Bonjour à tous,
Un complément sur UNION
Des documents sur UNION se trouvent en fait dans un deuxième dossier classé en Mars 18 aux archives.
Déposition du chef mécanicien DANTAN
Quitté Brest après le convoi à destination de Cherbourg. Forcé la machine pour essayer de rattraper le convoi.
Vers 03h00 du matin, le 3e mécanicien Lucas était de quart dans la machine quand nous avons été torpillés par bâbord avant, un peu sur l’avant de la passerelle. A ce moment, j’étais dans ma cabine et je suis descendu immédiatement dans la machine que le 3e mécanicien venait de stopper. J’ai donné l’ordre à Lucas de monter sur le pont pour se sauver et j’ai battu en arrière pour étaler le navire et permettre la mise à l’eau des embarcations. L’eau gagnant dans la machine, je suis remonté sur le pont arrière après avoir été prévenu par le second mécanicien Lunot que le navire avait été abandonné par tout l’équipage. J’ai retrouvé sur le pont les 2e et 3e mécaniciens et j’ai mis la pression sur le treuil arrière pour tenter la mise à l’eau du radeau. Mais nous n’avons pu le mettre à la mer et nous nous sommes retrouvés, Lunot et moi, lui accroché à l’échelle de coupée et moi à un fumigène. Après être restés plusieurs secondes sous l’eau, entraînés par le remous. L’embarcation revenait à ce moment là et nous a sauvés.
Je n’ai ni entendu crier Lucas, ni aperçu depuis le moment où l’arrière s’est enfoncé. Je l’ai appelé et nous sommes restés environ dix minutes au milieu des épaves à en faire le tour. Nous ne l’avons pas retrouvé.
Déposition du second mécanicien Gaston LUNOT
J’avais quitté le quart à minuit et était couché dans ma cabine lorsqu’à 03h00 du matin j’ai été réveillé par une très forte explosion. Je me suis précipité sur le pont et j’ai coupé avec mon couteau toutes les saisines d’embarcations. J’ai été voir dans la machine si le chef mécanicien avait besoin de mes services. Comme la machine tournait toujours en arrière et que personne ne commandait de stopper, je suis remonté sur le pont où je n’ai plus vu l’embarcation de tribord. J’ai crié au chef mécanicien de stopper et de remonter car on nous avait abandonné à bord. Le canot bâbord et le youyou étant démolis, nous nous sommes précipités, le chef mécanicien, le 3e mécanicien et moi vers le radeau dans l’espoir de le mettre à la mer. Nous n’avons pu y réussir. Le navire s’est enfoncé et je me suis trouvé, après plusieurs secondes d’immersion, accroché à l’échelle de coupée. Le chef mécanicien était près de moi, accroché à un fumigène. Nous avons crié tous deux pour appeler Lucas, mais ce dernier n’a pas répondu. Je l’ai aperçu jusqu’au moment où le navire s’est engouffré. A mon appel, le canot est venu nous sauver.
Rapport de l’officier AMBC
Impossibilité de se servir de l’artillerie.
Au moment de l’explosion, les parcs à munitions ont été arrachés et projetés à la mer ainsi que les caillebotis de la plateforme d la pièce.
A 19h30, un navire avait été torpillé en vue de l’UNION et l’équipage avait été mis aux postes de combat. La pièce était chargée avec un obus d’exercice et le canon prêt à tirer au moment de l’action.
Le canonnier servant LEPRETRE, de service à la pièce, a été projeté sur le pont et légèrement contusionné.
Le canonnier breveté CONQUET est aussitôt monté sur le pont et s’est rendu sur la plateforme. Il s’est assuré que malgré le choc produit par la torpille, le canon était en état de tirer. Mais il a du redescendre et se rendre au poste d’évacuation, le navire s’enfonçant rapidement.
La veille de jour était assurée par le QM chef de section FILY.
Rôles de veille, de combat et d’évacuation tenus à jour et affichés dans les locaux.
Service de veille assuré de façon satisfaisante étant donné le petit nombre de marins d l’équipage commercial. (Deux hommes par bordée, soit un homme à la barre et un homme de veille).
Evacuation s’est déroulée en bon ordre, bien organisée par le second capitaine.
Lettre de Monsieur Delagrange (armateur) au Chef d’Etat Major de la Marine
Nous considérons comme un devoir de vous signaler le courage et le sang froid dont a fait preuve le chef mécanicien DANTAN Paul à bord de notre S/S UNION torpillé le 26 Janvier 1918 au large des Sept Iles et de vous demander une citation en sa faveur.
A défaut du capitaine, étourdi par un coup sur la tête, Dantan a fait le nécessaire pour sauver l’équipage et ensuite, coulant avec le navire en même temps que les deux autres mécaniciens, LUNOT Gaston, 2e mécanicien et LUCAS, 3e mécanicien. Ce dernier a malheureusement disparu, probablement tué par une épave.
Nous serions injustes en ne vous signalant pas également l’attitude digne d’éloges du second mécanicien Lunot sur lequel nous attirons votre bienveillante attention.
Cdlt