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Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : sam. août 04, 2007 11:22 pm
par bm thiry
Bonsoir à tous,
Que pensez-vous de ces 2 cartes postales?
Constat:
Pour la première où les fantassins sortent de la tranchée,
je suis étonné
- de voir des tranchées aussi profondes et aussi efficaces,
- du bon positionnement de la mitrailleuse et de son officié de tir juste à côté!
Pour la seconde, "charge à la baïllonnette"
Le gradé à côté de ces troupes, la charge à la baïllonnette "parfaite" et symbole de l'offensive à outrance.
Débat:
Pensez-vous,
que ces clichets ont-ils été pris "en plein feu" sur le champ de bataille de la Marne en septembre 1914, ou comme moi que ces clichés ont du être reconstitués bien après la bataille de la Marne, (peut-être en octobre)?
Par le biais de ces cartes postales souhaitons-nous propager les bonnes pratiques du retranchement et également l'esprit offensif des charges à la baïo?
Votre avis m'intéresse
Bien cordialement
Bertrand
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : sam. août 04, 2007 11:36 pm
par TURPINITE
Bonsoir, durant tous ce conflit, combien d'images des deux côtés n'a t'on pas vues illustrant une réddition, une attaque, pour souvenir, la fameuse image des soldats allemands sortant du fort de Souville!
l'époque voulait que pour l'arrière, les images devaient nous montrer l'héroîsme de nos troupes.
le début de la propagande, je pense
bon nombre de cartes ont été faites lors de manoeuvre ou reconstitution.
cordialement
Florian
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : sam. août 04, 2007 11:42 pm
par Stephan @gosto
Bonsoir Bertrand,
Cette série très connue "En plein feu" est effectivement une pure reconstitution de différents combats marquants de la Bataille de la Marne. Sur la reconstitution concernant les combats de Courgivaux, je n'ai reconnu personne du 74e R.I. !

En revanche, la ferme est bien la ferme du Bel-Air.
Amicalement,
Stéphan
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : dim. août 05, 2007 11:32 am
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,
Salut Stéphan,
Oui, très intéressante et très lucrative, hélas, sur les sites d'enchères, cette série En plein feu !!!
Peux-tu me confirmer qu'elle a bien été constituée de 5 albums au total ?
Amicalement,
Eric
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : dim. août 05, 2007 11:39 am
par olivier77
Bonjour à tous,
"En plein feu" est à l'origine une publication très grand format à l'italienne. Il existe 4 n° (peut être un 5ème mais je ne l'ai pas trouvé et doute qu'il existe). La série reconstitue les combats de septembre 1915 de Ourcq à Alsace. La série à été décliné en tout un tas de cartes postales avec succès vu la quantité qui sont parvenues à nous.
Maintenant que penser de leur véracité? A mon avis elle est nulle: il s'agit de reconstitutions et de photomontage. Il paraitrait étonnant que l'auteur des clichés ai parcouru le front avec sa troupe de reconstitution armée, avec canons et chevaux en 1915/16 date de publication des fascicules! Je pense même avoir retrouvé dans ses images des morceaux d'autres photos. Que penser aussi d'un photographe qui prend ses photos lors d'une charge en se plaçant entre français et allemands.
Enfin je pense tout de même que cela peut être une bonne illustration des combats de 1914 (dans un style très héroïque il est vrai!).
Bon dimanche ensoleillé à tous.
Olivier
http://tsfarg.club.fr/index.htm
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : dim. août 05, 2007 11:45 am
par Eric Mansuy
Bonjour Olivier,
Au dos du n°4, La Bataille des Vosges, de Raon-l'Etape à l'Alsace, il est écrit : "l'album n°5 contiendra : Notre entrée en Alsace (col du Bonhomme, col du Loutchpack, Lac Blanc, col de la Schlucht, Sultzeren, col de Bussang, Urbeis, Felringe, Wesserling, Saint-Amarin, Moosch, Weiler, Bitschwiller, Thann, etc., etc.)". Il n'aurait donc pas été publié ?
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : dim. août 05, 2007 11:51 am
par olivier77
Bonjour Eric,
Je passe ma vie à chiner ce genre de choses. J'en ai des tas. Mais je dois dire que je n'ai jamais vu ce n°5. Jamais! De plus 1917 date à laquelle il aurait du paraitre était l'année de la crise du papier...
Je ne serais pas totalement affirmatif sur sa non-existence (il m'arrive de me tromper. Très souvent même!) mais j'ai quand même un doute sérieux.
