AISNE - Transport - Ancien C. Ferd. Laeisz - Navire allemand capturé

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Terraillon Marc
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Re: AISNE - Transport - Ancien C. Ferd. Laeisz - Navire allemand capturé

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

La fiche Miramar du navire

Single Ship Report for "5601422"IDNo: 5601422 Year: 1901
Name: C.FERD.LAEISZ Keel:
Type: Cargo ship Launch Date: 17.11.00
Flag: DEU Date of completion: 13.3.01

--------------------------------------------------------------------------------
Tons: 5874 Link: 1403
DWT: Yard No: 142
Length overall: Ship Design:
LPP: 122.1 Country of build: DEU
Beam: 16.2 Builder: Blohm & Voss
Material of build: Location of yard: Steinwerder
Number of
screws/Mchy/
Speed(kn): 1T-11

--------------------------------------------------------------------------------
Naval or paramilitary marking :
A: *
End: 1932

--------------------------------------------------------------------------------
Subsequent History:
[laid down as STIRIA] - captured by the French 20.8.14 - 19 AISNE - 25 ANDREINO - 25 ELIO

Disposal Data:
BU Savona 3.32


Il aura l'indice (3) dans la base de données (AISNE)

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
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markab
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Re: AISNE - Transport - Ancien C. Ferd. Laeisz - Navire allemand capturé

Message par markab »

Bonjour

Le journal de bord du navire est en ligne

SHD

référence SS Y 17 - page 623 et suivante

Journal du 3 mars 1915 au 11 mai 1915

Commandement : LE GENDRE Lieutenant de vaisseau

Le journal commence à Hong Kong - Cap Saint Jacques -> Saigon -> Port Said

A bientot :hello:
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Rutilius
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AISNE, ex-cargo C. Ferd. Laeisz allemand — Transport de l’État (1914~1923).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

□ Le transport de l’État Aisne, ex-cargo allemand C. Ferd. Laeisz allemand, fut mis en vente le 23 jan-vier 1924 par le Service de la solde et des prises du port de Brest selon la procédure d’adjudication publique sur soumissions cachetées (Journal officiel du 22 décembre 1923, p. 11.942).

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: AISNE - Transport - Ancien C. Ferd. Laeisz - Navire allemand capturé

Message par Memgam »

Bonjour,

Carl Ferdinand Laeisz, fils de Carl Heinrich et petit-fils de Ferdinand.

Source : Paul Rohrbach, Hermann Piening, Fred Schmidt, F L a century and a quarter of reederei F. Laeisz, J. F. Colton & Co, 1957, traduction de l'édition allemande de 1955.

Cordialement.

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Memgam
Rutilius
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AISNE, ex-cargo C. Ferd. Laeisz allemand — Transport de l’État (1914~1923).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Le commandant du transport Aisne en 1917 et 1918


— PERDRAUT Georges, né le 28 décembre 1879 à Béziers (Hérault), décédé le 16 janvier 1962 à Malo-les-Bains (Nord) (Registre des actes de naissance de la ville de Béziers, Année 1879, acte n° 1.038).


Georges PERDRAUT - Portrait - .jpg
Georges PERDRAUT - Portrait - .jpg (33.02 Kio) Consulté 296 fois

• Fils de Nicolas Jean Baptiste PERDRAUT, né le 8 novembre 1849 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) (Registre des actes de naissance de la ville de Clermont-Ferrand, Année 1849, f° 11, acte n° 810), im-primeur — adjoint au maire de Béziers en 1882 —, décédé le 28 février 1911 à Béziers (Hérault), et de Louise JARLAN, son épouse, née le 30 juillet 1855 à Béziers (Registre des actes de naissance de la ville de Béziers, Année 1855, acte n° 306) et y décédée, le 26 juillet 1911.

• Époux d’Yvonne Augusta VANDESANDE, née le 10 avril 1888 à Saint-Pol-sur-Mer (Nord) (Registre des actes de naissance de la commune de Saint-Pol-sur-Mer, Année 1888, f° 19, acte n° 71), décédée le 9 mars 1958 à Malo-les-Bains, avec laquelle il avait contracté mariage à Coudekerque-Branche (Nord), le 26 octobre 1907 (Ibid.).

