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Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : mer. avr. 18, 2007 12:59 am
par Guilhem LAURENT
En hommage aux combattants des 16e, 24, 33e, 34e, 45e DI et Division marocaine

Bonsoir à toutes et à tous,

Un message qui me tient à coeur.

Aujourd'hui nous sommes le 17 avril 2007. Hier, de nombreuses cérémonies ont marqué le 90e anniversaire du début de la bataille du Chemin des Dames... Et comme d'habitude, on oublie que le lendemain, le 17 avril 1917, à l'est de Reims, la IVe armée du général Anthoine commençait son offensive sur les Monts de Champagne.

Qui connaît aujourd'hui ces combats d'avril - mai 1917 ?

Et pourtant...

On parle en ce moment beaucoup du Chemin des Dames, et ce, à juste titre, mais pourquoi rien ou si peu sur la prise du massif de Moronvilliers ?

Je me pose cette question... Pas à la Mode... ?!?

Afin de rendre hommage aux hommes de la IVe armée qui sont tombés sur cette terre de Champagne, je vais vous retranscrire la journée du 20e RI (JMO). Une journée comme tant d'autres... Ce jour là, la vie de mon arrière-grand-oncle, Auguste LOUVIER s'est arrêtée. Il n'avait pas encore 27 ans. Il était brancardier à la CHR du régiment de Marmande.

"A été tué au cours de l'attaque des tranchées allemandes alors que sous un violent tir de barrage il établissait une ligne téléphonique." Citation à l'ordre du CA, ordre général n°241 en date du 23 mai 1917.

Auguste LOUVIER repose aujourd'hui dans la nécropole de Sept-Saulx (tombe 2139)



Image



JMO 20e RI de Marmande

17 avril 1917


L'attaque est fixée pour le 17 avril et doit se déclarer à 4h 45

Dispositif du régiment
  • Bataillon de 2e ligne : 2e Bataillon
Les deux bataillons sont massés dans les parallèles de départ entre les boyaux Gueguen et Pincolet.
  • Bataillon de réserve de brigade : 3e Bataillon. Ce bataillon est à Moscou [Ferme de Moscou] et ne doit partir qu'à H+1.
L'heure a été choisie de façon à ce que le début de l'opération se déroule pendant la nuit, et que la surprise soit plus complète chez l'ennemi. Il fait noir, il tombe une pluie glaciale, le vent souffle en tempête, la terre est détrempée, mais rien ne peut diminuer l'allant de tous et chacun n'attend qu'un signal pour partir à l'assaut.

A l'heure H, le 1er bataillon s'élance d'un seul bond vers les tranchées ennemies, précédé par un barrage d'artillerie roulant et immédiatement suivi par le 2e bataillon. La 1re ligne est bientôt atteinte et enlevée sans opposer aucune résistance. La 3e compagnie passe à l'O. du Bois Horizontal ; mais arrivée à la lisière N. de ce bois, elle reçoit de violents feux de mitrailleuses venant d'un fortin intérieur. Elle se trouve ainsi coupée en deux ; une fraction est rejetée à gauche sur le bois de la mitrailleuse. L'autre à droite sur le bois du Chien. Mais le lieutenant Paussonne a vu le vide se former. Sans un instant d'hésitation, et de sa propre initiative, il déploie la 1re compagnie, et veut occuper l'intervalle. La ligne est rétablie et la progression continue.

A ce moment, une cinquantaine d'ennemis situés dans la tranchée reliant les points (72-76) sont affolés par la progression résolue de la 1re compagnie, vigoureusement attaquée par l'équipe de nettoyeurs de tranchée du sous-lieutenant Bouchard. Ils se rendent sans opposer uen grande résistance.

A droite, la 2e compagnie est parvenue sans grandes difficultés, au mileu du bois du Chien, mais là, la résistance commence quelques éléments ennemis, restés dans les éléments de tranchée, se défendent énergiquement à la grenade. Une mitrailleuse restée à la corne N.O. du bois a ouvert un feu très violent sur les assaillants. Tandis que trois sections de la 2e compagnie continuent leur progression en combattant à la grenade. La section du sous-lieutenant Leduc, fait face à la mitrailleuse et l'attaque au fusil, à la grenade, au V.B. Entre temps deux sections du 2e bataillon, une de la 5e compagnie (sous-lieutenant Lagane) une de la 6e compagnie (sous-lieutenant Borel) viennent appuyer le mouvement de la 2e compagnie. Toutes deux s'emploient à faire tomber la mitrailleuse en la tournant par l'Est. Une section de la CM1 est venue s'adjoindre à ce détachement et ouvre le feu sur la mitrailleuse ennemie à une vingtaine de mètres. Après un combat acharnée au cours duquel le sous-lieutenant Leduc est tombé mortellement frappé d'une balle à la tête, alors qu'il faisait le coup de feu, la mitrailleuse se tait et tombe entre nos mains tandis que tous les mitrailleurs ennemis sont tués à coup de grenades.

