Re: Aviateurs indochinois en 14-18
Publié : lun. mars 01, 2010 2:05 pm
Bonjour à tous
Dans le cadre de l’écriture d’un livre sur l’aviation française en Indochine de 1910 à 1945, je m’intéresse aux aviateurs vietnamiens, laotiens et cambodgiens en 14-18.
-Le premier est le capitaine Do-Hûu Vi (brevet AéCF n° 649 en novembre 1911), pilote au Maroc en 1912-1913, puis sur le front français pilote/observateur/bombardier aux VB 101 et VB 102 du GB 1 en 1914-1915, tué dans la Légion le 9 juillet 1916. Je ne m’étendrai pas sur lui, car bien qu’étant le plus célèbre des aviateurs annamites – comme on disait à l’époque – il n’a jamais volé dans le ciel d’Indochine.
Je ne connais que deux autres aviateurs indochinois ayant uniquement volé en France :
-Le caporal Phan-Tat Tao (né le 15 mars 1892 à Son-Tay au Tonkin), engagé volontaire au 1er régiment de la légion étrangère le 24 avril 1915 au titre de l’aviation, breveté pilote militaire n° 1 802 le 19 octobre 1915, pilote de Caudron, venu de Pau à la RGAé le 27 octobre 1915, parti au GDE le 25 février 1916. J’ignore quel fut son sort ultérieur, en particulier dans quelle escadrille il a servi sur le front français. Une source indique qu’il a atteint le grade de maréchal des logis, ce qui implique qu’il aurait d’abord été brigadier – bizarre pour un « légionnaire »…
-Le caporal mitrailleur Nguyen-Xuan Nha (né en 1895 à Quang Yuan au Tonkin), communément baptisé « Félix » par ses camarades de l'escadrille AR 253 où il servait depuis novembre 1917, tué en combat aérien le 6 mars 1918 avec son pilote le sergent Maurice Ombredanne au-dessus du fort de Marre (près de Verdun). Sa citation posthume à l'ordre de l'Armée précise qu'il a défendu « contre quatre appareils l'avion qu'il était chargé de protéger ». Son AR a probablement été abattu par le futur as Konrad Brendle, de la Jasta 45.
-Le plus intéressant en ce qui me concerne est évidemment le caporal Cao-Dac Minh qui, lui, a volé en Indochine. Né le 3 janvier 1888 à Son-Tay, il s’engage volontairement au 1er RAL le 24 avril 1915. Affecté en mai 1915 comme mécanicien à Dijon, il rejoint une escadrille sur le front et effectue comme observateur plusieurs mission de reconnaissance ; sa participation à un bombardement exécuté dans des conditions difficiles lui vaut sa première citation, en même temps que les galons de caporal et l’autorisation d’apprendre à piloter. Il est breveté pilote militaire (n° 1 801) le 19 octobre 1915, puis civil (n° 2 660) le 24 décembre 1915. Pilote de Caudron, venu de Pau, il arrive à la RGAé le 27 octobre 1915. Du 26 janvier au 28 février 1916, il est détaché en mission auprès du service de l’organisation des travailleurs coloniaux au Ministère de la Guerre, puis passe au GDE. Que lui est-il arrivé ensuite ? Mystère. On le retrouve élève-pilote à l’école d’acrobatie de Pau où il est accidenté en mars 1917 et radié du personnel navigant. Désigné pour rejoindre l’Indochine début 1918, il y sera de nouveau autorisé à piloter mais se tuera à la fin de l’année au décollage de Saïgon.
Quelqu’un dans l’honorable assistance aurait-il des renseignements sur les unités au sein desquelles servirent en France Phan-Tat Tao et surtout Cao-Dac Minh, voire même des photos ? L’aéronautique d’Indochine fut vraiment « le parent pauvre » de notre aviation pendant la Grande Guerre, en particulier parce qu’elle dépendait du gouvernement général de la colonie et non du ministère de la Guerre…
PS : sous réserve que je n’en ai oublié aucun – ce qui est toujours possible – vous remarquez qu’il n’y a aucun Laotien ou Cambodgien parmi ces aviateurs ! Cao-Dac, Phan-Tat et Nguyen-Xuan étaient Tonkinois (Vietnam du Nord), Do-Hûu était originaire de Cochinchine (Vietnam du Sud).
