Re: ARC EN CIEL - FRANC PICARD Vapeurs cordiers
Publié : ven. févr. 25, 2011 12:27 pm
Bonjour à tous,
ARC EN CIEL
FRANC PICARD
Vapeurs cordiers de Gravelines
ARC EN CIEL : armateur Charles PLACE de Gravelines.
Immatriculation n° 409, puis 411 après le 1er Mars 1917.
Pas de renseignements sur FRANC PICARD (peut-être même armateur)
Capitaine : patron de pêche Auguste LEDEZ
Rapports de l'officier enquêteur
Novembre 1915
Le patron pêcheur Auguste LEDEZ, de Boulogne, commandant le vapeur cordier FRANC PICARD relève ses filets à deux milles dans le NW du cap d'Alprecht. Ceux-ci sont engagés et présentent une orientation insolite. Il en déduit qu'un sous-marin s'est engagé dans ses engins de pêche.
Nous pensons que les filets de FRANC PICARD sont en réalité engagés dans le câble de retenue de la mine qui va exploser peu après.
Ne pouvant remonter ses filets, il tente l'opération par l'autre extrémité. Il a remonté trente mètres quand la mine explose à une centaine de mètres du bord. Personne n'est blessé. Les débris de la mine seront retrouvés dans le filet, relevé le lendemain par le patrouilleur LA FOI, de Dieppe.
FRANC PICARD reprit la mer dès le lendemain, sans visite ni réparations. Mais il avait été tellement ébranlé, qu'il fut condamné peu après, étant devenu hors d'usage. C'était la conséquence de sa vétusté, peut-être aggravée par l'ébranlement du à l'explosion de la mine.
Août 1916
Sur le vapeur cordier ARC EN CIEL, le patron Ledez se trouve à 2 milles dans l'ouest de Boulogne, faisant route sur Plymouth. Le matelot LEPRETRE, qui se trouve à l'avant, aperçoit soudain un sous-marin à environ trente mètres sur trois quarts bâbord. Ledez l'aperçoit aussi, mais il y a parfaite contradiction dans leurs témoignages.
Ledez voit un périscope émergeant de 2 m sur l'avant, et un peu plus en arrière, un deuxième périscope. Il dit même distinguer une glace ronde à son extrémité. Ce sont des tubes de 10 cm de diamètre.
Lepretre, qui observe en même temps, ne voit que le remous du sous-marin puis, très brièvement un périscope n'émergeant que de 30 cm. Il ne voit rien ressemblant à des tuyaux. Il constate un sillage très prononcé, semblant indiquer que le sous-marin fait route à grande vitesse.
Ledez fonce alors sur le sous-marin supposé et voit les périscopes passer à 1 m sur son bâbord. Tous les autres témoins ne voient rien. Lepretre, qui était sur le pont avec tout l'équipage, ne voit qu'un remous.
Il suffit d'avoir navigué dans la Manche pour savoir que les remous y sont nombreux et si l'on s'en tenait à ce seul phénomène, on découvrirait des sous-marins à chaque instant. L'imagination, augmentée par le danger possible, a sans doute joué un grand rôle dans la découverte de ce sous-marin. Lepretre a bien vu quelque chose, peut-être un baril à fleur d'eau, ou autre. Il a donné l'alerte et chacun a vu un sous-marin, car une suggestion devient alors une réalité.
A signaler que suite à l'alerte donnée par ARC EN CIEL, le maître de manœuvre Albert Julien, commandant le patrouilleur BAR 1, ainsi que les patrouilleurs SAINTONGE et MADELEINE 1 ont fouillé la zone sans résultat. Mais BAR 1 a aperçu un baril de pêche émergeant à peine, retenu au fond par un orin, et faisant sillage avec le courant de marée.
On peut toutefois féliciter le patron Ledez d'avoir foncé sur le supposé sous-marin.
