Re: OCEAN Trois-mâts
Publié : dim. juin 13, 2010 1:57 pm
Bonjour à tous,
OCEAN
Trois-mâts construit en 1892 au chantier Niels Olsen Gjolme de Grimstad
339 tpl 278 tx JB
Armateurs G. SAVALLE & MAURICE
Affréteur : Intendance militaire de Saint Nazaire
La perte d’OCEAN
Le trois-mâts effectue une traversée Saint Nazaire – Le Tréport via Brest avec un chargement de farine et d’avoine.
Capitaine Louis HEBERT et dix hommes d’équipage.
Le 19 Décembre 1916, il se trouve à 40 milles dans le WNW de Créach, trop au large car des avaries et un vent capricieux l’ont forcé à s’éloigner. Il a du faire route vent arrière pour réparer une avarie aux sous-barbes. Il fait route au NNE
Mer calme avec houle de SW. Temps très clair.
Vers 10h20 un sous-marin, tout d’abord pris pour un cargo, est aperçu faisant route à 8 nœuds à l’est. Mais arrivé à 1 mille il tire un coup de canon de semonce à obus et est alors reconnu comme étant un sous-marin.
Mis en panne et affalé baleinière et doris. Le sous-marin s’approche à 400 m et hisse un signal du code qui n’est pas compris. Le capitaine prend les papiers du bord et se fait conduire dans le doris, par deux hommes, jusqu’au submersible. Il y a un canonnier à sa pièce et un veilleur avec jumelles ainsi que le commandant. Le capitaine est gardé sur le sous-marin tandis qu’un officier et un marin porteurs de bombes se font conduire par le doris jusqu’au voilier.
Ils prennent quelques provisions, font embarquer l’équipage (sauf les deux hommes du doris) dans la baleinière, posent 4 bombes sur la carène, 2 de chaque bord, et arrachent les rugueux puis se font reconduire sur le sous-marin.
Cinq minutes plus tard les bombes explosent et le bateau chavire et coule.
L’officier venu sur l’OCEAN semblait désireux de causer et parlait bien français. Il a dit que le sous-marin venait d’arriver d’Allemagne en Manche. Il a ajouté :
« - C’est malheureux de faire ce métier. Quand donc finira cette maudite guerre dont nous avons tous assez ? » Il a continué avec le couplet habituel : « La sympathie est tellement plus souhaitable entre Allemands et Français. Ah ! S’il n’y avait pas ces maudits Anglais de m… ! »
Le sous-marin s’est ensuite éloigné et les deux embarcations ont atterri le lendemain 20 Décembre à 08h30 au nord des … Lemvas ou Lomvas ( ?)
Description du sous-marin
50 m de long
1 kiosque avec 3 hommes dont le commandant
1 canon de 88 mm à poste fixe sur l’avant boulonné sur un support
Peinture grise claire fraîche
Le commandant avait environ 35 ans, taille moyenne, portant la moustache. Parlait surtout anglais, très peu français. En veste de cuir.
L’officier avait environ 30 ans et parlait bien français.
Vu 10 hommes en tout, en pantalons de cuir et vestes et bonnets de laine.
Voici le dessin du sous-marin

Le sous-marin attaquant
C’était l’UB 38 de l’OL Wilhelm AMBERGER. Né en 1890, il avait donc 26 ans.
Amberger disparaîtra sur l’UB 108 qu’il commandait alors, avec tout son équipage (36 hommes), le 19/12/1918 au large des Flandres. Le sous-marin aura sans doute sauté sur une mine.
