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Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : ven. sept. 18, 2015 9:56 pm
par IM Louis Jean
Bonsoir à toutes et à tous,
Dans un article de
L'Aérophile, sur Gallica, au sujet du démarreur Odier, l'auteur avance que 1 500 mécaniciens ont perdu la vie au cours de la Grande Guerre par accident au lancement d'hélice.
Ce chiffre vous paraît-il réaliste ?
Malheureusement MdH ne prend en compte les décès particuliers que s'ils sont signalés par un annotateur. Je n'ai trouvé que Louis Emile
Andrieu.
Cordialement
Étienne
Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : sam. sept. 19, 2015 2:26 am
par fredo64
bonjour.
le "rapport Marin", publié après guerre, est une étude statistique relative aux pertes françaises pendant la guerre.
perso, je l'ai survolé; d'autres, plus sérieux, ont poussé leur analyse et contestent certains des chiffres avancés. cela dit, faute de mieux, et en ce qui concerne l'aviation, ça donne:
- officiers: 5.300 mobilisés, 1.145 tués (dont 110 disparus).
- troupe: 102.500 mobilisés, 3.600 tués (dont 170 disparus).
du coup, un total de 1.500 mécanos tués par le seul démarreur Odier me semble être quelque peu gonflé.
cdlt,
Fred
PS: le document de référence est consultable sur Gallica: chercher "les archives de la grande guerre", page 197 du recueil 1921/02 à 1921/06.
ou, si le lien veut bien fonctionner:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... 0.image.r=
Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : sam. sept. 19, 2015 2:36 am
par fredo64
re-
il semble que la version d'origine dudit rapport se trouve ici:
http://www.e-corpus.org/notices/112114/gallery/1337823
Fred
Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : sam. sept. 19, 2015 9:09 pm
par soupape1418
bonjour.
du coup, un total de 1.500 mécanos
tués par le seul démarreur Odier me semble être quelque peu gonflé.
cdlt,
Fred
PS: le document de référence est consultable sur Gallica: chercher "les archives de la grande guerre", page 197 du recueil 1921/02 à 1921/06.
ou, si le lien veut bien fonctionner:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... 0.image.r=
Bonjour,
Un mort par jour de guerre, ce chiffre peut sembler exagéré. Mais il ne faut en aucun cas minimiser les pertes de mécanicien par blessure grave ou fatale au lancement de l’hélice. La tête, les mains, les bras, le torse, aucune partie du corps n’échappait à la cruelle hélice.
Pour se donner une petite idée des pertes sur lancement hélice voici les accidents du mois de mars 1919. Nous sommes en temps de paix, l’activité aérienne a considérablement diminué, plus de démarrage dans l’urgence, moins de stress, moins de fatigue... On peut donc considérer que les conditions de travail se sont fortement améliorées.
Le 6 mars, le sergent Bremaud est blessé sur un retour d’hélice. Le 7, c’est le soldat mécanicien Demaria qui est tué dans les mêmes circonstances à Avord. Le 14, le soldat Lescouarch est lui aussi tué. Le 24, le sergent pilote Romanoski est blessé et le 26 c’est au tour du soldat mécanicien Lemarie de mourir…
Qu’en conclure ? Pas grand-chose, car sur les deux mois suivants, avril et mai, aucun accident de lancement n’est à déplorer. On peut toutefois noter que 6 mois après l’armistice, les pertes de l’Aéronautique militaire restent encore très conséquentes, 16 morts en mars, 21 en avril, 20 en mai...
Maintenant il ne faut pas désigner le démarreur Odier comme un massacreur de mécanicien. Bien au contraire. Le démarreur d’aérodrome Odier ne fut créé qu’après la guerre. Seul un démarreur embarqué sur hydravion et fonctionnant sur le même principe existait en 1917. Ce démarreur à acide carbonique, comme le rappelle Antoine Odier dans son livre, ne fut pas créé pour sauver des mécaniciens, mais pour démarrer les moteurs rétifs en période hivernale et les moteurs de 200 ch et plus. Moteurs non démarrables à la main car l’hélice placée trop haute et les résistances du moteur trop importantes. Le fait d’éloigner le mécanicien de l’hélice l’a soustrait à ses coups avec comme conséquence moins de blessés et tués parmi cette population.
Odier raconte qu’un général (dont il ne cite pas le nom) prit la décision d’utiliser le démarreur de son invention après avoir calculé le coût annuel des accidents de lancement à la main en y incluant le coût des pensions aux veuves…
Bref, c’est le démarrage des moteurs de petite et moyenne puissance par lancement de l’hélice qui fut très meurtrié et pas le lancement au démarreur Odier.