La progression reprend et d'un bond, le 1er bataillon atteint la tranchée N. du bois du Chien ; mais la prise de ce bois a été très dure et les pertes sont sérieuses. Au cours du combat, le commandant Montauriol a été mortellement blessé et le capitaine Dutreix atteint de deux balles à la cuisse et au bras.

Après avoir enlevé la croupe 188, le 1er bataillno doit s'arrêter un moment, car des feux violents de mitrailleuses installées dans les bois K51, 304, 306, 307 empêchent toute progression en terrain découvert et gênent considérablement la circulation dans les boyaux de Posen et du Marteau, tous deux particulièrement nivelés.

Le 1er bataillon, déjà mélangé avec quelques unités du 2e bataillon qui ont appuyé sa progression, se trouve déployé à la croupe 188 en assez grand désordre. Ses unités profitent de cet arrêt forcée pour se réorganiser, tandis que le 2e bataillon achève de gravir la croupe 188.

Le 2e bataillon a eu, lui aussi, pour affectuer son mouvement à vaincre, une assez grande résistance. Tandis que la 2e compagnie progressait à l'intérieur du bois du Chien, des ennemis restés jusque là dans les abris des tranchées au Sud de ce bois sortaient et mettaient des mitrailleuses en batterie. Ainsi, là, le lieutenant-colonel Martinet et sa liaison se trouvent arrêtés un instant dans le boyau qui réunit le bois Horizontal et le bois du Chien et pris entre les feux de mitrailleuses provenant de ces deux bois. Les défenseurs du bois Horizontal, se voyant cernés, cherchent à se frayer un passage à la gauche. La situation devient critique. Le sous-lieutenant Caillot s'élance bravement contre ces grenadiers et est tué raide d'une balle à la tête. Le sous-lieutenant Bardot est tombé au début de l'opération. Le sous-lieutenant Bergé qui a progressé avec ses pionniers vers le bois du Chien tombe aussi mortellement frappé. Le lieutenant-colonel Martinet tombe blessé d'une balle à la cuisse. Tandis qu'on se précipite autour de lui, il refuse tout secours et donne à chacun l'ordre de le laisser et de poursuivre le combat. Et c'est étendu dans un trou d'obus, au milieu de morts et de blessés qu'il suivit des yeux son régiment qui montait à l'assaut de la cote 188.

Cependant le 2e bataillon s'est rendu maître de ces ilots de résistance et il rejoint le 1er bataillon à la tranchée du bois du Chien.

Le 3e bataillon arrive à son tour. La disparition du colonel, du commandant Montauriol, du capitaine Dutreix ont provoqué un certain affolement. L'arrêt a été de 45 minutes. Le commandant Géhin prend le commandement du régiment, le capitaine Barthe le commandement du 1er bataillon.

Ordre est donné à la 1re compagnie de pénétrer dans les tranchées d'Oldenburg par le boyau du Marteau, à la 2e compagnie par le boyau de Posen, à la 3e compagnie d'appuyer le mouvement.

Les boyaux sont pris d'enfilade par des mitrailleuses et la progression rendue de ce fait très difficile, s'effectue lentement. Entre temps, le lieutenant Biesse, n'écoutant que sa bravoure, s'est élancée à la tête d'une poignée d'hommes en terrain découvert ; il progresse de trous d'obus en trous d'obus et est le premier à sauter dans les tranchées d'Oldenburg qu'il trouve évacuée par l'ennemi. Les sous-lieutenant Bouchaud et de Marion arrivent chacun avec leur section, puis les 2e, 1re et 3e compagnies viennent occuper cette tranchée.

