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Re: ITALIA Armement Gory

Publié : dim. janv. 03, 2010 11:13 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

ITALIA

Vapeur lancé le 22 Mars 1898 aux chantiers Tecklenborg de Geestermunde pour un armement allemand sous le nom de HANS.
Vendu à un armement argentin et rebaptisé ITALIA en 1907.
Racheté (probablement en 1916) en Argentine par l’armateur GORY, sis 32 rue de Londres à Paris et possédant des agences à Bordeaux et Buenos Aires.
Pavillon français.

Caractéristiques


627 tx JB
Longueur 62 m
Largeur 9,9 m
Deux hélices.
Ce cargo semble avoir été un navire de rivière à fond plat et faible tirant d’eau.

Image

La perte de l’ITALIA

Arrive d’Amérique du Sud après une traversée interminable. Dernières escales Buenos Aires, Pernambouc, Dakar et Lisbonne. Fait route sur Bordeaux.

Le 22 Septembre 1917 à 06h45 se trouve à 11 milles au NW du cap Ortégal, route au S 60 E à 4 nœuds, sans zigzaguer. Malgré les demandes répétées du chef mécanicien ORUE qui supplie le capitaine de naviguer au ras de la côte, sur les petits fonds, vu le faible tirant d’eau du navire, celui-ci a préféré rester toujours au large.

Vent d’est. Mer assez forte. Horizon gras.

Un sous-marin est aperçu à 10000 m par 45° tribord, faisant route N30E et arborant sur le kiosque le pavillon de la marine de guerre allemande. Il tire un coup de canon sans toucher le vapeur. Bien qu’il porte ce pavillon et passe sur bâbord, le capitaine, qui dormait dans la chambre de veille et n’a pas entendu le coup de canon, prévenu par le second, refuse tout d’abord de reconnaître un sous-marin.
Mais l’ITALIA marche à si petite vitesse que 13 hommes de l’équipage sautent dans une embarcation et prennent le large. Ils sont hélés par le sous-marin, l’accostent et montent à bord.
Les Allemands embarquent alors dans le canot et viennent à bord de l’ITALIA qu’ils visitent, et envoient sur le sous-marin les hommes restés sur le vapeur. Puis ils organisent un va-et-vient entre les deux bâtiments, emportant vivres, effets, montres et tout ce qui a une valeur quelconque.

Ils placent deux bombes sur le vapeur, une à l’avant et une à l’arrière et celui-ci coule à 13h30.

Au dernier voyage, l’équipage est remis dans le canot et le youyou avec un jour de vivres et abandonné à son sort.
Il fait route sur Bilbao et, chemin faisant, croise le vapeur espagnol ADELINA qui les dépose à Gibraltar le 25 Septembre.
(Nota : ce vapeur de 3945 t lancé à Glasgow en 1914 naviguera jusqu’en Octobre 1969 quand il sera démoli à Aviles)

Le 27 Septembre à 16h30 les hommes de l’équipage sont embarqués sur le patrouilleur français BROCHET, à l’exception du capitaine, du chef mécanicien, du maître d’équipage et d’un matelot qui refusent énergiquement de suivre les autres.

Description du sous-marin

50 à 60 m de longueur. 8m de largeur. Déplacement 400 tx.
1 canon de 105 mm sur l’avant du blockhaus
1 antenne allant de l’avant à l’arrière par dessus le blockhaus
Le capitaine a visité la salle des machines comportant deux moteurs de 300 cv chacun.
Un tube lance-torpille à l’arrière avec une torpille à poste et une torpille de rechange.
Peinture grise très propre.
Deux grands yeux très bien peints à l’avant, à Bd et Td, pour lui donner l’apparence d’une baleine. D’ailleurs il a effectivement une apparence très accusée de baleine.
26 hommes d’équipage. Sur leurs bonnets on peut lire les chiffres « 8 . 2 »
Le commandant parlait un peu français et l’ingénieur mécanicien un peu anglais. Le commandant a demandé avec insistance s’il n’y avait pas d’Anglais à bord et qui étaient les deux Français embarqués sur l’ITALIA. On lui a répondu que les deux Français étaient des passagers et que l’un d’eux (le matelot) était rapatrié malade. Cette réponse a donné satisfaction au commandant qui a alors parlé de choses et d’autres.
Il a dit au capitaine qu’il avait quitté Héligoland avec trois autres sous-marins et, qu’en même temps que lui d’autres grands sous-marins avaient appareillé pour l’Atlantique. Il était passé par les Scilly et patrouillait entre Gibraltar et le cap Finisterre.
Il avait coulé un vapeur norvégien transportant du charbon pour l’Italie, ainsi qu’un voilier dans le golfe de Huelva.

Notes de l’officier enquêteur

L’officier enquêteur déclare que le capitaine de l’ITALIA ne s’est pas présenté avec son équipage. Il a été arrêté à Hendaye, gagnant Bordeaux par voie ferrée. Sa déposition embarrassée ne colle pas du tout avec celle de son second. Il se loue, non sans fatuité, des procédés du commandant allemand qui lui a fait visiter son sous-marin et lui a donné avec complaisance plein de renseignements.
L’officier souhaiterait interroger le représentant de l’armateur GORY, Monsieur PICHON, resté à Gibraltar, pour avoir des précisions permettant de comprendre l’attitude du capitaine qui a été traité avec une bienveillance particulière par le commandant du sous-marin. Il lui a même laissé sa montre et sa chaîne de veste, alors que les autres marins ont été dépouillés.