Cordialement
Dominique Rouchon
Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : sam. sept. 19, 2015 10:46 pm
par fredo64
bonsoir.
donc, si ce système n'est exploité qu'à partir de 1917, on passe à un peu plus de deux morts/jour.
statistiquement, si l'on prend en compte le fait que la troupe englobe aussi un grand nombre de PN (pilotes, observateurs, mitrailleurs, bombardiers) qui ont eux aussi payé un lourd tribu à la guerre, ce chiffre de 1.500 me semble toujours aussi gros.
mais bien entendu, faute d'étude poussée, il sera difficile d'estimer la valeur réelle du nombre de décès avancé.
Fred
Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : sam. sept. 19, 2015 10:54 pm
par IM Louis Jean
Bonsoir à toutes et à tous,
Bref, c’est le démarrage des moteurs de petite et moyenne puissance par lancement de l’hélice qui fut très meurtrié et pas le lancement au démarreur Odier.
Ma question portait bien sûr sur les lancements à la main! L'article est très clair qui attribue au système Odier une baisse des accidents.
Cordialement
Étienne
Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : dim. sept. 20, 2015 12:06 am
par soupape1418
Absolument d'accord avec vous. C'est ce que j'ai tenté d'expliquer plus haut.
Cordialement
Dominique
Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : dim. sept. 20, 2015 11:34 am
par amboise37
Bonjour,
on peut se faire une petite idée en compulsant les CCC. Cela peut donner une orientation. Mais bon courage.
Didier
Re: Mécaniciens morts pour la France
Publié : jeu. sept. 24, 2015 4:16 am
par fredo64
bonjour à tous.
au-delà de la cause, ce sont les chiffres qui me choquent. c'est un peu pour ça que je n'ai pas consulté le lien donné et que, du coup, je réponds à côté de la question.
du coup, à partir de l'étude menée par Albin Denis sur son site, j'ai voulu relever et opposer quelques chiffres afin d'avoir une idée du problème. pour que cela soit suffisamment parlant, j'ai essayé de viser assez large, en relevant le nombre des décès et leurs causes:
- au sein des 90 premières escadrilles qu'il a étudiées dans leur ensemble, de la n°1 à la n°151,
- au sein des écoles dont les chiffres sont publiés: Avord, Chartres et Le Crotoy,
- au sein de l'école de Pau, pour laquelle j'ai moi-même relevé le nombre des décès dans l'état-civil local.
sur cet échantillonnage, je relève un total de 1.572 décès, dont 1.002 concernent le personnel non-officier (puisque le rapport Marin impose ce mode de partition).
de ces 1.002 personnels décédés, il faut extraire l'ensemble des PN et des rampants tués en service aérien commandé. il reste donc 77 décès dont les causes se répartissent de la manière suivantes:
- 41 dus à la maladie,
- 5 déclarés comme disparus,
- 11 dus à des bombardements aériens ennemis,
- 6 dus à des accidents survenus au sol (chutes, etc.)
- 11 relèvent de causes inconnues (non mentionnées),
- 3 sont dus à des accidents de lancement d'hélice !!!
bien entendu, la source doit déjà présenter un certain nombre d'erreurs (défaut de compréhension, faute de retranscription, etc.), et il aurait certainement fallu affiner les critères de sélection (rattachement réel des observateurs et du personnel dépendant de la Marine, par exemple). mais, au final, même avec une marge d'erreur importante, le nombre de cas obtenu représente une part significative des 3.500 décès annoncés par le rapport Marin.
de plus, il faut considérer:
- la composition du PN dans son ensemble (pilotes, mitrailleurs, observateurs, bombardiers), qui est formé en grande majorité de personnels non officiers (du grade de soldat à celui d'adjudant-chef),
- le niveau opérationnel des écoles (nombre d'appareils en service et fréquence des vols) qui dépasse de loin celui des escadrilles. pour exemple, en 01.1917, Avord et Pau alignent respectivement 480 et 316 appareils; en 06.1918, Avord est passé à 1.200 avions, et en 11.1918, Pau en possède environ 750 (ces chiffres sont à opposer au taux de disponibilité réel, soit de 35 à 40% environ).
finalement, je ne sais pas sur quelles bases est calculé ce chiffre de 1.500 mécanos tués au cours de lancement d'hélice. mais il me semble encore davantage erroné.
cdlt,
Fred