"Arrivant d'Oregon, en 1915, le Général de Sonis échappa de peu à un torpillage. Le 8 avril, commandé par le capitaine Bénard, il se trouvait en Manche à la traîne du remorqueur anglais Homer, qui devait le conduire à Sunderland. Au large de Sainte Catherine, un sous-marin allemand apparut et le somma, par signal, de larguer la remorque. Le Général de Sonis hissa le pavillon français et le capitaine H. Gibson, qui commandait l'Homer, fit alors une manoeuvre hardie qui surprit l'adversaire. Il largua la remorque et abattit brusquement à toute vitesse vers le sous-marin pour essayer de l'aborder. Sous une grêle de balles, le capitaine Gibson ne manqua l'arrière de l'ennemi que de quelques mètres à peine. Les fenêtres et les boiseries de la timonerie du remorqueur furent mises en pièces, mais le courageux capitaine ne fut pas blessé. Pendant ce temps, le voilier qui avait fait de la toile en toute hâte, s'enfuyait vent arrière, les voiles pleines. Le sous-marin U 32, commandé par l'enseigne de vaisseau baron von Spiegel, lança une torpille sur le trois mâts, mais elle manqua son but. La mer était grosse, le sous-marin vira de bord. Le Général de Sonis avait eu plus de chance que le Chateaubriand qui venait d'être torpillé une heure plus tôt par ce même U 32. Le capitaine Bénard ayant rencontré le remorqueur anglais Lady Crundall, put amener son navire en sécurité au mouillage de la rade des Dunes.
Le capitaine J.-M. Bénard commanda le Général de Sonis du 6 avril 1914 au 11 août 1919, il n'avait que 26 ans lorsque le Général de Sonis lui fut confié."
Source : Henri Picard, La fin des cap-horniers, les dernières aventures des long-courriers français, Edita-Vilo, 1976, page 81.
"Un autre voilier, remorqué par un vapeur, fut aperçu immédiatement après ; il fut sommé, par signal, de larguer la remorque et hissa le pavillon français.Mais le remorqueur, l'anglais Homer, ainsi qu'on l'apprit par la suite, abattit brusquement à tout vitesse vers le sous-marin pour l'aborder. Comme les moteurs thermiques de l'U32 n'étaient pas parfaitement en état de marche, l'assaillant se rapprocha dangereusement et il eût certainement pu avarier très gravement l'U32, si l'enseigne de vaisseau Rasmus, officier en second, n'avait réussi au dernier moment, alors que l'étrave du remorqueur n'était qu'à quelques mètres de l'arrière du sous-marin, à mettre hors de combat le barreur, par un coup de carabine bien ajusté. Sous l'impression de cet incident le remorqueur abandonna l' U32 et prit le large. L'état de la mer, force 8, empêcha le commandnat de passer à son tour à l'attaque. Le voilier arrêté put également s'enfuir, vent arrière, les voils pleines. Une torpille lancée en surface, d'une position défavorable, manqua le but. En cette circonstante s'affirma une fois de plus qu'il était indispensable de posséder un canon pour les sous-marins qui faisaient la guerre de course. Tous n'allaient pas tarder à en être munis mais l'installation avait commencé seulement pendant la guerre et avait été justement nécessitée par la guerre sous-marine"
Source : Arno Spindler, La guerre sous-marine, II, de février à septembre 1915, Payot, 1934, pages 74-75.