Fille de Louis Charles Auguste VANDESANDE, né le 19 novembre 1851 à Dunkerque (Nord) (Registre des actes de naissance de la ville de Dunkerque, Année 1851, f° 187, acte n° 829), employé de commerce, et de Louise Rosalie MARCQ, née le 20 juin 1864 au Havre (Seine-Inférieure — aujourd’hui Seine-Maritime) (Registre des actes de naissance de la ville du Havre, Vol. I., f° 141, acte n° 1.342), sans profession, son épouse.

Petite-fille d’Auguste Dominique VANDESANDE, né vers 1818, « constructeur de navire », et de Marie Félicité MANIER, également née vers 1818, sans profession, son épouse.

Carrière

Capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Sète, n° 1.832 [Brevet conféré en 1904 (J.O. 29 sept. 1904, p. 5.871)].

En 1909~1910, capitaine du trois-mâts barque Reine-Blanche, de la société Ant.-Dom. Bordes et fils, pour un voyage au nitrate à Iquique (Chili) (9e voyage).

En 1910~1911, capitaine du quatre-mâts carré A.-D. Bordes, du même armement, également pour un voyage au nitrate à Iquique.

En 1913~1915, capitaine du quatre-mâts barque Cap-Horn, du même armement, toujours pour des vo-yages au nitrate à Iquique.

En 1916, officier en second du torpilleur d’escadre Francisque (Lieutenant de vaisseau André Émile BARBIÈRE, commandant).

Par décision du Ministre de la Marine en date du 25 janvier 1917 (J.O. 29 janv. 1917, p. 848), inscrit d’ office au tableau d’avancement pour le grade de lieutenant de vaisseau de réserve dans les termes sui-vants : « A fait preuve dans des circonstances difficiles d’une réelle énergie et d’une force de carac-tère remarquables. ».

En Mars 1917, commandant le transport Aisne, ex-C. Ferd. Laeisz, cargo de la Hamburg Amerikanische Packetfahrt Actien Gesellschaft (H.A.P.A.G.), capturé en Août 1914 en mer de Chine par le croiseur cuirassé Dupleix. Même situation en 1918.

Par décret du 9 mars 1932 (J.O. 11 mars 1932, p. 2.603), promu au grade de capitaine de corvette de réserve.

Distinctions honorifiques

□ Par décret du Président de la République en date du 17 juillet 1929 (J.O. 19 juill. 1929, p. 8.139), nommé au grade de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur dans les termes suivants : « Perdraut (Georges), lieutenant de vaisseau : services actifs, 2 ans 1 mois, dont 1 an 11 mois en paix à la mer ; ré-serve 16 ans 7 mois ; 5 campagne de guerre, 1 blessure de guerre. »

□ Par décision du Ministre de la Marine marchande en date du 3 janvier 1935 (J.O. 16 janv. 1935, p. 497), lui fut conférée la Médaille d’honneur des marins du commerce, instituée par la loi du 14 décembre 1901 (J.O. 16 déc. 1901, p. 7.777) au bénéfice des marins français comptant plus de 300 mois de navigation. Alors inscrit au quartier de Dun-kerque, n° 2.729, étant domicilié à Malo-les-Bains (Nord).

□ Par décret du 13 janvier 1938 (J.O. 16 janv. 1938, p. 735), promu au grade d’officier dans l'Ordre du Mérite maritime.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: AISNE - Transport - Ancien C. Ferd. Laeisz - Navire allemand capturé

Message par Memgam »

Bonjour,

"Son vieil ami Georges Perdraut, rentrant du Chili avec le Cap Horn, s'engage comme officier en second sur le torpilleur Arquebuse. Il embarquera à la suite sur les torpilleurs Francisque, Harpon et Dunois, puis il sera nommé commissaire du gouvernement sur le vapeur Silubal à bord duquel il sera blessé au cours d'un engagement avec un sous-marin allemand. Promu lieutenant de vaisseau, il sera nommé commandant du ravitailleur Aisne en Grèce en 1917." (page 287, opus cié ci-dessous).