Note de l’officier enquêteur
Celui-ci signale que le canonnier du sous-marin, dont la pièce était armée et chargée, est descendu dans le sous-marin laissant le canon sans surveillance pendant un temps très long. Si le capitaine de l’OCEAN avait su manier un canon, il aurait pu, étant tout proche, tourner cette pièce à bout portant contre le sous-marin lui-même. Il ajoute :
« Une constatation s’impose : un voilier tel que l’OCEAN muni de deux mitrailleuses dissimulées et de grenades serait un adversaire redoutable pour les sous-marins. On pourrait acheminer la grenade par un doris, dans un coffre sans fond, déclenchable par levier ou tout autre systême, et la faire exploser au contact du sous-marin. Auparavant, un feu de mitrailleuses balaierait le pont du sous-marin afin de permettre au grenadier d’opérer posément. Certes, l’embarcation courrait un risque du fait de l’explosion, mais je ne crois pas que ce risque serait exagéré : peut-être quelques contusions et une baignade… D’ailleurs, le but à atteindre mérite quelques risques.
En ce qui me concerne, je suis volontaire sans appréhension pour une telle opération. »
Il précise que s’affirme l’inefficacité absolue du patrouilleur en général et du torpilleur en particulier. Les patrouilleurs sont tout juste bons, dans une proportion restreinte, à limiter les méfaits des sous-marins, sans leur causer aucun dommage.
Après les nombreux interrogatoires de victimes de sous-marins auxquels il a procédé, l’officier enquêteur déclare :
« - Etant donné les méthodes employées par les sous-marins, bombes placées à bord et stationnement à faible distance, le personnel d’un voilier qui ferait preuve de sang froid a les plus grandes chances de couler son adversaire ».
Le commandant du Front de Mer commente ainsi la suggestion de son subordonné
« Je partage tout à fait cet avis.
- Un youyou truqué avec des grenades Guiraud placées dans un coffre qui servirait de banc aux deux canotiers conduisant le capitaine sur le sous-marin.
- Une mitrailleuse dissimulée sur le voilier qui ouvrirait un feu rapide et balaierait les Boches au moment ou le canot déborde du sous-marin après avoir déposé les grenades. Le résultat serait plus décisif que celui d’un canon de 47.
Il est indispensable d’utiliser des moyens nouveaux donnant des résultats et un rendement appréciable dans la lutte. »
Toutefois, il ne semble pas que cette méthode (pourtant fort simple:)) ait été mise en pratique de cette façon.
Cdlt
OCEAN
Trois-mâts construit en 1892 au chantier Niels Olsen Gjolme de Grimstad
339 tpl 278 tx JB
Armateurs G. SAVALLE & MAURICE
Affréteur : Intendance militaire de Saint Nazaire
La perte d’OCEAN
Le trois-mâts effectue une traversée Saint Nazaire – Le Tréport via Brest avec un chargement de farine et d’avoine.
Capitaine Louis HEBERT et dix hommes d’équipage.
Le 19 Décembre 1916, il se trouve à 40 milles dans le WNW de Créach, trop au large car des avaries et un vent capricieux l’ont forcé à s’éloigner. Il a du faire route vent arrière pour réparer une avarie aux sous-barbes. Il fait route au NNE
Mer calme avec houle de SW. Temps très clair.
Vers 10h20 un sous-marin, tout d’abord pris pour un cargo, est aperçu faisant route à 8 nœuds à l’est. Mais arrivé à 1 mille il tire un coup de canon de semonce à obus et est alors reconnu comme étant un sous-marin.
Mis en panne et affalé baleinière et doris. Le sous-marin s’approche à 400 m et hisse un signal du code qui n’est pas compris. Le capitaine prend les papiers du bord et se fait conduire dans le doris, par deux hommes, jusqu’au submersible. Il y a un canonnier à sa pièce et un veilleur avec jumelles ainsi que le commandant. Le capitaine est gardé sur le sous-marin tandis qu’un officier et un marin porteurs de bombes se font conduire par le doris jusqu’au voilier.
Ils prennent quelques provisions, font embarquer l’équipage (sauf les deux hommes du doris) dans la baleinière, posent 4 bombes sur la carène, 2 de chaque bord, et arrachent les rugueux puis se font reconduire sur le sous-marin.
Cinq minutes plus tard les bombes explosent et le bateau chavire et coule.
