Page 1 sur 3

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : ven. juin 07, 2013 5:01 pm
par fredo64
bonjour à tous,

dans le JORF du 29.11.1911 (débats parlementaires/Chambre des députés, p.3386), le débat évoque la création du Centre de Saint-Cyr.
M. Thalamas intervient en ces termes:
"Je suis d'accord avec les officiers intéressés en demandant à M. le Ministre de la guerre de profiter de l'installation de ce camp d'aviation et d'aéronautique (comprendre Saint-Cyr) pour débarrasser le parc de Versailles de ses constructions qui le déshonorent".

or, de mémoire, le Centre de Versailles se trouvait aux Mortemets.
cela implique-t-il que cette emprise était englobée au parc du château? ou que le Centre disposait d'une ou de plusieurs annexes sur le domaine du château?

merci d'avance pour vos lumières,
cdlt,
fred

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : ven. juin 07, 2013 6:24 pm
par Flamel
A la date indiquée le centre aéronautique de Saint Cyr l'école n'existe pas encore. Il va être ouvert début 1912.

N'y avait il pas plutôt le Génie (le 5e RG) aux Mortemets et peut être les sapeurs aérostiers? Je doute que l'aviation ait eu quelques terrains dans le parc de Versailles

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : sam. juin 08, 2013 2:21 am
par Rutilius

Bonjour Fred,
Bonjour à tous,


Le bassin de Choisy, ainsi que trois parcelles du Domaine de Versailles, dont une sise près de l’allée des Mortemets, furent initialement affectés au Ministère de la Guerre par un décret en date du 24 novembre 1899 (Bull. des Lois 1899, n° 2.111, p. 2.717, Texte n° 37.175), et ce « en vue de l’organisation d’une école de natation pour les troupes de la garnison de Versailles ».


Image
Image


En 1916, existait dans l'enceinte du Camps des Mortemets de Versailles un dépôt de matériel aéronautique, qui fut en partie détruit par un incendie en Août de la même année.


Le Matin, n° 11.863, 20 août 1916, p. 3.

Image


A l’automne 1919, se trouvait encore à cet endroit la « 2e Réserve de ravitaillement de l'aéronautique », alors chargée de procéder à la liquidation des stocks de matériel.


Le Petit Parisien, n° 15.565, 20 septembre 1919, p. 4.


Image


Le Petit Parisien, n° 15.606, 31 octobre 1919, p. 4.


Image


Enfin, en 1920, existaient toujours aux Mortemets la « 2e Réserve d’aviation » et l’ « Entrepôt d’aviation n° 3 ».

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : sam. juin 08, 2013 10:38 pm
par fredo64
bonsoir,

pour corriger ma propre ânerie: le centre d'aviation de Versailles se trouvait à Satory. :pfff:

Flamel: je croyais mon message clair. désolé si ce n'est pas le cas.
le débat en question porte sur l'opportunité de déplacer les moyens mis en oeuvre sur l'emprise du château de Versailles vers le nouveau Centre de Saint-Cyr dès son activation prochaine. ce qui sous-entend bien qu'il n'est pas encore en activité.

Daniel: merci pour votre réponse!
si je gagne au Loto ce soir, je vous embauche comme documentaliste :)

cdlt,
fred.

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : dim. juin 09, 2013 1:13 am
par CTP
Bonsoir


Extrait

• La deuxième Réserve de Ravitaillement à Mortemets

Une autre difficulté avec laquelle doit lutter la 2ème Réserve, provient de la défectuosité de son installation matérielle.
La construction de la plupart des hangars a eu lieu au mois de juin 1915, dans une saison pluvieuse, sur un terrain particulièrement marécageux.
Les bâtiments ont été placés où on pouvait, non où on aurait dû les mettre.
On corrige maintenant autant que possible, ce mauvais plan originaire d’installation, tant en asséchant le terrain qu’en plaçant les nouvelles constructions aux endroits les mieux appropriés.
La difficulté de l’installation est aggravée du fait que l’Etablissement est desservi par une voie unique de Chemin de fer ».

[Rapport dactylographié, Sd, 10 pages, SHD, Air]


Cordialement
Claude

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : dim. juin 09, 2013 2:13 am
par Flamel
Il me semble bien que la question d'origine parle d'un texte du JO de fin 1911. Si on parle bien de cette époque (c'est à dire bien avant la guerre), et si la question concerne le centre d'aviation, il n'est plus à Satory depuis fin 1910.

>>> En 1916, existait dans l'enceinte du Camps des Mortemets de Versailles un dépôt de matériel aéronautique, qui fut en partie détruit par un incendie en Août de la même année.

Merci pour cette information. ce qui est vrai en 1916 ne l'est peut être pas 5 ans plus tôt. Et s'il existait, je doute qu'en 1911 il était utilisé par l'aviation.

