Re: PIERRE Goélette de Binic
Publié : mar. mai 10, 2016 6:16 pm
Bonjour à tous,
PIERRE
Goélette de Binic
Goélette de 112 t, 73 tx JB construite en 1897 à Shelburne (Nouvelle Ecosse-Canada)
Armateur Weiss
Capitaine Eugène Piot
Armée d’un canon de 47 mm matricule 85 sur affût à recul

Rapport du capitaine
Je soussigné Eugène Piot, capitaine de la goélette PIERRE, de Binic, armateur Weiss, déclare avoir quitté Padstow le 29 Novembre à 17h00 avec 8 hommes d’équipage et un complet chargement de charbon à destination de Saint Malo.
Belle brise d’WSW, mer houleuse.
Couru 7 milles au NW et pris tribord à 21h40. Rien à signaler.
A 22h15, me trouvant à consulter la carte dans la chambre, un coup de canon retentit et je commande aussitôt au nommé Hellaudais, canonnier de quart, d’armer la pièce et de se tenir prêt à faire feu car on ne voyait pas le sous-marin. Au 2e coup, le grand mât est coupé à la moitié, entraînant grand voile, haubans et mât de flèche qui tombent sur la pièce de 47 mm et l’immobilisent.
Le sous-marin tire sans interruption et plusieurs obus tombent sur le navire. Je l’aperçois alors à 300 m à peine derrière nous. Mis le canot à la mer. Embarqué l’équipage, le mousse en premier et moi-même le dernier, sans avoir pu emporter aucun papier. Ma chambre était obstruée par les débris, mâture et autres et le sous-marin tirait toujours, tir rapide, environ 4 coups à la minute. Plusieurs obus sont tombés à 2 ou 3 m du canot et au moins 4 ou 5 coups ont touché la coque et le gréement.
Il nous a accostés et m’a donné l’ordre de monter à son bord avec mon équipage. Quatre de ses hommes sont allés poser des bombes à bord et dix minutes plus tard le voilier a disparu. Je suis resté environ 45 minutes sur le sous-marin, pendant lesquelles le second m’a questionné par l’intermédiaire d’un jeune interprète, sans que je lui réponde. Il m’a notamment demandé s’il y avait encore beaucoup de vivres en AngIeterre, puis s’il ne restait plus personne à bord de la goélette. Il m’a alors donné l’ordre de rembarquer dans le canot avec mes hommes au plus vite. Nous avons regagné Padstow par nos propres moyens et sommes arrivés à 04h00 le 30.
Ce sous-marin était équipé de 2 canons de calibre moyen (77 à 100-120, analogues à notre 75 1897) et de 2 affûts pour mitrailleuses. Il était peint en gris, long d’environ 100 m. J’ignore le n°. Une antenne TSF allant de l’avant à l’arrière soutenue par un mâtereau de 2 m au dessus du kiosque.
Kiosque à un étage, assez vaste, analogue comme forme à ceux des torpilleurs français. En nous quittant, il a fait route au NE.
Le commandant était un homme fort, 35 ans environ, commandant sèchement. Le second avait environ 30 ans, de taille moyenne. Ont fait l’effet d’officiers de carrière. Equipage d’une quarantaine d’hommes, tous en cirés.
Ce rapport est établi devant le consul de France à Southampton, Mr Emile Feer, et contresigné par tout l’équipage.
Rapport de l’officier enquêteur
La goélette PIERRE était équipée d’un canon de 47 mm placé sur l’avant du roof, sous le gui de grand voile. Elle sortait de nuit du port de Padstow et se trouvait à 22h00 par clair de lune et mer houleuse à 7 milles dans le Nord de Trevose Head, quand elle a été attaquée par un sous-marin qu’elle ne voyait pas car il était en demi plongée et caché par la houle.
Dès le début du combat, la chute de la mâture haute sur la pièce et la proximité de l’ennemi dont le tir efficace empêchait d’entreprendre tout travail de longue haleine rendirent la défense impossible. C’est beaucoup de chance que personne de l’équipage n’ait été atteint.
Le sous-marin allemand a procédé en hâte à la destruction de PIERRE au moyen de bombes, puis s’est éloigné dans la nuit.
L’équipage et le capitaine ont fait montre d’un grand sang froid. Ils sont indemnes de tout reproche.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 57 du Kptlt Carl-Siegfried RITTER Von GEORG.
Ce commandant, décédé en 1957 à Cologne, coula 75 navires et reçut la Croix pour le Mérite le 24 Avril 1918.