Christophe Cony
Dans le cadre de l’écriture d’un livre sur l’aviation française en Indochine de 1910 à 1945, je m’intéresse aux aviateurs vietnamiens, laotiens et cambodgiens en 14-18.
-Le premier est le capitaine Do-Hûu Vi (brevet AéCF n° 649 en novembre 1911), pilote au Maroc en 1912-1913, puis sur le front français pilote/observateur/bombardier aux VB 101 et VB 102 du GB 1 en 1914-1915, tué dans la Légion le 9 juillet 1916. Je ne m’étendrai pas sur lui, car bien qu’étant le plus célèbre des aviateurs annamites – comme on disait à l’époque – il n’a jamais volé dans le ciel d’Indochine.
Je ne connais que deux autres aviateurs indochinois ayant uniquement volé en France :
-Le caporal Phan-Tat Tao (né le 15 mars 1892 à Son-Tay au Tonkin), engagé volontaire au 1er régiment de la légion étrangère le 24 avril 1915 au titre de l’aviation, breveté pilote militaire n° 1 802 le 19 octobre 1915, pilote de Caudron, venu de Pau à la RGAé le 27 octobre 1915, parti au GDE le 25 février 1916. J’ignore quel fut son sort ultérieur, en particulier dans quelle escadrille il a servi sur le front français. Une source indique qu’il a atteint le grade de maréchal des logis, ce qui implique qu’il aurait d’abord été brigadier – bizarre pour un « légionnaire »…
-Le caporal mitrailleur Nguyen-Xuan Nha (né en 1895 à Quang Yuan au Tonkin), communément baptisé « Félix » par ses camarades de l'escadrille AR 253 où il servait depuis novembre 1917, tué en combat aérien le 6 mars 1918 avec son pilote le sergent Maurice Ombredanne au-dessus du fort de Marre (près de Verdun). Sa citation posthume à l'ordre de l'Armée précise qu'il a défendu « contre quatre appareils l'avion qu'il était chargé de protéger ». Son AR a probablement été abattu par le futur as Konrad Brendle, de la Jasta 45.
-Le plus intéressant en ce qui me concerne est évidemment le caporal Cao-Dac Minh qui, lui, a volé en Indochine. Né le 3 janvier 1888 à Son-Tay, il s’engage volontairement au 1er RAL le 24 avril 1915. Affecté en mai 1915 comme mécanicien à Dijon, il rejoint une escadrille sur le front et effectue comme observateur plusieurs mission de reconnaissance ; sa participation à un bombardement exécuté dans des conditions difficiles lui vaut sa première citation, en même temps que les galons de caporal et l’autorisation d’apprendre à piloter. Il est breveté pilote militaire (n° 1 801) le 19 octobre 1915, puis civil (n° 2 660) le 24 décembre 1915. Pilote de Caudron, venu de Pau, il arrive à la RGAé le 27 octobre 1915. Du 26 janvier au 28 février 1916, il est détaché en mission auprès du service de l’organisation des travailleurs coloniaux au Ministère de la Guerre, puis passe au GDE. Que lui est-il arrivé ensuite ? Mystère. On le retrouve élève-pilote à l’école d’acrobatie de Pau où il est accidenté en mars 1917 et radié du personnel navigant. Désigné pour rejoindre l’Indochine début 1918, il y sera de nouveau autorisé à piloter mais se tuera à la fin de l’année au décollage de Saïgon.
Quelqu’un dans l’honorable assistance aurait-il des renseignements sur les unités au sein desquelles servirent en France Phan-Tat Tao et surtout Cao-Dac Minh, voire même des photos ? L’aéronautique d’Indochine fut vraiment « le parent pauvre » de notre aviation pendant la Grande Guerre, en particulier parce qu’elle dépendait du gouvernement général de la colonie et non du ministère de la Guerre…
PS : sous réserve que je n’en ai oublié aucun – ce qui est toujours possible – vous remarquez qu’il n’y a aucun Laotien ou Cambodgien parmi ces aviateurs ! Cao-Dac, Phan-Tat et Nguyen-Xuan étaient Tonkinois (Vietnam du Nord), Do-Hûu était originaire de Cochinchine (Vietnam du Sud).
Christophe Cony