REINE D’ARVOR
Trois-mâts goélette de 324 tx
Armateur Joseph LEFEBVRE Fécamp
Affréteur CHAIGNEAU La Rochelle
Liste équipage

Rencontre avec un sous-marin. Rapport du capitaine
Quitté Swansea le 3 Décembre 1917 avec 454 tonnes de charbon pour La Rochelle. Arrivé le 6 à midi à Falmouth.
Appareillé le 9 Décembre 1917 à 11h00 en convoi de 7 navires escortés par une canonnière et un chalutier français. Le 10, sommes par le travers de Brest et la canonnière nous signale de continuer la route jusqu’à Quiberon. Passé le raz de Sein à 14h30. A 22h00, le vent fraîchissant et ne pouvant louvoyer, pris abri dans la baie d’Audierne, au plus près de la terre, jusqu’au 11 Décembre.
Le 11 vers 16h00, le vent halant au NE et diminuant, fait route sur Quiberon. A minuit, le vent fraîchit et vient à l’Est, me permettant un bon cap vers La Rochelle. Continué ma route.
Le 12 à 04h00, un violent paquet de mer m’écrase un doris.
Le 12 à 11h45, sommes à 15 milles dans l’Ouest des Sables d’Olonne. Temps brumeux. Petite brise d’Est. Mer belle.
Entendu un coup de canon et un obus tombe court, à 400 m du bord. Mis aux postes de combat.
Au 3e coup de canon, aperçu la fumée de départ, mais pas le sous-marin. Présenté l’arrière à l’ennemi pour pouvoir utiliser mes deux pièces, placées à l’arrière, et attendu qu’il se rapproche pour ouvrir le feu.
Quelques minutes plus tard, ouvert le feu avec une hausse de 5000 m et une dérive de 110. Tiré 70 coups en 30 minutes (30 avec la pièces tribord et 40 avec la pièce bâbord) en réduisant peu à peu la hausse par 200 à 300 m jusqu’à 4000 m.
Un seul obus du sous-marin m’a touché, traversant la grand voile et mon stoessel. Un autre obus a éclaté dans la mâture, mais sans blesser personne.
Le sous-marin vient soudain en travers. Nous tirons 15 obus en trois salves qui l’encadrent. Peut-être a-t-il été touché, car il cesse subitement le feu, et disparaît en plongeant.
Gardé l’équipage aux postes de combat. Aperçu le feu de la pointe des Baleines dès son allumage et mouillé à La Pallice sans autre incident le 13 Décembre à midi.
Description du sous-marin
Les rapports faits par chaque matelot et canonnier confirment celui du capitaine.
Le matelot Guillou, chargeur à la pièce bâbord et le QM canonnier Le Moal déclarent qu’il s’agissait d’un grand sous-marin, portant deux canons, avec une cadence de tir rapide. Il a tiré environ 35 coups. Il semblait identique à celui qui avait attaqué le SAINT ANDRE (nota : peut être le vapeur de la SNO) le 8 Juin 1917.
Récompenses
Citation à l’Ordre du Corps d’Armée
GAVINI César Auguste Capitaine au cabotage Fécamp n° 273
Malgré des conditions de temps défavorables et une infériorité réelle d’armement a su forcer l’ennemi à abandonner la poursuite de son voilier.
Citation à l’Ordre de la Brigade
LE MOAL Alain Quartier-maître canonnier 2e dépôt
Pour les qualités de tireur et le sang-froid dont il a fait preuve lors de l’attaque de son voilier par un sous-marin.
Témoignage officiel de satisfaction
Trois-mâts REINE D’ARVOR
Pour l’attitude particulièrement énergique dont a fait preuve l’équipage de ce voilier qui a pu échapper à une attaque de sous-marin le 12 Décembre 1917.
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié.
Toutefois, parmi les grands sous-marins de type U, je ne vois que l’ U 102 dont c’était probablement la première patrouille sous le commandement du KL Kurt BEITZEN.
Le lendemain 13 Décembre, il coulera en effet le vapeur espagnol NOVIEMBRE, 3500 t, au large de la Gironde.
L'épave de l' U 102 a été localisée en 2006 et identifiée en 2007.
Kurt Beitzen est entré dans l'histoire pour être à l'origine de la disparition du Field Marshall Lord Kitchener.
Voir ce lien concernant ce commandant.
http://www.uboat.net/wwi/men/commanders/20.html
Cdlt