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Re: REINE DES FLOTS Sloop de pêche des Sables d'Olonne

Publié : mar. janv. 08, 2013 12:41 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

REINE DES FLOTS

Sloop de pêche immatriculé aux Sables d’Olonne n° 119
21,72 tx
Patron Henri Massé, inscrit à Concarneau
Equipage 5 hommes (Patron, 3 hommes et 1 mousse)
En pêche par 46°14 N et 02°00 W Greenwich

Télégramme du 13 Février 17 envoyé par le commandant de la 4e escadrille

Le bateau de pêche REINE DES FLOTS, du port des Sables a été attaqué le 12 Février 1917 vers 16h00 par un sous-marin ennemi. Il a été secouru par un patrouilleur de la 4e escadrille accouru sur les lieux de l’attaque. Le patron, reconnaissant du secours arrivé si opportunément, a exprimé sa gratitude par lettre et m’a prié de la faire parvenir à leurs sauveteurs.

Rapport de l’Administrateur des Affaires Maritimes de La Rochelle

Le 12 Février 1917 vers 16h00, par 46°14 N et 02°00 W, le sloop REINE DES FLOTS monté par 4 hommes et 1 mousse était en pêche cap au SSE lorsqu’il aperçut un sous-marin. Celui-ci était en surface et se dirigeait rapidement vers eux. Il vint stopper à 20 m sur bâbord du sloop.
Beau temps. Très bonne visibilité. Mer clapoteuse.

Le commandant ennemi fit signe avec sa casquette qu’il allait couler le bâtiment. Comme l’équipage faisait mine de ne pas comprendre, il cria deux fois en français : «Quittez le vaisseau ! Quittez le bateau ! »
Le patron Massé fit alors embarquer dans le canot le mousse, ses hommes, puis s’y plaça lui-même. Par ordre, ils se dirigèrent vers le sous-marin. C’est alors que le patron aperçut un patrouilleur qui se dirigeait vers eux. Il ralentit aussitôt la nage. Ils étaient à 5 m du sous-marin quand l’officier qui était sur le blockhaus aperçut le patrouilleur. Il donna un ordre et les hommes qui étaient sur le pont disparurent aussitôt dans le kiosque, puis le sous-marin plongea.

Le canot reprit le chemin du bord. L’équipage releva le chalut et reprit la route des Sables convoyé par ce patrouilleur qui était le 188. Il est arrivé aux Sables vers 20h00.

Les pêcheurs sont heureux d’avoir été secourus avec une telle promptitude et reconnaissants de la surveillance dont ils ont été l’objet. Ils l’expriment dans un rapport relatant les faits, que je fais suivre à l’Autorité supérieure.
Etant dépourvu de tout moyen de défense, le patron de REINE DES FLOTS ne pouvait agir autrement qu’il l’a fait.

Le sous-marin

Longueur 80 m. Largeur 4 m.
Un blockhaus formant passerelle. Un seul canon sur l’avant du blockhaus
1 périscope. Pas de mât. Pas d’installation TSF. Pas de garde-corps
Peint en gris. Peinture neuve et récente.
Grand trou sur l’avant supposé être un tube lance-torpilles
Equipage revêtu de toile bleue. Coiffure genre casquette sans visière.

Ce sous-marin était très vraisemblablement l’UC 21, de l’OL Rheinhold Saltzwedel, qui ce même jour coula le Norvégien NORDKAP à 4 milles au sud de la position donnée par le patron de REINE DES FLOTS.

Cdlt

Re: REINE DES FLOTS Sloop de pêche des Sables d'Olonne

Publié : lun. janv. 13, 2014 8:41 pm
par Rutilius

Bonsoir à tous,


F. YDIER, Secrétaire-trésorier de la Société Olona, Instituteur public : « A la gloire des Marins Sablais et Chaumois. Épisodes de la lutte sous-marine en 1917 ~ 1918 », monographie de 16 p., s.l.n.d.


« Le sloop "Reine-des-Flots", des Sables-d’Olonne.


Beau nom pour une barque, et, si nous étions superstitieux, nous penserions que lui seul explique la mystique protection de sa marraine.
Le 12 février 1917, donc, vers 16 heures, par environ 46° 14' de Latitude Nord et 2° 6' de Longitude W. de Greenwich, le sloop Reine-des-Flots, n° 119, de 26 tonneaux 76, monté par 4 hommes et un mousse, pêchait au chalut, cap au S. S.-E., lorsqu'il fut repéré par un sous-marin allemand naviguant en surface. A toute vitesse, l'unterseeboat se dirigea sur lui et stoppa par bâbord à une vingtaine de mètres.
Un officier, sur le pont, fit, de sa casquette un signe de haut en bas, ce qui voulait dire : Je vais vous couler ! Mais l'équipage du sloop, devenu subitement aveugle, pour ne pas comprendre ce langage si brutalement télégraphique et pourtant très clair, poursuivit l'arrimage du pont. Alors l'Allemand cria en français, par deux fois :

"Quittez le vaisseau !... Quittez le bateau !...", montrant ainsi qu'après avoir exagéré l'importance du navire, il savait jongler avec la langue française et appeler chaque chose de son nom véritable.
Cette fois, impossible d'être sourd et de tergiverser. Le patron Massé fit embarquer ses hommes dans le you-you et quitta lui-même le bord, le dernier.
Suivant le cérémonial d'usage, ils durent ramer vers la coque d'acier... Mais, les bras raidis n'apportaient point toute la célérité qu'en d'autres cas on eût connue.
Pourquoi donc les rames fendent-elles si mollement les ondes ?... Peur, découragement, lassitude, ...secours inespérable mystérieusement attendu...?
Il faut croire à ces Forces Inconnues qui vous sauvent d'un péril et les matelots sablais qui depuis des Siècles voguent sous l'égide de la Reine des Mers, les appellent-ils parfois par atavisme ?


...Advocata nostra, ora pro nobis...

Et leur vœu fut exaucé : non loin de là, surgit un patrouilleur français !...
Les rames tombèrent inertes, et d'instinct, les regards se portèrent vers le sauveur. Le canot, jouet du courant, s'éloignait...
Et la scène changea !
Sur le sous-marin, avec quelque précipitation, tout le monde s'enferma dans le blockhaus et l'infernal vaisseau-fantôme disparut sous les ondes puisque le Dieu de la mer-lui interdisait d'achever sa laide mission.
Alors, saisissant à pleines mains les avirons, battant les flots avec un courage redoublé, cap au navire abandonné alourdi de tout le poids de son chalut, nos mariniers volèrent vers leur
"Reine" et y prirent bientôt pied. Puis pour ne pas s'entêter dans ce secteur désormais périlleux, pour ne pas tenter une seconde fois le destin, ils relevèrent le filet et rejoignirent le port sans nouveaux tracas.
Nef et nautoniers étaient saufs... Ils reprendraient demain la mer, pour continuer leur tâche !
En plongeant, que pensèrent les ennemis ?... Ces attaques si mesquines dans nos eaux territoriales, contre de tels rafiaux, étaient-elles dignes du courage que montrèrent souventefois les officiers et les équipages Allemands ?... Ces sombres atches ternissent une cause : Grandeur et décadence ! » (op. cit., p. 14).


Re: REINE DES FLOTS Sloop de pêche des Sables d'Olonne

Publié : lun. janv. 13, 2014 8:43 pm
par Rutilius


Il pourrait bien s'agir du même bâtiment.


La Croix, n° 11.196, Mercredi 3 septembre 1919, p.4, en rubrique « Sur mer ».


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