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Re: Comment évoluaient les pilotes en leurs états physique et psychique
Publié : dim. avr. 19, 2009 11:56 pm
par veloce
Bonsoir à tous,
Il a été évoqué la sélection des pilotes. Mais, ces pilotes étaient ils suivi médicalement après leur prises de service???
Il est vrai que c'était la guerre et qu'il n'y avait peut-être plus tellement le temps de se préoccuper après, de la santé physique et psychique de ces aviateurs!!!
Je serais pourtant interessé de savoir s'il existe des témoignages concernant les troubles que pouvaient subir les pilotes....
Leurs missions étaient souvent si éprouvantes!!!!
Comment s'exprimaient la peur, les troubles du sommeil.....?
Ces pathologies étaient elles repérées? Ecartaient on les pilotes fatigués?
Existe t'il dans la litterature des témoignages qui redonne humanité à ces héros!!!!!
Beaucoup de questions me taraudent au sujet du mode de vie de ces hommes....
Merci beaucoup
Eric
Re: Comment évoluaient les pilotes en leurs états physique et psychique
Publié : ven. mai 08, 2009 12:10 am
par mimile
Les anglais semblent s'être soucié plus tôt de ce genre de problème que les autres belligérants à partir de 1915-16, probablement car les pertes étaient énormes dans leur rang et la durée de vie au front courte pour les nouvelles recrues. Si vous lisez l'anglais, le sujet est abordé à plusieurs reprises dans les ouvrages suivants :
Captain Ball 1918 par W.A. Briscoe et H.R. Stannard
King of air fighters par Ira Jones 1934 (Réédité en 1989) (biographie du Major Mannock)
The courage of the early Morning par W. A. Bishop, le fils de Billy Bishop l'as canadien aux 72 victoires.
Tous font part des dépressions récurrentes par lesquelles passaient les pilotes et tout un système de périodes de transfert en Grande Bretagne était mis en place pour "recharger régulièrement les batteries" tout en tirant profit de l'expérience acquise.
Sur le plan purement physiologique, les fréquentes montées à plus de 6000 mètres à partir de 1918 pour les chasseurs et les variations rapides d'altitude lors des combats occasionnèrent des maux évidents dus aux variations de pressions et au manque d'oxygène. Les premiers "masques à oxygène" ne seront testés que vers 1919-1920 même si les effets physiologiques du manque d'oxygène en altitude étaient connus depuis assez longtemps avec les ascensions en ballon du siècle précédent où des appareils d'aide à la respiration avaient été testé avec un succès relatif. Mais en 1918, les considérations de poids et de vitesse passaient avant tout. Des cas de perte de conscience, de perte de l'équilibre et de fort maux de têtes étaient néanmoins rapportés fréquemment.
Mais au tout début du conflit, l'ennemi numéro un fut le froid et les angelures, les pieds, mains et nez partiellement ou totalement gelés n'épargnèrent aucune escadrille. Une souscription fut même lancée par un journal (le Matin ?) en 1915 pour apporter aux aviateurs des vêtements chauds, ce qui eut comme conséquence de voir des tenues de vol parmi les plus disparates !
Par exemple, l'un des premiers combats mené à la MS12 début 1915 se solda par une main gelée pour l'observateur qui avait dû retirer son gant pour faire usage de son mousqueton.
Les témoignages de l'époque regorgent de ces exemples.
Bien à vous,
Thierry
Re: Comment évoluaient les pilotes en leurs états physique et psychique
Publié : sam. mai 09, 2009 8:28 pm
par veloce
Bonjour,
Merci pour ces éléments de réponse. J'essaierai de me procurer les ouvrages anglais que vous citez.
Il est curieux qu'en France, on évoque peu les malaises des pilotes et les conséquences psychologiques qui devaient en découler......
Que faisait t'on chez nous des pilotes affaiblis?
Le GDE était il le seul point de retrait où l'on essayait de regonfler les pilotes?
N'y a t'il aucune trace écrite, rapport, compte-rendu, courrier qui ferait état des souffrances morales endurées:
Insomnies, angoisses diverses, stress........
