Re: FLORE Affréteurs Réunis Rouen
Publié : mer. oct. 21, 2015 4:34 pm
Bonjour à tous,
FLORE
Vapeur lancé le 02/08/1906 au chantier Furness Withy de Middleton sous le nom d’HARPENDEN pour l’armement J & C Harrison Ltd de Londres.
Racheté en 1914 par l’armement Les Affréteurs Réunis, de Rouen, et rebaptisé FLORE.
3553 t
Longueur 105,8 m Largeur 14,4 m
1 hélice
Navire armé de deux canons de 90 mm
Capitaine BOHELIER Jean CLC Lieutenant de Vaisseau auxiliaire
Equipage 38 hommes dont 6 officiers


Naufrage du 26 Juillet 1917. Rapport du capitaine
Quitté Arkhangelsk le 17 Juillet 1917 à 21h00 à destination de Brest via Lerwick avec un chargement d 3700 tonnes de divers et 15 passagers. Le chargement comportait :
- 2000 tonnes de blé
- 1000 tonnes de manganèse
- 700 tonnes de graines de betteraves
Descendu la rivière sans incident accompagné d’un pilote. Mouillé à l’arraisonnement pour attendre les ordres. Appareillé le 18 Juillet à 14h30 et pris le convoi.
Dans la mer Blanche navigué en convoi jusqu’à Syvatoï Nos. Beau temps, mer belle. Passé l’île de l’Ours et suivi la route prescrite pour se rendre à Lerwick (shetland).
Le 26 Juillet à 19h15, par temps brumeux et vent de Sud, aperçu la terre en bonne direction par tribord. Un bâtiment anglais faisant même route que nous est sur bâbord. A 21h00, aperçu 3 chalutiers se dirigeant vers nous et hissé les couleurs. A 22h00, à 8 milles dans l’Est de Fetlar, fait route pour doubler les Skerrier à petite distance quand une forte explosion se produit sur bâbord avant. Je faisais alors masquer les lumières du salon et suis monté immédiatement sur la passerelle donnant l’ordre d’aller aux embarcations. Le transmetteur d’ordres à la machine, la barre et les compas avaient été démolis par l’explosion. Donné l’ordre de stopper immédiatement et fait l’appel de détresse par TSF. Puis fait évacuer le navire. J’ai tenté de pénétrer dans la chambre de veille pour sauver les papiers et l’argent du navire, mais il était impossible d’entrer, les portes ayant été faussées par l’explosion.
L’équipage et les passagers ont pris place dans les 3 embarcations de sauvetage. Après m’être rendu compte avec le chef mécanicien que tout le monde était parti, avons quitté le navire dont tout le bâbord avant était ouvert, et le gaillard immergé. A peine nous étions-nous éloignés d’une centaine de mètres que le navire a disparu complètement.
Fait alors route sur le navire anglais stoppé à proximité, mais en approchant, je me suis aperçu que ce navire était aussi torpillé et abandonné. Gagné alors la terre car l’obscurité se faisait très rapidement. Le 27 Juillet à 02h00 les trois embarcations avaient gagné le Nord de Fetlar avec tous les passagers et l’équipage sains et saufs.
Reçus dans une famille qui nous a prodigué ses soins, en particulier aux femmes et aux enfants. Le 27 Juillet à 17h00 un chalutier est venu nous prendre et nous a conduits à Lerwick où nous sommes arrivés à 20h45.
Au moment de l’explosion de ce que je suppose être une torpille, ni l’homme de veille avant, ni l’homme de vigie, ni l’officier de quart, ni l’homme de veille arrière n’ont vu quoi que ce soit. Après le sinistre, nous n’avons pas vu trace de sous-marin. Le navire a coulé en 6/7 minutes et le sauvetage s’est déroulé en bon ordre, chacun ayant son poste désigné en cas d’abandon. Je remercie passagers et équipage de l’aide qu’ils m’ont apportée en obéissant aux ordres sans panique ni désordre.
Conclusions de la commission d’enquête
Le seul navire en vue était le vapeur anglais ETHELWYNNE qui suivait à 1 mille et a aussi été torpillé. L’équipage n’avait rien vu. D’abord abandonné ETHELWYNNE n’a pas coulé et une partie de l’équipage est revenue à bord au bout d’une journée. Il a pu être remorqué au port par des chalutiers.
On ne peut établir de façon formelle qu’il s’agisse d’une torpille plutôt que d’une mine. Mais les fonds de 100 m et les forts courants de ces parages rendent le mouillage de mines peu probable. ETHELWYNNE ayant sauté en même temps et ayant été touché par bâbord il serait extraordinaire que les deux navires aient touché en même temps une mine dans des conditions analogues alors que ces deux points d’impact seraient logiques pour des torpilles lancées par un sous-marin en position d’attaque sur bâbord de la route des deux navires.
