Re: EDMOND RENE - Chalutier
Publié : sam. juin 12, 2010 7:51 pm
EDMOND RENE
Chalutier
1 citation à l’Ordre de l’Armée
Le chalutier EDMONT RENE, de la division navale du Maroc, sous le commandement intérimaire du maître de manœuvre ALTIERI, a eu un engagement avec un sous-marin allemand, le 8 janvier 1918.
Texte de la citation à l’Ordre de l’Armée
(Journal officiel du 8 avril 1918)
« Le chalutier EDMOND RENE : sous le commandement intérimaire du maître de manœuvre temporaire ALTIERI (Pierre-Dominique) ; Bastia, 295, a livré combat à un croiseur submersible avec un esprit d’offensive remarquable et a contraint l’ennemi à la fuite ».
Extraits des rapports du Capitaine de Vaisseau de CACQUERAY, chef de la division navale du Maroc.
L’EDMOND RENE, commandé intérimairement par le maître de manœuvre ALTIERI, était en patrouille près du Cap Juby, le 7 janvier 1918, lorsqu’il reçut l’ordre d’aller au secours du vapeur OUED SEBOU attaqué par un croiseur submersible ennemi.
Le 8 au matin, il entend une violente canonnade vers le large aux environs du faux cap Bojador. Il se précipite et reconnaît le chalutier TAROUDANT aux prises avec un sous-marin ennemi. TAROUDANT était encadré par les obus. Le sous-marin s’éloigna dès la jonction de l’EDMOND RENE avec le TAROUDANT.
Combat de l’EDMOND RENE :
Cette affaire, après l’interrogatoire serré du maître de manœuvre ALTIERI, me paraît très bien et conduite avec un sang-froid remarquable.
L’EDMOND RENE a rallié au canon le matin, quand le TAROUDANT était attaqué, mais n’a pas eu à agir ; dès qu’il est survenu, l’ennemi a pris le large. C’est alors que les deux bâtiments sont venus s’occuper des naufragés (de l’OUED SEBOU) et le TAROUDANT a envoyé une embarcation à terre, en mettant l’EDMOND RENE en patrouille à environ deux milles au large.
Notre chalutier a vu longtemps une fumée très noire, énorme à l’horizon, sans soute le sous-marin qui, au large, avait un mauvais fonctionnement de moteur.
Les choses étaient ainsi à 13h30, la fumée s’était dissipée, quand l’EDMOND RENE vit à l’horizon poindre le kiosque et une petite masse détachée, qui était l’extrémité de l’AV. Le sous-marin se rapprochait ; peu après, il tirait à très grande distance deux coups de canon très longs qui tombèrent près de terre. Le sous-marin était au nord environ, route vers l’est. L’EDMOND RENE le prit par bâbord AV, lui coupant la route, et ouvrit le feu avec la hausse totale 8200 mètres, mais s’arrêta voyant les coups trop courts et continua sa route de rapprochement, tâtant l’ennemi jusqu’à ce qu’il l’eût encadré, s’en trouvant à environ 7500 mètres.
Le tir de l’ennemi était précis, les obus tombaient entre 20 et 100 mètres du bord, bons en direction, sauf de très rares exceptions. Le maître-Commandant se rendit compte de l’avantage qu’il avait du fort soleil et de celui de se profiler sur la terre et manœuvra pour ne se présenter qu’en pointe, utilisant surtout sa pièce avant et parfois sa pièce arrière.
A un moment, l’ennemi gêné par le soleil sans doute, vira du côté du large et repris le feu en faisant route vers l’ouest. L’EDMOND RENE fit de même et reprit sa route de rapprochement en le tenant par tribord. Le combat continuait ainsi, à environ 7000 mètres ; le tir de la pièce AV de notre chalutier était excellent, remarquable à la fin, lui a dit le Commandant de la Marine à Dakar qui a cru qu’il avait un télémètre. Bref, subitement, l’ennemi a cessé le feu, montré l’AR et fui vers le large. L’EDMOND RENE l’a poursuivi à toute vitesse, le cap sur lui ; malheureusement cela équivaut à peine à 9 nœuds. Le sous-marin marchait vite, car la hausse de 7000 mètres a passé en quelques minutes à la hausse à bloc, les coups devenaient courts.