N.B. Georges Perdraut, commandant du quatre-mâts Cap Horn, quitte le Chili en août 1914 pour arriver à Brest le 26 octobre. Ne pouvant rejoindre Dunkerque, il attend 167 jours dans ce port avant de décharger à Saint-Nazaire en avril 1915.

Source : Brigitte et Yvonnick Le Coat, Cap-horniers français, 1. Mémoire de marins des voiliers de l'armement Bordes, Le chasse-marée - Editions Ouest-France, 2003.

Cordialement.

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Memgam
Esquif
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Re: AISNE - Transport - Ancien C. Ferd. Laeisz - Navire allemand capturé

Message par Esquif »

Mon arrière grand père TANGUY Guillaume Jean Louis Marie (1874-1958), de Saint-Pabu (29),
Matricule 2967, inscrit maritime 10864, passé second maître en 1911,
était sur le "Carl Ferd. LAEISZ" du 21 février au 28 juin 1915. Il a fait le trajet Saïgon - Toulon.

Extrait de sa fiche, sur laquelle le bateau n'est pas encore dénommé AISNE.
Pièces jointes
TANGUY Guillaume JLM Fiche
TANGUY Guillaume JLM Fiche
TANGUY_Guillaume_JLM_1915_CF_LAEISZ.PNG (1.16 Mio) Consulté 455 fois
Rutilius
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AISNE, ex-cargo C. Ferd. Laeisz allemand — Transport de l’État (1914~1923).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Capture des cargos allemands Senegambia
et C. Ferd. Laeisz par le croiseur cuirassé Dupleix


Mer de Chine, 21 août 1914


I. ― Note du capitaine de frégate Marie Isidore René DAVELUY, commandant le croiseur cuirassé Dupleix, en date du 25 août 1914 (Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le matériel du bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 171, p. num. 816 à 820, note n° 96).

6 CS. E. [№ 96]

Dupleix, 25 août 1914.


Le Vice-amiral, Commandant en chef les Forces navales alliées dans la mer de Chine

Amiral,


J‘ai l’honneur de vous rendre compte des mouvements du Dupleix depuis qu’il navigue isolément jusqu’à son arrivée à Hongkong.

Capture du Senegambia

Pendant la nuit du 20 au 21 août, le Triumph et le Dupleix ont croisé à 120 milles environ de Tsing-Tao. Au jour, à 4 h. 20, on aperçut un vapeur qui paraissait venir de ce port. Le Triumph signala au Dupleix de lui donner la chasse ; et, à 5 h. 30, nous l’avons rejoint. Le vapeur était allemand et s’appelait le Senegambia. Il était chargé de 3.800 tonnes de charbon et portait 33 bœufs vivants. Sa destination était Macassar, où il devait attendre des ordres. (1)
Je mis à bord un équipage composé de : un lieutenant de vaisseau, un enseigne de vaisseau, un officier mécanicien et 15 marins (dont 3 mécaniciens) et j’avisai le Triumph de la situation. En même temps, j’embarquai à bord du Dupleix tous les allemands, à savoir 9 officiers et 3 marins.
Pendant ce temps, nous avions aperçu dans le lointain un second vapeur qui faisait route identique à la Senegambia.
Le Commandant du Triumph m’ayant prescrit par T.S.F. de diriger la prise sur Hongkong, je lui deman-dai de l’envoyer d’abord à la base, car nous manquions de viande fraîche et les superbes bœufs qui se trouvaient à bord excitaient notre convoitise. On m’avait également rendu compte qu’il y avait dans les cales du Senegambia de nombreuses mannes pour l’embarquement du charbon, dont nous avions un besoin urgent. Le Commandant du Triumph m’ayant répondu que la base avait été momentanément abandonnée (ce que j’ignorais), je donnai l’ordre à la prise de faire route sur Hongkong.