J'ai le carnet de vol d'un aviateur de la C6. Après un peu plus d'une année de missions, de 1915 à fin 1916, on trouve un grand trou de plusieurs semaines....
Un passage au GDE court suit, et vient ensuite une affectation à la C21.... Moins de deux mois se sont écoulés dans la C21, et le carnet de vol a été fermé...
Pour autant le pilote n'a pas été abattu.....
Cet exemple pourrait illustrer qu'un pilote "moyen" s'il n'était pas abattu avait une durée de fonctionnement correcte qu'un labs de temps....
Où était envoyés ces hommes après, il semblerait que les journaux d'unité n'en faisaient pas état??????
Y avait t'il si peu de pilotes qui perduraient au-delà des quelques semaines d'espérance de vie moyenne????
Si quelqu'un à des documents ou éléments de réponse qui pourraient me permettre de mieux comprendre l'utilisation des pilotes et leur éventuel reclassement, je suis preneur.....
Merci beaucoup
Eric
Re: Comment évoluaient les pilotes en leurs états physique et psychique
Publié : sam. mai 09, 2009 8:57 pm
par amboise37
Bonjour,
pas facile de faire la pause pendant la guerre. Mais certains ont survécu parce qu'ils ont pu prendre un peu de recul. Quelques exemples :
- moniteur dans une école d'aviation
- partir en mission à l'étranger (le voyage a permis de couper un peu), le mieux étant sans doute d'aller aux Etats-Unis
- devenir convoyeur d'avions
- être essayeur pour un constructeur d'avions.
Certains ont survécu grâce à une blessure qui les a éloignés quelques semaines de l'escadrille.
Autant d'activités qui ne sont pas sans risques.
Certains s'en sont sortis parce qu'ils ont été prisonniers.
D'autres se sont échappés "par le haut" en devenant responsable d'un service aéronautique, etc.
Il serait intéressant de voir s'il y a beaucoup d'aviateurs qui ont fait toute la guerre en escadrille. Ils doivent être rares.
Didier
Re: Comment évoluaient les pilotes en leurs états physique et psychique
Publié : dim. mai 10, 2009 12:36 am
par veloce
Bonsoir,
Merci pour ces éléments, bien entendu les "échapatoires" que vous évoquez pouvaient être les portes de sortie.
Cependant combien d'aviateurs y avait il accès????
La question de savoir combien de pilotes ont fait toute la guerre en escadrille reste à traiter.
Si quelqu'un a des chiffres, je serais très heureux de les connaitre, ne serait ce que des estimations!!!
Je maintiens le sujet:
Que faisait on des aviateurs "usés".......
Y a t'il des archives médicales sur la période 14 - 18?
Bonne soirée
Eric
Bonjour,
pas facile de faire la pause pendant la guerre. Mais certains ont survécu parce qu'ils ont pu prendre un peu de recul. Quelques exemples :
- moniteur dans une école d'aviation
- partir en mission à l'étranger (le voyage a permis de couper un peu), le mieux étant sans doute d'aller aux Etats-Unis
- devenir convoyeur d'avions
- être essayeur pour un constructeur d'avions.
Certains ont survécu grâce à une blessure qui les a éloignés quelques semaines de l'escadrille.
Autant d'activités qui ne sont pas sans risques.
Certains s'en sont sortis parce qu'ils ont été prisonniers.
D'autres se sont échappés "par le haut" en devenant responsable d'un service aéronautique, etc.
Il serait intéressant de voir s'il y a beaucoup d'aviateurs qui ont fait toute la guerre en escadrille. Ils doivent être rares.
Didier
Re: Comment évoluaient les pilotes en leurs états physique et psychique
Publié : mer. mai 27, 2009 11:28 pm
par CTP
Bonsoir Véloce, bonsoir à tous.
La lecture de la thèse de médecine de 1921
"Etude Physio-pathologique de l'aviateur de guerre"
apport quelques éléments dans son chapitre consacré au "Surmenage".
Ce chapitre est consultable ci-dessous.
