Bonjour à tous,
Un complément avec le torpillage qui a provoqué la mort des marins répertoriés au début de la fiche.
Torpillage du 10 Juin 1918
Correction à la liste : lire LEDARD Jean QM Canonnier au lieu de LE VEY Yves
Lire LE VEY Yves soutier au lieu de LE VRY
Rapport du capitaine
Navire affrété en time-charter par le service des poudres.
Quitté Rouen le 8 Juin 1918 à 04h00 et mouillé sur rade du Havre à 10h45.
Appareillé le 9 Juin à 08h15 pour Swansea et fait route en convoi jusqu’à 20h50 quand le chalutier de tête hisse le signal « Continuez à faire route « et nous quitte.
Brise fraîche d’WNW.
Doublé Portland Bill le 10 Juin à 00h50. Fort grain de pluie de 02h40 à 03h00. Je suis dans la chambre des cartes. Le feu de poupe est resté allumé.
A 03h30, alors que nous sommes par 50°38 N et 02°50 W, au large de Bridport dans Lyme Bay, forte explosion. Je monte de la chambre de veille sur la passerelle. Le 2e capitaine, de quart, me dit que l’arrière du bateau vient de sauter et que nous sommes désemparés. Le chef mécanicien vient à la passerelle et me dit que l’hélice doit être brisée car la machine s’est emballée. Il me confirme que l’arrière a sauté, mais que l’eau ne pénètre pas dans la machine. Il y a trois navires sur l’avant et deux sur bâbord, qui continuent leur route.
Envoyé le signal de détresse. Fait revêtir les brassières de sauvetage et larguer les saisines des embarcations. Je me rends à l’arrière, mais ne peux aller plus loin que le panneau 3 à cause des débris. Personne ne répond à mes appels
Le matelot Guernigou, de veille sur l’avant, aperçoit alors le sous-marin, une forme noire et indistincte que je vois aussi.
Craignant une 2e torpille, je fais embarquer le 2e capitaine et son armement dans le canot bâbord qui est affalé à la mer. Le chef mécanicien embarque avec les papiers et le reste du personnel dans le canot tribord qui reste prêt à déborder. Je reste à bord avec le TSF pour continuer à envoyer des messages. Puis nous quittons le navire qui gîte sur bâbord à 03h50 et restons à proximité.
Le navire continuant à flotter et rien ne se produisant, remonté à bord à 04h40. Nous découvrons le lieutenant Poriel, par le travers du panneau 3 ; il est étendu le crâne ouvert et la mâchoire fracassée. Il est mort. Le canonnier Dubos est grièvement blessé. Aucune trace du QM canonnier Ledard, chef de section. Ces trois hommes étaient de veille sur l’arrière.
Vers 04h45, deux chalutiers approchent. Je demande au porte-voix au chalutier MIGRA (nota : nom incertain) de prendre une remorque. Opération réussie à 05h45. Hissé l’embarcation bâbord. Celle de tribord reste à la mer, remorquée par un chalutier. Constaté que l’eau monte dans la cale arrière. Désaccouplé l’arbre au niveau du tourteau situé près de la butée. La pompe de cale peut ainsi être entraînée.
A 08h10, pris le remorqueur PILOT devant Portland. Entré à Portland à 09h40, mouillé à 10h00 ; changé de mouillage à 11h00. Demandé une pompe car le navire donne une forte bande sur bâbord.
Je tiens à signaler que j’ai été secondé de façon remarquable par l’état-major et par le TSF. Ce dernier a quitté le bord avec moi et est remonté à bord le premier. Equipages militaire et commercial se sont très bien conduits et ont été très dévoués. Evacuation sans panique et seulement sur ordre.
Rapport de l’officier enquêteur
Reprend dans les mêmes termes le déroulement des évènements. Il signale que la torpille a atteint le navire aux environs du gouvernail. Tout l’arrière a été enlevé sur 25 m jusqu’à la cloison de la cale 4.
Hélice, gouvernail et canon arrière ont disparu. Le lieutenant, le chef de section et un canonnier qui servaient ce canon arrière ont été tués.
Capitaine et équipage se sont bien comportés donnant l’exemple du sang froid et de la discipline. Evacuation justifiée. Papiers confidentiels jetés à la mer.
Il signale tout particulièrement l’attitude courageuse du matelot TSF Prigent.
Récompenses
Citation à l’Ordre de la Brigade
PENEAU Louis Capitaine au Long Cours Commandant
« Lors du torpillage de son bâtiment, a manifesté de belles qualités de sang froid et d’énergie. N’a évacué qu’au dernier moment, puis est remonté à bord pour diriger le sauvetage du navire. »
Citation à l’Ordre du Régiment
PRIGENT Léopold Matelot TSF
« Lors de l’attaque du bâtiment, a montré de belles qualités d’énergie et de courage. N’a évacué qu’au dernier moment et est remonté le premier à bord. »
Témoignage Officiel de Satisfaction
Equipage du SAINT BARTHELEMY
« A fait preuve de sang froid, de discipline et d’énergie lors de l’attaque de son bâtiment par un sous-marin et a ainsi grandement contribué au sauvetage du navire. »
Le sous- marin attaquant
C’était l’UC 77 de l’ OL Johannes RIES.
L’ UC 77 sautera sur une mine le 14 Juillet 1918 au large de la côte des Flandres et coulera avec tout son équipage (30 hommes). Son épave aurait été localisée dans l’ouest de Fairy Bank.