Capture du C. Ferd. Laeisz.

Ce malentendu m’avait fait perdre près de trois quarts d’heure et, pendant ce temps, le second vapeur avait disparu à l’horizon. J’avais signalé sa présence au Triumph qui avait fait route aussitôt pour rejoindre le Dupleix, et je demandai au Commandant Fitz-Maurice à me mettre à sa recherche : ce qui me fut accordé. Il était alors 7 h. 15 du matin.
En raison de la situation précaire des machines (ce dont je reparlerai plus tard), j’avais promis au mécanicien en chef de ne pas dépasser l’allure de 16 nœuds ; mais, dans l’ardeur de la poursuite, les chauffeurs jetèrent une telle quantité de charbon sur les grilles que le vieux Dupleix dépassa aisément 17 nœuds (sans tirage forcé).
A 9 h. 15, on aperçut une fumée à l’horizon et, peu après, on distingua nettement la coque d’un va-peur. Au coup de canon qui fut tiré à plus de 13.000 mètres, le bâtiment stoppa et arbora son pavillon. Les meilleurs timoniers annoncèrent bientôt qu’ils distinguaient les couleurs allemandes ; mais, en re-gardant avec le
Barr and Strout, on reconnut que cet allemand n’était qu’un chinois. C’était en effet un petit cargo de la China Merchant. (2)
Je donnai l’ordre de l’arraisonner ; et, dès son arrivée, l’officier qui s’était rendu à bord me signalait qu’un gros vapeur allemand avait passé sur l’avant du cargo dans la matinée, à si petite distance qu’on avait pu reconnaître qu’il était de Hambourg et que son nom se composait de deux parties. Au moment où le vapeur chinois avait stoppé, on apercevait encore sa fumée à l’horizon.
C’est avec un vif plaisir que le capitaine du petit vapeur, qui était anglais, donnait tous ces rensei-gnements. Il était 10 heures du matin lorsque l’embarcation du Dupleix fut revenue à bord.
La chasse recommença de plus belle et enfin, à 10 h. 35, on aperçut par tribord une légère fumée qui disparaissait par intervalles.
Une demi-heure plus tard, on commençait à apercevoir une cheminée et bientôt après, on distinguait la coque. Le coup de canon de semonce fut tiré à midi 25. Le vapeur stoppa aussitôt et arbora ses cou-leurs.
(3) Celui-là était bien allemand et c’était lui que nous avions aperçu à 5 heures du matin : un ma-gnifique cargo de 8.000 tonnes ; il s’appelait le C. Ferd. Laeisz et était chargé de 4.000 tonnes de charbon (*). Je mis à bord un équipage de fortune composé d’un enseigne de vaisseau de 1re classe, un enseigne de vaisseau de 2e classe, un sous-officier mécanicien et 15 marins. J’embarquai à bord 10 allemands, dont 7 officiers. Ainsi en quelques heures, le bâtiment se trouva démuni de 5 officiers et de 30 hommes qui étaient remplacés par 22 allemands. Le transbordement était terminé à 2 heures après-midi ; mais, par suite de la nécessité de changer le sous-officier qui venait d’avoir une crise (4), ce n’est qu’à 4 heures que le C. Ferd. Laeisz se mit définitivement en route pour Hongkong. Nous ne prévoyions pas alors les ennuis qu’elle nous occasionnerait le lendemain.

