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Re: Ruekel
Publié : mar. avr. 21, 2009 4:42 pm
par IM Louis Jean
Bonjour à tous,
Dans les feuillets que j'ai retranscris dans ce fil
pages1418/qui-cherche-quoi/promotion-dr ... 7276_1.htm il est question d'un pilote qui a atterri en pleine ligne de feu le 22 août 1914 avec son biplan Farman à quelques kilomètres E ou SE de Longwy. En note difficilement lisible à la fin du feuillet je décrypte lt ou Ct Ruekel?
Si quelqu'un avait un récit ou des détails sur ce fait est-il possible de le mettre en réponse dans le fil cité supra?
En vous remerciant
Cordialement
sesouvenir
Re: Ruekel
Publié : mar. avr. 21, 2009 5:19 pm
par TLR
Bonjour,
Il doit s'agir du lieutenant René Roeckel, breveté de 1912, et appartenant alors à la MF-7.
TLR
Re: Ruekel
Publié : mar. avr. 21, 2009 8:36 pm
par gerault
Bonsoir,
Il s'agit en effet du capitaine René Rœckel, Lieutenant à ce moment là ... le récit détaillé de cette mésaventure a été rapporté par Jacques Mortane dans " la guerre des nues " par le biais d'une lettre écrite par Rœckel à son père le lendemain de l'incident !! La légion d'honneur suivra le 4 septembre pour ce "fait d'arme "" soit 20 jours après le début des hostilités ....
Gérault
Re: Ruekel
Publié : mar. avr. 21, 2009 9:14 pm
par IM Louis Jean
Bonsoir à tous,
Bonsoir TLR,
Bonsoir Gérault,
Merci de vos réponses! et de leur rapidité!
Le lieutenant Roeckel a-t'il obtenu sa Légion d'Honneur spécifiquement pour ce fait?
Si un possesseur du livre de Jacques Mortane avait la gentillesse de me scanner le passage spécifique cité par Gérault je lui en serais reconnaissant! Je pourrais ainsi le retranscrire à la suite du récit pour le compléter. Si Gogole ne m'a pas trompé il s'agit d'une édition de 1918, non rééditée et ... hors de prix : il me faut juste ce passage.
En vous remerciant encore
cordialement
sesouvenir
[email protected]
Re: Ruekel
Publié : mar. avr. 21, 2009 10:53 pm
par gerault
Bonsoir à tous, bonsoir Thierry, bonsoir TLR
Ravi d'apprendre que "la guerre des nues" est hors de prix .... Rœckel était apparemment à la HF 7 à ce moment là ... le magnifique site d'Albin Denis est très bien renseigné sur cette escadrille avec 4 photos de notre homme à la clef !!
J'envoie le texte par mail, Thierry, et je mets en ligne un extrait que voici :
"Tout à coup, un bruit formidable dans mon appareil, le moteur s'arrête... mon appareil, projeté, retourné par le souffle d'un obus plus rapproché commence à dégringoler à l'envers.
Descente vertigineuse de 2 000 mètres et rien à faire pour le rétablir les commandes ne répondaient pas. Je traverse une couche de nuages, puis j'aperçois, au dessus de ma tête, Longwy (la citadelle) en flammes et c'est exacte¬ment au milieu de la fournaise que je suis précipité ! Vers 1 000 mètres peut être, la position de l'appareil change. Il descend en vrille autour de l'extrémité de l'aile gauche à une vitesse vertigineuse. Je fais des efforts désespérés pour le rétablir, et comme mon obser¬vateur me crie des paroles inintelligibles : « Allez vers le sud, remettez le moteur... » je me tourne vers lui « Il n'y a rien ci faire, mon capitaine, l'appareil est démoli ! Et la descente continue, terrifiante ! »
« A 200 mètres des flammes, la descente ralentit légèrement. Est ce la chaleur, que l'on sent déjà, qui a produit un remous ascendant favorable? Mon appareil commence à répondre. D'un effort violent, avec la rage du désespoir, je le remets droit. Mais ou atterrir? A la citadelle en feu ? Là, au mois, je ne serai pas prisonnier.
Le capitaine me crie : Là bas ! au milieu des troupes. Ce sont peut être des Allemands ! Ces troupes rampent au milieu des obus au sud de la route qui va vers Longuyon et gagnent la route. J'ai l'idée d'atterrir dans le ravin boisé, au sud est, comptant sur un retour offensif des nôtres que j'attendrai dans la forêt en me défendant de mon mieux.
A 100 mètres je reconnais nos braves fantassins, je me crois sauvé, j’atterris le plus près possible d'eux... et je me pose sous une grêle d'obus et de balles. Les fantassins se replient en rampant parce que la position n'est plus tenable Les balles sifflent autour de moi. Instinctivement je baisse la tête une seconde seulement, puis je descends de l'appareil; le sol est jonché de cadavres et de blessés qui se traînent. Au moment où je pose le pied à terre, un obus tombe à 5 mètres, je me couche, les éclats passent au dessus de moi... Je ne fais plus attention aux balles, mais les obus m'abrutissent autant par leur bruit que par leur action. Ce ne sont qu'explosions autour de moi, un mélange de terre noire et d'éclats. Le capitaine veut rejoindre nos troupes, je lui dis de me mettre en route. Je remonte sur mon appareil et ce brave capitaine, avec beaucoup de sang froid (il n'a jamais mis de moteur en marche et me le répète), tourne l'hélice sous une grêle de balles. A ce moment l'une d'elles fait un sillage dans l'hélice, une autre traverse te longeron inférieur contre lequel mon observateur se tient, et tant d'autres qui nous sifflent aux oreilles !Malgré cela il réussit à me mettre en marche. Je lui crie de monter et nous partons. Je ne sais si l'appareil est en état de voter, et quel terrain de départ! Tant pis ! Je roule ventre à terre et, à mesure que j'avance, quatre obus tombent successivement juste devant moi (je ne parle pas des autres), comme si je courais à eux. Je décolle, mon appareil est déséquilibré, mais il s'agit bien de conduite d'appareil!... Je ferais trente six loopings pour échapper à cet enfer. C'est quelque chose de terrifiant ! J'essuie encore quelques balles françaises des tirailleurs retranchés le long de la route (insignifiant !) et je rentre clopin clopant au nid.
Re: Ruekel
Publié : mar. avr. 21, 2009 11:53 pm
par IM Louis Jean
Un immense merci!