Le point d’impact a probablement été la cale 1 qui était remplie de blé en vrac. Le pont s’est ouvert, les panneaux du magasin ont sauté et le poste d’équipage où se trouvaient 10 à 12 hommes a été fortement ébranlé. Il n’y a eu ni tué, ni blessé.
Le bateau a coulé à pic à 22h10 exactement, en présence des embarcations.
La commission se plait à reconnaître que l’évacuation s’est faite avec beaucoup de sang froid et d’ordre. Les femmes et les enfants ont été embarqués dans les canots à hauteur de lisse avant toute autre personne. Le capitaine a soigneusement fait le tour du bord avec le chef mécanicien avant de le quitter. L’appel a été fait séparément dans chaque embarcation. Malgré la rapidité avec laquelle le bâtiment a coulé, il eût été préférable que l’appel des embarcations fut rendu au capitaine avant qu’il ne fasse le tour du bord, cet appel collectif n’ayant pu être fait en l’espèce qu’à l’arrivée à terre.
Hors mis ce détail la conduite du capitaine Bohélier ne mérite que des louanges et la commission estime qu’il y a lieu de lui maintenir la faculté de commander, sans récompense ni sanction.
Lettre du 6 Août 1919 de la Chambre de Commerce en gros des vins et spiritueux de Paris à l’armateur de FLORE
La chambre de commerce se préoccupe de toutes les futailles ayant disparues à la suite de faits de guerre (naufrages, torpillages…) afin de permettre au Gouvernement de réclamer aux nations ennemies la restitution d’un matériel équivalent.
Nous vous prions de nous indiquer les pertes subies par vos navires en mentionnant l’importance du sinistre et le nombre de futailles perdues.
J’insiste sur l’importance de ce travail dans l’intérêt général du commerce et du pays…
Réponse de l’armateur
J’ai l’honneur de vous rendre compte du chargement du FLORE, parti d’Arkhangelsk le 17 Juillet 1917 et coulé le 26 du même mois :
- Blé
- Bois d’allumettes
- Graines de betteraves
- Manganèse
Ce chargement ne comportait donc pas de futailles
Le sous-marin responsable du naufrage
C’était l’U 71 du Kptlt Walter GUDE.
Ce sous-marin avait mouillé des mines sur cette zone au mois de Mai précédent. C’est donc bien sur des mines que les deux vapeurs ont sauté presque en même temps le 26 Juillet.
Cdlt
FLORE
Vapeur lancé le 02/08/1906 au chantier Furness Withy de Middleton sous le nom d’HARPENDEN pour l’armement J & C Harrison Ltd de Londres.
Racheté en 1914 par l’armement Les Affréteurs Réunis, de Rouen, et rebaptisé FLORE.
3553 t
Longueur 105,8 m Largeur 14,4 m
1 hélice
Navire armé de deux canons de 90 mm
Capitaine BOHELIER Jean CLC Lieutenant de Vaisseau auxiliaire
Equipage 38 hommes dont 6 officiers


Naufrage du 26 Juillet 1917. Rapport du capitaine
Quitté Arkhangelsk le 17 Juillet 1917 à 21h00 à destination de Brest via Lerwick avec un chargement d 3700 tonnes de divers et 15 passagers. Le chargement comportait :
- 2000 tonnes de blé
- 1000 tonnes de manganèse
- 700 tonnes de graines de betteraves
Descendu la rivière sans incident accompagné d’un pilote. Mouillé à l’arraisonnement pour attendre les ordres. Appareillé le 18 Juillet à 14h30 et pris le convoi.
Dans la mer Blanche navigué en convoi jusqu’à Syvatoï Nos. Beau temps, mer belle. Passé l’île de l’Ours et suivi la route prescrite pour se rendre à Lerwick (shetland).
Le 26 Juillet à 19h15, par temps brumeux et vent de Sud, aperçu la terre en bonne direction par tribord. Un bâtiment anglais faisant même route que nous est sur bâbord. A 21h00, aperçu 3 chalutiers se dirigeant vers nous et hissé les couleurs. A 22h00, à 8 milles dans l’Est de Fetlar, fait route pour doubler les Skerrier à petite distance quand une forte explosion se produit sur bâbord avant. Je faisais alors masquer les lumières du salon et suis monté immédiatement sur la passerelle donnant l’ordre d’aller aux embarcations. Le transmetteur d’ordres à la machine, la barre et les compas avaient été démolis par l’explosion. Donné l’ordre de stopper immédiatement et fait l’appel de détresse par TSF. Puis fait évacuer le navire. J’ai tenté de pénétrer dans la chambre de veille pour sauver les papiers et l’argent du navire, mais il était impossible d’entrer, les portes ayant été faussées par l’explosion.
