Re: AMIRAL LAFONT Goélette à moteur
Publié : mar. août 15, 2017 10:59 am
Bonjour à tous,
AMIRAL LAFONT
Goélette à moteur de 117 tonnes
Non armée
Armateurs MM. Tort et Deville de Kenitra (Maroc)
Effectue une traversée Dakar – Marseille avec 90 tonnes de graines de palmistes prises à Dakar.
Ce navire porte le nom du Vice Amiral Louis Charles Georges Jules LAFONT, 1825 Fort Royal de la Martinique – 1908 Paris, vétéran du Viet Nam, d’Afrique, de Chine …etc, Général de Brigade commandant la subdivision de l’Aube en 1871.
Voir ce lien : http://ecole.nav.traditions.free.fr/off ... lafont.htm
Attaque par sous-marin le 25 Mai 1918 et naufrage du 26 Mai 1918
Liste d’équipage
FABBRI Joseph Capitaine Bastia 248
LAGRANGE Alexandre 2e capitaine Marennes 337
LE CORNEC Guillaume Matelot Paimpol 3916
LE CORNEC Jean-François Matelot Paimpol 3995
HANSEN Johan Herman Matelot Norvégien
HANSEN Johan Arnt Matelot Norvégien
FARA Mendy Cuisinier Dakar 533
Rapport du capitaine
Quitté Motril le 22 Mai à 09h00 à destination de Marseille. Beau temps. Petite brise d’Ouest, mer calme. A 20h00 doublé le cap Sacratif. A 23h00 le vent mollit et nous restons en panne une journée. Le 24 fait route sur le cap Sabinal pour en passer à environ 3 milles.
Le 25 au soir alors que nous étions à 3 milles, aperçu sur notre arrière à 2 milles un sous-marin qui fait feu sur un navire à voile danois. Celui-ci hisse son pavillon national et le sous-marin cesse le feu. Je mets aussitôt le cap sur la terre. Il met alors le cap sur moi et vient se placer entre la terre et le navire, et commence à me canonner, tirant deux coups à blanc. Le moteur ne pouvait être mis en marche, son local ayant été rempli de marchandises. Amené les voiles pour réduire la vitesse, étant obligé de l’abandonner. Mis l’embarcation à la mer pour sauver l’équipage.
Le sous-marin met le cap sur le canot et me fait embarquer à son bord. Il me garde prisonnier jusqu’à 01h00 du matin le 26.
Le commandant du sous-marin envoie deux hommes à bord du voilier et lui fait mettre le cap vers le Sud pour l’éloigner de la côte.
A 01h00, on me fait embarquer dans un canot, accompagné d’un officier et nous mettons le cap sur le navire. En arrivant à bord, l’officier ordonne à l’équipage de ramasser tous les vivres et de les apporter à bord du sous-marin. Il fait ouvrir le grand panneau et dispose une grenade dans la cale. A 03h00 le navire saute.
Il se dirige ensuite sur un voilier italien qu’il coule. Puis se dirige vers l’ouest en surface.
On me remet en liberté, ainsi que l’équipage et nous mettons le cap sur Alméria avec les deux embarcations. Nous arrivons à Alméria le 26 à 13h00.
Description du sous-marin
70 m de long.
Avant arrondi. Kiosque arrondi
Canon d’environ 120 mm à 4 m sur l’avant du kiosque
Peinture gris foncé, abimée
Voici la silhouette de ce sous-marin


Le commandant et les hommes m’ont parlé avec douceur. Seul le second était plus brutal.
Le commandant avait plus de 40 ans, maigre, petit (1,60 m), rasé, teint bronzé et peau abimée.
Second brun également, plus jeune, maigre et rasé. Parlait très bien le français. Il m’a demandé si beaucoup d’Américains débarquaient à Marseille et quelles étaient les routes suivies par les grands courriers. J’ai répondu que je n’en savais rien.
Il m’a ordonné de rejoindre le poste d’équipage à l’avant du sous-marin et j’y suis resté d 20h30 à 01h00 du matin.
Plusieurs marins allemands parlaient français et sont venus me parler. Ils m’ont dit, « Si vous n’avez plus de canot pour rejoindre la terre, on vous confiera à un canot espagnol. Sinon, on vous mettra à terre avec votre canot dès 03h00 du matin. »
Ces hommes m’ont aussi dit : « Pas bon la guerre… Quand cela va-t-il finir ? »
Rapport de la commission d’enquête
Elle reprend tout le déroulement de l’affaire et précise que devant l’impossibilité de s’échouer, le capitaine a abandonné son navire. A bord du sous-marin, il a répondu évasivement à toutes les questions qui lui furent posées. Il parvint à dissimuler les papiers du navire sous ses vêtements et affirma au commandant du sous-marin qu’il les avait oubliés à Motril. Il a sauvé le chronomètre du bord dissimulé dans un baril de graines. Après que les Allemands aient pillé le navire et l’aient fait sauter à l’aide d’une bombe, il put gagner la côte dans les deux canots du bord.
Il n’est pas douteux que ces évènements se sont déroulés dans les eaux territoriales espagnoles en violation des conventions en vigueur. Certains propos des Allemands, consignés lors des interrogatoires, permettent de croire que le sous-marin entretenait des relations avec la côte espagnole. L’abandon du navire s’imposait. La manœuvre a été faite avec sang froid par le capitaine et son équipage. La commission estime qu’il n’y a lieu ni à récompense, ni à sanction.
Le sous-marin attaquant
C’était l’UB 50 du Kptlt Franz BECKER. Ce commandant était alors âgé de 30 ans. Il est décédé le 25 Décembre 1980.
Le voilier italien coulé le même jour, juste après AMIRAL LAFONT, était le SANTA TERESA, 257 tonnes qui effectuait une traversée Malaga-Gênes avec un chargement de plomb.