Rien que le n°4 est déjà bien dur à trouver c'est une chance de l'avoir.
Bien cordialement
Olivier
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : dim. août 05, 2007 1:25 pm
par Arnaud Carobbi
Bonjour Bertrand,
Dans le même ordre d'idée :
Et pour la question :
Par le biais de ces cartes postales souhaitons-nous propager les bonnes pratiques du retranchement et également l'esprit offensif des charges à la baïo?
Je suis en train de lire les journaux d'août 1914 (car une question sur les températures en août m'a fait mettre le nez dedans) et je constate que la charge à la baïonnette était assez souvent mentionnée. Je mettrai quelques exemples prochainement.
Amicalement,
Arnaud
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : lun. août 06, 2007 3:08 am
par Arnaud Carobbi
Re-bonjour à tous,
L'attaque à la baïonnette dans la presse en août 1914 :
On entretenait la légende de cette attaque à la baïonnette par tous les moyens (cartes postales, récits, journaux...). D'abord, parce que c'était la doctrine de l'état-major (extrait remonté d'un article du
Figaro du 31 août 1914, copie d'un article paru dans le journal Le Temps le 28 août 1914 - mais difficilement lisible sur la version numérisée sur
Gallica).
Ensuite, parce que cela frappe les esprits, d'autant plus que toute la population a été nourrie par les récits de ces batailles où on avançait face à l'ennemi baIonnette en avant (batailles victorieuses comme à l'époque de Napoléon, défaites "glorieuses" en 1870). Et pour montrer cette place dans l'esprit de l'époque, les articles qui suivent, tous extraits du journal
le Figaro au cours du mois d'août 1914 montrent certte place. Et on va utiliser cette charge à la baïonnette à toutes les sauces :
Extraits de lettres de soldats :
19 août 1914

23 août 1914
Extraits du compte-rendu officiel de l'état major :
12 août 1914

21 août 1914
Mais ne perdons pas de vue que ces textes servent à maintenir le moral de la population et sont donc du bourrage de crâne, même si les attaques à la baïonnette étaient la règle. Et même si on ne parle pas tous les jours de ces charges baïonnette au canon, on constate que c'est in thème récurent de la presse.
Précisions méthodologiques : j'ai utilisé des articles du Figaro car c'est sur ce journal que j'avais choisi de travailler aujourd'hui. Hier, j'ai passé en revue l'Humanité après Le Temps jeudi et vendredi. A la lecture, on remarque que ces extraits du Figaro sont dans l'esprit de ce que l'on trouve dans tous les journaux. Et même que la majorité des textes sont les mêmes dans ces publications. Je n'ai travaillé que sur août 1914.
Bonne lecture,
Cordialement,
Arnaud
Re: Carte postale, bataille de la Marne, en plein feu
Publié : lun. août 06, 2007 3:16 am
par Arnaud Carobbi
Re-bonjour à tous,
Promis, après ce post, j'arrête !
Toujours à propos de la charge à la baïonnette.
Le récit de Galtier Boissière sur un de ses premiers engagements est très révélateur de l'état d'esprit dans lequel étaient les troupes françaises et surtout la vision que les soldats avaient de l'attaque à la baïonnette. Plus qu'un mythe, l'attaque à la baïonnette était attendue par la troupe, on l'y avait préparée pendant ses classes. La première partie du texte, à ce titre, pourrait se passer de ce commentaire tant il est limpide (mais vu la masse à lire sur l'écran, j'essaie d'encourager ceux qui seraient déjà découragés...).
La deuxième partie du texte montre aussi parfaitement la prise de conscience face à la réalité : le feu tue.
Bonne lecture,
Cordialement,
Arnaud
Jean GALTIER-BOISSIERE, La fleur au fusil (première édition 1917, extraits de la version non censurée de 1980).
LA GRANDE BAGARRE (chapitre VI)
25 août 1914 (...)
Nous avançons dans l'herbe, au pas, l'arme haute. Les balles chantonnent au-dessus de nos têtes. Arrivés à la lisière du petit bois, le commandant, qui marche à pied dans la première ligne de tirailleurs, crie d'une voix formidable
- Troisième bataillon, à mon commandement !... Baïonnette au canon !