Situation du bâtiment

Pendant la chasse, j’avais reçu du Commandant du Triumph un message me prescrivant de me rendre à la base.
Cette destination n’était pas pour nous déplaire car la situation du bâtiment devenait précaire. En effet, pour les machines du Dupleix, l’état de guerre existait en fait depuis le 29 juillet, jour du dé-part de Hakodaté. Ces machines, d’un modèle ancien et abandonné depuis longtemps, ne nous ont jamais occasionné que des ennuis. Aussi, à partir du départ de Hongkong, les incidents se sont multi-pliés. Sans entrer ici dans de grands développements, je mentionnerai seulement qu’il a fallu changer 9 clapets de piston de pompe à air (il ne nous en reste plus qu’un de rechange) ; et 18 garnitures de piston à vapeur de machines de servitude (il n’en reste plus qu’une seule). On dut également changer une garniture d’excentrique et mettre des cales sur les autres dont on ne pouvait plus reprendre le ser-rage.
De plus, l’approvisionnement d’eau tirait à sa fin ; car les bouilleurs, fonctionnant sans interruption depuis un mois, sont pleins de sel et ne donnent plus le débit normal.
Enfin, il y avait également à envisager la question du ravitaillement. Le bâtiment n’avait pu, en raison des circonstances, compléter ses approvisionnements à Hongkong. Arrivé le 11 août à la base, il avait pu profiter hâtivement du messager de la flotte pour embarquer quelques vivres ; depuis lors, aucune occasion ne s’était présentée et certaines denrées étaient épuisées. C’était donc avec satisfaction que j’envisageais le retour à la base qui devait me permettre de travailler plus efficacement aux répa-rations de la machine.

Retour à la base

Le Dupleix est arrivé à la base le 23 août à 11 heures du matin. Un bâtiment charbonnier l’y attendait ; mais il y trouva aussi des prodromes d’un typhon. La houle d’Est était déjà forte au large de Saddle et elle pénétrait dans la rade. Aussi, dès notre arrivée, le charbonnier nous signala qu’il considérait que la rade était dangereuse et il demandait de se mettre à l’abri ailleurs. Il ne pouvait être question de faire du charbon avant que le mauvais temps ne fut passé ; je laissai donc le charbonnier aller à Side Saddle tandis que j’allais mouiller au Sud de la grande île Tsusan où se trouve un bon mouillage et où je pouvais sans appréhension mettre mes machines au démontage.

Situation du C. Ferd. Laeisz

Nous nous promettions de goûter à ce mouillage un repos réparateur lorsque, à 5 h. 30 du soir, un mes-sage du Clio nous annonçait que le C. Ferd. Laiesz était en détresse à 30 milles au N.-E. de Saddle ; il fallut remonter hâtivement 4 machines et, à 8 heures du soir, nous mettions en route.
Nous avons rejoint le bâtiment désemparé à 2 heures du matin le 23. La situation était beaucoup moins critique que nous ne l’avions craint. Mouillé à 24 milles au N. 27 E. du phare de Saddle, par 30 mètres de fond, le C. Ferd. Laiesz nous signalait qu’il serait prêt à mettre en marche vers 6 heures. Il était arrivé à ce bâtiment une chose très simple et naturelle, étant données les circonstances. En quelques instants, le personnel allemand avait été remplacé par un personnel français et le bâtiment s’était mis en marche ; or nos mécaniciens, ne connaissant aucune des dispositions du navire, et en particulier le tuyautage d’eau douce, ne purent découvrir la façon d’alimenter les chaudières. Lorsque le niveau de l’eau disparut, on dut mettre bas les feux des deux chaudières successivement. On travailla toute la nuit à les remplir de nouveau avec une pompe à bras, pour pouvoir remettre en marche.
A 7 heures, le Dupleix et le C. Ferd. Laiesz firent route pour Saddle ; mais le voisinage du typhon se faisait sentir de plus en plus et il tombait des torrents d’eau qui donnaient une idée assez exacte de ce qu’a dû être le déluge. La vue était si limitée par la pluie que deux fois le Dupleix perdit sa conserve. La seconde fois, il la retrouva mouillée entre Side Saddle et Raffle ; il la conduisit alors au mouillage de Side Saddle qui était dans le voisinage et où se trouvait notre charbonnier.

