Re: La crise du 75
Publié : mer. janv. 23, 2008 11:04 pm
Bonjour à tous,
trouvé au marché au Puces à Metz un petit historique de l'atelier de chargement des Gravanches plus connu sous le nom de P.C.F.D. - Parc de Chargement de Clermont Ferrand, de 1914 à 1918. Document tapé à la machine à écrire et sans doute jamais publié, écrit en 1938-1939.
En voici le plus bel extrait au sujet de la crise du 75 :
"Au mois d'avril 1915 l'artillerie venait de subir ce qui fut appelé la crise du 75 ...
...Il y avait eu des éclatements dans l'âme des canons ou à la sortie du tube...l'explosif enfermé dans le projectile faisait explosion au départ même du coup, les accidents étaient devenus terriblement nombreux et porataient sur des obus de toutes provenances.
Le Gal. Ste Claire Deville venu à Clermont en discutait avec le Cdt. Gutton (directeur du parc de Clermont). De la discussion une conclusion : l'obus vient d'une barre d'acier rond tronçonnée an "lopin" de la longueur convenable, par forgeage on lui fait une ogive, on le creuse ensuite intérieurement en lui laissant un fond de 3 cm d'épaissseur au culot. On a remplacé ainsi par un moyen simple et rapide la fabrication antérieure qui prenait un disque plat découpé dans une tôle laminée et avec une presse puissante on faisait un pot de fleur en forme d'obus dont l'ogive était ensuite formée.
Pour aller vite, et faute de presses, on avait fait venir des barres d'amérique, on les avait tronçonnées à la longueur convenable, et tout ouvrier muni d'un tour avait pu faire un obus de 75. Mais la barre ronde avait été laminée dans le sens de la longueur. Si une bulle d'air, si petite soit-elle est restée dans le métal, au laminage elle s'est allongée, elle a pu devenir un canal minuscule, mais ouvert à ses deux bouts par le tronçonnage d'un côté et de l'autre par l'évidement fait au tour. Si ce canal microscopique a bien ainsi été ouvert, les gaz provenant de la combustion de la poudre de la cartouche peuvent forcer le canal microscopique percé au travers du culot de l'obus et enflammer l'explosif.
Ces gaz sont doués d'une pression telle que l'obus sort de l'âme du canon avec une vitesse de 500 m par seconde.
Telle était la conception qui se dégageait de cette conversation.
Si c'était vrai, il suffirait de boucher ces canaux par une plaquette de fer blanc qui laminée dans le sens transversal du culot ne pourrait pas présenter les mêmes petits canaux infiniments étroits. La plaquette serait facilement soudée avec de l'étain fondu...2 jours de réflexion et voici le général et le cdt. en route pour Bourges et l'école de pyrotechnie. Huit jours plus tard, on commençait à souder des plaquettes au culot de tous les obus...la maladie de l'obus de 75 était guérie....
...Le cdt Gutton livra des centaines de mille d'obus munis de cette plaquette. Il fit mieux : le P.C.F.D. entreprit de réfectionner tous les obus déjà chargés d'explosif en leur soudnat une plaquette au culot.
Pour garantir l'atelier contre les dangers d'une explosion possible, l'opération se faisait en csemate sans avoir à chauffer le culot de l'obus. 1.600.000 projectiles furent ainsi rendus à l'armée en quelques mois...
Voilà une petite tranche d'histoire un peu méconnue.
Cordialement.
P. Lamy
trouvé au marché au Puces à Metz un petit historique de l'atelier de chargement des Gravanches plus connu sous le nom de P.C.F.D. - Parc de Chargement de Clermont Ferrand, de 1914 à 1918. Document tapé à la machine à écrire et sans doute jamais publié, écrit en 1938-1939.
En voici le plus bel extrait au sujet de la crise du 75 :
"Au mois d'avril 1915 l'artillerie venait de subir ce qui fut appelé la crise du 75 ...
...Il y avait eu des éclatements dans l'âme des canons ou à la sortie du tube...l'explosif enfermé dans le projectile faisait explosion au départ même du coup, les accidents étaient devenus terriblement nombreux et porataient sur des obus de toutes provenances.
Le Gal. Ste Claire Deville venu à Clermont en discutait avec le Cdt. Gutton (directeur du parc de Clermont). De la discussion une conclusion : l'obus vient d'une barre d'acier rond tronçonnée an "lopin" de la longueur convenable, par forgeage on lui fait une ogive, on le creuse ensuite intérieurement en lui laissant un fond de 3 cm d'épaissseur au culot. On a remplacé ainsi par un moyen simple et rapide la fabrication antérieure qui prenait un disque plat découpé dans une tôle laminée et avec une presse puissante on faisait un pot de fleur en forme d'obus dont l'ogive était ensuite formée.
Pour aller vite, et faute de presses, on avait fait venir des barres d'amérique, on les avait tronçonnées à la longueur convenable, et tout ouvrier muni d'un tour avait pu faire un obus de 75. Mais la barre ronde avait été laminée dans le sens de la longueur. Si une bulle d'air, si petite soit-elle est restée dans le métal, au laminage elle s'est allongée, elle a pu devenir un canal minuscule, mais ouvert à ses deux bouts par le tronçonnage d'un côté et de l'autre par l'évidement fait au tour. Si ce canal microscopique a bien ainsi été ouvert, les gaz provenant de la combustion de la poudre de la cartouche peuvent forcer le canal microscopique percé au travers du culot de l'obus et enflammer l'explosif.
Ces gaz sont doués d'une pression telle que l'obus sort de l'âme du canon avec une vitesse de 500 m par seconde.
Telle était la conception qui se dégageait de cette conversation.
Si c'était vrai, il suffirait de boucher ces canaux par une plaquette de fer blanc qui laminée dans le sens transversal du culot ne pourrait pas présenter les mêmes petits canaux infiniments étroits. La plaquette serait facilement soudée avec de l'étain fondu...2 jours de réflexion et voici le général et le cdt. en route pour Bourges et l'école de pyrotechnie. Huit jours plus tard, on commençait à souder des plaquettes au culot de tous les obus...la maladie de l'obus de 75 était guérie....
...Le cdt Gutton livra des centaines de mille d'obus munis de cette plaquette. Il fit mieux : le P.C.F.D. entreprit de réfectionner tous les obus déjà chargés d'explosif en leur soudnat une plaquette au culot.
Pour garantir l'atelier contre les dangers d'une explosion possible, l'opération se faisait en csemate sans avoir à chauffer le culot de l'obus. 1.600.000 projectiles furent ainsi rendus à l'armée en quelques mois...
Voilà une petite tranche d'histoire un peu méconnue.
Cordialement.
P. Lamy