Re: PERCE-NEIGE - goélette, armateur Henri Nicolas, Perros-Guirec
Publié : lun. juin 29, 2015 11:50 pm
Bonjour,
Perce-Neige, construit en 1890 par Gautier à Saint-Malo,
135 tjb, 107 tjn, 32,88 x 7,07 x 3,48 m,
En 1912, indicatif KPDG, immatriculé à Cancale, armateur Ad Robin, capitaine Fortin.
Inscrit au quartier de Lannion le 9 novembre 1915, armateur Henri Nicolas, Perros-Guirec, capitaine Henri Nicolas.
Rapport de mer du commandant de la goélette Perce-Neige
Monsieur Henri Nicolas, capitaine de la goélette Perce-Neige, armé à Brest, jauge de 112 tx, montée de 6 hommes d'équipage.
Je soussigné Henri Nicolas, capitaine au long-cours, armateur et capitaine de la dite goélette a l'honneur de vous exposer ce qui suit : Le navire en bon état de navigabilité, j'ai quitté Briton Ferry le quatre avril avec un chargement d'anthracite à destination de Brest, pour le compte de Monsieur Bastit, négociant. Du lieu de départ au cap Lands End, rien à signaler. Les vents étaient nord-est, puis en Manche est-nord-est. Il fallait louvoyer pour atteindre Falmouth et je faisais un bord dans le sud-est ; il était le six à midi : j'allais virer de bord, me trouvant à onze milles de Wolf Rock, quand j'entendis un coup de canon bientôt suivi d'un deuxième.
Un sous-marin apparut à l'arrière dans mon sillage. Vite, faisais mettre en panne et deux minutes après nous embarquions dans le canot, cependant que le sous-marin tirait deux autres projectiles de combat comme les premiers. Du canot, nous pouvions apercevoir le sous-marin qui, à deux milles de distance, se dirigeait sur notre embarcation. Il nous atteint, nous fait signe d'accoster. La mer hachée rendait cet accostage dangereux. On y réussit. Trois marins allemands nous remplacent et munis d'explosifs se dirigent vers mon navire. Un quart d'heure ou une demi-heure après, ces marins, et tandis que mon navire s'ouvre, s'enfonce et coule, ils embarquent à bord les provisions qu'ils ont volé à mon bord. Nous remplaçons ces individus dans le canot et nous mettons vent arrière, cap au sud-sud-est. Le sous-marin poursuit sa route à l'est ; mer dure pour un canot, fort vent de nord-est puis de nord, puis de nord-nord-ouest. Vingt-quatre heures après, samedi à deux heures du soir, nous débarquions à Portsall sains et saufs ayant parcouru près de quatre-vingt dix milles. Je signale la conduite faite de calme, courage, de mes hommes dans cette circonstance pénible. Cette attitude a facilité ma tâche dans unelarge mesure.
Je certifie ce rapport sincère et véritable et me réserve le droit de l'amplifier et de le commenter le cas échéant.."
Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
René Richard et Jacques Roignant, les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, volume 1, Association Bretagne 14-18, 2010.
Cordialement.
Perce-Neige, construit en 1890 par Gautier à Saint-Malo,
135 tjb, 107 tjn, 32,88 x 7,07 x 3,48 m,
En 1912, indicatif KPDG, immatriculé à Cancale, armateur Ad Robin, capitaine Fortin.
Inscrit au quartier de Lannion le 9 novembre 1915, armateur Henri Nicolas, Perros-Guirec, capitaine Henri Nicolas.
Rapport de mer du commandant de la goélette Perce-Neige
Monsieur Henri Nicolas, capitaine de la goélette Perce-Neige, armé à Brest, jauge de 112 tx, montée de 6 hommes d'équipage.
Je soussigné Henri Nicolas, capitaine au long-cours, armateur et capitaine de la dite goélette a l'honneur de vous exposer ce qui suit : Le navire en bon état de navigabilité, j'ai quitté Briton Ferry le quatre avril avec un chargement d'anthracite à destination de Brest, pour le compte de Monsieur Bastit, négociant. Du lieu de départ au cap Lands End, rien à signaler. Les vents étaient nord-est, puis en Manche est-nord-est. Il fallait louvoyer pour atteindre Falmouth et je faisais un bord dans le sud-est ; il était le six à midi : j'allais virer de bord, me trouvant à onze milles de Wolf Rock, quand j'entendis un coup de canon bientôt suivi d'un deuxième.
Un sous-marin apparut à l'arrière dans mon sillage. Vite, faisais mettre en panne et deux minutes après nous embarquions dans le canot, cependant que le sous-marin tirait deux autres projectiles de combat comme les premiers. Du canot, nous pouvions apercevoir le sous-marin qui, à deux milles de distance, se dirigeait sur notre embarcation. Il nous atteint, nous fait signe d'accoster. La mer hachée rendait cet accostage dangereux. On y réussit. Trois marins allemands nous remplacent et munis d'explosifs se dirigent vers mon navire. Un quart d'heure ou une demi-heure après, ces marins, et tandis que mon navire s'ouvre, s'enfonce et coule, ils embarquent à bord les provisions qu'ils ont volé à mon bord. Nous remplaçons ces individus dans le canot et nous mettons vent arrière, cap au sud-sud-est. Le sous-marin poursuit sa route à l'est ; mer dure pour un canot, fort vent de nord-est puis de nord, puis de nord-nord-ouest. Vingt-quatre heures après, samedi à deux heures du soir, nous débarquions à Portsall sains et saufs ayant parcouru près de quatre-vingt dix milles. Je signale la conduite faite de calme, courage, de mes hommes dans cette circonstance pénible. Cette attitude a facilité ma tâche dans unelarge mesure.
Je certifie ce rapport sincère et véritable et me réserve le droit de l'amplifier et de le commenter le cas échéant.."
Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
René Richard et Jacques Roignant, les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, volume 1, Association Bretagne 14-18, 2010.
Cordialement.