Séjour au mouillage de Side Saddle

Je pris mes dispositions pour commencer le charbon le lendemain, escomptant une accalmie dans la nuit ; et pour la seconde fois, je remis les machines au démontage.
Le lendemain matin (24 août) à 5 heures, je recevais vos instructions pour rallier Hongkong. Ne pou-vant absolument pas appareiller avant la soirée en raison de l’état des machines, j’essayai de profiter de la journée pour faire du charbon. Le charbonnier accosta le Dupleix ; mais, au bout d’une heure et demie, le courant ayant changé, nous dûmes cesser les opérations pour ne pas lui occasionner des ava-ries majeures. Déjà ses tôles étaient faussées près de la flottaison et il faisait de l’eau par un des grands sabords de chargement. Cette avarie est légère, mais elle me parut cependant assez sérieuse pour autoriser le charbonnier à retourner à Shanghai.
A midi, le C. Ferd. Laeisz appareillait pour Hongkong. A 6 h. 30, le Dupleix appareillait à son tour pour la même destination sans avoir pu, en raison du mauvais temps, être rejoint par le messager qui devait lui amener le détachement de marins de Shanghai ainsi que des vivres et du matériel. Au mo-ment où nous levions l’ancre, notre charbonnier An Song, revenant au mouillage, nous signala qu’il avait rencontré un vapeur japonais qui lui avait dit de revenir. Je renonçai à éclaircir cette énigme et je fis route pour Hongkong où le Dupleix est arrivé le 27 dans la matinée.

***********

Voici les renseignements que nous avons recueillis en causant avec les uns et les autres, pendant la durée du séjour des Allemands à bord :

Il y aurait à Tsing-Tao
(5) deux canonnières allemandes qui font de fréquentes sorties, un torpilleur qui bouge peu, et une quinzaine de bâtiments de commerce qui, surpris par les événements tandis qu’ils étaient dans les ports de Chine ou du Japon, se sont réfugiés à Tsing-Tao.
Le Kaiserin-Elisabeth se trouverait également dans ce port.
Il ne paraît pas douteux que les deux vapeurs capturés étaient destinés à ravitailler les croiseurs alle-mands. La Senegambia portait des bœufs vivants ; on lui avait installé la T.S.F. à l’occasion de son voyage, en la prenant sur un autre bâtiment. Ces particularités semblent indiquer qu’elle était spécia-lement à rencontrer directement les croiseurs. L’autre bâtiment, qui n’avait ni bœufs ni T.S.F., était peut-être seulement destiné à constituer un dépôt de charbon. Il a dû être expédié en toute hâte, car, bien que jaugeant 7.000 tonnes, il n’a que 4.000 tonnes de chargement.
Voici quelques détails intéressants, bien que rétrospectifs, qui m’ont été fournis par le capitaine de la Senegambia, sur le paquebot russe capturé par les Allemands dès le début de la guerre. Ce bâtiment, relativement récent, peut donner 18 nœuds. Il a été construit en Allemagne dans les mêmes chantiers que le C. Ferd. Laeisz. Les Allemands ne devaient donc avoir aucune difficulté à l’armer et à faire fonctionner tous les organes. Dès qu’il fut amarré dans le port, on l’entoura d’un cordon de troupes pour en interdire la vue ; et, deux jours après, il est parti pour une destination inconnue. On ne l’a plus revu.
En raison de sa vitesse, ce bâtiment peut aisément accompagner les croiseurs allemands et il est pos-sible qu’il soit actuellement avec eux.

**********

Tels sont, Amiral, les faits qui se sont passés depuis que le Dupleix est séparé des Forces navales pla-cées sous votre autorité.
Je m’excuse de n’avoir pu vous apporter un concours plus efficace. On a placé un vieux capitaine sur un vieux bâtiment ; ce sont des conditions défavorables, mais je me porte garant que l’un et l’autre feront tout ce qui sera en leur pouvoir pour vous donner satisfaction et je vous prie d’agréer, Amiral, l’expression de mon profond respect.
_________________________________________________________________________________________

(*) Il avait la même destination que le Senegambia.

Signé : Daveluy.

