Bonjour à tous,
Un complément sur LES ILATTES
Chalutier à vapeur de 53 tx JN.
Armateur Oscar DAHL
Immatriculé à La Rochelle
L'orthographe figurant dans tous les rapports officiels est bien LES ILATTES, avec deux T et un seul L.
Liste d’équipage
Dépositions diverses
Outre le rapport du capitaine, intégralement repris dans les conclusions de la commission d’enquête que l’on trouve ci-dessous, on note les dépositions suivantes :
MOUILLERON, capitaine du chalutier SIRENA
OLICARD, capitaine du chalutier VERDON
ROHELLEC, capitaine du chalutier CHANCHARDON
DUCOS, capitaine du chalutier PEN-MEN
Ces quatre chalutiers pêchaient de conserve avec LES ILATTES. Les capitaines déclarent qu’ils connaissaient parfaitement l’existence et les limites de la zone minée. Cette zone leur avait été montrée sur la carte par l’officier des routes à La Rochelle. Au moment où l’accident est arrivé, ils se croyaient plus au sud qu’ils n’étaient. La zone avoisinant le plateau de Rochebonne est très poissonneuse et, par cela, très tentante. Les quatre patrons ont vu à plusieurs reprises de grands navires américains escortés traverser la zone minée. Ce fait leur permettait de mettre en doute l’existence des mines.
Ils signalent que le 12 Mai à 21h30, une heure après la perte des ILATTES, ils ont aperçu à 3 milles dans le nord quatre navires, bas sur l’eau, faisant route à l’WNW. Vers 22h15, ils ont perçu dans la même direction les lueurs de trois coups de canon. Les chalutiers couraient alors à l’ESE pour sortir du champ de mines et continuer leur pêche. Ils ont supposé que des sous-marins ennemis étaient dans les parages et ont alors rallié La Rochelle.
Déposition du chef mécanicien Alfred PLUCHON
Il se trouvait dans la machine au moment de l’explosion. La prise d’eau de circulation du condenseur a été coupée. L’eau entrait par une ouverture de 30 cm de diamètre. Les barreaux de grilles étaient tombés au fond des fourneaux. La machine a stoppé d’elle-même et les feux se sont éteints. Tout l’arrière du navire s’est rempli car la cloison qui sépare la machine du peak n’était pas étanche. Il estime qu’il était impossible de sauver le bâtiment.
Déposition des 12 hommes d’équipage
Au moment de l’explosion, le navire a reçu une véritable trombe d’eau. Par les panneaux soulevés, l’eau pénétrait dans toutes les cales. Le capitaine, craignant une explosion de chaudière ou de la soute à munitions a fait évacuer le navire. L’équipage a évacué dans les deux embarcations du bord qui ont rallié les autres chalutiers venus à leur secours. LES ILATTES a coulé une heure après l’explosion, se mâtant et s’enfonçant par l’arrière. Son sauvetage était impossible à cause de l’éloignement de la terre et du manque de moyens.
Rapport de la commission d’enquête
Elle commence par reprendre le rapport du capitaine.
Les chalutiers SIRENA, VERDON, CHANCHARDON, PEN-MEN et LES ILATTES, tous du port de La Rochelle, armés soit de 75 mm soit de 47 mm, pêchaient au chalut, groupés conformément aux instructions de l’Autorité Maritime.
Sous l’effet des courants, ils avaient pénétré dans la zone minée définie par les instructions de navigation en vigueur au 1er Avril 1918.
Vers 20h30, par 46°00 N et 02°36 W, le chalutier LES ILATTES, relevant son chalut, a senti une résistance anormale. Amenant le panneau de la drague au niveau de l’eau, le patron a alors aperçu une mine accrochée au panneau. La fune passant dans la potence avant, le patron a fait arrière toute en filant le chalut pour tenter d’écarter la mine. Mais celle-ci a explosé à 30 m du bord, couvrant le chalutier d’une trombe d’eau qui a envahi immédiatement les cales. Malheureusement, l’explosion a aussi coupé le tuyau d’entrée d’eau de circulation du condenseur, provoquant une voie d’eau de 30 cm de diamètre. Les barreaux de grille ont été chavirés et les feux éteints.
Les compartiments machine, chaudière et peak arrière se sont remplis rapidement, la cloison les séparant n’étant pas étanche. Une heure plus tard, le chalutier a coulé.
Il n’y a eu ni tués, ni blessés et l’équipage a été recueilli par les autres chalutiers après évacuation.
Les patrons de ces chalutiers allèguent pour leur défense qu’un chalutier en pêche file trois nœuds et que les courants entraînent les navires plus loin qu’ils ne voudraient. Ils ne peuvent se fier qu’à la sonde.
De plus, ils affirment voir fréquemment des navires et des patrouilleurs américains traverser la zone dangereuse sans accident, ce qui tenterait à prouver que cette zone n’est pas minée. Enfin, ils déclarent que cette zone interdite est très poissonneuse.
La commission relève que le 8 Mai 1918, le chalutier PHOQUE II a relevé une mine dans les environs du point où LES ILATTES a coulé.
Cette zone de Rochebonne, telle qu’elle est définie par les instructions de route, doit donc toujours être considérée comme dangereuse. La commission renouvelle aux patrons de pêche de La Rochelle l’interdiction d’y pénétrer.
Le fait que des bâtiments de surface la traverse sans accident vient du fait que ces mines ont été mouillées il y a plus de deux ans (début 1916). La plupart des mines ont donc coulé. Celle relevée par le PHOQUE II était couverte de mousse et par conséquent dans l’eau depuis longtemps.
La commission ne fait aucune observation au patron des ILATTES qui n’avait aucun moyen de maintenir son navire à flot.
L’équipage s’est bien comporté.
Les dragueurs de la Division des Patrouilles sont trop peu nombreux pour entreprendre un dragage méthodique de la zone de Rochebonne. Il est donc nécessaire qu’un nouvel avis interdise à tous les navires l’accès de cette zone.
Commentaires
Au vu de ce rapport, on constate qu’il s’agissait de mines mouillées plus de deux ans auparavant, en 1916. Il sera donc difficile de savoir par quel sous-marin ou quel navire.
A cette époque en effet, il me semble que le corsaire MOEWE était venu mouiller des mines au large de la côte Atlantique et de la Gironde.
Finalement, LES ILATTES sera considéré comme perte résultant d'un évènement de guerre. Au moment de son naufrage, il était chargé de 15 tonnes de poisson.
Cdlt