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Re: Entre les lignes...

Publié : ven. mars 23, 2007 11:15 pm
par A Malinowski
VIe armée
5e groupe de D.R.
Q.G. le 28 octobre 1914
Compte-rendu de renseignements.

Le réserviste Bige du 2ème Zouaves (45ème compagnie, 12ème bataillon) a été rencontré à Couvrelles, le 25 octobre par une patrouille du régiment marocain.
Cet homme a fait la déclaration suivante :
Son bataillon est arrivé le 12 septembre à Soissons, le lendemain vers 8 heures, il est dirigé sur Crouy, mais sur la route, à la suite d’une violente canonnade, quelques éléments fléchissent et de replient jusqu’au pont de Soissons. Là, un médecin aide-major, envoie le Zouave Bige porter un compte-rendu au médecin major à Crouy. Le Zouave accomplit sa mission et apprend que sa compagnie s’est dirigée sur les pentes boisées au nord-ouest de Crouy. Il cherche à la joindre, s’égare dans la nuit et tombe aux mains de l’ennemi.
Il passe la nuit dans une tranchée, d’où on le conduit, le lendemain, à la pointe du jour dans un village voisin. Le soir, à 22 heures, il est mis en route avec le 79ème régiment d’infanterie. Après trois étapes, qui ont toujours eu lieu la nuit, il arrive à Saint-Quentin. Il est aussitôt incarcéré dans un sous-sol avec deux cavaliers du 12ème Dragons, un cavalier du 6ème Chasseurs d’Afrique et deux hommes du 246ème d’infanterie.
Le lendemain matin, s’étant déclaré malade et souffrant de dysanterie, il est frappé par un médecin et ses aides. Ensuite, on le fouille, et comme on trouve sur lui un carnet de notes où sont soulignés en termes ironiques, les affaires de Barcy et d’Etrepilly, il est roué de coups. Cet incident interrompt, d’ailleurs, la fouille, ce qui lui permet de conserver son portefeuille contenant 300 francs, son porte-monnaie, sa montre et son couteau.
Le même jour, on lui apporte un fusil français approvisionné et on lui commande de le désapprovisonner, sur son refus, il est attaché, les pieds liés aux mains, dans la position accroupie et reste ainsi pendant 11 jours.
Au bout de cette période, il est, ainsi que ces cinq compagnons, emmené avec la 15ème artillerie sur Laon, où il arrive après trois nuits de marche, on l’enferme dans les sous-sols de la Préfecture.
Le 18 octobre, on leur apprend qu’ils seront bientôt dirigés sur Alost et la Pologne. Il décide ses compagnons à tenter une évasion.
Il s’évade, le 20 octobre, avec ses deux camarades du 246ème par un soupirail dont il descelle un barreau. Le lendemain, il se sépare de ses compagnons qui lui semblent manquer d’énergie. après trois marches de nuit, il traverse le canal de l’Oise à l’Aisne, un peu à l’Est d’Anizy-le-Château. Le cinquième jour, il arrive sur l’Aisne, qu’il passe à la nage, de nuit, entre Condé et Missy-sur-Aisne et arrive, le 26, à Couvrelles, où il est rencontré, le lendemain par une patrouille marocaine.
Personnellement, je crois à la sincérité des déclarations de ce Zouave, il est incontestable qu’il a été à Laon, les détails qu’il donne de son évasion le prouvent aux yeux de celui qui connaît la ville.
On peut recouper, sur la carte, l’itinéraire qu’il a suivi pour rejoindre la région où il entendait le canon.
Cet homme est dirigé sur le Q.G. de la VIème armée pour être mis à la disposition de l’Etat-Major ( 2ème bureau).
Signé : le le général commandant le groupement D.R.
P.O. le chef d’Etat-Major
CCM 06/11/2006

Re: Entre les lignes...

Publié : sam. mars 24, 2007 12:45 pm
par mounette_girl
Bonjour Invité !
Puis-je vous demander d'où vient ce compte-rendu de renseignements ?.. car il a de quoi rendre perplexe
(description du comportement d'un médecin et de ses aides, notamment)

Cordialement.
Mounette.