Etudes scientifiques, Rubrique Surmenage
On remarque que les symptomes relevés sont parfois consignés dans les rapports de mission des pilotes (nausées, céphalées...), où ils cotoient les problèmes de "mauvais fonctionnement du moteur récurrents".
Selon le commandant de l'escadrille cela était plus ou moins bien toléré et "traité".
En pourra par exemple comparer l'escadrille ou le GB commandé par Happe, où la tolérance ZERO par rapport à ces symptomes était la règle et l'escadrille 25 qui avait réussi sous le commandement du capitaine Personne à créer une spèce de "cocon" dans lequel les pilotes pouvaient "décompresser "avec l'élevage de poules, le jardinage, les revus, les visites, la bonne bouffe, etc...
Happe renvoyait systématiquement au GDE ou dans leur arme d'origine ceux qui étaient considéré comme manifestant une "faiblesse morale" d'une manière ou d'une autre.
Le captne Personne les envoyait en permission, leur confiat des missions "de transition" ou les prenait en équipage.
La réunion périodique des commandants d’école s'est d'ailleurs préoccupé de cette situation en 1918 par exemple avec cette question:
"Le choix des pilotes de bombardement de nuit est toujours difficile, le G.Q.G. renvoie des pilotes au G.D.E. pour inaptitude morale.
Le colonel Girod demande si le G.Q.G. est inquiet à ce sujet.
Le Capitaine Garde répond que pour la Chasse et le Bombardement de nuit, la réserve est toujours insuffisante."
(compte rendu de réunion)
Ceci ne clôt naturellement pas ce vaste sujet.
Bien cordialement
Claude
Re: Comment évoluaient les pilotes en leurs états physique et psychique
Publié : jeu. mai 28, 2009 1:26 am
par SPAD VII
Bonsoir à tous,
ll est à noter qu'il existait ce que les pilotes appelait "l'escadrille VR75" qui était en fait l'hôpital VR75 de Viry Chatillon.
Cette maison de repos pour pilotes (en autres) permettait à certains d'entre eux, pas trop "usés", de reprendre goût aux bonnes choses de la vie...
Certains pilotes quittaient même cette institution bien plus fatigués qu'en y entrant vu la vie trépignante et quelque peu désordonnée qu'ils y suivaient, Paris étant bien proche...
J'ai pensé pendant assez longtemps que VR75 n'avait d'hôpital que le nom mais j'ai lu au SHD/DAA des courriers traitant de pilotes "très usés" qui y étaient envoyés et malheureusement quelques un y faisaient de long séjours et parfois même n'en revenaient pas...
Ceci était juste une parenthèse, qui le comme dis justement Claude,ne clôt naturellement pas ce vaste sujet.
Cordialement
Luc
Re: Comment évoluaient les pilotes en leurs états physique et psychique
Publié : dim. mai 31, 2009 7:20 pm
par veloce
Bonjour Luc et merci pour ces éléments.
Qui sait si l'hôpital de Viry Chatillon, a conservé quelques archives relatives à cette période?
Les dossiers auraient ils été transférés aux archives militaires?
Il serait intéressant de pouvoir consulter des documents de la "VR75", ils doivent être certainement rares, la censure faisant alors grande oeuvre....
Merci à tous
Eric
Bonsoir à tous,
ll est à noter qu'il existait ce que les pilotes appelait "l'escadrille VR75" qui était en fait l'hôpital VR75 de Viry Chatillon.
Cette maison de repos pour pilotes (en autres) permettait à certains d'entre eux, pas trop "usés", de reprendre goût aux bonnes choses de la vie...
Certains pilotes quittaient même cette institution bien plus fatigués qu'en y entrant vu la vie trépignante et quelque peu désordonnée qu'ils y suivaient, Paris étant bien proche...
J'ai pensé pendant assez longtemps que VR75 n'avait d'hôpital que le nom mais j'ai lu au SHD/DAA des courriers traitant de pilotes "très usés" qui y étaient envoyés et malheureusement quelques un y faisaient de long séjours et parfois même n'en revenaient pas...
Ceci était juste une parenthèse, qui le comme dis justement Claude,ne clôt naturellement pas ce vaste sujet.
Cordialement
Luc