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : dim. juin 09, 2013 4:05 pm
par Rutilius

Bonjour à tous,


Comprenons-nous bien : je me suis borné à tenter d'établir un embryon de chronologie quant à l'affectation de dépendances du Domaine national de Versailles à des formations de l'armée de terre, en ce compris l'aéronautique, afin de répondre à l'un des termes de la question initiale.

Quant à la 2e Réserve de ravitaillement d'aéronautique, il semble bien qu'elle était sise, dès le début de la guerre, au Camps des Mortemets.


• Journal officiel – Débats de la Chambre des députés –, 21 avril 1928, p. 1.748, Réponses aux questions écrites des députés.


Image

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : dim. juin 09, 2013 9:03 pm
par Rutilius

Bonsoir à tous,


L’intervention de M. Thalamas, le 28 novembre 1911 à la Chambre des députés, se situait dans le cadre de la discussion du projet de loi portant fixation du budget général des dépenses et recettes de l’exercice 1912. Elle portait plus précisément sur le chapitre 16 du budget du Ministère de la Guerre, consacré aux moyens du Génie.

Il en ressort clairement, qu’à cette date, était encore à l’état de projet l’installation officielle à Saint-Cyr, d’une part, d’un « camp d’aéronautique », et, d’autre part, d’un « camp d’aviation ».

Qualifié de « casernement » destiné à recevoir « le matériel et le personnel nécessaires » au premier, le « camp d’aviation » devait en réalité être implanté, non pas dans la plaine de Saint-Cyr, mais « sur une portion » de la gare militaire des Matelots. Ce que contestait l’orateur en raison de l’insalubrité des lieux et de la proximité des installations ferroviaires, objections que le ministre de la Guerre s’engagea à prendre en compte.


Journal officiel — Débats de la Chambre des députés — du 29 novembre 1911, p. 3.357, 3.374, 3.386 et 3.387.


CHAMBRE DES DÉPUTÉS

10e Législature. — Session extraordinaire de 1911.

.......................................................................................................................................................

COMPTE RENDU IN EXTENSO. — 25e SÉANCE

2e séance du mardi 28 novembre [1911].

........................................................................................................................................................


5. — SUITE DE LA DISCUSSION DU BUDGET DE L’EXERCICE 1912.

M. le président. L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi portant fixation du budget général des dépenses et recettes de l’exercice 1912.


Suite de la guerre (1re et 3e sections).

........................................................................................................................................................

M. le président. " Chap. 16. — Solde du génie, 5.414.634 fr."

La parole est à M. Thalamas sur le chapitre.

