Forum PAGES 14-18

Bonjour,

Un sujet précédent relatif au Zeppelin Z VIII descendu le 22 août 1914 à Badonviller, prétendument abattu par un Régiment d'Infanterie Territoriale m'a fait ressortir quelques notes anciennes où il était précisé que ce Zeppelin avait été abattu par des pièces de 75.
Le livre sur la DCA du chef d'escadron Lucas évoque ce Zeppelin, descendu par une pièce de 75 avec l'aide de feux de salve du 65e R.I.T.
Il semble évident que le tir imprécis et désordonné de quelques centaines de fusils Lebel offre fort peu de probabilités de destruction d'un grand dirigeable à grande distance et que seul le tir d'une ou plusieurs pièces de 75 peut aboutir à ce résultat.
La mise en ligne des JMO permet rapidement d'identifier les "vainqueurs" puisque seul le 21e Corps d'Armée opère près de Badonviller le 22 août 1914.
Les JMO ou historiques des trois R.A.C affectés aux deux divisions (13e et 43e D.I) et au 21e C.A ne revendiquent pas cette "victoire" mais les deux JMO du Parc d'Artillerie du 21e Corps d'Armée la mentionne.
En effet, l'Equipe Mobile de Réparations (unité chargée de réparer sur le terrain les canons de 75 avariés du Corps d'Armée) dépendant du 2e échelon du Parc d'Artillerie du 21e C.A dispose de deux canons de 75 "en volant" et les met en action contre le Zeppelin jusqu'à sa chute.
Le JMO 26 N 195/13 du 2e Echelon du Parc d'Artillerie mentionne brièvement les circonstances pittoresques du tir sur le Zeppelin.
Le JMO 26 N 195/12 du Parc d'Artillerie mentionne aussi en une ligne cette victoire, mais en ajoute une autre puisque le 28 août 1914 la 5e Section de Munitions d'Artillerie (SMA) aurait descendu aussi un aéroplane allemand!
L'Equipe Mobile de Réparations du 21e Corps d'Armée était commandée par le lieutenant de l'artillerie territoriale Quiquandon du 12e R.A.C.
Pas mal pour des services de l'arrière front, tout de même engagés au plus près des troupes combattantes lors de la guerre de mouvement!
Cordialement,
Guy François.

bonsoir Guy,
voilà qui provoque une crise de questionnements
ces victoires étaient-elles reconnues comme elles le furent pour les aviateurs?
existe-t-il un (ou des) cas d'unités d'artillerie décorées pour multiples victoires "aériennes"?
une d'entre-elles peut-elle prétendre au titre convoité d'As?

cdlt,
fred

Bonsoir,

Il y a bien une forme rudimentaire d'homologation des "victoires" de l'artillerie mais elle ne prend en compte que les aéronefs descendus par l'artillerie de D.C.A.Cette comptabilité ne prend donc pas en compte les avions abattus par les moyens de l'infanterie (mitrailleuses surtout).
Le chef d'escadron Lucas, dans son livre "La D.C.A" paru aux Editions Baudinière, a dressé la liste des unités et celle des officiers et sous-officiers d'Artillerie Anti-Aérienne commandant la batterie, la section ou le poste au moment de la "victoire" de l'unité.
On trouve en tête du palmarès:
-pour les unités: 1ère Section d'Auto-canons du 66e R.A (ex-10e S.A.C du 63e R.A) avec 17 appareils abattus, section armée de deux canons de 75 mm sur auto-canon modèle 1913.
-pour les personnels: le sous-lieutenant Rode avec 8 appareils abattus.
Une liste officielle de ces "victoires" arrêtée au 31 juillet 1918 a été publiée par le Service de la D.C.A le 15 août 1918 et le chef d'escadron Lucas a complété la liste en relevant les victoires obtenues après le 31 juillet 1918 sur les rapports techniques établis par les unités.
Rappelons que le chiffre des victoires de la D.C.A française pendant la guerre s'établit à 433 mais ce chiffre ne tient pas compte des "victoires" de 1914 ni de celles des mitrailleuses d'infanterie.La 1ère victoire officielle de la D.C.A ne date ainsi que de 1915 alors que des avions et dirigeables allemands ont bien été abattus depuis le sol dès 1914 (comme ceux de notre Parc d'artillerie du 21e C.A!).
Cordialement,
Guy François.

