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Re: Torpilleur 355 - Marine Nationnale

Publié : ven. août 07, 2009 7:37 pm
par dbu55
Bonjour à toutes et à tous,

Un marin du Torpilleur 355 mort pour la France :

BOUGÈRE Emile né le 03/11/1871 à Lorient (Morbihan), Maître Mécanicien - Décédé le 30/07/1915 (43 Ans) à l'hôpital Militaire de Rosendaël (Aujourd'hui Dunkerque - Nord) de Congestion Pulmonaire contractée en service dans la machine du T 355 pour réparrer une avarie

Cordialement
Dominique

Re: Torpilleur 355 - Marine Nationnale

Publié : jeu. nov. 10, 2011 11:08 pm
par Rutilius

Bonsoir à tous,


Torpilleur 355, Journal de bord – 17 avr. / 10 juill. 1918 –, Rapports et procès-verbaux divers : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 581, p. num. 157.


« Rapport concernant le torpillage du vapeur " Bayonnaise "


Le convoi formé par les vapeurs de charge Bayonnaise (français) et Canadian (anglais) parti de Messine pour Corfou, le 6 juin, à 18 h 30, a été attaqué par un sous-marin ennemi le 7 juin vers 3 h 30 (Tm. Gr.) par environ L. 37° 56’ N. ~ G. 16° 31. E.
Les ordres reçus au départ de Messine sont les suivants :
— Du Délégué des routes : jour et heure de mise en marche ; formation et vitesse du concoi ; numéros tactiques de chaque bâtiment ; routes à suivre jusqu’à Corfou ; renseigne-ments sur les allos signalés ;
— Par
[le] Chef d’escorte : Le 355 devait se tenir en éclaireur en avant du convoi, de jour, à 4 ou 5 milles, de nuit, à distance de visibilité. En cas d’alerte, la signaler : 1° - En ouvrant le feu ; 2° - En lançant deux fusées rouges, si l’alerte avait lieu par mon bâbord ; 3°- En lançant deux fusées blanches, si l’alerte avait lieu par mon tribord ; 4° - Une fusée rouge et une blanche, si l’alerte avait lieu droit devant, et prévenir ensuite, aussitôt que possible, l’Hiver par T.S.F. en employant les signaux du C.B. 585. Les routes à signaler magnétiques et l’heure à employer, celle de Greenwich.
Au moment de l’attaque, le convoi était formé en ligne de front ; la Bayonnaise à droite, Canadian à gauche ; l’Hiver à droite de la Bayonnaise, Marguetite-II à gauche
[du] Canadian ; la distance entre les bâtiments était de 500 mètres environ. Le 355 était placé en avant du convoi, en éclaireur, à une distance de 4 milles environ au moment de l’attaque.
Aucun signal n’a été aperçu du 355.
Le 355 faisait bonne veille lorsque, vers 3 h 30, le chef de quart,
[le] second-maître de timonerie Guillo, et les hommes de veille Picol et Lavic, aperçurent simultanément la Bayonnaise entourée d’une fumée noirâtre. Le chef de quart s’étant immédiatement rendu compte que la Bayonnaise avait été torpillée, fit mettre le cap sur le bâtiment attaqué et pousser rondement la vitesse jusqu’à 200 tours (15 nds, 5) tout en rappelant aux postes de combat. Prévenu immédiatement par le timonier Picol, je pris poste sur la passerelle. En moins de deux minutes, tout le personnel était aux postes de combat, la torpille prête à lancer, le 75 prêt à faire feu, les 6 grenades réglées à 35 mètres prêtes à être mouillées. Le 355 s’approcha rapidement et évolua autour de la Bayonnaise en zigzagant, faisant ainsi varier la distance à elle de 500 à 1.000 mètres. Aucune trace de l’ennemi n’ayant été aperçue, et voyant le Canadian sans escorte à son bâbord, cessé les recherches de l’ennemi pour protéger la bâbord du Canadian, toujours en zigzaguant en grandes embardées et en marche rapide (15 nds).
4 h 15 – Diminué de vitesse ; passé à portée de voix de l’Hiver, qui me charge de transmettre l’allo. Repris poste à bâbord du Canadian. Transmis le signal de l’allo ainsi rédigé
: « Allo 3756 – 1631 – e. – 037 – sgn. ».
4 h 30 – La Bayonnaise disparaît. Le 355 ne s’est pas occupé du sauvetage, la Marguerite-II ayant été chargée à l’avance par le chef d’escorte de cette besogne.
Aucun indice de sous-marin n’a été aperçu du 355, ni avant, ni après le torpillage. L’état du temps rendait d’ailleurs difficile la vue d’un périscope : mer peu houleuse du S.-W. mais clapoteuse ; petite brise de N.-E ; horizon bouché ; petite pluie fine de peu de durée.
Au moment de l’attaque, la Bayonnaise nous a paru avoir lancé à droite et le Canadian à gauche, faisant un tour complet pour passer au Sud de la Bayonnaise ; c’est à ce dernier moment que le 355 a quitté la recherche de l’ennemi pour protéger le Canadian.
Vers 7 h 30, la Marguerite-II rallie le convoi. L’Hiver signale au 355 que tout le monde est sauvé.
8 h 20 – L’Hiver signale par pavillon O. de reprendre la formation du convoi. Augmenté de vitesse pour reprendre poste en avant du convoi.
8 h 30 – Aperçu un convoi venant à contre-bord, escorté par
[le] contre-torpilleur italien N.V. Signalé à ce dernier la position du sous-marin ennemi.
Continué la route en zigzaguant.
Le 8 juin, à 6 h 30, rencontré le torpilleur arraisonneur au N.-W. de Paxo. Pris la ligne derrière le convoi.
7 h 50 – Lâché le convoi. Pris les ordres de l’enseigne de vaisseau commandant le 363. Évolué en rade de Corfou. Rentré au mouillage de Corfou vers 12 h 30.
J’ajoute que le 355 a pris 9 tonnes de charbon à bord de la Bayonnaise, par ordre du chef d’escorte, le 5 juin dans le port de Milazzo, lors de la relâche du convoi dans ce port, pendant la traversée de Bizerte à Messine.

Bord, Corfou, le 10 juin 1918.

Le premier-maître, commandant le 355,


Signé : Baillet . »

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Bien amicalement à vous,
Daniel.