Re: LA EPOCA Quatre-mâts français ex-uruguayen
Publié : mer. déc. 29, 2010 1:13 pm
Bonjour à tous,
LA EPOCA
Quatre-mâts de 4000 tpl
2432 tx jb
ex – uruguayen vendu à la France en 1917. N'avait pas encore changé de nom et d'équipage.
Note du Commissaire spécial de Bordeaux en date du 31 Octobre 1917
Ce soir sont arrivés à la gare du Médoc 27 marins formant l'équipage du quatre-mâts LA EPOCA, torpillé hier matin vers 09h00 à 10 milles de l'embouchure. (nota : on relève encore une fois l'utilisation impropre du mot torpillé...)
Ce navire avait quitté New York le 21 Septembre. Il transportait 4000 tonnes de marchandises diverses dont 1400 tonnes de tabac, de l'acier, et 1200 tonnes de rouleaux de papier pour le journal « La France du Sud-Ouest ».
L'équipage s'est sauvé au complet à l'aide des canots du bord que les pirates n'ont pas essayé de couler.
Les sous-marin mesurait 80 m de long et était peint en gris. Le commandant parlait un peu anglais.

La perte de LA EPOCA
Rapport de l'officier enquêteur
LA EPOCA était encalminé à 40 milles dans le S 60 W de La Coubre. Il avait sondé dans la nuit et trouvé 62 brasses. Il cherchait à atterrir près d'Hourtin et voulait se rapprocher de terre dans l'espoir de trouver des patrouilleurs dans la zone littorale.
Le 29 à 08h50, une fumée est aperçue à 5 milles sur l'arrière. On pense tout d'abord à un torpilleur, mais un coup de canon est tiré, suivi de huit autres. C'est un sous-marin qui s'approche à grande vitesse.
Encalminé, le voilier ne peut faire aucune manoeuvre et le capitaine ordonne l'évacuation. Elle s'effectue dans les deux embarcations qui s'écartent du bord. Le sous-marin tire encore deux coups de canon, puis s'approche et demande au capitaine de venir à son bord.
Le commandant allemand parle mal l'anglais et le capitaine norvégien le comprend difficilement. Il demande :
« Nationalité du navire? «
« Français », lui répond le capitaine Bernt. « Il a été vendu aux Français par une compagnie uruguayenne. »
« Chargement ? »
Le capitaine lui en donne le détail.
« Papiers? »
Le capitaine lui donne alors le manifeste de cargaison, la liste des consignataires et l'acte de francisation. L'Allemand ne regarde pas les autres papiers qui sont dans la valise, ne gardant que ceux qu'on lui a donnés.
A ce moment, le matelot suisse Fritz Steiner, qui est dans le canot du capitaine, demande aux marins du submersible, en allemand, une cigarette. Un officier l'entend et le signale au commandant. Celui-ci lui ordonne alors « Viens à bord. Montre-moi tes papiers ».
Il examine longuement, pendant dix minutes, et avec le plus grand soin ses papiers. Puis il lui dit :
« Tu ne devrais pas naviguer sur des navires français en temps de guerre. Tu ferais beaucoup mieux de rester en Suisse, dans ton pays. ».
Steiner lui répond que, n'ayant plus de parents en Suisse, rien ne le retient dans ce pays. Il gagne sa vie en exerçant le métier de marin sur des navires américains, neutres, ou parfois alliés. Il a déjà fait escale deux fois en France, à Cette et à Marseille. Bordeaux est sa troisième escale dans ce pays depuis le début de la guerre.
Le commandant le laisse alors partir.
A l'officier enquêteur qui lui demande s'il a compris ce que disaient entre eux les Allemands, Fritz Steiner répond qu'il les comprenaient difficilement, car lui ne parle qu'un patois suisse.
Pendant ce temps, un officier et six marins se sont rendus sur le voilier avec le second canot. Ils ont pris du tabac, des vivres et des vêtements, le chronomètre et les revolvers. Puis, ils ont posé deux bombes qui explosent après leur retour sur le sous-marin. LA EPOCA coule en trois minutes.
Les baleinières font alors route au NE et atteignent la bouée d'entrée du Matelier où ils sont recueillis à 23h45.
Description du sous-marin
80 m de long. Kiosque court. 5 à 6 pieds de haut.
Deux canons, probablement de 5 pouces à l'avant et 3 pouces à l'arrière.
Un périscope.
Antenne basse allant de l'avant à l'arrière et passant au dessus du kiosque.
Peinture grise neuve.