Il demande l’inscription du capitaine Eusebio Zaraus sur la liste des suspects.

En ce qui concerne le chef mécanicien Angel ORUE, sa déposition n’apporte rien d’intéressant. Il confirme que la chaudière tribord a eu un coup de feu et que les deux foyers se sont affaissés. On n’a pu réparer ni à Pernambouc, ni à Dakar, faute de moyens. La coque était si sale que la traversée Pernambouc-Dakar-Lisbonne s’est effectuée à une vitesse variant entre 1 et 3 nœuds sur une seule chaudière.
C’est à Lisbonne qu’on a pu réparer. Mais avec deux chaudières et à vitesse maximum, le navire ne dépassait pas 4,5 nœuds.
« J’ai peine à comprendre, déclare l’officier enquêteur, comment il a fallu 42 jours pour mal réparer une chaudière avariée et n’arriver, après cette réparation, qu’à filer péniblement 4 nœuds à vitesse maximum » !

Conclusion de la commission d’enquête

La commission constate que l’absence du capitaine et du chef mécanicien pendant l’enquête ne permet pas de tirer des conclusions nettes.
Le second capitaine Georg DAHL est un officier finlandais qui a embarqué à Lisbonne à peine trois semaines avant l’appareillage. Il parle finlandais, très bien suédois, un peu allemand, mais ni anglais, ni français. De ce qu’il a bien voulu péniblement dire, on n’a rien pu tirer de probant.
Les histoires des hommes de l’équipage qui se sont décidés à parler n’ont apporté aucune clarté à l’interrogatoire de DAHL.

Quoi qu’il en soit, qu’il y ait eu ou non complicité du capitaine qui avait reçu ses instructions de route à Dakar, mais les aurait brûlées, il est clair que l’ITALIA ne marchait pas et était condamné à la première rencontre avec un sous-marin.

La commission suit les conclusions de l’enquête et propose l’inscription du capitaine ZARAUS sur la liste des suspects.

Le sous-marin attaquant


C’était l’UC 63 du KL Karsten von HEYDEBRECK.

Le vapeur norvégien chargé de charbon qu’il a déclaré avoir coulé pourrait être en réalité le vapeur italien COSTANZA, 2545 t, qui effectuait une traversée de la Tyne à Livourne avec du charbon et avait été coulé le 14 Août précédent près du bateau-feu d’Inner Dowsing.

Mais il ne semble pas qu’il ait coulé un voilier dans la baie de Huelva (à moins qu’Yves n’ait d’autres informations à ce sujet)

En revanche, le surlendemain il enverra par le fond les deux grands voiliers français EUROPE et PERSEVERANCE (voir fiches de ces navires) suivis du vapeur DINORAH (fiche à venir).

L’UC 63 sera torpillé par le sous-marin anglais E 52 le 1 Novembre 1917 et disparaitra en Manche avec presque tout son équipage (1 seul rescapé).

Conclusion


De toute évidence, l’armateur Gory avait acheté en Argentine ce que l’on a coutume d’appeler chez les marins du midi une c………(restons correct) disons ... un navire en fort piteux état qui, même s’il n’avait pas rencontré de sous-marin, n’aurait sans doute pas fait une longue carrière.
De plus, les hommes de l’équipage devaient avoir bien du mal à se comprendre, ce qui n’arrangeait guère les choses.

C’est typiquement le genre de navire sur lequel on regrette beaucoup d’être subrécargue :)

Cdlt

Re: ITALIA Armement Gory

Publié : dim. janv. 03, 2010 11:17 pm
par Terraillon Marc
Bonsoir,

Le navire a l'indice (2) dans la base de données

A bientot

Re: ITALIA Armement Gory

Publié : lun. janv. 04, 2010 11:00 am
par Yves D
Le vapeur norvégien chargé de charbon qu’il a déclaré avoir coulé pourrait être en réalité le vapeur italien COSTANZA, 2545 t, qui effectuait une traversée de la Tyne à Livourne avec du charbon et avait été coulé le 14 Août précédent près du bateau-feu d’Inner Dowsing.
A moins qu'il n'y ait confusion avec le norvégien Luna torpillé le même jour à une quinzaine de milles du bateau-feu de Humber (il ne coulera pas mais sera échoué et remis à flot). L'un et l'autre cas remontant à une patrouille précédente c'est bien possible.
Mais il ne semble pas qu’il ait coulé un voilier dans la baie de Huelva (à moins qu’Yves n’ait d’autres informations à ce sujet)
Je n'ai rien sur ce voilier.

Cdlt
Yves

Re: ITALIA Armement Gory

Publié : sam. janv. 09, 2010 7:51 pm
par kgvm
"Hans" was built for G. J. H. Siemers & Co., Hamburg. Sold to Argentina in 1901, name unchanged. 1905 Argentinean "Italia".
River craft? Don't think so, draught 3,42 m!