Re: Jean Emile Chauvon
Publié : mer. mai 05, 2010 10:12 am
Emile Chauvon est notaire, Emile Chauvon est un “terrible taureaux”, Emile Chauvon est Sergent- Major … Emile Chauvon est poète !!!
Affecté à la 3 de début 1916 à fin 1918, il publiera cinq années après la guerre un recueil de poèmes ….. Croquis pris sur le vif ou souvenirs vécus retranscris, ou il dresse un portrait particulier de ces jeunes pilotes avec qui il partagera sa vie deux années durant.
Je livre ici deux extraits “cocasses" de son ouvrage “ L’escadrille des cigognes et les chants du retour“
UN GESTE D'ANDRÉ DUBONNET
Pilote en 1917 à l'Escadrille des Cigognes
Vainqueur dans huit combats
Le Commandant de l'armée qui était en face de Moreuil lors de la poussée allemande contre les anglais en mars 1918,
se plaignait qu'un drachen allemand dominant Breteuil, que les avions affectés à sa destruction ne pouvaient atteindre,
gênait terriblement le mouvement de ses troupes.
Dubonnet lui promet de l'avoir.
Péronne était tombé sous ses coups ennemis,
Montdidier était pris, le canon faisait rage.
Or un jour Dubonnet qui n'avait pas dormi
Et dont les yeux fiévreux entrevoyaient l'orage
Qui grondait sur le front, rentre au bureau soudain,
Dit au Sergent-Major Mets ce pli dans ta caisse
« Je pars, affaire urgente et, mon Cher, si demain
« Je ne viens pas, tu peux l'ouvrir, je te le laisse ».
Dix heures : un branle-bas, autour des Bessonneaux,
Agite cette ruche affairée et bruyante
Des mécanos - on court - des exploits nouveaux
Sont dans l'air, on s'agite, et la foule grouillante
Se presse autour d'un spad criblé d'éclats d'obus.
Duhonnet saute à terre, on l'entoure et lui jure
Que si son appareil tout neuf est un rebus,
Un drachen ennemi paya cher sa facture.
« En face de Moreuil planait sur l'horizon
Un impudent drachen de forme « kolossale »,
« J'ai voulu simplement mordre à ce saucisson,
N'ayant pas déjeûné, j'avais pris la fringale ».
A midi Dubonnet dit au Chef, gentiment
« J'avais donné ma bourse à ceux de l'escadrille,
« Les boches ont refusé d'ouvrir mon testament
« Mais quand même,on boira le vin des joyeux drilles. »
CHAINAT DE VATAN
Tombeur de 10 avions ennemis
dès 1916.
Chainat nous venait de Vatan en Creuse,
Berrichon solide et bouillant Français
El plongeait toujours comme la macreuse,
Son attaque brusque et sa lutte heureuse
Avait fait de lui un des as parfaits.
Chainat nous venait de Vatan en Creuse,
Berrichon solide et bouillant Français.
Il beuglait plus fort que boeuf en pâture,
Quand il relançait son souple hispano.
Il vérifiait sa frêle armature
Et s'impatientait contre une fracture
Tempêtant, jurant à tous les échos
Il beuglait plus fort que boeuf en pâture,
Quand il relançait son souple hispano.
La guerre pour lui : c'était l'embuscade,
Où le plus adroit sort le moins meurtri ;
Un nuage épais, faisant barricade,
Il s'y faufilait pour guetter la rade
Et pour canarder le boche ahuri.
La guerre pour lui : c'était l'embuscade,
Où le plus adroit sort le moins meurtri.
Quand il bousculait un Fritz téméraire,
Sa voix grossissait tel un ouragan,
Et de loin, de loin, on l'entendait braire
Un Fritz ! un Fritz ! un !! Ce soir c'est la paire
“ Hardi mécanos ! faites du boucan !”
Quand il bousculait un Fritz téméraire,
Sa voix grossissait tel un ouragan.
De sa boîte à vent, ainsi qu'un grand diable,
Il se déclanchait et montrant les dents,
“ Tonnerre ! les salauds ! ah ! les misérables !
“ Mais Chainat n'est pas encore vulnérable ,
“ Ils m'en ont fourré, Messieurs, cependant;
“ Mais Chainat n'est pas pour eux vulnérable , ”
Disait ce grand diable, en montrant les dents.
Or un jour Chainat, après la rafale,
Atterrit, contrit comme un pèlerin.
Quid Novi ? On court. Chainat ne s'emballe;
Mais d'un ton très doux, triste et lacrymale
Nous dit “ Le derrière en a pris un brin,
Je crois bien Messieurs que deux trous de balles
Vont se disputer le bas de mes reins.”
