Re: SAINT GAETAN Brick goélette de l'Ile Rousse
Publié : mer. mars 09, 2011 12:33 pm
Bonjour à tous,
SAINT GAETAN
Brick-goélette de 125 tx JB immatriculé à l'Ile Rousse (Corse)
Armateur LANATA frères L'Ile Rousse
Affréteur GIFFRAY et MUSSO Nice
Capitaine Antoine BOCOGNANO Capitaine au cabotage inscrit à Bastia n° 59
Mtre Equipage Jean RINESI
+ 2 matelots
+ 1 novice
+ 1 passager âgé de 13 ans (fils du maître d'équipage)
(Passager et équipage ont conservé calme et sang froid)
La perte de SAINT GAETAN
SAINT GAETAN a quitté Marseille pour Nice avec un chargement de tuiles. Le 12 Août 1916 à 10h15, il se trouve par 43°28 N et 07°09 E, à 3 milles au sud de l'île Saint Honorat, cap à l'est mais immobilisé à cause du calme plat.
Temps clair, pas de brise, excellente visibilité jusqu'à l'horizon.
Aperçu un sous-marin à 2,5 milles, faisant route au NW à 8 nœuds, portant les couleurs autrichiennes.
Dans le SE à 1,5 mille se trouve un gros vapeur italien, d'au moins 2500 t, stoppé, dont l'équipage a pris place dans des embarcations. Il coule à 10h30, ayant reçu une quinzaine de coups de canon. (Nota : il s'agit du NEREUS).
Un voilier italien, type navicelle, est dans l'ouest à 2 milles, entre l'île Saint Honorat et la pointe de l'Aiguille. Il tente de se réfugier à Cannes, mais sans succès à cause du manque de vent. (nota : navire non identifié car il ne semble pas que ce soit le GINA donné coulé à 03h00).
Il y a aussi une tartane naviguant au large du cap d'Antibes.
Aucun signal ne sera échangé entre tous ces navires, ni entre le sous-marin et les navires.
Le sous-marin vient à proximité du SAINT GAETAN, en route parallèle et le second du submersible demande au porte-voix, en pur français, « Quelle est votre nationalité? »
Sur la réponse du capitaine, il fait signe de venir accoster le sous-marin avec le canot. L'officier demande « Donnez-moi les papiers ». Le capitaine lui remet le connaissement.
Mais cela ne le satisfait pas et il demande le rôle d'équipage, le permis de mobilisation, l'acte de francisation, le congé de douane, le registre des procès-verbaux de visites, le journal de bord, le cahier des heures supplémentaires et le cahier de punitions.
Toutes ces demandes sont faites dans un pur français.
Il examine tous les papiers et rend au capitaine le rôle d'équipage et le permis de mobilisation, mais garde tous les autres.
Le canot s'écarte et le sous-marin tire deux coups de canon sur le voilier, à la flottaison à hauteur du mât de misaine. Le voilier coule après le 2e coup, vers 11h15.
L'équipage fait alors force de rame, dans le youyou, vers Cannes où il accoste à 15h00.
Le sous-marin, quant à lui, fait route vers le voilier italien, mais à 1 mille du youyou il plonge soudain ayant aperçu deux hydroplanes qui font route sur lui.
Description du sous-marin
90 m de long
6 m de large
Blockhaus circulaire haut de 2 m
Echelle de combat permettant d'accéder à la passerelle où se tient le commandant
Un canon sur l'avant et 1 canon sur l'arrière, peut-être de 120 mm
Pas de coupe-filets
Pas vu le périscope
Peinture grise
Voici la silhouette dessinée par le capitaine Bocognano.

Vu le commandant et le second
Commandant
45 ans. 1,65 m. Cheveux châtains. Porte une longue barbe châtain. Visage maigre et allongé. Basané. Corpulence moyenne.
Ce commandant est resté impassible et n'a pas prononcé une parole. Il portait une paire de jumelles autour du cou.
