Pour ceux que cela intéresse, je signale que Frédéric Grellier s'apprête à faire paraître, vers Septembre, un 2e tome sur les photographies des grands voiliers cap-horniers. Il comportera les clichés d'environ 50 navires. Jusqu'au 31 Mai, il est en souscription au prix intéressant de 29,90 euros au lieu de 35 sur le site suivant :
Trésors Cap-Horniers,
Que voilà une superbe galerie de portraits de grands voiliers long-courrriers principalement nantais. Un choix judicieux d'un grand format à l'italienne, pour bien mettre en valeur la quallité photographique excellente de la plupart des clichés. Des photos pleine page permettant de percevoir les moindres détails sans le recours à la loupe. Une représentation abondante de trois-mâts (Un seul quatre-mâts, Champigny). Une cinquantaine de grands voiliers sur les quelques trois cent ayant existés, avec un choix quasi-exclusif pour les Nantais, Les Bordes étant largment représentés ailleurs. Un petit regret. Quelques photos d'équipages, d'aussi bonne qualité technique et esthétique prises dans les ports américains, auraient été bienvenues. Car, que valent les voiliers sans leurs équipages ? Excellent choix que de mettre en vis-à-vis une photo du navire et une courte présentation de sa carrière, bien entendue puisée dans les deux bonnes sources, Lacroix (1937 et 1940), Picard (1976).
Cet ouvrage est chronologiquement le troisième album photographique sur les grands voiliers, chacun ayant sa spécificité.
1°) Yves Le Scal "Au temps des grands voiliers 1850-1920" Trésors de la photographie, André Barret éditeur, Paris, 1977, 192 pages. Format à l'italienne, un long texte de présentation, photos pleines pages groupées par thèmes : chantiers, au grand large, service à la mer, ports et escales, équipages, fortunes de mer. La représentation des voiliers français est assez faible (9 clichés).
2°) Jean Randier, "Phares carrés, journal de bord des grands voiliers" Gallimard 1992, 164 pages. Grand format classique, photos de toutes tailles, souvent pleine page, conçu comme un véritable album de voyage avec les thèmes classiques, appareillages, escales, tempêtes, vie à bord, etc... Un texte court, riche, avec de nombreuses photographies d'origines variées.
3°) Trésors cap-horniers, volume 1.
Le grand voilier figurant sur la première de couverture de l'ouvrage de Frédéric Grellier est le Gers, troisième du nom, armé par Antonin-Dominique Bordes & Fils. La même photographie, après changement de teinte :
National Library of Australia – State Library of Victoria
Image H. 91. 108/312
Je vais bien évidemment souscrire... et acquérir le premier tome !
Le voilier Gers, sur la photographie présentée par Rutilius, ne porte que ses voiles latines (triangulaires, comme les focs à l'avant et les voiles d'étais entre les mâts, trapézoïdale, voile aurique de l'arrière). Ces voiles sont restées établies car la direction du vent est telle qu'elle aide au remorquage. On distingue bien la remorque en fil d'acier à l'avant du navire, puis la remorque en fibres végétales, beaucoup plus grosse. On remarque aussi le fourrage des balancines de basses vergues, protection contre les frottements, qui épaississent les câbles d'acier.
Le volume 2 de "Trésors Cap-Horniers" de Frédéric Grellier est de la même bonne facture que le premier : choix du format à l'italienne, photo pleine page en vis à vis d'une notice puisée chez les deux excellents chroniqueurs que furent le capitaine Louis Lacroix et le matelot Henri Picard, qualité des photos d'origine américaine et australienne.
Pour autant, la matière s'épuise un peu, même si les deux livres, avec leur cent navires représentés constituent le tiers des grands voiliers français. Dans ce second opus, "les cathédrales de toiles" se font rares. Seulement quatre navires sous voiles et encore, jamais avec toute la toile (il y en avait dix-huit dans le volume 1). Quelques photos prises lors de l'armement, d'origine française, sont de qualité moindre. Pour autant, ces vues au mouillage, en remorque ou à quai, montrent bien les gréements dormants arachnéens et combien ces navires doivent être lestés pour naviguer lège (sans cargaison).
On retrouve, parmi les voiliers cités, quelques victimes de la grande guerre :
Babin Chevaye, Cannebière, Charles Gounod, Duc d'Aumale, Edouard Detaille, Emilie Galline, Eugénie Fautrel, Hoche, La Rochefoucauld, Madeleine, Michelet, Neuilly, Pierre Loti, Saint Rogatien, Sully, et le cas particulier de Vercingétorix. Tous figurent dans le forum.
En ce qui concerne La Rochefoucauld, l'auteur reproduit une erreur introduite par Lacroix en 1937 dans son premier ouvrage, "Les derniers grands voiliers" cf page 487, annexe : Grands voiliers nantais torpillés, coulés ou supposés perdus par faits de guerre avec les noms de leurs armateurs et capitaines à la date de leur perte : La Rochefoucauld, capitaine Malbert.
Cette erreur a été reprise par Picard en 1972 et 1976. Pourtant, si le nom du capitaine ne figure pas dans le livre de Von Luckner "Le dernier corsaire", Payot, 1927, il l'était dans le récit d'Edmond Tranin " Les rouliers des mers" Payot, 1928. Il s'agissait de Jules Le Gloahec.
Si le capitaine Malbert a bien commandé La Rochefoucauld, c'était de 1913 à 1916. En 1917, il était commandant du quatre-mâts Champigny.
Comme je l'avais indiqué dans le message consacré au premier volume, on aimerait qu'un troisième volet soit consacré aux photos d'équipages.