Juste à cet instant, comme par miracle, le soleil perce les nuages, resplendit et nous baigne de ses rayons. Les officiers tirent leurs sabres; nous ajustons nos baïonnettes en marchant. Un frisson parcourt les rangs. Mon coeur bat à se rompre; mais je n'ai plus l'anxiété de tout à l'heure, alors qu'il fallait sans bouger attendre la bonne volonté d'un obus. Je bous d'impatience. Mes camarades goûtent la même ivresse que moi. Tous les yeux brillent d'une joie féroce. Nous sentons intensément que rien ne peut nous résister. Tout doit plier devant nous. Frémissant d'une jouissance adorable, je jette un coup d'oeil en arrière; bravo ! d'autres lignes de tirailleurs apparaissent, prêtes à nous renforcer pour l'assaut final c'est une forêt mouvante de baïonnettes, étincelantes sous les rayons du soleil !
- Ah ! bath ! fait un homme, on va y aller à la fourchette ! Faut avoir vu ça!
Depuis deux jours, nous combattons sans apercevoir l'ennemi. Ces cochons-là nous écrasent à distance avec leurs gros obus. De nos camarades ont été tués et mutilés, et nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous défendre, les armes à la main ! Mais aujourd'hui, Dieu merci ! c'est homme à homme qu'il va falloir se mesurer ! Le coeur battant, les mains crispées nerveusement au bois du fusil, la baïonnette haute, prêts à bondir en avant, nous activons l'allure, nous allons prendre le pas de charge en poussant d'effroyables hurlements... Et soudain, comme nous avons contourné le petit bois, un ordre passe soudain
- Remettez la baïonnette !
Remettre la baïonnette au fourreau, sans avoir embroché un seul Prussien, quelle déception ! L'élan est brisé, l'enthousiasme douché à froid ! Alors, quoi ? on s'était trompé ? L'ennemi n'occupait pas le bois ?
- V'là les c... qui recommencent ! me souffle Grimace.
Devant nous se dresse un coteau dénudé : pas un arbre, pas un mur, pas un repli de terrain; l'ennemi serait-il retranché là-haut?
Nous remontons à l'assaut du coteau, en tirailleurs, à quelques pas les uns des autres. Les balles sifflent dru; les shrapnells fusent au-dessus de nos têtes avec un ricanement rageur, nous arrosant de billes qui cinglent l'air entre nous; de gros obus éclatent avec un fracas de tonnerre, soulevant des geysers de terre qui retombent en grêlons sur nos têtes.
Assourdi par les éclatements, les oreilles bourdonnantes, je n'entends pas les ordres qu'on crie; j'essaie de ne pas perdre de vue l'adjudant, mon chef de section. Sourd, muet, saoul de poudre et de bruit, incapable de penser, je marche automatiquement, comme en état d'hypnose. Une seule idée, une seule volonté occupe tout le champ rétréci de ma conscience En avant ! en avant ! en avant !
Je vois confusément des hommes s'écrouler à ma droite, à ma gauche. Le capitaine bondit dans la fumée. Un clairon, debout, sonne la charge à pleins poumons :
Y a la goutte à boire, là-haut ! Y a la goutte à boire !
puis s'abat. Les rangs s'éclaircissent. Nous avançons toujours, sans regarder en arrière.
Maintenant, nous progressons par bonds; au signal de l'adjudant, on se dresse, on bondit en avant, on court, droit devant soi, alourdi par le sac, gêné par les cartouchières, le bidon, la musette qui bringuebalent au côté; puis on se jette à plat ventre, haletant; ma ceinture bourrée de louis s'est desserrée et me tombe dans les jambes. Autre emmerdement. Des hommes butent pendant la course, d'autres sont frappés à la tête en se relevant. Nul ne fait attention à son voisin, quel qu'il soit ! Une seule pensée : avancer !
Les balles arrivent par rafales, très bas, fouettant la terre à quelques pas devant nous.
- Ils nous fauchent avec des mitrailleuses, dit mon voisin, qui, l'instant d'après, ne se relève pas.
Encore un bond ! Nous sommes à quarante mètres de la crête, et l'ennemi qui nous mitraille est toujours invisible. Nous n'avons pas encore tiré un seul coup de fusil ! L'adjudant s'en tient au règlement, qui interdit au chef de section de commander des feux s'il ne distingue pas d'objectif. Je lui crie qu'on pourrait peut-être tirer un petit peu. Il se décide enfin à commander quelques feux de salve, pour reprendre sa troupe en main. Nous ne sommes plus qu'une dizaine qui tiraillons au hasard : tués ou blessés, les autres hommes de la section sont restés au flanc de la colline.
(...)