1er Mars 1917
Le vapeur cordier ARC EN CIEL, patron Auguste Ledez, est à 20 milles dans le NW de Saint Quentin. Ledez et son équipage aperçoivent un sous-marin en train de couler plusieurs voiliers de pêche.
(nota : il s'agit de UC 65 de l'OL Otto STEINBRINCK qui coulera ce jour-là 15 navires (voir fiche Flottille de pêche de Boulogne)
Il remonte son filet et fait route à toute vitesse vers la côte. Le sous-marin l'aperçoit et lui tire dix coups de canon sans l'atteindre. L'arrivée sur les lieux d'un navire de commerce étranger détourne l'attention du sous-marin qui change d'objectif.
ARC EN CIEL s'échoue sur la côte. Il profite de la nui pour se renflouer et se réfugier à Dieppe.
Conclusion
Le patron Ledez a eu beaucoup de chance avec la mine qui, en explosant plus près aurait pu faire périr tout son équipage. Il a aussi été heureux d'échapper à l'attaque du sous-marin, le 1er Mars 1917.
En Août 1916, la présence d'un sous-marin est très improbable. On peut toutefois féliciter le patron Ledez pour son heureuse chance et pour son geste courageux.
Note au Ministre
Il résulte de l'enquête sur les faits rapportés par le patron Auguste LEDEZ de l'ARC EN CIEL, inscrit à Boulogne, que ce pêcheur a donné à trois reprises des preuves d'initiative et d'énergie lors de la rencontre de mine et de sous-marins.
Je propose pour lui un Témoignage Officiel de Satisfaction.
Réponse du Ministre
Le seul acte qui pourrait justifier d'une récompense est l'affaire d'Août 1916, lorsqu'après avoir vu un sous-marin, le patron Ledez a manœuvré sans hésiter pour foncer sur lui. Mais il n'est pas établi qu'il y ait eu réellement un sous-marin.
Toutefois, le patron Ledez est intéressant car il est courageux et donne un bon exemple en continuant à pêcher malgré le danger. Il mérite encouragement et peut donc être félicité.
Cdlt
ARC EN CIEL
FRANC PICARD
Vapeurs cordiers de Gravelines
ARC EN CIEL : armateur Charles PLACE de Gravelines.
Immatriculation n° 409, puis 411 après le 1er Mars 1917.
Pas de renseignements sur FRANC PICARD (peut-être même armateur)
Capitaine : patron de pêche Auguste LEDEZ
Rapports de l'officier enquêteur
Novembre 1915
Le patron pêcheur Auguste LEDEZ, de Boulogne, commandant le vapeur cordier FRANC PICARD relève ses filets à deux milles dans le NW du cap d'Alprecht. Ceux-ci sont engagés et présentent une orientation insolite. Il en déduit qu'un sous-marin s'est engagé dans ses engins de pêche.
Nous pensons que les filets de FRANC PICARD sont en réalité engagés dans le câble de retenue de la mine qui va exploser peu après.
Ne pouvant remonter ses filets, il tente l'opération par l'autre extrémité. Il a remonté trente mètres quand la mine explose à une centaine de mètres du bord. Personne n'est blessé. Les débris de la mine seront retrouvés dans le filet, relevé le lendemain par le patrouilleur LA FOI, de Dieppe.
FRANC PICARD reprit la mer dès le lendemain, sans visite ni réparations. Mais il avait été tellement ébranlé, qu'il fut condamné peu après, étant devenu hors d'usage. C'était la conséquence de sa vétusté, peut-être aggravée par l'ébranlement du à l'explosion de la mine.
Août 1916
Sur le vapeur cordier ARC EN CIEL, le patron Ledez se trouve à 2 milles dans l'ouest de Boulogne, faisant route sur Plymouth. Le matelot LEPRETRE, qui se trouve à l'avant, aperçoit soudain un sous-marin à environ trente mètres sur trois quarts bâbord. Ledez l'aperçoit aussi, mais il y a parfaite contradiction dans leurs témoignages.