L’officier venu sur l’OCEAN semblait désireux de causer et parlait bien français. Il a dit que le sous-marin venait d’arriver d’Allemagne en Manche. Il a ajouté :
« - C’est malheureux de faire ce métier. Quand donc finira cette maudite guerre dont nous avons tous assez ? » Il a continué avec le couplet habituel : « La sympathie est tellement plus souhaitable entre Allemands et Français. Ah ! S’il n’y avait pas ces maudits Anglais de m… ! »
Le sous-marin s’est ensuite éloigné et les deux embarcations ont atterri le lendemain 20 Décembre à 08h30 au nord des … Lemvas ou Lomvas ( ?)
Description du sous-marin
50 m de long
1 kiosque avec 3 hommes dont le commandant
1 canon de 88 mm à poste fixe sur l’avant boulonné sur un support
Peinture grise claire fraîche
Le commandant avait environ 35 ans, taille moyenne, portant la moustache. Parlait surtout anglais, très peu français. En veste de cuir.
L’officier avait environ 30 ans et parlait bien français.
Vu 10 hommes en tout, en pantalons de cuir et vestes et bonnets de laine.
Voici le dessin du sous-marin

Le sous-marin attaquant
C’était l’UB 38 de l’OL Wilhelm AMBERGER. Né en 1890, il avait donc 26 ans.
Amberger disparaîtra sur l’UB 108 qu’il commandait alors, avec tout son équipage (36 hommes), le 19/12/1918 au large des Flandres. Le sous-marin aura sans doute sauté sur une mine.
Note de l’officier enquêteur
Celui-ci signale que le canonnier du sous-marin, dont la pièce était armée et chargée, est descendu dans le sous-marin laissant le canon sans surveillance pendant un temps très long. Si le capitaine de l’OCEAN avait su manier un canon, il aurait pu, étant tout proche, tourner cette pièce à bout portant contre le sous-marin lui-même. Il ajoute :
« Une constatation s’impose : un voilier tel que l’OCEAN muni de deux mitrailleuses dissimulées et de grenades serait un adversaire redoutable pour les sous-marins. On pourrait acheminer la grenade par un doris, dans un coffre sans fond, déclenchable par levier ou tout autre systême, et la faire exploser au contact du sous-marin. Auparavant, un feu de mitrailleuses balaierait le pont du sous-marin afin de permettre au grenadier d’opérer posément. Certes, l’embarcation courrait un risque du fait de l’explosion, mais je ne crois pas que ce risque serait exagéré : peut-être quelques contusions et une baignade… D’ailleurs, le but à atteindre mérite quelques risques.
En ce qui me concerne, je suis volontaire sans appréhension pour une telle opération. »
Il précise que s’affirme l’inefficacité absolue du patrouilleur en général et du torpilleur en particulier. Les patrouilleurs sont tout juste bons, dans une proportion restreinte, à limiter les méfaits des sous-marins, sans leur causer aucun dommage.
Après les nombreux interrogatoires de victimes de sous-marins auxquels il a procédé, l’officier enquêteur déclare :
« - Etant donné les méthodes employées par les sous-marins, bombes placées à bord et stationnement à faible distance, le personnel d’un voilier qui ferait preuve de sang froid a les plus grandes chances de couler son adversaire ».
Le commandant du Front de Mer commente ainsi la suggestion de son subordonné
« Je partage tout à fait cet avis.
- Un youyou truqué avec des grenades Guiraud placées dans un coffre qui servirait de banc aux deux canotiers conduisant le capitaine sur le sous-marin.
- Une mitrailleuse dissimulée sur le voilier qui ouvrirait un feu rapide et balaierait les Boches au moment ou le canot déborde du sous-marin après avoir déposé les grenades. Le résultat serait plus décisif que celui d’un canon de 47.
Il est indispensable d’utiliser des moyens nouveaux donnant des résultats et un rendement appréciable dans la lutte. »
Toutefois, il ne semble pas que cette méthode (pourtant fort simple:)) ait été mise en pratique de cette façon.
Cdlt