Cdlt
PIERRE
Goélette de Binic
Goélette de 112 t, 73 tx JB construite en 1897 à Shelburne (Nouvelle Ecosse-Canada)
Armateur Weiss
Capitaine Eugène Piot
Armée d’un canon de 47 mm matricule 85 sur affût à recul

Rapport du capitaine
Je soussigné Eugène Piot, capitaine de la goélette PIERRE, de Binic, armateur Weiss, déclare avoir quitté Padstow le 29 Novembre à 17h00 avec 8 hommes d’équipage et un complet chargement de charbon à destination de Saint Malo.
Belle brise d’WSW, mer houleuse.
Couru 7 milles au NW et pris tribord à 21h40. Rien à signaler.
A 22h15, me trouvant à consulter la carte dans la chambre, un coup de canon retentit et je commande aussitôt au nommé Hellaudais, canonnier de quart, d’armer la pièce et de se tenir prêt à faire feu car on ne voyait pas le sous-marin. Au 2e coup, le grand mât est coupé à la moitié, entraînant grand voile, haubans et mât de flèche qui tombent sur la pièce de 47 mm et l’immobilisent.
Le sous-marin tire sans interruption et plusieurs obus tombent sur le navire. Je l’aperçois alors à 300 m à peine derrière nous. Mis le canot à la mer. Embarqué l’équipage, le mousse en premier et moi-même le dernier, sans avoir pu emporter aucun papier. Ma chambre était obstruée par les débris, mâture et autres et le sous-marin tirait toujours, tir rapide, environ 4 coups à la minute. Plusieurs obus sont tombés à 2 ou 3 m du canot et au moins 4 ou 5 coups ont touché la coque et le gréement.
Il nous a accostés et m’a donné l’ordre de monter à son bord avec mon équipage. Quatre de ses hommes sont allés poser des bombes à bord et dix minutes plus tard le voilier a disparu. Je suis resté environ 45 minutes sur le sous-marin, pendant lesquelles le second m’a questionné par l’intermédiaire d’un jeune interprète, sans que je lui réponde. Il m’a notamment demandé s’il y avait encore beaucoup de vivres en AngIeterre, puis s’il ne restait plus personne à bord de la goélette. Il m’a alors donné l’ordre de rembarquer dans le canot avec mes hommes au plus vite. Nous avons regagné Padstow par nos propres moyens et sommes arrivés à 04h00 le 30.
Ce sous-marin était équipé de 2 canons de calibre moyen (77 à 100-120, analogues à notre 75 1897) et de 2 affûts pour mitrailleuses. Il était peint en gris, long d’environ 100 m. J’ignore le n°. Une antenne TSF allant de l’avant à l’arrière soutenue par un mâtereau de 2 m au dessus du kiosque.
Kiosque à un étage, assez vaste, analogue comme forme à ceux des torpilleurs français. En nous quittant, il a fait route au NE.
Le commandant était un homme fort, 35 ans environ, commandant sèchement. Le second avait environ 30 ans, de taille moyenne. Ont fait l’effet d’officiers de carrière. Equipage d’une quarantaine d’hommes, tous en cirés.
Ce rapport est établi devant le consul de France à Southampton, Mr Emile Feer, et contresigné par tout l’équipage.
Rapport de l’officier enquêteur
La goélette PIERRE était équipée d’un canon de 47 mm placé sur l’avant du roof, sous le gui de grand voile. Elle sortait de nuit du port de Padstow et se trouvait à 22h00 par clair de lune et mer houleuse à 7 milles dans le Nord de Trevose Head, quand elle a été attaquée par un sous-marin qu’elle ne voyait pas car il était en demi plongée et caché par la houle.
Dès le début du combat, la chute de la mâture haute sur la pièce et la proximité de l’ennemi dont le tir efficace empêchait d’entreprendre tout travail de longue haleine rendirent la défense impossible. C’est beaucoup de chance que personne de l’équipage n’ait été atteint.
Le sous-marin allemand a procédé en hâte à la destruction de PIERRE au moyen de bombes, puis s’est éloigné dans la nuit.
L’équipage et le capitaine ont fait montre d’un grand sang froid. Ils sont indemnes de tout reproche.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 57 du Kptlt Carl-Siegfried RITTER Von GEORG.
Ce commandant, décédé en 1957 à Cologne, coula 75 navires et reçut la Croix pour le Mérite le 24 Avril 1918.
Cdlt