Second
38 ans environ. 1,78/1,80 m. Cheveux blonds. Rasé. Visage plus rond que celui du commandant. Teint bronzé. Corpulence forte. Cet officier s'exprimait dans un pur français, sans accent. C'est lui qui a interpellé l'équipage, demandé et examiné les papiers. Comme le commandant, il portait une paire de jumelles autour du cou.
Vu six matelots . Un maintenait le youyou le long du sous-marin. Un se tenait entre le kiosque et le canon avant, portant deux obus. Un était au canon et trois étaient occupés sur l'avant. Tous étaient habillés en caoutchouc kaki et portaient des bonnets ronds.
Le sous-marin évoluait avec une très grande aisance. Il a plongé en moins de deux minutes quand il a vu les hydroplanes.
Le sous-marin attaquant
C'était l'U 35 du KL Lothar von ARNAULD DE LA PERIERE.
La description très précise faite des officiers éclaire d'un jour nouveau le rapport des hommes du PHOEBE, intercepté le matin même.
On retrouve cet officier à la longue barbe, identifié comme étant le commandant. Mais, à l'évidence, ce n'est pas Arnauld de la Perière.
En revanche, la description faite de celui identifié comme second, et qui prend toutes les initiatives, est tout à fait conforme à ce qu'il était. Il est d'ailleurs rare que dans les rapports d'équipages coulés, le second du submersible soit décrit avec autant de précision.
En particulier, comme dans de nombreux autres cas, les hommes sont frappés par l'excellente maîtrise qu'il possède de la langue française.
On peut imaginer deux hypothèses :
1) Von Arnauld avait à son bord, pour cette patrouille, le chef de la flottille, un officier d'ailleurs plus âgé. C'est l'hypothèse la plus probable.
2) Un homme du sous-marin se fait passer pour le commandant. Très connu depuis son escale à Carthagène, peut-être le commandant de l'U 35 souhaitait-il brouiller un peu les pistes. Mais dans ce cas, c'est plutôt raté car il est probable que le service de renseignement de la Marine l'aura parfaitement identifié...
Toujours est-il que le rapport des hommes du SAINT GAETAN concorde tout à fait avec le KTB du sous-marin mis par Yves à la fiche PHOEBE.
Cdlt
SAINT GAETAN
Brick-goélette de 125 tx JB immatriculé à l'Ile Rousse (Corse)
Armateur LANATA frères L'Ile Rousse
Affréteur GIFFRAY et MUSSO Nice
Capitaine Antoine BOCOGNANO Capitaine au cabotage inscrit à Bastia n° 59
Mtre Equipage Jean RINESI
+ 2 matelots
+ 1 novice
+ 1 passager âgé de 13 ans (fils du maître d'équipage)
(Passager et équipage ont conservé calme et sang froid)
La perte de SAINT GAETAN
SAINT GAETAN a quitté Marseille pour Nice avec un chargement de tuiles. Le 12 Août 1916 à 10h15, il se trouve par 43°28 N et 07°09 E, à 3 milles au sud de l'île Saint Honorat, cap à l'est mais immobilisé à cause du calme plat.
Temps clair, pas de brise, excellente visibilité jusqu'à l'horizon.
Aperçu un sous-marin à 2,5 milles, faisant route au NW à 8 nœuds, portant les couleurs autrichiennes.
Dans le SE à 1,5 mille se trouve un gros vapeur italien, d'au moins 2500 t, stoppé, dont l'équipage a pris place dans des embarcations. Il coule à 10h30, ayant reçu une quinzaine de coups de canon. (Nota : il s'agit du NEREUS).
Un voilier italien, type navicelle, est dans l'ouest à 2 milles, entre l'île Saint Honorat et la pointe de l'Aiguille. Il tente de se réfugier à Cannes, mais sans succès à cause du manque de vent. (nota : navire non identifié car il ne semble pas que ce soit le GINA donné coulé à 03h00).
Il y a aussi une tartane naviguant au large du cap d'Antibes.
Aucun signal ne sera échangé entre tous ces navires, ni entre le sous-marin et les navires.
