Bonjour à tous,
CALIFORNIE
Rencontre avec un sous-marin le 30 Mars 1918
Rapport du capitaine.
Traversée Salonique – Malte - Bizerte
Le 30 Mars 1918 par 34°39 N et 14°50 E, le navire étant sur lest et ayant 543 passagers militaires et 5 civils navigue en convoi avec MACHICO en zigzaguant à la vitesse de 10 nœuds, escorté par SAPE et FANFARE.
Temps clair avec horizon vaporeux, bonne brise de NW, mer houleuse.
A 09h52, les hommes de vigie, l’officier de quart et un des hommes de la passerelle signalent le sillage d’une torpille à 500 m et 45° à droite. Le navire a le cap au N80W. Mis aussitôt la barre à droite toute pour venir sur le point d’où venait la torpille et machine à pleine puissance. Appelé au poste de combat, sifflé et hissé le signal réglementaire. SAPE manœuvre aussitôt et se porte avec la plus grande célérité sur l’emplacement présumé du sous-marin et lance une grenade qui explose.
La torpille passe à 20 m sur notre avant et est visible jusque sur l’arrière du MACHICO qui, averti par notre coup de sifflet, l’a aussi parée. Elle était à faible profondeur et est passée sous l’arrière du MACHICO sans exploser, puis sous FANFARE. L’homme de hune affirme avoir nettement distingué son corps métallique. MACHICO et FANFARE n’ont dû leur salut qu’à l’embardée faite juste à temps.
Le navire n’a été sauvé que grâce à ses qualités évolutives, à la promptitude de la manœuvre et surtout à la veille intensive existant à bord. Cette veille avait été doublée sur mon ordre avec les marins de l’Etat passagers.
Je signale tout particulièrement la vigilance de l’officier de quart, Monsieur MAZELLA et des matelots de veille PADOVANI, COMETTI, BOSCHETTI et GUEGUEN qui ont aperçu les premiers le sillage de la torpille.
Le personnel militaire passager a été comme d’habitude en pareil cas : très nerveux. La conduite de l’équipage en revanche a été au dessus de tout éloge. Avec l’aide de Monsieur CONVERT, 2e capitaine, ils ont fait leur possible pour calmer les passagers. Le chef mécanicien Monsieur LE BERRE et l’officier mécanicien de quart Monsieur MIGADEL ( maître mécanicien de la Marine) ont exécuté les manœuvres prescrites et pris les dispositions exigées en pareil cas avec la plus grande célérité. Le personnel de quart a gardé le plus grand calme.
Monsieur QUEVILLON, opérateur Marconi, a fait preuve du plus grand sang froid et est venu aussitôt m’offrir ses services. Je n’ai pas eu lieu de l’employer, le chef d’escorte ayant envoyé lui-même le « Allo ».
A 10h15, revenu en route en formation serrée.
Ayant assisté à 3 attaques en plongée :
- le 18 Février mon matelot de droite BASQUE a été torpillé à 700 m
- le 14 Mars mon matelot de droite, le cargo anglais ARDANDEARG a été torpillé dans les mêmes conditions
- Le 30 Mars torpillage manqué par un sous-marin plus proche, encore situé sur la droite à 50° de la route
J’en déduis que c’est toujours la même méthode qui est employée actuellement : torpillage en plongée de jour comme de nuit. Nous n’avons pas vu le périscope du sous-marin, seulement le sillage de départ de la torpille.
Rien à signaler dans la dernière partie de la traversée.
Rapport de la commission d’enquête
Elle reprend tout le déroulement des faits et conclut :
La commission constate que l’attaque a échoué grâce à la veille soigneuse qui était exercée sur CALIFORNIE, à la manœuvre rapide ordonnée par l’officier de quart et au fait que son équipage, bien en main de son capitaine, a conservé tout son sang froid et exécuté avec précision les ordres qui lui étaient transmis.
Rôles affichés et exercices effectués régulièrement. Le capitaine de CALIFORNIE a utilisé de façon très judicieuse les marins passagers pour le renforcement de la veille. Entraînement militaire du navire au point. Pièces chargées, officier d’artillerie s’est aussitôt rendu à son poste à l’arrière.
Pas d’officier de tir, ni de chef de section, Marseille n’en disposant pas quand le navire a quitté ce port le 13 Janvier. Un chef de section sera embarqué avant le départ de ce bâtiment.
Récompenses
Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre
ROUSSELOT Louis CLC Capitaine Le Havre 407
A donné l’exemple du sang froid à son équipage et à ses passagers lors d’une attaque de son bâtiment à la torpille et a pris toutes les mesures propres à maintenir l’ordre à son bord.
MAZELLA Antoine 2e lieutenant Oran 2092
De quart lors d’une attaque par un sous-marin, s’est distingué par son esprit de décision, son sang froid et ses qualités manœuvrières et a réussi à éviter une torpille lancée contre son bâtiment
LE BERRE Basile Chef mécanicien Saint Nazaire 2325
MIGADEL Yves 3e mécanicien Brest 4099
Lors d’une attaque de leur bâtiment à la torpille ont donné l’exemple du sang froid et exécuté avec intelligence et décision les manœuvres qui leur étaient prescrites.
PADOVANI Mathieu Matelot Bastia 3110
GUEGUEN André Matelot Le Havre 6674
Ont, par leur veille attentive, permis d’éviter à temps la torpille lancée contre leur bâtiment
Vapeur CALIFORNIE Compagnie Générale Transatlantique
Pour le sang froid et l’esprit de discipline dont son personnel a fait preuve lors d’une attaque de ce bâtiment à la torpille le 30 Mars 1918.
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié, mais il pourrait s’agir de l’UC 52 de l’Oblt z/s Hellmuth von DOEMING. Il pourrait d’ailleurs avoir manqué le même jour le vapeur CARAÏBE, de la même compagnie, à 12h15.
Correction : il s'agissait de l'U 41. Voir posts ci-dessus et ci dessous de Gastolli
CALIFORNIE avait déjà croisé la route de :
- UB 52 (Otto LAUNBURG) le 18 Février 1918
- UC 54 (Heinrich XXXVIII Prinz REUSS zu KÖSTRITZ) le 14 Mars 1918
Voici le MACHICO qui naviguait en convoi avec CALIFORNIE et échappa de peu à la torpille.
Cdlt