Bonjour à tous,
Un complément sur le naufrage du SAINT BARNABE
Liste d’équipage
Rapport du capitaine
Quitté Bizerte le 5 Octobre 1918 en convoi avec MADEIRA, escortés par les chalutiers GABRIELLA, ISOLE, BLEUET et COQ.
SAINT BARNABE, qui arrive de Bombay et fait route sur Marseille, transporte 1000 t de manganèse, 4480 t de graisse de ricin, 332 t de parafine et 30 t de gomme de laque.
A propos de MADEIRA, voir ce lien.
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas
Voici une CP de ce cargo mixte armé par le gouvernement portugais et sur lequel étaient embarqués des Français.
SAINT BARNABE, guide de navigation , suit le chenal de sécurité derrière ISOLE.
A 11h20, avarie sur l’appareil à gouverner. Fuite au télé-moteur, aisément découverte et réparée. Effectué les signaux pour indiquer que le navire est désemparé et pas maître de sa manœuvre.
Repris poste dans le convoi.
Position le 7 Octobre à midi : 38°16 N 07°24 E. Venu cap au N002E vitesse entre 5 et 7 nœuds.
Vent de NW. Mer houleuse de l’avant. Embruns sur le pont.
Le 7 Octobre à 13h00, nouvelle avarie de l’appareil à gouverner. Impossible de découvrir la fuite qui se trouve sous le château central, inaccessible à cause des marchandises. Après divers essais, embrayé la barre à vapeur à 18h35 et gouverné à partir de l’arrière, mais mal et difficilement à cause du gros temps. Signalé l’avarie au chef d’escorte par fanal à éclats à secteur réduit.
Fait tout notre possible pour tenir notre poste sur l’arrière du guide.
Voici la position des divers navires
A 19h15, par nuit noire, SAINT BARNABE est atteint par une torpille sur tribord. Signalé aussitôt par six coups de sifflet, puis en morse “Sous-marin et torpille par tribord”. Envoyé SOS, mais l’antenne étant tombée, le télégraphiste ne peut transmettre la position qui est 39°05 N et 07°24 E.
Donné l’ordre au second d’amener les embarcations et de faire embarquer le personnel, le navire s’enfonçant par l’avant. Embarqué en premier Monsieur RIVOIRE, lieutenant des troupes de terre, blessé de guerre, et son ordonnance, ainsi qu’un autre passager civil.
Fait une ronde sur l’avant avec le chef mécanicien et constaté que le pont 1 est submergé. Seul le gaillard reste hors de l’eau. La cloison étanche entre l’avant et la cale 1 a du être avariée. La mer, très houleuse, effleure la lisse. La cale 2 semble franche, mais on ne peut voir si elle s’emplit d’eau. Le navire ne pouvant plus naviguer, le personnel embarque dans les canots qui restent le long du bord.
Donné l’ordre au second, aux deux lieutenants et au chef mécanicien d’embarquer également, le 2e lieutenant avec les papiers du bord. Embarqué le dernier et écarté du bord à 20h30. Le pont 2 est alors sous l’eau et l’hélice sort de l’eau.
On ne peut que tenter un remorquage vers Carlo Forte (40 milles) ou Cagliari. A 20h45, les deux embarcations accostent le BLEUET qui a grenadé le sous-marin et patrouille autour de SAINT BARNABE.
Demandé au BLEUET et au GABRIELLA de tenter le remorquage en passant deux aussières en arbalète sur l’arrière du SAINT BARNABE. Il n’y a pas d’eau dans les machine et la dynamo fonctionne encore car les réflecteurs électriques ayant servi à l’abandon sont restés allumés sur le pont. Les commandants de ces bâtiments acceptent et je m’apprête à retourner à bord avec le second, le chef mécanicien et quatre matelots de bonne volonté : Pautremat, Magna, Desbois et Le Trocquer.
C’est alors que MADEIRA est torpillé à son tour.
Le COQ arrive à proximité et son commandant pense qu’en raison de l’état de la mer il serait plus prudent de tenter le remorquage au jour. Il accepte toutefois de venir sur l’arrière de SAINT BARNABE pour envoyer une remorque. Au moment où il contourne le couronnement, il voit une torpille, venue du voisinage, se diriger sur lui. Il ne l’évite que d’extrême justesse grâce à la promptitude de sa manœuvre, et elle passe à 1,50 m sur son arrière. Il renonce alors à passer une remorque et les chalutiers patrouillent autour du SAINT BARNABE.
Le 8 Octobre à 00h15, toutes les lumières s’éteignent subitement. Une autre torpille a du frapper le SAINT BARNABE dans le compartiment machine. Il coule à 00h40.
Je signale la bonne volonté de mes quatre matelots, ainsi que celle des commandants du COQ et du GABRIELLA qui ont tout tenté pour sauver le SAINT BARNABE. Ces tentatives étaient audacieuses vu la grosse mer et la position du navire, arrière hors de l’eau et avant entièrement immergé.
Rapport de l’officier AMBC
SAINT BARNABE portaient deux canons de 90 mm, un sur l’avant et un sur l’arrière. Le veilleur de l’arrière était auprès de sa pièce. Celui de l’avant avait été autorisé à quitter le gaillard à cause du mauvais temps et se tenait à la passerelle, prêt à se rendre instantanément à sa pièce en cas d’attaque. La veille était correcte mais personne n’a rien vu, ni sous-marin, ni torpille. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant car la nuit était très noire.
D’une façon générale, le bâtiment était bien commandé et son entraînement militaire ne laissait en rien à désirer.
Récompenses
Témoignage officiel de satisfaction
Vapeur SAINT BARNABE
Pour le sang froid et la discipline dont son état-major et son équipage ont fait preuve lors du torpillage de ce vapeur.
GABRIELLA et BLEUET
Pour l’enthousiasme et le dévouement dont les équipages de ces chalutiers ont fait preuve en secourant dans des circonstances délicates l’équipage d’un navire torpillé.
LEMEE Jacques Marie Premier maître de manœuvre Commandant du BLEUET
Pour les qulités manœuvrières et l’énergie dont il a fait preuve en portant secours dans des conditions difficiles à l’équipage d’un navire torpillé.
Nota : on constate que le COQ, qui pourtant l’avait échappé belle, n’eut pas droit au témoignage officiel de satisfaction ...
Le sous-marin attaquant
C’était l’ UB 105 de l’ OL Rudolf PETERSEN.
Il torpilla aussi le MADEIRA.
Cdlt