ne venant pas faire l'évacuation. Il n'y a pas d'eau
."

...puis celui de son frère, Lucien, du 17ème BCP, même jour, même lieu...

"...marche pour Mailly où l'on cogne en arrivant. Le bouquet est l'attaque par la compagnie. On arrive par quatre, la deuxième demi-section se déploie dans la clairière ; la première se place à sa droite pour protéger sa retraite. On s'avance en rampant jusqu'à la lisière du bois mais, accueillis à coups de fusil, on tire sur l'ennemi qui arrive à se démasquer. Le capitaine qui les commande est dans le sous-bois. De là, une petite panique vite réprimée. Nous sommes forcés de battre en retraite, protégés par les salves des copains. Pendant 300 mètres ventre à terre ; lever la tête, c'est la mort certaine ! De 18 partis, on revient à 7 ou 8.

Restent Oudart et Georget, sergents. Tous deux en étaient à leur premier combat. Le sergent de la demi-section, de Saint-Maurice près de Rambervillers a une balle dans la mâchoire. C'est là que Dalainzy en reçoit une à la tête.

De là, course éperdue à travers bois. Arrivés sur la ligne de chemin de fer où les attend le 21ème chasseurs avec lequel on combat toute la nuit. Je suis à la compagnie du fils Clement, vétérinaire, qui la commande comme sous-lieutenant. Au jour, on regagne le bataillon qui a beaucoup souffert : voici Marchal qui a la tête ouverte. Il est souriant, le fusil aux mains, tourné vers la ligne... Il a du être tué par les nôtres. C'est là aussi que sont tués Polyte, Valentin, Poignon et Noirjean du 20ème
."

...et enfin Emile Maline, sergent-major à la 4ème compagnie du 20ème. Sompuis sera la fin de sa guerre ; il y perdra un oeil ce 8 septembre.

"Le réveil a lieu à 3 heures et les sacs sont mis à la voiture. La brigade se met en marche dans l'ordre suivant : 17ème R.I., 20ème BCP, 17ème BCP. Le moral est excellent et les nouvelles sont bonnes ; les boches battent en retraite.

Nous nous dirigeons sur le camp de Mailly et nous en franchissons la limite, à l'ouest de Saint-Ouen, pour aller faire la grand'halte aux Fermes Monts-Marains.

Le bruit des canons se rapproche et un régiment de cavalerie est en bataille dans un ravin, prêt à charger.

Pour couvrir le rassemblement, les dispositions suivantes sont prises : le 17ème R.I., qui est en avant-garde de la brigade, se porte à la crête face à la direction de Sompuis où est signalé l'ennemi ; le 20ème BCP aux fermes Monts-Marains et détachant la 1ère compagnie en liaison avec le 17ème R.I. ; le 17ème BCP sur la gauche ; le 21ème sur la droite.

Une corvée d'eau est organisée pour faire le café. La grand'halte terminée, chacun se repose. Il fait bon sur l'herbe, le soleil est chaud.

Le 62ème R.A. vient se mettre en batterie sur notre gauche et en avant.

Soudain arrive un général en automobile. Son officier d'Etat-Major saute en bas et apporte en courant un pli à notre général de brigade qui est avec nous. Ce dernier rassemble les officiers qui reviennent ensuite pour nous communiquer les ordres donnés. D'abord lecture est faite dans chaque compagnie de l'ordre du jour, admirable, que le généralissime a lancé le 6 septembre..."


Témoignages tirés de : Collectif, "Képis bleus de Lorraine. 1914-1916. Carnets de chasseurs à pied lorrains de la bataille des frontières à l'Artois. Société Philomatique Vosgienne (Saint-Dié-des-Vosges), 2001, 203 pages.

Bonne soirée à tous.
Yann Prouillet
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chatrou51
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par chatrou51 »

Merci bcp Yann pour ce récit que je ne connaissais pas. Je le garde sous le coude ;)

Quant à la photo de la ferme des petites Perthes, il y avait longtemps que je ne l'avais pas vu, elle a changé !

Bonne nuit.
Philippe
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Florent Deludet
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Re: Combats de septembre 1914 (Huiron)

Message par Florent Deludet »

Bonjour à tous,

Pour Yann : "...À notre droite une batterie du 62ème est entourée par les Bavarois"....

Ce secteur n'a jamais vu une semelle de Bavarois, ce sont des Saxons qui attaquèrent de Vitry à Fère Champenoise ( 3ème Armée)

Cordialement
Florent
"- C'est nous...du 106...Nous rentrons. -Oh! pauvres...Pauvres enfants ! "
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