Ledez voit un périscope émergeant de 2 m sur l'avant, et un peu plus en arrière, un deuxième périscope. Il dit même distinguer une glace ronde à son extrémité. Ce sont des tubes de 10 cm de diamètre.
Lepretre, qui observe en même temps, ne voit que le remous du sous-marin puis, très brièvement un périscope n'émergeant que de 30 cm. Il ne voit rien ressemblant à des tuyaux. Il constate un sillage très prononcé, semblant indiquer que le sous-marin fait route à grande vitesse.
Ledez fonce alors sur le sous-marin supposé et voit les périscopes passer à 1 m sur son bâbord. Tous les autres témoins ne voient rien. Lepretre, qui était sur le pont avec tout l'équipage, ne voit qu'un remous.
Il suffit d'avoir navigué dans la Manche pour savoir que les remous y sont nombreux et si l'on s'en tenait à ce seul phénomène, on découvrirait des sous-marins à chaque instant. L'imagination, augmentée par le danger possible, a sans doute joué un grand rôle dans la découverte de ce sous-marin. Lepretre a bien vu quelque chose, peut-être un baril à fleur d'eau, ou autre. Il a donné l'alerte et chacun a vu un sous-marin, car une suggestion devient alors une réalité.
A signaler que suite à l'alerte donnée par ARC EN CIEL, le maître de manœuvre Albert Julien, commandant le patrouilleur BAR 1, ainsi que les patrouilleurs SAINTONGE et MADELEINE 1 ont fouillé la zone sans résultat. Mais BAR 1 a aperçu un baril de pêche émergeant à peine, retenu au fond par un orin, et faisant sillage avec le courant de marée.
On peut toutefois féliciter le patron Ledez d'avoir foncé sur le supposé sous-marin.
1er Mars 1917
Le vapeur cordier ARC EN CIEL, patron Auguste Ledez, est à 20 milles dans le NW de Saint Quentin. Ledez et son équipage aperçoivent un sous-marin en train de couler plusieurs voiliers de pêche.
(nota : il s'agit de UC 65 de l'OL Otto STEINBRINCK qui coulera ce jour-là 15 navires (voir fiche Flottille de pêche de Boulogne)
Il remonte son filet et fait route à toute vitesse vers la côte. Le sous-marin l'aperçoit et lui tire dix coups de canon sans l'atteindre. L'arrivée sur les lieux d'un navire de commerce étranger détourne l'attention du sous-marin qui change d'objectif.
ARC EN CIEL s'échoue sur la côte. Il profite de la nui pour se renflouer et se réfugier à Dieppe.
Conclusion
Le patron Ledez a eu beaucoup de chance avec la mine qui, en explosant plus près aurait pu faire périr tout son équipage. Il a aussi été heureux d'échapper à l'attaque du sous-marin, le 1er Mars 1917.
En Août 1916, la présence d'un sous-marin est très improbable. On peut toutefois féliciter le patron Ledez pour son heureuse chance et pour son geste courageux.
Note au Ministre
Il résulte de l'enquête sur les faits rapportés par le patron Auguste LEDEZ de l'ARC EN CIEL, inscrit à Boulogne, que ce pêcheur a donné à trois reprises des preuves d'initiative et d'énergie lors de la rencontre de mine et de sous-marins.
Je propose pour lui un Témoignage Officiel de Satisfaction.
Réponse du Ministre
Le seul acte qui pourrait justifier d'une récompense est l'affaire d'Août 1916, lorsqu'après avoir vu un sous-marin, le patron Ledez a manœuvré sans hésiter pour foncer sur lui. Mais il n'est pas établi qu'il y ait eu réellement un sous-marin.
Toutefois, le patron Ledez est intéressant car il est courageux et donne un bon exemple en continuant à pêcher malgré le danger. Il mérite encouragement et peut donc être félicité.
Cdlt