L’EDMOND RENE a alors cessé le feu, le sous-marin a disparu et notre chalutier a rallié le TAROUDANT près de terre.
Le sous-marin a tiré environ 40 coups. L’EDMOND RENE a bien ménagé ses munitions, il n’a tiré au total que 72 coups. Le combat a duré une heure trente.
L’EDMOND RENE n’a été aucunement touché ; il n’a reçu que des douches de gerbes des projectiles et eu une avarie légère dans son gréement de T.S.F.
Presque tous les obus ennemis éclataient dans l’eau, ce que le Commandant a très bien reconnu, car la gerbe était alors beaucoup plus large et en partie très noire, tandis qu’elle était plus mince et blanche pour les coups n’explosant pas.
Quelques schrapnells, mais rares.
L’ennemi, dans ce combat, a eu le souci de ne pas se laisser approcher à moins de 7000 mètres pour profiter de son artillerie, mais a dû fuir, peut-être touché, en tous cas en danger.
Le pointeur STROFF de la pièce avant, a été très habile.
Le maître de manœuvre ALTIERI, était au service quartier-maître électricien ; il a été mobilisé comme second-maître de manœuvre, ayant le brevet de Capitaine au cabotage ; vous l’avez promu maître de manœuvre temporaire sur ma proposition pour les services rendus pendant la mise en place du barrage d’Agadir. Il est intérimaire ; le Commandant titulaire est en permission.
Le second de l’EDMOND RENE et le chef de la machine sont des quartiers-maîtres.
Le Commandant m’a rendu compte du beau sang-froid et de l’entrain de tout l’équipage.
Signé : de CACQUERAY
Source : Livre d'or de la Marine - Guerre 14/18
Cordialement
Gilbert
Chalutier
1 citation à l’Ordre de l’Armée
Le chalutier EDMONT RENE, de la division navale du Maroc, sous le commandement intérimaire du maître de manœuvre ALTIERI, a eu un engagement avec un sous-marin allemand, le 8 janvier 1918.
Texte de la citation à l’Ordre de l’Armée
(Journal officiel du 8 avril 1918)
« Le chalutier EDMOND RENE : sous le commandement intérimaire du maître de manœuvre temporaire ALTIERI (Pierre-Dominique) ; Bastia, 295, a livré combat à un croiseur submersible avec un esprit d’offensive remarquable et a contraint l’ennemi à la fuite ».
Extraits des rapports du Capitaine de Vaisseau de CACQUERAY, chef de la division navale du Maroc.
L’EDMOND RENE, commandé intérimairement par le maître de manœuvre ALTIERI, était en patrouille près du Cap Juby, le 7 janvier 1918, lorsqu’il reçut l’ordre d’aller au secours du vapeur OUED SEBOU attaqué par un croiseur submersible ennemi.
Le 8 au matin, il entend une violente canonnade vers le large aux environs du faux cap Bojador. Il se précipite et reconnaît le chalutier TAROUDANT aux prises avec un sous-marin ennemi. TAROUDANT était encadré par les obus. Le sous-marin s’éloigna dès la jonction de l’EDMOND RENE avec le TAROUDANT.
Combat de l’EDMOND RENE :
Cette affaire, après l’interrogatoire serré du maître de manœuvre ALTIERI, me paraît très bien et conduite avec un sang-froid remarquable.
L’EDMOND RENE a rallié au canon le matin, quand le TAROUDANT était attaqué, mais n’a pas eu à agir ; dès qu’il est survenu, l’ennemi a pris le large. C’est alors que les deux bâtiments sont venus s’occuper des naufragés (de l’OUED SEBOU) et le TAROUDANT a envoyé une embarcation à terre, en mettant l’EDMOND RENE en patrouille à environ deux milles au large.
