Re: SAINT SAUVEUR Goélette
Publié : mar. nov. 03, 2009 1:00 pm
Bonjour à tous,
SAINT SAUVEUR
Voici le rapport de mer du capitaine du SAINT SAUVEUR
« Je soussigné, DUVAL Eugène Joseph Marie, capitaine de la goélette SAINT SAUVEUR, armateur Joseph Leddet Chaix de Saint Brieuc, jaugeant en douane 116 tx, six hommes d’équipage, déclare avoir pris à Charlestown, côte sud anglaise, un plein et entier chargement de kaolin en sacs et en vrac à destination de Nantes.
Quitté Charlestown le 21 Février 1917 à 15h00, par grosse brise de NNW, toutes voiles hautes.
Le 22 Février à 08h00 du matin, l’homme de vigie signale un vapeur à 8 milles par tribord, laissant échapper la vapeur par ses soupapes. J’en conclus de suite qu’il est arraisonné par un sous-marin.
La goélette n’a pas grande vitesse, mais j’essaie de m’écarter de la route en venant sur bâbord.
Me trouvant plein vent arrière, le phare de l’avant est déventé. N’étant plus appuyé par sa voilure, le navire ne marche que lentement et roule de plus en plus.
Je continue, croyant n’être plus en vue du sous-marin. Malheureusement, à 08h15, nous le vîmes se diriger sur nous et, à 09h12 exactement, il tira un coup de canon suivi de 4 coups successifs. Il ne restait qu’une chose à faire, se rendre.
Je fais amener la fortune, hâler bas tous les focs, brasser le hunier sur le mât, border la grand voile et mettre la barre à bloc dessous. Le navire vient bout à la lame, bien balancé par sa voilure et sa barre et reste stationnaire. Nous mettons le canot à la mer avec les provisions que je crois nécessaires. Je fais embarquer l’équipage, en commençant par le mousse. Sur ordre de son commandant, nous nous rendons à bord du sous-marin. Le mousse et le novice Riou sont embarqués sur le sous-marin et moi, capitaine, ainsi que les trois autres marins sommes contraints d’emmener sur la goélette deux hommes avec deux bombes. A bord, il prennent un sac de pommes de terre, 10 kg de sucre et un vieux fusil qui me servait pour chasser en mer, avec 25 cartouches pour ce fusil, plus quelques autres choses. Puis, nous les ramenons à leur bord et reprenons nos deux jeunes gens.
Mon navire a coulé à 10h07, après l’explosion des deux bombes.
A 10h12, le sous-marin nous a laissé libres de faire route vers la terre. Nous étions par 49°00 N et 07°17 de longitude ouest du méridien de Paris.
J’ai fait route sur la Vierge, car le flot nous était favorable. J’ai rentré à l’Aber Wrach le 23 Février à 00h30, l’équipage en bonne santé, mais très fatigué, ayant été obligé, par le vent qui faiblissait de plus en plus, de nager avec les avirons. Nous avons perdu la totalité de nos effets.
L’Aber Wrach, 23 Février 1917
Signé Duval
PS : les papiers du bord n’ont pu être sauvés.
Le sous-marin attaquant
C’était l’UC 17 du KL Ralph Wenninger.
Le vapeur coulé avant SAINT SAUVEUR était le norvégien AJAX, 1468 t, construit à Sandefjord et armé par Nils Thorvik, de Christiania. Il se rendait de Rufisque à Liverpool avec une cargaison de café en grains. Il n'y eût pas de victimes.
Nous avons déjà croisé cet officier à propos des grands voiliers LAROCHEJACQUELEIN, coulé le 15/11/16 et L’HERMITTE endommagé le 16/05/17.
Wenninger sera fait prisonnier de guerre après que son sous-marin, l’UB 55, ait sauté sur une mine le 22 Avril 1918. Sept hommes de l’équipage survivront avec lui.
Il deviendra plus tard général dans la Luftwaffe et trouvera la mort le 10 Mars 1945 en Italie.