M. Thalamas. Messieurs, le service de l’aéronautique doit recevoir cette année une organisation définitive. Cette question intéresse plus particulièrement la région que je représente à deux points de vue : au point de vue de la création d'un régiment de télégraphistes et de la création d'un régiment d'aérostiers.
M. Berteaux avait pensé distraire de la loi des cadres les parties relatives à la constitution de deux nouveaux régiments de génie. Puisque l’on veut présenter d’ensemble la loi des cadres de l’infanterie, celle de la cavalerie, celle de l’artillerie, on présentera également, je pense, un projet de loi des cadres du génie et je désire savoir si, dans ce projet, est prévue la création d'un régiment de télégraphistes et d’un régiment d'aérostiers.
Ce régiment des aérostiers existe en fait ; il se distingue des autres simplement en ce que les hommes qui le composent n’ont de numéro ni au collet ni au képi, parce qu’on n’a pas encore constitué officiellement les cadres de cette unité. Ce régiment est commandé par un officier de grand mérite, le colonel Hirschauer.
Je demande donc à M. le ministre s’il compte comprendre dans son projet d’ensemble de réorganisation des cadres, les cadres du génie, dont il a, sans doute par un oubli, omis de parler, et, en second lieu, si ce projet de réorganisation des cadres du génie comprend les régiments des aérostiers et des télégraphistes.
La seconde série de mes observations est relative aux centres d’aviation. Un commencement de réalisation de ce projet a eu lieu. Dans la région de Saint-Cyr, non plus sur le plateau où l’on vole dans des conditions absolument mauvaises, mais dans une région abritée, dans une plaine choisie après expériences faites par le corps des officiers aviateurs, et notamment par le lieutenant Ménard, il avait été question de créer un centre d’aérostation et d’aviation militaires.
J'ai, sur ce point, deux observations à présenter ; je les place ici pour éviter d’y revenir dans la discussion d’un autre chapitre et pour abréger mon temps de parole.
La première de ces observations c’est qu’on a commencé à réaliser ce projet en installant une annexe de Chalais-Meudon, c'est-à-dire un commencement de parc aérostatique, sur un terrain situé dans la plaine de Saint-Cyr. Il a été question, je m’en suis entretenu à plusieurs reprises avec le général Roques, de compléter très prochainement cette installation en poursuivant, après l’installation du camp d’aéronautique, celle d’un camp d’aviation avec le matériel et le personnel nécessaires.
Je désire savoir si dans les crédits prévus cette année il y a place pour une organisation au moins partielle, et, en particulier si M. le ministre a dès maintenant envisagé la question de l'emplacement sur lequel pourraient être installés non seulement le camp d'aviation qui prolongerait, si le projet est adopté, le parc aérostatique, mais encore le casernement que l’on cherche à installer, d’après ce que j'ai appris — et c’est pourquoi je prends la parole à ce sujet — sur une portion de la gare militaire, à un endroit réservé aux fours de campagne.
Si ce projet était adopté, ce casernement serait installé dans des conditions lamentables, sur un sol dont le fond est humide, où l'on trouve l’eau à une très faible profondeur.
Ce terrain serait donc très mal choisi et le casernement installé à cet endroit créerait une gêne pour l’utilisation de la gare militaire.
Quand même il devrait en résulter une dépense supplémentaire, il vaudrait mieux choisir un autre emplacement.
Seconde et dernière observation. Jadis, dans un jadis déjà lointain, le génie qu’on appelle quelquefois à Versailles — j’en demande bien pardon au directeur de ce service — le génie malfaisant (Sourires), le génie s’était installé pour ses exercices aérostatiques dans le parc de Versailles, à la Ménagerie. Pour s’y installer, il a abattu des arbres de toute beauté ; il a gâché une des perspectives les plus belles. Aujourd’hui, on se trouve en présence d’installations non seulement hideuses, mais encore inutilisables ; il y a en particulier deux hangars dont l’un ne tient guère que par la force de l’habitude.
Je suis d’accord avec les officiers intéressés en demandant à M. le ministre de la guerre de profiter de l’installation du camp d’aviation et d’aéronautique à Saint-Cyr pour débarrasser le parc de Versailles de ces constructions qui le déshonorent.

M. le vicomte de Villebois-Mareuil. Pour remettre les arbres. (On rit.)

M. Thalamas. Pour débarrasser ce terrain et permettre à l’administration des beaux-arts, qui ne manquera pas, je le sais des concours financiers nécessaires — de restaurer cette partie du parc et de lui rendre un aspect plus conforme à un si beau domaine. C’est une occasion de réparer une erreur d’autrefois d’autant plus préjudiciable au public que ce parc a repris sur ce point, par suite de diverses emprises du génie, le caractère de vieux marais sauvage que Louis XIV a transformé.
Cette année j’ai eu la curiosité et l’indiscrétion — j’en parlerai lorsque viendra en discussion le budget des beaux arts — d’emmener avec moi un photographe officiel des beaux-arts pour constater les actes de vandalisme commis dans une des parties les plus remarquables du parc.
Je demande à M. le ministre de la guerre de saisir l’occasion qui se présente de rendre à cette partie du domaine de Versailles le caractère qu’elle doit avoir. (Très bien ! Très bien !)

M. le président. La parole est à M. le ministre de la guerre.

M. le ministre de la guerre. J’ai la bonne fortune de pouvoir répondre par l’affirmative aux trois questions de M. Thalamas.
Les deux régiments d’aérostiers, d’électriciens et de télégraphistes sont compris dans la loi des cadres.
Le centre d’aviation de Saint-Cyr dont il m’a entretenu sera créé à bref délai.
La question des casernements a comporté un développement auquel je suis incapable de répondre...

M. Thalamas. Je ne vous le demande pas, monsieur le ministre.

M. le ministre de la guerre. ...mais j’ai le devoir de prendre en sérieuses considérations vos indications.
Quant au génie, que vous avez appelé le génie malfaisant, et qui s’abrite en ce moment dans l’asile des fauves, il quittera la ménagerie à bref délai. (Rires. — Très bien ! très bien !) [...]

____________________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : dim. juin 09, 2013 9:24 pm
par Rutilius

Re,

Pour situer les lieux :

• « Plan monumental de Versailles (Ville, parcs, jardins) », Éd. Blondel-La Rougerie, Paris, 1923.

Gallica —> http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8 ... LES.langFR


Image

Re: le centre d'aviation de Versailles

Publié : dim. juin 09, 2013 10:09 pm
par fredo64
bonsoir,
je travaillais sur la base de données partielles et d'une analyse erronée, sans avoir au préalable vérifié leur pertinence alors qu'il était si facile d'aller chercher le document source. ça m'apprendra !
encore une fois, merci Daniel!

cdlt,
fred