Notre chalutier a vu longtemps une fumée très noire, énorme à l’horizon, sans soute le sous-marin qui, au large, avait un mauvais fonctionnement de moteur.
Les choses étaient ainsi à 13h30, la fumée s’était dissipée, quand l’EDMOND RENE vit à l’horizon poindre le kiosque et une petite masse détachée, qui était l’extrémité de l’AV. Le sous-marin se rapprochait ; peu après, il tirait à très grande distance deux coups de canon très longs qui tombèrent près de terre. Le sous-marin était au nord environ, route vers l’est. L’EDMOND RENE le prit par bâbord AV, lui coupant la route, et ouvrit le feu avec la hausse totale 8200 mètres, mais s’arrêta voyant les coups trop courts et continua sa route de rapprochement, tâtant l’ennemi jusqu’à ce qu’il l’eût encadré, s’en trouvant à environ 7500 mètres.
Le tir de l’ennemi était précis, les obus tombaient entre 20 et 100 mètres du bord, bons en direction, sauf de très rares exceptions. Le maître-Commandant se rendit compte de l’avantage qu’il avait du fort soleil et de celui de se profiler sur la terre et manœuvra pour ne se présenter qu’en pointe, utilisant surtout sa pièce avant et parfois sa pièce arrière.
A un moment, l’ennemi gêné par le soleil sans doute, vira du côté du large et repris le feu en faisant route vers l’ouest. L’EDMOND RENE fit de même et reprit sa route de rapprochement en le tenant par tribord. Le combat continuait ainsi, à environ 7000 mètres ; le tir de la pièce AV de notre chalutier était excellent, remarquable à la fin, lui a dit le Commandant de la Marine à Dakar qui a cru qu’il avait un télémètre. Bref, subitement, l’ennemi a cessé le feu, montré l’AR et fui vers le large. L’EDMOND RENE l’a poursuivi à toute vitesse, le cap sur lui ; malheureusement cela équivaut à peine à 9 nœuds. Le sous-marin marchait vite, car la hausse de 7000 mètres a passé en quelques minutes à la hausse à bloc, les coups devenaient courts.
L’EDMOND RENE a alors cessé le feu, le sous-marin a disparu et notre chalutier a rallié le TAROUDANT près de terre.
Le sous-marin a tiré environ 40 coups. L’EDMOND RENE a bien ménagé ses munitions, il n’a tiré au total que 72 coups. Le combat a duré une heure trente.
L’EDMOND RENE n’a été aucunement touché ; il n’a reçu que des douches de gerbes des projectiles et eu une avarie légère dans son gréement de T.S.F.
Presque tous les obus ennemis éclataient dans l’eau, ce que le Commandant a très bien reconnu, car la gerbe était alors beaucoup plus large et en partie très noire, tandis qu’elle était plus mince et blanche pour les coups n’explosant pas.
Quelques schrapnells, mais rares.
L’ennemi, dans ce combat, a eu le souci de ne pas se laisser approcher à moins de 7000 mètres pour profiter de son artillerie, mais a dû fuir, peut-être touché, en tous cas en danger.
Le pointeur STROFF de la pièce avant, a été très habile.
Le maître de manœuvre ALTIERI, était au service quartier-maître électricien ; il a été mobilisé comme second-maître de manœuvre, ayant le brevet de Capitaine au cabotage ; vous l’avez promu maître de manœuvre temporaire sur ma proposition pour les services rendus pendant la mise en place du barrage d’Agadir. Il est intérimaire ; le Commandant titulaire est en permission.
Le second de l’EDMOND RENE et le chef de la machine sont des quartiers-maîtres.
Le Commandant m’a rendu compte du beau sang-froid et de l’entrain de tout l’équipage.
Signé : de CACQUERAY
Source : Livre d'or de la Marine - Guerre 14/18
Cordialement
Gilbert