Cdlt
AMIRAL LAFONT
Goélette à moteur de 117 tonnes
Non armée
Armateurs MM. Tort et Deville de Kenitra (Maroc)
Effectue une traversée Dakar – Marseille avec 90 tonnes de graines de palmistes prises à Dakar.
Ce navire porte le nom du Vice Amiral Louis Charles Georges Jules LAFONT, 1825 Fort Royal de la Martinique – 1908 Paris, vétéran du Viet Nam, d’Afrique, de Chine …etc, Général de Brigade commandant la subdivision de l’Aube en 1871.
Voir ce lien : http://ecole.nav.traditions.free.fr/off ... lafont.htm
Attaque par sous-marin le 25 Mai 1918 et naufrage du 26 Mai 1918
Liste d’équipage
FABBRI Joseph Capitaine Bastia 248
LAGRANGE Alexandre 2e capitaine Marennes 337
LE CORNEC Guillaume Matelot Paimpol 3916
LE CORNEC Jean-François Matelot Paimpol 3995
HANSEN Johan Herman Matelot Norvégien
HANSEN Johan Arnt Matelot Norvégien
FARA Mendy Cuisinier Dakar 533
Rapport du capitaine
Quitté Motril le 22 Mai à 09h00 à destination de Marseille. Beau temps. Petite brise d’Ouest, mer calme. A 20h00 doublé le cap Sacratif. A 23h00 le vent mollit et nous restons en panne une journée. Le 24 fait route sur le cap Sabinal pour en passer à environ 3 milles.
Le 25 au soir alors que nous étions à 3 milles, aperçu sur notre arrière à 2 milles un sous-marin qui fait feu sur un navire à voile danois. Celui-ci hisse son pavillon national et le sous-marin cesse le feu. Je mets aussitôt le cap sur la terre. Il met alors le cap sur moi et vient se placer entre la terre et le navire, et commence à me canonner, tirant deux coups à blanc. Le moteur ne pouvait être mis en marche, son local ayant été rempli de marchandises. Amené les voiles pour réduire la vitesse, étant obligé de l’abandonner. Mis l’embarcation à la mer pour sauver l’équipage.
Le sous-marin met le cap sur le canot et me fait embarquer à son bord. Il me garde prisonnier jusqu’à 01h00 du matin le 26.
Le commandant du sous-marin envoie deux hommes à bord du voilier et lui fait mettre le cap vers le Sud pour l’éloigner de la côte.
A 01h00, on me fait embarquer dans un canot, accompagné d’un officier et nous mettons le cap sur le navire. En arrivant à bord, l’officier ordonne à l’équipage de ramasser tous les vivres et de les apporter à bord du sous-marin. Il fait ouvrir le grand panneau et dispose une grenade dans la cale. A 03h00 le navire saute.
Il se dirige ensuite sur un voilier italien qu’il coule. Puis se dirige vers l’ouest en surface.
On me remet en liberté, ainsi que l’équipage et nous mettons le cap sur Alméria avec les deux embarcations. Nous arrivons à Alméria le 26 à 13h00.
Description du sous-marin
70 m de long.
Avant arrondi. Kiosque arrondi
Canon d’environ 120 mm à 4 m sur l’avant du kiosque
Peinture gris foncé, abimée
Voici la silhouette de ce sous-marin


Le commandant et les hommes m’ont parlé avec douceur. Seul le second était plus brutal.
Le commandant avait plus de 40 ans, maigre, petit (1,60 m), rasé, teint bronzé et peau abimée.
Second brun également, plus jeune, maigre et rasé. Parlait très bien le français. Il m’a demandé si beaucoup d’Américains débarquaient à Marseille et quelles étaient les routes suivies par les grands courriers. J’ai répondu que je n’en savais rien.
Il m’a ordonné de rejoindre le poste d’équipage à l’avant du sous-marin et j’y suis resté d 20h30 à 01h00 du matin.
Plusieurs marins allemands parlaient français et sont venus me parler. Ils m’ont dit, « Si vous n’avez plus de canot pour rejoindre la terre, on vous confiera à un canot espagnol. Sinon, on vous mettra à terre avec votre canot dès 03h00 du matin. »
Ces hommes m’ont aussi dit : « Pas bon la guerre… Quand cela va-t-il finir ? »
Rapport de la commission d’enquête
Elle reprend tout le déroulement de l’affaire et précise que devant l’impossibilité de s’échouer, le capitaine a abandonné son navire. A bord du sous-marin, il a répondu évasivement à toutes les questions qui lui furent posées. Il parvint à dissimuler les papiers du navire sous ses vêtements et affirma au commandant du sous-marin qu’il les avait oubliés à Motril. Il a sauvé le chronomètre du bord dissimulé dans un baril de graines. Après que les Allemands aient pillé le navire et l’aient fait sauter à l’aide d’une bombe, il put gagner la côte dans les deux canots du bord.
Il n’est pas douteux que ces évènements se sont déroulés dans les eaux territoriales espagnoles en violation des conventions en vigueur. Certains propos des Allemands, consignés lors des interrogatoires, permettent de croire que le sous-marin entretenait des relations avec la côte espagnole. L’abandon du navire s’imposait. La manœuvre a été faite avec sang froid par le capitaine et son équipage. La commission estime qu’il n’y a lieu ni à récompense, ni à sanction.
Le sous-marin attaquant
C’était l’UB 50 du Kptlt Franz BECKER. Ce commandant était alors âgé de 30 ans. Il est décédé le 25 Décembre 1980.
Le voilier italien coulé le même jour, juste après AMIRAL LAFONT, était le SANTA TERESA, 257 tonnes qui effectuait une traversée Malaga-Gênes avec un chargement de plomb.
Cdlt