________________________________________________________________________________

(1) Mention apposée en marge du Journal de navigation (Service historique de la Défense, Cote SS Y 172, p. num. 89) : « Le cargo est allemand et s’appelle Senegambia. Il fait route au S. 49 E. Le bossman dit qu’il vient de Tsing-Tao. Destination indiquée : Macassar. Il porte 4.000 t. de charbon, 32 bœufs, 6 moutons. »

Mention apposée en marge du Journal de bord (Service historique de la Défense, Cote SS Y 169, p. num. 912) : « Point estimé de la prise : Lat. 34° 56’ N. ; Long. 121° 20’ E. »

(2) Le Dunc Wah (Journal de navigation : Service historique de la Défense, Cote SS Y 172, p. num. 90).

(3) Mention apposée en marge du Journal de bord (Service historique de la Défense, Cote SS Y 169, p. num. 913) : « Point estimé de la prise : Lat. 34° 38’ N. ; Long. 121° 20’ E. »

(4) Le maître mécanicien. Il fut remplacé par le maître mécanicien Vennec (Journal de bord : Service historique de la Défense, Cote SS Y 169, p. num. 915).

(5) Alors possession allemande en Chine.

_________________________________________________________________________________________


II. ― Note du capitaine de frégate Marie Isidore René DAVELUY, commandant le croiseur cuirassé Dupleix, en date du 22 août 1914 (Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le matériel du bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 171, p. num. 814 et 815, note n° 94).

27 CS. A. [№ 94]

Dupleix, 22 août 1914.

Le Consul de France à Hongkong,

Monsieur le Consul,

Je vous adresse, ci-joint, les procès-verbaux de capture des deux paquebots allemands Senegambia et C. Ferd. Laeisz avec leurs papiers de bord dont un inventaire est joint aux procès-verbaux.
Pour le premier, les opérations d’inventaire du bâtiment et de son chargement prescrites par les ins-tructions sur l’application du droit maritime international en cas de guerre n’ont pas été effectuées sur mes ordres, parce qu’il importait de ne pas perdre un seul instant pour donner la chasse au deu-xième bâtiment.
Pour le deuxième, bien que nous ayons disposé de plus de temps, le transbordement sur le Dupleix du capitaine et de ses officiers n’a pas permis d’effectuer les opérations de récolement et d’inventaire qui, pour si sommaires qu’elles eussent été, auraient nécessité le maintien des intéressés à leur bord pendant un temps appréciable.
Le commandant de la prise a dû prendre les mesures nécessaires pour la sécurité des affaires person-nelles du capitaine et de son équipage. En ce qui concerne les instructions nautiques, aucun document trouvé à bord de la prise n’a permis d’en faire un récolement.
Le navire semblait naviguer avec ses apparaux au complet. Quant à la cargaison, deux panneaux de cale étaient fermés ; le troisième n’a pu l’être, car il renfermait des provisions qui ont été employées à la nourriture de l’équipage de prise.
Le Dupleix a requis à bord du C. Ferd. Laeisz diverses provisions qui ont été exactement notées.
J’ajoute que les prises ayant été faites par un bâtiment placé sous les ordres de l’Amiral Jerram, je pense que c’est aux autorités anglaises qu’elles doivent être remises et c’est à elles d’instrumenter.

Veuillez agréer, Monsieur le Consul, l’expression de ma respectueuse considération.


Signé : Daveluy.

_________________________________________________________________________________________


DUPLEIX – Croiseur cuirassé – II – .jpg
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Daniel.
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AISNE, ex-cargo C. Ferd. Laeisz allemand — Transport de l’État (1914~1923).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

□ La capture du cargo C. Ferd. Laeisz par le croiseur cuirassé Dupleix, intervenue le 22 août 1914, fut déclarée « bonne et valable » par une décision rendue par le Conseil des prises le 17 janvier 1916 (Va-peur C. Ferd. Laiesz : J.O. 16 févr. 1916, p. 1.328 ; Recueil des arrêts du Conseil d’État 1916, Suppl. « Prises maritimes », p. 619).


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Rutilius
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AISNE, ex-cargo C. Ferd. Laeisz allemand — Transport de l’État (1914~1923).

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Bonjour à tous,

Aisne, ex-cargo C. Ferd. Laeisz allemand — Transport de l’État (1914~1923).