Les unités du 1er bataillon se reforment et s'apprêtent à reprendre le mouvement, mais toute progression est arrêtée par des mitrailleuses qui rasent la tranchées d'Oldenburg sur toute sa longueur et qui enfilent les boyaux de Posen et du Marteau.

Trois fois dans le courant de l'après-midi, la 1er compagnie précédée de l'équipe de grenadiers du sous-lieutenant Bouchaud essaie de progresser dans le boyau du Marteau. Chaque fois, l'attaque est arrêtée net par un violent feu de mitrailleuses. Cette compagnie subit de ce fait, des pertes sérieuses. Le sous-lieutenant Mourgues est blessé.

De son côté, la 2e compagnie essaie à quatre reprises diffférentes avec la section du sous-lieutenant de Marion de progresser par le boyau de Posen. L'opération est arrêté chaque fois par les mitrailleuses du bois 304. Mais à 17h 45 après un tir de 75 sur ce bois, la section de Marion l'enlève facilement. La tranchée d'Oldenburg est tenue à droite par la 2e compagnie, au centre par la 3e compagnie, à gauche par la 1re compagnie. Le 2e bataillon a suivi de très près le mouvement du 1er bataillon et se tient prêt, dans les boyaux, à appuyer ce dernier en cas de contre-attaque.

Le 3e bataillon est à la lisière N. du Bois du Chien, ou s'organise sur les positions pour passer la nuit.

Pendant cette première journée, le régiment a progressé de 1800 mètres, fait plus de 100 prisonniers, pris un minenwerfer et plusieurs mitrailleuses.

Pertes du 17 avril pour le 20e RI :
  • Disparus : 18
Le 20e RI avec le 11e RI formaient la 66e brigade du colonel Demaret (33e DI du général Eon, 17e CA du général Dumas, IVe Armée du général Anthoine)

Bien cordialement

Guilhem LAURENT

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : mer. avr. 18, 2007 1:15 am
par Jean RIOTTE
Bonsoir Guilhem,
Bonsoir à toutes et à tous,
La mémoire officielle est malheureusement trop souvent sélective pour ne pas dire partisane.
Saluons respectueusement la mémoire de Auguste LOUVIER et de tous ses camarades de combat.
Cordialement.
Jean RIOTTE.

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : mer. avr. 18, 2007 5:19 am
par Alain ORRIERE
Bonjour a tous
Vous avez raison Guilhem .Pour ma part j'ai une pensée pour tous les soldats de tous les Pays et de tous les regiments qui ont pris part a cette offensive et cela jusqu'au mois de novembre (fin de l'offensive)
Amicalement,bonne journée a tous
ORRIERE Alain

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : ven. avr. 17, 2009 4:17 pm
par Guilhem LAURENT
Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le 17 avril 2009.

Pour ne pas oublier.

Aujourd'hui les JMO sont visibles. Vous trouverez dans celui du 20e RI la liste des pertes... 4 pages, ainsi que l'état nominatif des officiers du régiment avant les combats d'avril.

Amicalement

Guilhem

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : sam. avr. 18, 2009 6:10 pm
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,
Salut Guilhem,

Ma modeste contibution à ton "fil", qui laisse imaginer le nombre de blessés auquel le G.Q.G. s'attendait...

Amicalement,
Eric

-----

GRAND QUARTIER GENERAL
Etat-Major
DIRECTION DE L’ARRIERE

N°9081/DA
Destinataires :
G.A.R. – G.A.E.
G.A.E. (D.E. Sud-Nord)
D.C.F. – C.R.E.
C.S.S.S.
G.R. Fère-en-Tardenois
Troyes – Is-sur-Tille
Gray – le Bourget

Au G.Q.G., le 19 avril 1917

NOTE


I. Le G.A.E. mettra à la disposition du G.A.R. à dater du 18 avril, 6.000 places , à dater du 19 avril 3.000 places de plus, soit au total 9.000 places prélevées sur les ressources hospitalières des Directions des Etapes Nord et Sud, dans les conditions prévues par la Notice N°9657/DA du 14 décembre 1916 (annexe N°4 à l’Instruction du 25 avril 1916 sur les évacuations).