Le sous-marin vient à proximité du SAINT GAETAN, en route parallèle et le second du submersible demande au porte-voix, en pur français, « Quelle est votre nationalité? »
Sur la réponse du capitaine, il fait signe de venir accoster le sous-marin avec le canot. L'officier demande « Donnez-moi les papiers ». Le capitaine lui remet le connaissement.
Mais cela ne le satisfait pas et il demande le rôle d'équipage, le permis de mobilisation, l'acte de francisation, le congé de douane, le registre des procès-verbaux de visites, le journal de bord, le cahier des heures supplémentaires et le cahier de punitions.
Toutes ces demandes sont faites dans un pur français.
Il examine tous les papiers et rend au capitaine le rôle d'équipage et le permis de mobilisation, mais garde tous les autres.
Le canot s'écarte et le sous-marin tire deux coups de canon sur le voilier, à la flottaison à hauteur du mât de misaine. Le voilier coule après le 2e coup, vers 11h15.
L'équipage fait alors force de rame, dans le youyou, vers Cannes où il accoste à 15h00.
Le sous-marin, quant à lui, fait route vers le voilier italien, mais à 1 mille du youyou il plonge soudain ayant aperçu deux hydroplanes qui font route sur lui.
Description du sous-marin
90 m de long
6 m de large
Blockhaus circulaire haut de 2 m
Echelle de combat permettant d'accéder à la passerelle où se tient le commandant
Un canon sur l'avant et 1 canon sur l'arrière, peut-être de 120 mm
Pas de coupe-filets
Pas vu le périscope
Peinture grise
Voici la silhouette dessinée par le capitaine Bocognano.

Vu le commandant et le second
Commandant
45 ans. 1,65 m. Cheveux châtains. Porte une longue barbe châtain. Visage maigre et allongé. Basané. Corpulence moyenne.
Ce commandant est resté impassible et n'a pas prononcé une parole. Il portait une paire de jumelles autour du cou.
Second
38 ans environ. 1,78/1,80 m. Cheveux blonds. Rasé. Visage plus rond que celui du commandant. Teint bronzé. Corpulence forte. Cet officier s'exprimait dans un pur français, sans accent. C'est lui qui a interpellé l'équipage, demandé et examiné les papiers. Comme le commandant, il portait une paire de jumelles autour du cou.
Vu six matelots . Un maintenait le youyou le long du sous-marin. Un se tenait entre le kiosque et le canon avant, portant deux obus. Un était au canon et trois étaient occupés sur l'avant. Tous étaient habillés en caoutchouc kaki et portaient des bonnets ronds.
Le sous-marin évoluait avec une très grande aisance. Il a plongé en moins de deux minutes quand il a vu les hydroplanes.
Le sous-marin attaquant
C'était l'U 35 du KL Lothar von ARNAULD DE LA PERIERE.
La description très précise faite des officiers éclaire d'un jour nouveau le rapport des hommes du PHOEBE, intercepté le matin même.
On retrouve cet officier à la longue barbe, identifié comme étant le commandant. Mais, à l'évidence, ce n'est pas Arnauld de la Perière.
En revanche, la description faite de celui identifié comme second, et qui prend toutes les initiatives, est tout à fait conforme à ce qu'il était. Il est d'ailleurs rare que dans les rapports d'équipages coulés, le second du submersible soit décrit avec autant de précision.
En particulier, comme dans de nombreux autres cas, les hommes sont frappés par l'excellente maîtrise qu'il possède de la langue française.
On peut imaginer deux hypothèses :
1) Von Arnauld avait à son bord, pour cette patrouille, le chef de la flottille, un officier d'ailleurs plus âgé. C'est l'hypothèse la plus probable.
2) Un homme du sous-marin se fait passer pour le commandant. Très connu depuis son escale à Carthagène, peut-être le commandant de l'U 35 souhaitait-il brouiller un peu les pistes. Mais dans ce cas, c'est plutôt raté car il est probable que le service de renseignement de la Marine l'aura parfaitement identifié...
Toujours est-il que le rapport des hommes du SAINT GAETAN concorde tout à fait avec le KTB du sous-marin mis par Yves à la fiche PHOEBE.
Cdlt