Cdlt
SAINT SAUVEUR
Voici le rapport de mer du capitaine du SAINT SAUVEUR
« Je soussigné, DUVAL Eugène Joseph Marie, capitaine de la goélette SAINT SAUVEUR, armateur Joseph Leddet Chaix de Saint Brieuc, jaugeant en douane 116 tx, six hommes d’équipage, déclare avoir pris à Charlestown, côte sud anglaise, un plein et entier chargement de kaolin en sacs et en vrac à destination de Nantes.
Quitté Charlestown le 21 Février 1917 à 15h00, par grosse brise de NNW, toutes voiles hautes.
Le 22 Février à 08h00 du matin, l’homme de vigie signale un vapeur à 8 milles par tribord, laissant échapper la vapeur par ses soupapes. J’en conclus de suite qu’il est arraisonné par un sous-marin.
La goélette n’a pas grande vitesse, mais j’essaie de m’écarter de la route en venant sur bâbord.
Me trouvant plein vent arrière, le phare de l’avant est déventé. N’étant plus appuyé par sa voilure, le navire ne marche que lentement et roule de plus en plus.
Je continue, croyant n’être plus en vue du sous-marin. Malheureusement, à 08h15, nous le vîmes se diriger sur nous et, à 09h12 exactement, il tira un coup de canon suivi de 4 coups successifs. Il ne restait qu’une chose à faire, se rendre.
Je fais amener la fortune, hâler bas tous les focs, brasser le hunier sur le mât, border la grand voile et mettre la barre à bloc dessous. Le navire vient bout à la lame, bien balancé par sa voilure et sa barre et reste stationnaire. Nous mettons le canot à la mer avec les provisions que je crois nécessaires. Je fais embarquer l’équipage, en commençant par le mousse. Sur ordre de son commandant, nous nous rendons à bord du sous-marin. Le mousse et le novice Riou sont embarqués sur le sous-marin et moi, capitaine, ainsi que les trois autres marins sommes contraints d’emmener sur la goélette deux hommes avec deux bombes. A bord, il prennent un sac de pommes de terre, 10 kg de sucre et un vieux fusil qui me servait pour chasser en mer, avec 25 cartouches pour ce fusil, plus quelques autres choses. Puis, nous les ramenons à leur bord et reprenons nos deux jeunes gens.
Mon navire a coulé à 10h07, après l’explosion des deux bombes.
A 10h12, le sous-marin nous a laissé libres de faire route vers la terre. Nous étions par 49°00 N et 07°17 de longitude ouest du méridien de Paris.
J’ai fait route sur la Vierge, car le flot nous était favorable. J’ai rentré à l’Aber Wrach le 23 Février à 00h30, l’équipage en bonne santé, mais très fatigué, ayant été obligé, par le vent qui faiblissait de plus en plus, de nager avec les avirons. Nous avons perdu la totalité de nos effets.
L’Aber Wrach, 23 Février 1917
Signé Duval
PS : les papiers du bord n’ont pu être sauvés.
Le sous-marin attaquant
C’était l’UC 17 du KL Ralph Wenninger.
Le vapeur coulé avant SAINT SAUVEUR était le norvégien AJAX, 1468 t, construit à Sandefjord et armé par Nils Thorvik, de Christiania. Il se rendait de Rufisque à Liverpool avec une cargaison de café en grains. Il n'y eût pas de victimes.
Nous avons déjà croisé cet officier à propos des grands voiliers LAROCHEJACQUELEIN, coulé le 15/11/16 et L’HERMITTE endommagé le 16/05/17.
Wenninger sera fait prisonnier de guerre après que son sous-marin, l’UB 55, ait sauté sur une mine le 22 Avril 1918. Sept hommes de l’équipage survivront avec lui.
Il deviendra plus tard général dans la Luftwaffe et trouvera la mort le 10 Mars 1945 en Italie.
Cdlt