Bonjour à tous,
Naufrage du 17 Septembre 1917
Rapport du capitaine
Quitté Newcastle le 16 Septembre 1917 à 16h30 sous la direction du pilote. Débarqué ce dernier à 15h30 et mis en route libre à 17h40. Beau temps. Brume à partir de 21h00. Impossible de voir les bouées. Je décide de mouiller le 17. Appareillé à 05h30 et fait route en suivant la ligne des bouées, les laissant toujours à bâbord. Par le travers de Whitby à 07h30, de Flamborough à 10h30. A midi, un torpilleur anglais nous élonge par bâbord.
A 13h30, au moment du changement de route, l’homme de vigie BOUFFARD aperçoit une torpille par le travers. Je mets à bâbord toute pour l’éviter par l’arrière. La torpille, qui était lancée vers le centre du navire, nous frappe à bâbord au niveau de la cale 4. Le navire s’ouvre et le pont saute. Je donne l’ordre de stopper la machine et de mettre la dynamo en marche. Le télégraphiste est à son poste pour faire les signaux de détresse, mais la dynamo ne démarre pas car il y a rupture du fil conducteur. Le navire commence à couler par l’arrière et prend de l’inclinaison sur tribord. Je donne l’ordre d’amener les embarcations, 2e capitaine à bâbord et moi à tribord. Elles sont au complet. Je donne l’ordre de mouiller les ancres pour empêcher le navire d’aller vers l’avant et arrêter l’erre. Dès le torpillage, j’avais pris le sac à plomb dans lequel étaient les papiers secrets et j’avais tout jeté à la mer. Nous nous sommes écartés du navire qui a coulé en moins de 10 minutes. Seul le flanc bâbord est resté émergé pendant 20 minutes.
Le torpillage a eu lieu dans le N16W du feu flottant Spurn, à 12 milles du feu et 8 milles de la côte par 16 brasses d’eau, à 100 m de la bouée Nord. Le navire a coulé à 200 m de cette bouée.
Je n’ai qu’à me louer du calme et du sang froid de tout le personnel, et en particulier du second capitaine et des officiers mécaniciens pour leur bonne tenue au moment de l’abandon du navire.
N’ayant pas vu le sous-marin, je ne me suis pas servi de mes pièces qui étaient prêtes à tirer.
A 15h00, nous avons été recueillis par le vapeur anglais GALLA, de Leith. Il nous a transbordés à 15h30 sur un dragueur de mines anglais, le CHIPSTOW, qui nous a conduits à Grimsby. Je déclare qu’à bord de GALLA et de CHIPSTOW nous n’avons que des louanges à faire du personnel officier de ces bateaux. Arrivés à Grimsby le 17 à 18h00 et logé à bord jusqu’au matin du 18. Déposé à la douane et à l’Amirauté le même jour et au consulat de France le 19.
Rapport de la Commission d’enquête
Elle reprend tous les éléments du rapport du capitaine. Elle précise qu’aucun des hommes qui se trouvaient à l’arrière du navire ne fut heureusement blessé par l’explosion de la torpille et que tous purent gagner l’avant. Le capitaine attendit une dizaine de minutes avant de quitter le navire, mettant la pièce avant au poste de combat.
Les deux baleinières, remorquant le youyou vide, firent route sur Spurn avant d’être recueillis par le GALIA qui faisait route sur Flamborough.
Conclusion :
La commission estime que l’équipage entier s’est conduit avec beaucoup de sang froid lors du torpillage et de l’évacuation du PARACIERS. Elle signale la conduite du chef mécanicien et du second mécanicien qui sont spontanément descendus dans la machine après l’explosion pour s’assurer des dégâts et du bon ordre d’évacuation.
Le capitaine MORGANTI mérite également d’être félicité pour la bonne discipline qui règne à son bord et pour la présence d’esprit dont il a fait preuve en mouillant deux ancres après l’attaque. Il avait déjà été félicité en Méditerranée par l’Amiral commandant l’Armée Navale lorsque son navire avait été en lutte avec une attaque d’avion. Enfin, le 9 Avril 1917, il avait eu un engagement avec un sous-marin qui abandonna son attaque après deux coups de canon tirés par le PARACIERS. Ce fait de guerre fait l’objet d’une enquête à Boulogne.
La commission ne propose ni sanction ni récompense, mais estime qu’il y a lieu de maintenir au capitaine Morganti la faculté de commander.
Récompenses
Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre
MORGANTI Olive Capitaine au Cabotage Bastia 229
Pour l’énergie et les qualités de commandement dont il a fait preuve lors de deux rencontres avec des sous-marins.
Vapeur PARACIERS Société des Aciéries de Paris et d’Outreau
Pour la bonne attitude dont a fait preuve son équipage lors de deux rencontres avec des sous-marins les 9 Avril et 17 Septembre 1917
Le sous-marin attaquant
C'était donc l'UC 64 de l'Oblt z/s Erich HECHT
Cdlt