Commandant d'environ 40 ans, très grand et brun. Parle assez mal l'anglais.
Vu deux officiers très jeunes (20 à 25 ans) ainsi que six marins.
Le sous-marin attaquant
C'était l'U 93 du KL Helmut GERLACH.
Helmut Gerlach, né le 25 Mai 1885, disparaîtra avec tout son équipage de 43 hommes vers le 15 Janvier 1918, en Manche. L'épave de l'U 93 ne sera jamais retrouvée.
Les derniers à le voir vivant, lui et son équipage, seront le capitaine Bourge et les marins du trois-mâts français BABIN CHEVAYE qu'il avait coulé le 14 Janvier (voir fiche de ce navire).
Il avait aussi coulé le vapeur HENRI LECOUR le 6 Janvier.
Voici sa photo (source uboat.net)

Cdlt
LA EPOCA
Quatre-mâts de 4000 tpl
2432 tx jb
ex – uruguayen vendu à la France en 1917. N'avait pas encore changé de nom et d'équipage.
Note du Commissaire spécial de Bordeaux en date du 31 Octobre 1917
Ce soir sont arrivés à la gare du Médoc 27 marins formant l'équipage du quatre-mâts LA EPOCA, torpillé hier matin vers 09h00 à 10 milles de l'embouchure. (nota : on relève encore une fois l'utilisation impropre du mot torpillé...)
Ce navire avait quitté New York le 21 Septembre. Il transportait 4000 tonnes de marchandises diverses dont 1400 tonnes de tabac, de l'acier, et 1200 tonnes de rouleaux de papier pour le journal « La France du Sud-Ouest ».
L'équipage s'est sauvé au complet à l'aide des canots du bord que les pirates n'ont pas essayé de couler.
Les sous-marin mesurait 80 m de long et était peint en gris. Le commandant parlait un peu anglais.

La perte de LA EPOCA
Rapport de l'officier enquêteur
LA EPOCA était encalminé à 40 milles dans le S 60 W de La Coubre. Il avait sondé dans la nuit et trouvé 62 brasses. Il cherchait à atterrir près d'Hourtin et voulait se rapprocher de terre dans l'espoir de trouver des patrouilleurs dans la zone littorale.
Le 29 à 08h50, une fumée est aperçue à 5 milles sur l'arrière. On pense tout d'abord à un torpilleur, mais un coup de canon est tiré, suivi de huit autres. C'est un sous-marin qui s'approche à grande vitesse.
Encalminé, le voilier ne peut faire aucune manoeuvre et le capitaine ordonne l'évacuation. Elle s'effectue dans les deux embarcations qui s'écartent du bord. Le sous-marin tire encore deux coups de canon, puis s'approche et demande au capitaine de venir à son bord.
Le commandant allemand parle mal l'anglais et le capitaine norvégien le comprend difficilement. Il demande :
« Nationalité du navire? «
« Français », lui répond le capitaine Bernt. « Il a été vendu aux Français par une compagnie uruguayenne. »
« Chargement ? »
Le capitaine lui en donne le détail.
« Papiers? »
Le capitaine lui donne alors le manifeste de cargaison, la liste des consignataires et l'acte de francisation. L'Allemand ne regarde pas les autres papiers qui sont dans la valise, ne gardant que ceux qu'on lui a donnés.
A ce moment, le matelot suisse Fritz Steiner, qui est dans le canot du capitaine, demande aux marins du submersible, en allemand, une cigarette. Un officier l'entend et le signale au commandant. Celui-ci lui ordonne alors « Viens à bord. Montre-moi tes papiers ».
Il examine longuement, pendant dix minutes, et avec le plus grand soin ses papiers. Puis il lui dit :
« Tu ne devrais pas naviguer sur des navires français en temps de guerre. Tu ferais beaucoup mieux de rester en Suisse, dans ton pays. ».
Steiner lui répond que, n'ayant plus de parents en Suisse, rien ne le retient dans ce pays. Il gagne sa vie en exerçant le métier de marin sur des navires américains, neutres, ou parfois alliés. Il a déjà fait escale deux fois en France, à Cette et à Marseille. Bordeaux est sa troisième escale dans ce pays depuis le début de la guerre.
Le commandant le laisse alors partir.
A l'officier enquêteur qui lui demande s'il a compris ce que disaient entre eux les Allemands, Fritz Steiner répond qu'il les comprenaient difficilement, car lui ne parle qu'un patois suisse.
Pendant ce temps, un officier et six marins se sont rendus sur le voilier avec le second canot. Ils ont pris du tabac, des vivres et des vêtements, le chronomètre et les revolvers. Puis, ils ont posé deux bombes qui explosent après leur retour sur le sous-marin. LA EPOCA coule en trois minutes.
Les baleinières font alors route au NE et atteignent la bouée d'entrée du Matelier où ils sont recueillis à 23h45.
Description du sous-marin
80 m de long. Kiosque court. 5 à 6 pieds de haut.
Deux canons, probablement de 5 pouces à l'avant et 3 pouces à l'arrière.
Un périscope.
Antenne basse allant de l'avant à l'arrière et passant au dessus du kiosque.
Peinture grise neuve.

Commandant d'environ 40 ans, très grand et brun. Parle assez mal l'anglais.
Vu deux officiers très jeunes (20 à 25 ans) ainsi que six marins.
Le sous-marin attaquant
C'était l'U 93 du KL Helmut GERLACH.
Helmut Gerlach, né le 25 Mai 1885, disparaîtra avec tout son équipage de 43 hommes vers le 15 Janvier 1918, en Manche. L'épave de l'U 93 ne sera jamais retrouvée.
Les derniers à le voir vivant, lui et son équipage, seront le capitaine Bourge et les marins du trois-mâts français BABIN CHEVAYE qu'il avait coulé le 14 Janvier (voir fiche de ce navire).
Il avait aussi coulé le vapeur HENRI LECOUR le 6 Janvier.
Voici sa photo (source uboat.net)

Cdlt