Re: La lettre retrouvée du caporal pilote Raoul Narisi
Publié : mer. mars 11, 2015 12:51 am
Bonjour,
Une lettre retrouvée datant de mars 1916 du caporal pilote Raoul Narisi à sa famille. Une carte postale de Dijon également, envoyée à sa mère qui montre qu’il était probablement en poste à la base aérienne 102, ainsi qu’une photo de lui en uniforme. Né au Chiron, un lieu-dit entre le Thou et Aigrefeuille en Charente-Maritime, de Grégorio Narisi, né à Sorrente, Italie, et de Mélanie Joséphine Gabet, née au Thou, son avion fut atteint par une balle incendiaire lors du bombardement de la gare de Sierentz (68) le 4 mai 1917. Il repose en la nécropole nationale d’Altkrich dans le Haut-Rhin et est inscrit sur le Monument aux morts du Thou.
« Dijon, le 2 mars 1916 : chères mère et frangine, bien reçu ta dernière lettre datée du 26 en laquelle tu m’envoies un colis que j’ai reçu aujourd’hui même. Surprise pour moi en trouvant des merveilles, te dire que ça m’a fait plaisir au ventre et aussi aux quelques amis du régiment et autres. Ceci nous a valu une descente de cantine où au moins nous avons savouré leur saveur exquise arrosée d’un bon vin blanc. On m’a dit de vous adresser des compliments, qu’elles sont excellentes. Il y en avait quelques unes de cassées mais très peu. J’aime à croire pour maman que ses douleurs ne vont pas plus mal, au contraire mais je suis comme elle depuis ce midi, incapable de me servir du bras blessé, j’en souffre beaucoup, il me semble que les os se brisent. Je devais justement voler ce tantôt, je n’ai pas pu, je n’aurais jamais pu manœuvrer mes commandes. Je ne sais qui en est cause, est-ce le froid, très probablement car par ici le climat est beaucoup plus froid que chez vers nous. Quant à Jean je suis content d’avoir de ses nouvelles, il m’a écrit hier, je vais lui répondre ce soir. Tant mieux qu’il se mobilise tant qu’il pourra ; vous avez vu ce beau bâtiment qu’il nous a coulé encore. Chez nous aussi nous avons un pilote et son mécanicien qui se sont sérieusement fracassés les os hier après-midi ; ils ont chuté de 800 mètres d’un seul coup. Ils ne sont pas morts mais ils ne valent guère mieux. Quant à vos bagues, j’ai vu hier soir un ami du régiment qui ne tardera pas à me les faire parvenir ; je lui ai envoyé les bonnes dimensions.
Je compte quitter ce camp le 14 mars au mieux, je n’en sais rien, pour aller à Étampes près de Paris, ou Chartres. A Buc il y a une moyenne de 3 pilotes qui se cassent la figure et Pau n’a rien d’intéressant. Châteauroux, il n’y a pas assez d’appareils et dans les autres écoles mes appareils n’y sont pas car je vais faire par la suite les bombardements sur des Bréguet-Sabin qui emportent 800 kilos de projectiles. 3 moteurs, 2 pilotes, 1 mitrailleur et 1 observateur, c’est dur mais il faut que j’y arrive ; cet appareil peut marcher à 210 km/h, la force du moteur est de 300 chevaux. Henri qui doit connaître cela vous donnera des détails. Avis aux pilotes : il faut en avoir dans le ventre ! Allons bonsoir et ne vous en faites pas pour moi ; ça colle, à part mon bras qui m’ennuie passablement. Bons baisers et merci du colis. Raoul.



(Remerciements à Mme Callède de Bordeaux pour ces documents. Raoul Narisi était le frère de sa grand-mère.)
Un lien vers le site "Les As oubliés":
http://www.asoublies1418.fr/default.asp ... 9336233DE6
Une lettre retrouvée datant de mars 1916 du caporal pilote Raoul Narisi à sa famille. Une carte postale de Dijon également, envoyée à sa mère qui montre qu’il était probablement en poste à la base aérienne 102, ainsi qu’une photo de lui en uniforme. Né au Chiron, un lieu-dit entre le Thou et Aigrefeuille en Charente-Maritime, de Grégorio Narisi, né à Sorrente, Italie, et de Mélanie Joséphine Gabet, née au Thou, son avion fut atteint par une balle incendiaire lors du bombardement de la gare de Sierentz (68) le 4 mai 1917. Il repose en la nécropole nationale d’Altkrich dans le Haut-Rhin et est inscrit sur le Monument aux morts du Thou.
« Dijon, le 2 mars 1916 : chères mère et frangine, bien reçu ta dernière lettre datée du 26 en laquelle tu m’envoies un colis que j’ai reçu aujourd’hui même. Surprise pour moi en trouvant des merveilles, te dire que ça m’a fait plaisir au ventre et aussi aux quelques amis du régiment et autres. Ceci nous a valu une descente de cantine où au moins nous avons savouré leur saveur exquise arrosée d’un bon vin blanc. On m’a dit de vous adresser des compliments, qu’elles sont excellentes. Il y en avait quelques unes de cassées mais très peu. J’aime à croire pour maman que ses douleurs ne vont pas plus mal, au contraire mais je suis comme elle depuis ce midi, incapable de me servir du bras blessé, j’en souffre beaucoup, il me semble que les os se brisent. Je devais justement voler ce tantôt, je n’ai pas pu, je n’aurais jamais pu manœuvrer mes commandes. Je ne sais qui en est cause, est-ce le froid, très probablement car par ici le climat est beaucoup plus froid que chez vers nous. Quant à Jean je suis content d’avoir de ses nouvelles, il m’a écrit hier, je vais lui répondre ce soir. Tant mieux qu’il se mobilise tant qu’il pourra ; vous avez vu ce beau bâtiment qu’il nous a coulé encore. Chez nous aussi nous avons un pilote et son mécanicien qui se sont sérieusement fracassés les os hier après-midi ; ils ont chuté de 800 mètres d’un seul coup. Ils ne sont pas morts mais ils ne valent guère mieux. Quant à vos bagues, j’ai vu hier soir un ami du régiment qui ne tardera pas à me les faire parvenir ; je lui ai envoyé les bonnes dimensions.
Je compte quitter ce camp le 14 mars au mieux, je n’en sais rien, pour aller à Étampes près de Paris, ou Chartres. A Buc il y a une moyenne de 3 pilotes qui se cassent la figure et Pau n’a rien d’intéressant. Châteauroux, il n’y a pas assez d’appareils et dans les autres écoles mes appareils n’y sont pas car je vais faire par la suite les bombardements sur des Bréguet-Sabin qui emportent 800 kilos de projectiles. 3 moteurs, 2 pilotes, 1 mitrailleur et 1 observateur, c’est dur mais il faut que j’y arrive ; cet appareil peut marcher à 210 km/h, la force du moteur est de 300 chevaux. Henri qui doit connaître cela vous donnera des détails. Avis aux pilotes : il faut en avoir dans le ventre ! Allons bonsoir et ne vous en faites pas pour moi ; ça colle, à part mon bras qui m’ennuie passablement. Bons baisers et merci du colis. Raoul.



(Remerciements à Mme Callède de Bordeaux pour ces documents. Raoul Narisi était le frère de sa grand-mère.)
Un lien vers le site "Les As oubliés":
http://www.asoublies1418.fr/default.asp ... 9336233DE6