Bonsoir,

Je complète la réponse en précisant que:
-34 unités de D.C.A ont abattu 5 avions et plus pendant la guerre, on trouve naturellement le plus grand nombre d'unités parmi les Sections d'Auto-Canons (S.A.C) qui représentent 30 unités, les 4 autres étant des Sections Demi-Fixes (S.D.F).
-8 Officiers ont commandé des tirs ayant abouti à abattre 5 avions ennemis ou plus.
L'attribution de la victoire à l'officier ou au sous-officier commandant le tir a été critiquée car le pointeur ou le calculateur des éléments du tir a tout autant de mérite, les victoires de la D.C.A étant des oeuvres essentiellement collectives.Mais il faut bien de la statistique!
Cordialement,
Guy François.

bonjour,
merci Guy pour ces statistiques
puisque c'est le sujet à l'origine de ce fil, je vous transcris les quelques exemples de victoires d'artillerie ou de DCA sur Zeppelins que j'avais relevés:
- le 21.03.1915, le Z.X, touché (artillerie), doit se poser à St Quentin,
- le 21.02.1916, le LZ.77 est abattu (auto-canon) à Brabant-le-Roi,
- le 30.01.1916, le LZ.79, touché, doit se poser à Ath (Belgique); ses restes seront exposés aux Invalides,
- le 21.02.1916, le LZ.95, touché au retour d'un raid sur Revigny (pas sûr qu'il ait été abattu),
- le 17.03.1917, le L.39 est abattu près de Compiègne,
- le 20.10.1917, le L.44 est abattu par la section de DCA n°174 (Ltt Fenouillet et S/Ltt Curie) à St Clément.

cdlt,
fred

PS: le n° des Zeppelins est celui attribué par la Marine ou par l'Armée impériale (Cf pages1418/aviation-1914-1918/zeppelin-a ... 2163_1.htm)

Bonjour,

Au sujet des destructions de Zeppelins par la D.C.A, n'oublions pas le LZ 85 descendu lors d'un raid sur Salonique le 5 mai 1916.
Là il y a pléthore de revendications pour la "victoire": sections d'auto-canons françaises, DCA fixe britannique et française, navires français et britanniques.
Les britanniques, avec leur modestie habituelle, nous enseignent que ce sont des navires britanniques qui sont responsables de la victoire.Le rapport technique de la DCA française est pourtant très probant et les obus traçants permettent de donner foi aux affirmations...mais...
Adoptons donc le "jugement de Salomon" de Sarrail qui arrose tout le monde de citations, pas de jaloux!
La responsabilité d'un échec trouve beaucoup plus de mal à trouver une telle unanimité de revendication...!
Tous ceux qui ont servi dans les Armées (et certainement aussi ailleurs) savent à quoi s'en tenir sur de tels agissements!
Cordialement,
Guy François.

re,

effectivement, la source me donnait "endommagé le 05.05.1916 par les tirs du navire britannique Agamemnon, s'écrase dans l'estuaire du Vardar".
comme pas mal d'infos que j'amasse, celle-ci ne fait pas partie de mes préoccupations premières; je n'ai donc jamais cherché à creuser le sujet.

cdlt,
fred

Bonjour à tous,

... et le sergent Fricaudet et son détachement dans cette histoire ( celle du LZ VIII) ???

D'après le lieutenant-colonel commandant le 65ème RIT, c'est l'un de ses détachements commandé par le sergent Fricaudet, envoyé en patrouille, qui aurait entendu puis aperçu le premier, sortant du brouillard vers 4h30 le 22 aout, le Zeppelin n° 8.
Voilà ce qu'il raconte :



( Quotidien" Excelsior" du dimanche 6 septembre 1914)

En vérité, il ressort que le Zeppelin, frappé accidentellement un peu plus tôt par des tirs amis à plusieurs reprises, était déjà touché et perdait son gaz et son altitude pour se retrouver à la sortie de la nuit et du brouillard à 600 mètres de hauteur ( belle cible), avec déjà une conduite instable.

Quoi qu'il en soit, le juge Fricaudet dans le civil, fut cité à l'ordre du régiment et fut promu rapidement adjudant, puis sous-lieutenant pour se retrouver muté au 159ème RI d'active.
" A par son initiative et grâce à son sang-froid qu'il a imposé à sa troupe, survolée et bombardée à faible hauteur par le Zeppelin n°8 près de Badonviller (Vosges), coopéré avec le chef d'une pièce d'artillerie, au moyen de leur feux, contribué à la destruction de ce dirigeable ......".

Blessé, mais sorti vivant de la guerre, il s'apercevra plus tard que sa carrière dans la haute magistrature sera pour le moins aussi dangereuse que celle-ci.

Cordialement,
alain

(suite):

En 1926 un condamné estimant sa peine trop sévère, blesse très gravement le Président Fricaudet de 3 balles françaises à la poitrine et à l'abdomen, qui le laissèrent très longtemps entre la vie et la mort.

Si l'épisode du LZ VIII s'était passé à Salonique, les vainqueurs déclarés auraient sans doute été, le Parc d'Artillerie évidemment, les fins tireurs du 65ème RIT, et pourquoi pas ..... les artilleurs allemands !


Cordialement,
alain