Affecté à la 3 de début 1916 à fin 1918, il publiera cinq années après la guerre un recueil de poèmes ….. Croquis pris sur le vif ou souvenirs vécus retranscris, ou il dresse un portrait particulier de ces jeunes pilotes avec qui il partagera sa vie deux années durant.
Je livre ici deux extraits “cocasses" de son ouvrage “ L’escadrille des cigognes et les chants du retour“
UN GESTE D'ANDRÉ DUBONNET
Pilote en 1917 à l'Escadrille des Cigognes
Vainqueur dans huit combats
Le Commandant de l'armée qui était en face de Moreuil lors de la poussée allemande contre les anglais en mars 1918,
se plaignait qu'un drachen allemand dominant Breteuil, que les avions affectés à sa destruction ne pouvaient atteindre,
gênait terriblement le mouvement de ses troupes.
Dubonnet lui promet de l'avoir.
Péronne était tombé sous ses coups ennemis,
Montdidier était pris, le canon faisait rage.
Or un jour Dubonnet qui n'avait pas dormi
Et dont les yeux fiévreux entrevoyaient l'orage
Qui grondait sur le front, rentre au bureau soudain,
Dit au Sergent-Major Mets ce pli dans ta caisse
« Je pars, affaire urgente et, mon Cher, si demain
« Je ne viens pas, tu peux l'ouvrir, je te le laisse ».
Dix heures : un branle-bas, autour des Bessonneaux,
Agite cette ruche affairée et bruyante
Des mécanos - on court - des exploits nouveaux
Sont dans l'air, on s'agite, et la foule grouillante
Se presse autour d'un spad criblé d'éclats d'obus.
Duhonnet saute à terre, on l'entoure et lui jure
Que si son appareil tout neuf est un rebus,
Un drachen ennemi paya cher sa facture.
« En face de Moreuil planait sur l'horizon
Un impudent drachen de forme « kolossale »,
« J'ai voulu simplement mordre à ce saucisson,
N'ayant pas déjeûné, j'avais pris la fringale ».
A midi Dubonnet dit au Chef, gentiment
« J'avais donné ma bourse à ceux de l'escadrille,
« Les boches ont refusé d'ouvrir mon testament
« Mais quand même,on boira le vin des joyeux drilles. »
CHAINAT DE VATAN
Tombeur de 10 avions ennemis
dès 1916.
Chainat nous venait de Vatan en Creuse,
Berrichon solide et bouillant Français
El plongeait toujours comme la macreuse,
Son attaque brusque et sa lutte heureuse
Avait fait de lui un des as parfaits.
Chainat nous venait de Vatan en Creuse,
Berrichon solide et bouillant Français.
Il beuglait plus fort que boeuf en pâture,
Quand il relançait son souple hispano.
Il vérifiait sa frêle armature
Et s'impatientait contre une fracture
Tempêtant, jurant à tous les échos
Il beuglait plus fort que boeuf en pâture,
Quand il relançait son souple hispano.
La guerre pour lui : c'était l'embuscade,
Où le plus adroit sort le moins meurtri ;
Un nuage épais, faisant barricade,
Il s'y faufilait pour guetter la rade
Et pour canarder le boche ahuri.
La guerre pour lui : c'était l'embuscade,
Où le plus adroit sort le moins meurtri.
Quand il bousculait un Fritz téméraire,
Sa voix grossissait tel un ouragan,
Et de loin, de loin, on l'entendait braire
Un Fritz ! un Fritz ! un !! Ce soir c'est la paire
“ Hardi mécanos ! faites du boucan !”
Quand il bousculait un Fritz téméraire,
Sa voix grossissait tel un ouragan.
De sa boîte à vent, ainsi qu'un grand diable,
Il se déclanchait et montrant les dents,
“ Tonnerre ! les salauds ! ah ! les misérables !
“ Mais Chainat n'est pas encore vulnérable ,
“ Ils m'en ont fourré, Messieurs, cependant;
“ Mais Chainat n'est pas pour eux vulnérable , ”
Disait ce grand diable, en montrant les dents.
Or un jour Chainat, après la rafale,
Atterrit, contrit comme un pèlerin.
Quid Novi ? On court. Chainat ne s'emballe;
Mais d'un ton très doux, triste et lacrymale
Nous dit “ Le derrière en a pris un brin,
Je crois bien Messieurs que deux trous de balles
Vont se disputer le bas de mes reins.”