Bonsoir à tous
A ma connaissance également pas de mutinerie collectives de pilotes.
Et pourtant l'aviation a eu à subir les conséquences de la stratégie Nivelle, en particulier en devant effectuer des missions de reconnaissance et de bombardement de plus en plus loin dans les lignes allemandes et donc en s'exposant beaucoup plus.
Je crois comme Albin que l'individualisme des pilotes était très fort, mais je nuancerai son propos sur plusieurs points.
Il est intéressant, par exemple, de comparer les 2 conférences de Deullin
"La Chasse en monoplace"
Un chasseur en monoplace doit être complet et réunir toutes les qualités indispensables à un pilote et un mitrailleur.
1° COMME PILOTE :- Il doit être avant tout manoeuvrier.
Il ne s’exercera jamais trop à la voltige aérienne : le virage serré sans changer d’altitude, les spirales ascendantes ou descendantes, les vrilles, renversements, retournements, loopings, chandelles, piqués, etc. Il les exécutera avec précision relativement à un adversaire qui manœuvre également.
et "Les Patrouilles de Chasse"
Les Patrouilles de Chasse
Depuis l’offensive de la Somme, c’est à dire depuis environ un an, les conditions de la chasse ont complètement changé.
A cet époque, le monoplace était Roi.
L'aviation ennemie était complètement démoralisée, les avions de réglage et de courte reconnaissance cherchaient à passer les lignes le moins possible, par surprise, en profitant d’un instant où le ciel serait libre.
Les patrouilles de barrage de 2 ou 4 biplaces tournaient bride et se débandaient sous l’attaque d’un seul Nieuport. Quant aux monoplaces, ils marchaient soit isolément, soit par deux, manoeuvraient mal, refusaient systématiquement le combat et étaient presque toujours une proie facile. Les patrouilles françaises n’obtenaient qu’un résultat : faire le vide. Tout disparaissait devant elles, pour revenir après leur départ.
Elles n’ont presque jamais pu descendre de boche.
Le monoplace, isolé, au contraire, pouvait ruser, se dissimuler plus facilement dans le sleil, la brume ou les nuages, profiter des champs morts visuels de l'adversaire, exécuter les attaques foudroyantes qu'on ne peut demander à une grosse patrouille.
Peu à peu, les conditions changèrent.
L’ennemi, instruit par l'expérience, coordonna ses efforts et forma des patrouilles de biplaces et des patrouilles de monoplaces parfaitement disciplinées.
Leur cohésion leur permet d’abord de résister aux attaques isolées, puis de prendre à leur tour l’offensive et de descendre assez facilement les français qui se risquaient de l’autre côté des lignes.
Après quelques essais infructueux ou même cuisants, nos chasseurs durent se convaincre que l’ère de l’isolé était fini et qu’il allait chercher autre chose.
Suite:...
http://asoublies14-18.cosadgip.com/Defa ... 312332D36E
Sur l'aspect sportif aventurier. Aventurier je crois assurément. Sportif? Au début sans doute, plus dès la "formation de masse".
Sur le volontariat: J'ai eu en main plusieurs dossiers de pilotes qui ont été versés dans l'aviation après des blessures qui les rendaient inaptes à l'infanterie. Dont un bléssé du dos sous prétexte que l'aviation était un métier assis. Son degrée de "volontariat" est discutable de même que le "sérieux" des examens médicaux.
J'ai mis en ligne les Instructions concernant les aptitudes physiques des pilotes et les exigences. La réalité était sans doute plus "élastique".
Voir:
http://asoublies14-18.cosadgip.com/Defa ... 312332D36E
Sur les affectations. Je n'ai pas trouvé de directives claires sur cet aspect, mais la première affectation était de ce que je vois déterminante.
Par ailleurs des quota par affectation étaient décidés au GQG.
Cf ces deux notes
-
- Note du Ministre de la Guerre du 22 mars 1916 fixant comme objectif mensuel la formation de 140 pilotes par mois, soit 23 pour le bombardement, 65 pour l’artillerie, 52 pour le combat.
[/list]Le 11 avril 1916 une nouvelle circulaire du Ministère modifie ces objectifs des écoles de pilote.
La formation des pilotes doit fournir 200 pilotes par mois.
- « Ainsi que je vous l’ai fait connaître verbalement, les Ecoles d’Aviation devront, jusqu’à nouvel ordre fournir, à partir du 15 avril 1916, un effectif mensuel de 200 pilotes formés, c’est à dire de pilotes ayant passé le brevet d’aviateur militaire, et suivi l’instruction dans une Ecole d’application.
Ce nombre de 200 permettra de donner satisfaction à tous les besoins.
La répartition de ces pilotes sera, par spécialité et par marque d’appareils, la suivante :
50 pour le bombardement formés sur avions Voisin
40 pour la chasse sur avions Nieuport
pour l’artillerie, 60 sur avions Maurice Farman, 10 Voisin et 40 sur Caudron."
Quant à la question de la perception des pilotes par les poilus, c'est encore un sujet d'étude en cours.
Par exemple
http://www.crid1418.org/forum/viewtopic.php?t=253
Je ne sais si cette thès a été soutenue.
De manière générale les poilus oscillaient entre plusieurs attitudes. De "Où sont nos pilotes, ils nous ont abandonné alors que les avions allemands viennent nous mitrailler dans les tranchées" à "Bravo les As" que l'on retrouve dans certaines correspondances de poilus qui décrivent des duels aériens.
La liaison Aviation / Infanterie a été à plusieurs reprises l'objet de l'attention de l'Etat-major comme en témoigne par exemple cette note
---"
V° ARMEE
Commandement de l'aéronautique
N° 2690/S
le 16 mai 1917
Ordre N° 1015
Le Commandant de l'Aéronautique a constaté qu'un Observateur divisionnaire ne connaissait pas l'emplacement des P.C. des Régiments de sa Division.
Un pareil oubli de ses devoirs les plus élémentaires est inconcevable chez un Officier.
Ce manque de liaison a produit l'effet qu'on en devait attendre: le personnel des Régiments de cette Division ignore l'Aviation, confond les SPAD et les CAUDRON et voit dans tous les avions français des boches maquillés.
Le seul coupable est le Service Aéronautique.
C'est à nous, bien logés, pourvus de moyens de transport, à aller à l'Infanterie qui peine, souffre et est clouée à son poste.
Tous les Observateurs -sans exception- devront aller au moins une fois par semaine dans les batteries (Observateurs d'Artillerie), dans les tranchées de première ligne (Observateurs de toutes armes). Les Observateurs divisionnaires doivent voir, au moins deux fois par semaine les P.C. de Régiment, au moins une fois les P.C. de Bataillon.
Il sera rendu compte tous les jours au compte-rendu journalier des Secteurs des visites ainsi faites. Les Commandants d'Escadrille sont responsables de l'exécution de cet ordre.
Pendant ces visites, les Observateurs doivent renseigner l'Infanterie sur nos types d'avions, sur le mode d'action et les possibilités de l'Aviation de chasse, sur ses impossibilités, de manière à faire cesser l'espèce de malaise qui existe par ignorance réciproque entre certaines unités d'Infanterie et d'Aviation.
On offrira aux Commandants de Régiment de détacher 8 jours auprès d'eux un mécanicien qui leur apprendra à reconnaître les avions. Ces mécaniciens seront pris parmi les hommes de jeune classe du service armé.
LE CHEF D'ESCADON COMMANDANT L'AERONAUTIQUE.
"---
Une réponse un peu touffue, mais la question est vaste.
Bien cordialement
Claude
http://asoublies14-18.cosadgip.com/