Bonjour à tous,
Un complément sur le naufrage de LA SOMME.
Ne pas confondre ce navire avec le chalutier LA SOMME, devenu patrouilleur SOMME II, qui eut un engagement avec un sous-marin exactement le même jour, 29 Avril 1918, au large du cap Corse.
Equipage
Rapport de l’officier enquêteur
LA SOMME avait quitté Swansea avec une cargaison de briquettes et de charbon pour Dieppe.
Le 29 Avril 1918 à 23h00, le navire se trouve entre Royal Sovereign et Dungeness, faisant route à 8 nœuds en zigzaguant, route moyenne au N60E sur Folkestone.
Une détonation se fait entendre et une vedette anglaise qui patrouillait dans les parages s’éloigne et est perdue de vue.
(nota : on peut penser que cette détonation est le torpillage du vapeur anglais de 3867 t AUSTRALIER qui fut coulé à très peu de distance par l’ UB 57. La position de son naufrage est en effet 50°52 N et 00°58 E. Toutefois, l’heure n’est pas précisée.)
A 23h45, LA SOMME arrive à la position 50°52 N et 00°51 E lorsqu’une formidable détonation ébranle le navire. Une gerbe d’eau, de fumée et de débris s’élève à bâbord, entre le gaillard et le château, et retombe sur la passerelle, envahissant toutes les coursives. Le navire s’incline sur tribord et pique du nez. La partie avant s’étant sans doute complètement détachée, il se redresse peu après et revient droit.
Capitaine, second capitaine et timonier sont projetés de la passerelle jusqu’au spardeck. Le second capitaine n’a pas été revu. Tous les hommes de quart ou au repos se précipitent alors vers les embarcations, bien qu’aucun ordre n’ait été donné. Celle de bâbord, soufflée par l’explosion a disparu. Celle de tribord peut facilement être mise à l’eau, car le navire prend de la gîte sur tribord.
Le capitaine, étourdi par sa chute y prend place sans trop savoir où il est. Mais, se ressaisissant, il vide l’eau du canot, recueille deux hommes projetés à la mer et qui s’accrochaient aux débris du mât de misaine et rallie l’arrière de LA SOMME où il prend en remorque le radeau arrière.
N’ayant pu mettre à l’eau le petit canot, la plupart des hommes ont rallié l’arrière. Le quartier maître canonnier JAN, le seul à avoir gardé tout son sang froid, répartit alors les hommes entre le radeau arrière et le radeau milieu. Entre temps, le 2e mécanicien est parvenu à mettre à l’eau le petit canot. Il va prendre les hommes du radeau milieu, tandis que celui du capitaine prend ceux du radeau arrière.
Tout le monde est sauvé, sauf le second capitaine qui a disparu.
Le fait que les embarcations vont rester deux heures sans être inquiétées permet d’écarter l’hypothèse du sous-marin. Ne voyant aucun navire en vue, il aurait fait surface et se serait approché. LA SOMME a du sauter sur une mine.
A noter que les mécaniciens ont abandonné leur poste, laissant les chaudières sous pression et la machine en marche. Le 2e mécanicien Péricard est monté aussitôt jusqu’au château et ne s’est plus préoccupé de sa machine. C’est le chef mécanicien qui s’est aperçu cinq minutes plus tard que la machine était toujours en marche. Il est alors descendu avec le graisseur Pointard fermer le registre, rachetant ainsi une défaillance professionnelle de quelques instants.
Le maître d’équipage n’a pas fait acte de gradé. C’est le quartier maître canonnier Jan qui a dirigé l’évacuation.
La commission regrette que le capitaine ne soit pas revenu accoster la partie arrière qui flottait encore une heure après l’explosion. Il aurait pu retourner chercher les papiers du bord et vérifier qu’il n’y avait plus personne à sauver.
Le 2e mécanicien Péricard a manqué à son devoir de chef de quart.
Le peu d’ordre lors des opérations de sauvetage s’explique par le manque d’officiers et le manque d’exercices d’entraînement.
Seul le quartier maître Jan a montré un bel exemple de sang froid et de discipline militaire.
Le sous-marin attaquant
C’était donc l’ UB 57 de l’OL Johannes LOHS.
On trouve l’histoire de ce commandant sur ce lien.
http://www.uboat.net/wwi/men/commanders/182.html
Ce 29 Avril, UB 57 coulera en plus de LA SOMME et d’AUSTRALIER, le vapeur anglais de 4321 t BRODERICK. Il avait donc sans doute d’autres occupations que de rester près des embarcations. On peut d’ailleurs s’étonner de la conclusion bien rapide de l’officier enquêteur en constatant le torpillage de deux autres navires dans les mêmes parages.
(Nota pour le site uboat.net : il y a donc eu une victime, le 2e capitaine Admont)
Lettre du 6 Mars 1929 du Chef Mécanicien Nicolas DURIEZ au Directeur des Archives de la Marine
Nicolas DURIEZ est alors devenu Mécanicien d’Armement de la SAGA et demeure 22 rue du Président Poincaré à Dunkerque
« J’ai l’honneur de soumettre à votre bienveillance une petite requête dont voici l’objet.
En Mai 1918 une commission d’enquête s’est réunie à l’Inscription Maritime de Calais au sujet du naufrage par torpillage ou mine du vapeur LA SOMME, coulé le 29 Avril à minuit au large de Dungeness et sur lequel j’étais chef mécanicien. Des félicitations verbales m’avaient été adressées par la commission au sujet de ma conduite lors du naufrage de ce navire.
Comme je suis en train de réunir mon dossier pour une proposition de Légion d’Honneur, je vous serais très obligé si vous pouviez me fournir une copie des conclusions de la commission d’enquête pour joindre à mon dossier.
Je m’étais adressé à Monsieur Montador, Administrateur Principal à Boulogne sur Mer qui faisait partie de cette commission de Mai 1918. Il m’a répondu que le dossier avait été remis au Commandant de la Marine et que je pouvais m’adresser à votre service pour obtenir la copie en question. »
Voici la signature du chef mécanicien DURIEZ

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