L’équipage et les passagers ont pris place dans les 3 embarcations de sauvetage. Après m’être rendu compte avec le chef mécanicien que tout le monde était parti, avons quitté le navire dont tout le bâbord avant était ouvert, et le gaillard immergé. A peine nous étions-nous éloignés d’une centaine de mètres que le navire a disparu complètement.
Fait alors route sur le navire anglais stoppé à proximité, mais en approchant, je me suis aperçu que ce navire était aussi torpillé et abandonné. Gagné alors la terre car l’obscurité se faisait très rapidement. Le 27 Juillet à 02h00 les trois embarcations avaient gagné le Nord de Fetlar avec tous les passagers et l’équipage sains et saufs.
Reçus dans une famille qui nous a prodigué ses soins, en particulier aux femmes et aux enfants. Le 27 Juillet à 17h00 un chalutier est venu nous prendre et nous a conduits à Lerwick où nous sommes arrivés à 20h45.
Au moment de l’explosion de ce que je suppose être une torpille, ni l’homme de veille avant, ni l’homme de vigie, ni l’officier de quart, ni l’homme de veille arrière n’ont vu quoi que ce soit. Après le sinistre, nous n’avons pas vu trace de sous-marin. Le navire a coulé en 6/7 minutes et le sauvetage s’est déroulé en bon ordre, chacun ayant son poste désigné en cas d’abandon. Je remercie passagers et équipage de l’aide qu’ils m’ont apportée en obéissant aux ordres sans panique ni désordre.
Conclusions de la commission d’enquête
Le seul navire en vue était le vapeur anglais ETHELWYNNE qui suivait à 1 mille et a aussi été torpillé. L’équipage n’avait rien vu. D’abord abandonné ETHELWYNNE n’a pas coulé et une partie de l’équipage est revenue à bord au bout d’une journée. Il a pu être remorqué au port par des chalutiers.
On ne peut établir de façon formelle qu’il s’agisse d’une torpille plutôt que d’une mine. Mais les fonds de 100 m et les forts courants de ces parages rendent le mouillage de mines peu probable. ETHELWYNNE ayant sauté en même temps et ayant été touché par bâbord il serait extraordinaire que les deux navires aient touché en même temps une mine dans des conditions analogues alors que ces deux points d’impact seraient logiques pour des torpilles lancées par un sous-marin en position d’attaque sur bâbord de la route des deux navires.
Le point d’impact a probablement été la cale 1 qui était remplie de blé en vrac. Le pont s’est ouvert, les panneaux du magasin ont sauté et le poste d’équipage où se trouvaient 10 à 12 hommes a été fortement ébranlé. Il n’y a eu ni tué, ni blessé.
Le bateau a coulé à pic à 22h10 exactement, en présence des embarcations.
La commission se plait à reconnaître que l’évacuation s’est faite avec beaucoup de sang froid et d’ordre. Les femmes et les enfants ont été embarqués dans les canots à hauteur de lisse avant toute autre personne. Le capitaine a soigneusement fait le tour du bord avec le chef mécanicien avant de le quitter. L’appel a été fait séparément dans chaque embarcation. Malgré la rapidité avec laquelle le bâtiment a coulé, il eût été préférable que l’appel des embarcations fut rendu au capitaine avant qu’il ne fasse le tour du bord, cet appel collectif n’ayant pu être fait en l’espèce qu’à l’arrivée à terre.
Hors mis ce détail la conduite du capitaine Bohélier ne mérite que des louanges et la commission estime qu’il y a lieu de lui maintenir la faculté de commander, sans récompense ni sanction.
Lettre du 6 Août 1919 de la Chambre de Commerce en gros des vins et spiritueux de Paris à l’armateur de FLORE
La chambre de commerce se préoccupe de toutes les futailles ayant disparues à la suite de faits de guerre (naufrages, torpillages…) afin de permettre au Gouvernement de réclamer aux nations ennemies la restitution d’un matériel équivalent.
Nous vous prions de nous indiquer les pertes subies par vos navires en mentionnant l’importance du sinistre et le nombre de futailles perdues.
J’insiste sur l’importance de ce travail dans l’intérêt général du commerce et du pays…
Réponse de l’armateur
J’ai l’honneur de vous rendre compte du chargement du FLORE, parti d’Arkhangelsk le 17 Juillet 1917 et coulé le 26 du même mois :
- Blé
- Bois d’allumettes
- Graines de betteraves
- Manganèse
Ce chargement ne comportait donc pas de futailles
Le sous-marin responsable du naufrage
C’était l’U 71 du Kptlt Walter GUDE.
Ce sous-marin avait mouillé des mines sur cette zone au mois de Mai précédent. C’est donc bien sur des mines que les deux vapeurs ont sauté presque en même temps le 26 Juillet.
Cdlt