II. Le nombre de places restant disponibles dans les Directions d’Etapes Nord et Sud du G.A.E., une fois ce prélèvement fait, recevra les affectations suivantes :
a) le nombre de place minimum nécessaires aux évacuations du G.A.E., soit 6 à 700, lui restera affecté.
b) le reste des places disponibles, dont le G.A.E. aura fait connaître le nombre au Général en Chef (Direction de l’Arrière) dès la réception du Télégramme 1056/CDA du 19 avril, seront réservées à la disposition du Général en Chef (Direction de l’Arrière).

III. L’exécution des évacuations sera faite par entente entre les Groupes d’Armées et les Commissaires Régulateurs intéressés.

IV. Les trains d’évacuation seront dirigés à destination de la zone précitée sur la gare de Neufchâteau, qui fonctionnera comme Régulatrice Sanitaire et comme gare de répartition. Cette gare devra être prête à fonctionner ainsi, à dater du 19 avril, avec le personnel médical et administratif qui lui est nécessaire et installé par le G.A.E.

V. L’annonce du nombre de places restant disponibles sur les 9.000 ainsi attribuées au G.A.R. sera faite chaque jour par télégramme par les soins du G.A.E. au Général en Chef (D.A.) au G.A.R. (4e Bureau) et au Commissaire Régulateur de Fère-en-Tardenois.

VI. Cette Note confirme les télégrammes N°1052/CDA du 18 avril et 1056/CDA du 19 avril adressés au G.A.R., au G.A.E., et aux Commissaires Régulateurs de Fère-en-Tardenois et d’Is-sur-Tille.

P.O. L’Aide-Major Général
RAGUENEAU


(source : SHD 18N360)

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : dim. avr. 19, 2009 5:44 pm
par Guilhem LAURENT
Bonjour à toutes et à tous,
Salut Eric,

Merci à toi pour cette transcription d'une note qui en dit long, en effet, sur les prévisions des pertes à venir.

Le jour où je me suis recueilli sur la tombe de mon arrière-grand-oncle j'ai pris un coup derrière la tête. Lui, parmi ses compagnons de souffrance, loin de ses Cévennes et de ses proches. Lui, moi et eux, cela fait tout bizarre, plus de 80 ans plus tard.

J'étais le premier de ma famille à avoir pu me recueillir devant sa tombe.

Sensations ressenties par beaucoup d'entre nous.

Amicalement

Guilhem

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : ven. avr. 30, 2010 1:26 am
par Axel
Le capitaine Barthe cité dans le JMO est mon arrière grand père (Maurice Barthe). Il terminera général de corps d'Armée. Il va tenir un rôle capital dans ces combats car s'était un vrai "guerrier" qui savait galvaniser ses hommes et marcher devant (il avait la fougue du gascon !). Il le prouva en 14-18 et en 1939-1940 puis comme chef de la résistance dans plusieurs camps de prisonniers. Je crois que c'est un peu de sa faute si ton arrière grand oncle est mort dans ces combats. En effet, ce que l'on ne dit pas souvent c'est qu'il y a eu beaucoup de mutineries alors...

Voilà ce que rapporte l'académicien Jean GUEHENNO dans "La Mort des autres" (Paris Grasset 1968) à propos d'une conversation avec mon arrière grand père du 11 novembre 1964 (il est mort le 12 décembre 1964...) :

" Hier, un vieil ami, un contemporain devenu général (il était capitaine en ce temps là), me racontait qu'il avait vu de près en 1917 les mutineries du Chemin des Dames. Deux bataillons de son régiment avaient refusé de monter en ligne. Le troisième qu'il commandait lui avait obéi et l'avait suivi... A ce point de son récit, il a soudain changé de visage, et, des larmes dans les yeux, et se frappant la poitrine :
- Oui, c'est moi, s'est-il écrié. Je leur avais fait un petit discours, et ils ont marché. Nous sommes partis. Les deux autres bataillons nous ont regardé passer et se moquait de nous. Et moi, j'avais 23 ans et j'étais instituteur. J'avais 600 hommes. J'en ai perdu 303. Ne me parlez plus de ça ! Je ne veux plus y penser. Vous m'entendez ?"

Pour cette action où ton grand père a perdu la vie, mon arrière grand père, blessé au cours des combats, a été chevalier de la Légion d'Honneur par ordre n° 13 520 du GQG du 13 février 1919 à l'âge de 26 ans. Jusqu'au dernier jour de ça vie cependant il a conservé sur lui les nom des 303 victimes...

Honneurs aux morts !