Cargo en acier construit en 1900 sous le nom de C. Ferd. Laeisz par le chantier Blohm und Voss Gmbh, de Hambourg (Allemagne), pour le compte de la Hamburg Amerikanische Packetfahrt Actien Gesell-schaft (H.A.P.A.G.), de Hambourg (‒ d° ‒). (1) Enregistré dans ce port le 21 mars 1901, n° 2.648, et y attaché ; signal distinctif : R.M.B.C.

Capturé le 22 août 1914 en mer de Chine par le croiseur cuirassé Dupleix (Capitaine de frégate Marie Isidore René DAVELUY, commandant), par 34° 38’ N. et 121° 20’ E., alors qu’il allait de Tsing-Tao (Pos-session allemande en Chine) à Macassar (Indes néerlandaises) avec un chargement de 4.000 t. de char-bon ; bâtiment alors commandé par le capitaine Carl Peter Julius DEHNICKE.

Capture déclarée « bonne et valable » par une décision rendue par le Conseil des prises le 17 janvier 1916 ; utilisé provisoirement par la France jusqu’à la date d’intervention de cette décision ; signal dis-tinctif : H.P.Q.G. (2) Ensuite renommé Aisne. (3) Administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre depuis la date de sa capture jusqu’au 24 octobre 1919, date de cessation des hostilités. (4) Nouveau signal distinctif en 1921 : O.B.K.X. (5)

Mis en vente le 23 janvier 1924 par le Service de la solde et des prises du port de Brest selon la procé-dure d’adjudication publique sur soumissions cachetées. (6) Acquis par la Società Accinelli & Provenzali, de La Spezia (Italie) ; renommé Andreino. (7)

Cédé en 1926 à la Società Fratelli D. & E. Bozzo, de Gênes (Italie) ; renommé Elio. № officiel : 1.255 ; signal distinctif : N.L.O.R. (8) Livré à la démolition vers 1932.

Caractéristiques générales. — Jauge : 4.930,64 tx jb et 3.158,42 tx jn (1916). Dimensions : 400.8 x 53.3 x 27.3 ft [121,92 x 16,15 x 8,22 m]. Propulsion : Machine à triple expansion comportant trois cylindres et développant 387 nhp ; une hélice. Vitesse : 11 nœuds.

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(1) Lloyd’s Register of Shipping, 1901~1902, Steamers, Lettre C., n° 3, p. num. 139. — Lloyd’s Register of Shipping, 1914~1915, Steamers, Lettre C., n° 4, p. num. 176.

(2) Lloyd’s Register of Shipping,1916~1917, Steamers, Lettre C., n° 5, p. num. 162.

(3) Lloyd’s Register of Shipping,1919~1920, Steamers, Lettre C., n° 5, p. num. 167 ~ Ibid., Suppl., Lettre A., n° 31.358, p. 1.231 [“Fitted for oil fuel”] — Lloyd’s Register of Shipping,1920~1921, Steamers, Lettre A., n° 50.384, p. num. 41.

(4) Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. (Bull. off. Marine 1922, n° 14, p. 720).

(5) Lloyd’s Register of Shipping,1921~1922, Steamers, Lettre A., n° 07.633, p. num. 35 — Lloyd’s Register of Shipping,1922~1923, Steamers, Lettre A., n° 52.390, p. num. 40 — Lloyd’s Register of Shipping,1923~1924, Steamers, Lettre A., n° 12.384, p. num. 40.

(6) Journal officiel du 22 décembre 1923, p. 11.942.

(7) Lloyd’s Register of Shipping,1924~1925, Steamers, Lettre A., n° 62.380, p. num. 39 ~ Ibid., Suppl., Lettre A., n° 87.873, p. 1.301.

(8) Lloyd’s Register of Shipping,1926~1927, Steamers, Lettre E., n° 68.890, p. num. 362 — Lloyd’s Register of Shipping,1928~1929, Steamers, Lettre E., n° 69.992, p. num. 563.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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