Bonjour à tous,
EUGENE SCHNEIDER
Trois-mâts barque du type AMIRAL COURBET, lancé le 5 Avril 1902 pour la Société de Navigation Française qui devint plus tard la Société Nouvelle d’Armement et avant la guerre la Société Générale d’Armement. Immatriculé à Nantes.
Caractéristiques
Bâtiment à coffre
2218 tx JB environ 3000 tpl
Longueur 84,70 m Largeur 12,26 m Creux 6,89 m TE pleine charge 6,20 m
Cabestans à double couronne sur la dunette, permettant de hisser plus facilement les vergues du phare arrière.
Voici l’EUGENE SCHNEIDER photographié en 1902 (source Picture Australia)
Histoire
Pris au neuvage par le capitaine au long cours Mahé. Les commandants suivants furent les CLC Robard, Le Meilleur qui le commanda de nombreuses années et Govys, qui disparût avec le navire.
Le 22 Septembre 1910, au cours d’une traversée Liverpool – Callao avec un chargement de charbon, sous les ordres du capitaine Le Meilleur, le navire franchit le détroit de Lemaire et le cap Horn fut en vue. Les vents étant à l’ouest, il commença à louvoyer. C’est alors qu’une fumée fut aperçue, s’échappant du panneau avant. Le feu avait pris dans la cargaison. Il fut impossible de l’éteindre et la mer devenant mauvaise, le capitaine décida d’aller relâcher à Port Stanley (Iles Malouines/Falklands). Mais le 28 Septembre au soir, le vent sauta au SW et se mit à souffler en furie. Les hommes, à moitié asphyxiés par les fumées, devaient arroser en permanence la cale où la température atteignait 70°. Le capitaine décida de remonter en fuite sur Montevideo qu’il atteignit le 12 Octobre au soir, après un combat acharné contre le feu. Le navire fut échoué sur les vases de la rade, et il fallut le couler pour venir à bout de l’incendie.
Toutefois, les assureurs purent vendre la cargaison et le navire fut remis en état. Le sinistre avait coûté 112 000 f de l’époque.
L’équipage avait cependant montré, une fois de plus, dans des circonstances dantesques, quel type d’hommes étaient ces marins cap-horniers !
EUGENE SCHNEIDER traversa toute la Grande Guerre sans dommages.
Après le conflit, il fut l’un des rares grands voiliers à ne pas être désarmé et fut affecté au transport de bois de côte d’Afrique.
Dans la nuit du 24 au 25 Décembre 1926, (« nuit toujours redoutée des marins » précise le capitaine Lacroix) remontant de Manora sur Gand avec une cargaison de grumes lourdes (non flottantes), EUGENE SCHNEIDER était en Manche, par beau temps clair, tous feux allumés, à 30 milles au sud de Portland.
C’est alors que le vapeur anglais BURUTU, qui avait quitté Anvers le 22 pour l’Est africain, vint l’aborder par le travers du grand roof. Enfoncé comme un coin dans la coque du voilier, le vapeur le maintint à flot quelques instants et quatre hommes, les matelots Cariou, Huiban, Huet et Le Bihan, réussirent à sauter sur le BURUTU. Puis celui-ci fit arrière et se dégagea. Le voilier coula en moins d’une minute avec tout le reste de l’équipage. Le capitaine, resté à son poste avait juste eu le temps de crier « Sauvez-vous, sauvez-vous mes enfants ! »
Aucun marin ne fut repêché. Le matelot Cariou (dont le frère avait disparu dans le naufrage) précisa que l’équipage anglais de quart sur le vapeur semblait ahuri, ne comprenant pas ce qui s’était passé, et n’avait même pas trouvé le moindre cordage ou la moindre bouée à lancer aux malheureux. La bière avait dû couler à flots en cette nuit de Noël….
Sources : Lacroix, Randier et divers
Cdlt