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Re: La voiture du Génénral von Claus

Publié : jeu. mai 31, 2007 8:29 pm
par jacques didier
Bonjour,

L'abbé Joseph Marange relate dans son ouvrage "Delme et ses habitants" comment le chauffeur du général Claus rejoint les lignes françaises.

<< Les Allemands n'avaient pas confiance dans la fidélité au Reich du maire de Delme. En avaient-ils plus dans celle de son chauffeur ? Au premier abord il semble que oui, et pourtant!...
Quelques heures après l'arrestation du Docteur François un gendarme vint informer son chauffeur, Auguste L'Huillier, qu'il êut à l'accompagner au volant de la plus puissante des voitures de son patron. Impossible de refuser : gendarme et chauffeur s'en vont ainsi vers Morhange et stoppent dans la cour d'une caserne.
Le lendemain L'Huillier comparaît devant un aréopage de généraux et d'officiers supérieurs. On l'examine sous toutes les coutures et, malgré ses protestations, car fils aîné de veuve il n'est pa mobilisable, on le réquisitionne avec sa voiture pour le service du général Klaus, commandant la division bavaroise qui venait d'arriver. Quelle confiance envers un Lorrain, mais quelle imprudence !
Ayant piloté son général sur toutes les positions occupées par la division il se trouve, le mardi 25 août, devant le presbytère de Fraimbois devenu poste de commandement. Il apprend alors que le lendemain à l'aube la division, en stationnement à Gerbéviller doit être engagée contre la cavalerie française qui occupe Moyen.
L'Huillier croit alors le moment venu de réaliser l'idée qui le hante depuis le commencement de la guerre, et cela, malgré les représailles que son geste peut provoquer contre sa mère, sa femme et ses deux enfants.
Le 26, à 4 h.30 du matin, il embraye et se dirige, sans avoir l'air de se presser, vers Gerbéviller. Postes de garde et sentinelles, reconnaisant la voiture du général et croyant son chauffeur chargé de mission, le laissent passer. Cependant, au centre de Gerbéviller, on le met en garde contre la proximité des lignes, puis, à mesure qu'il avance, on le rappelle, on hurle, on le menace, mais il accélère et arrive à deux cents mètres des Français. C'est alors que les Bavarois se ressaisissent, finissent par comprendre, l'insultent et lui tirent dessus et le voici avec quelques égratignures à trente mètres des Français. Ceux-ci n'en reviennent pas de voir ce "Prussien" se fourvoyer aussi effrontément tout près d'eux et s'apprêtent à le mettre en joue. << Ne faites pas les imbéciles>> leur crie -t-il. - <<Y parle français>> dit une voix et on baisse les armes. L'Huillier stoppe, un maréchal des logis revolver au poing saute sur le marchepied... Un quart d'heure plus tard le fugitif était présenté au général de Mitry qui le félicita. La voiture contenait le manteau, le sabre, le revolver du général von Klaus ainsi qu'un sacoche avec des documents.
A. L'Huillier s'engagea dans l'armée française et servit en Algérie. A l'armistice il rentra à Delme et y retrouva sa famille. <<Je n'ai qu'un regret dit-il ensuite, c'est de ne pas avoir emmené mon général avec moi.>>

*Je pense qu'il s'agit du général von Claus Eugéne, commandant la 6e brigade bavaroise du II.A.K.

Cordialement.

J.Didier