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : ven. avr. 30, 2010 1:27 pm
par Jean RIOTTE
Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Guilhem,
Fin des années 1950 je faisais mes classes au 1er BCP de Reims, Quartier Jeanne d'Arc.
Dans le cadre de notre préparation à l'examen d'entrée à l'Ecole Militaire d'Infanterie de CHERCHELL (Algérie), les candidats Elèves Officiers de Réserve que nous étions, manoeuvrions et bivouaquions à MORONVILLIERS. A cette époque la végétation n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, les cicatrices de la guerre étaient encore particulièrement visibles: tranchées, cagnas effondrées, fils de fer, obus non éclatés, queues de cochons, cartouches, débris de fusils, de casques... c'était impressionnant ! Interdiction formelle de ramasser ou de déterrer quoi que ce soit... consigne appliquée à la lettre tant nous étions "écrasés" par ce que nous voyions et ressentions.
Et cette impression était décuplée quand la nuit, seul, entre 2h et 4h00 du matin nous montions la garde. Dans le grand silence de la nuit, après la fureur et les bruits des combats qui s'étaient déroulés ici, je n'ai jamais été aussi près " d'eux"... aussi près de mes grands-pères.
Honneur à ces soldats qui ont tout donné en avril 1917.
Cordialement.
Jean RIOTTE

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : ven. avr. 30, 2010 2:49 pm
par wam
Cher Guilhem Laurent
Je compatis, mon grand-oncle(150éme Ri) est tombé disparu à 20 ans au Mont Sapigneul le 16 avril 1917.
Et si il n'y a pas de commémoration à l'endroit que vous indiquez, au moins, ici, on la commémore à notre façon. Tous les membres du site font parti de ceux qui n'oublient pas.
Honneur à ces soldats qui ont tout donné en avril et mai 1917 et honte à ceux qui les ont envoyés sans réelles stratégies. Même si il est facile de dire ça assis tranquille sur ma chaise il est important de préciser qu'ils sont tombés, une fois de plus et pour la plupart, pour rien !!!!!
Cordialement et respectueusement.

Wam

Re: Le 16 avril 1917 ! Oui bien entendu , mais... le 17 avril... Rien ?

Publié : ven. avr. 30, 2010 3:26 pm
par Stephan @gosto
Bonjour,

Merci Axel pour ce message.

Bonne journée.

Stéphan
Le capitaine Barthe cité dans le JMO est mon arrière grand père (Maurice Barthe). Il terminera général de corps d'Armée. Il va tenir un rôle capital dans ces combats car s'était un vrai "guerrier" qui savait galvaniser ses hommes et marcher devant (il avait la fougue du gascon !). Il le prouva en 14-18 et en 1939-1940 puis comme chef de la résistance dans plusieurs camps de prisonniers. Je crois que c'est un peu de sa faute si ton arrière grand oncle est mort dans ces combats. En effet, ce que l'on ne dit pas souvent c'est qu'il y a eu beaucoup de mutineries alors...

Voilà ce que rapporte l'académicien Jean GUEHENNO dans "La Mort des autres" (Paris Grasset 1968) à propos d'une conversation avec mon arrière grand père du 11 novembre 1964 (il est mort le 12 décembre 1964...) :

" Hier, un vieil ami, un contemporain devenu général (il était capitaine en ce temps là), me racontait qu'il avait vu de près en 1917 les mutineries du Chemin des Dames. Deux bataillons de son régiment avaient refusé de monter en ligne. Le troisième qu'il commandait lui avait obéi et l'avait suivi... A ce point de son récit, il a soudain changé de visage, et, des larmes dans les yeux, et se frappant la poitrine :
- Oui, c'est moi, s'est-il écrié. Je leur avais fait un petit discours, et ils ont marché. Nous sommes partis. Les deux autres bataillons nous ont regardé passer et se moquait de nous. Et moi, j'avais 23 ans et j'étais instituteur. J'avais 600 hommes. J'en ai perdu 303. Ne me parlez plus de ça ! Je ne veux plus y penser. Vous m'entendez ?"

Pour cette action où ton grand père a perdu la vie, mon arrière grand père, blessé au cours des combats, a été chevalier de la Légion d'Honneur par ordre n° 13 520 du GQG du 13 février 1919 à l'âge de 26 ans. Jusqu'au dernier jour de ça vie cependant il a conservé sur lui les nom des 303 victimes...

Honneurs aux morts !