Page 1 sur 1

Re: WALSER - Système d’écoute ASM

Publié : ven. avr. 17, 2009 11:48 am
par Ar Brav
Bonjour à tous,

Pour ceux que çà intéresse et afin de le retrouver plus facilement, je reposte ici le sujet sur le système Walser, installé sur le chalutier patrouilleur auxiliaire Henriette II :

Cordialement,
Franck
Bonjour Franck,

09.1917 : équipé d’un hydrophone à écoute directe Walser pour des expériences à Toulon au profit de la Commission d’Etude Pratique des Sous-marins.

Selon le Commandant Emile VEDEL, la toute première expérimentation de l'hydrophone inventé par le lieutenant de vaisseau Georges WALSER eut lieu à bord de la Henriette II, le 31 mars 1917 (« Quatre années de guerre sous-marine », éd. Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1919, p. 183 et 184).

Mais, écrit-il, « il fallut près d'un an pour mettre l'appareil au point, le faire adopter par les commandants de patrouilleurs, former le personnel nécessaire, immobiliser tour à tour les petites unités qui devaient en être munies, créer la tactique appropriée, opérer enfin la révolution que ne pouvait manquer de provoquer l'introduction d'un nouvel organe dans le fonctionnement des escadrilles contre sous-marins. Bref, ce fut seulement le 16 mars 1918 qu'il reçut la consécration de la victoire, à la suite de la rencontre qu'il amena entre le destroyer Dunois (lieutenant de vaisseau TERREAUX) et un sous-marin allemand demeuré inconnu, lequel, après avoir vainement lancé sur notre contre-torpilleur, fut repéré et grenadé, à l'oreille, sans que personne du Dunois ait aperçu l'ennemi.» (ibid.).

Bien amicalement à vous,
Daniel.


Re: WALSER - Système d’écoute ASM

Publié : ven. avr. 17, 2009 11:49 am
par Ar Brav
Bonjour à tous,

WALSER Système d’écoute ASM.

Un petit éclairage sur les appareils Walser en particulier et les moyens ASM en général, extrait d’un article de Marc Saibène, La lutte anti-sous-marine, 1939-1940, paru dans le magazine Marines, Guerre & Commerce N° 62, d’août-septembre 1999, Marines Editions, pages 35 à 39.

Les précurseurs de 1918

A cette époque, la France mettait en ligne plusieurs centaines de patrouilleurs : torpilleurs, avisos et chalutiers armés, ainsi qu'un nombre considérable d'aéronefs. Face à l'offensive sous-marine allemande, la théorie des routes patrouillées, mise en place en 1914, avait été un désastre. Il avait fallu attendre 1917 pour que l'Amirauté britannique en revienne au vieux système des convois. La parade était alors devenue plus efficace, mais les navires restaient toujours des cibles impuissantes, contraintes, la plupart du temps, à ne réagir qu'après l'agression.
Des moyens techniques vont améliorer la veille avec l'installation d'hydrophones (microphones marins) à bord des patrouilleurs. L'appareil Wasler, premier appareil directif permettant l'écoute en marche jusqu'à 6 nœuds, expérimenté en mars 1917 sur le patrouilleur auxiliaire Henriette II, encombrant mais relativement efficace, sera monté sur de nombreux navires français ¹ ; puis le "tube C" brevet américain basé sur l'effet binauriculaire donnera des résultats encore meilleurs avec des erreurs moyennes de 3 à 15°. L'appareil est peu encombrant et facilement utilisable... toutefois, le bâtiment écouteur doit être stoppé. De même, des microphones installés en "plomb de sonde" donneront des résultats et resteront en service dans l'entre-deux guerres.

¹ Mais il faudra attendre mars 1918 pour qu'une attaque soit conduite au moyen de cet appareil (et avec l'aide d'un hydravion) par le contre-torpilleur Dunois.

Schéma ci-dessous et photo ci-dessous :

Le premier appareil d'écoute microphonique réellement opérationnel a été l'appareil Wasler. L'équipement se compose de deux calottes sphériques de 1,30 mètres de diamètre, placées sur
les côtés du bâtiment.
Chaque calotte est percée d'une centaine de cavités fermées par des membranes et forme résonateur. L'énergie sonore est concentrée sur un point focal dépendant de la direction de la source.
(Coll. M. Saibène)

Image

Image

Cordialement,
Franck

(à suivre)

Re: WALSER - Système d’écoute ASM

Publié : ven. avr. 17, 2009 11:50 am
par Ar Brav
Re,

1917. Une calotte d'écoute expérimentale de l'appareil Wasler vient d'être installée sur le patrouilleur Henriette II. (DR)

Image

Mais enfin, l'écoute "passive" avec microphone va évoluer vers un système nouveau, directement inspiré de la théorie de "l'Écho" émise pour la première fois au lendemain du naufrage du Titanic par l'anglais M. L. Fry Richardson. Ce dernier proposait d'utiliser une courte longueur d'onde qui, dirigée grâce au phénomène de diffraction, déterminerait précisément le gisement d'un obstacle. Malheureusement, la production de l'onde, envisagée par les seuls moyens mécaniques, ne semble avoir donné aucun résultat...

On était alors en 1912, l'invention entra dans l'ombre pour trois ans, jusqu'à ce qu'une équipe française dirigée par l'éminent physicien Paul Langevin, découvre et mette à profit les propriétés piézo-électriques du quartz, ainsi formulée :
"Quand ce silice est parcouru par un courant à haute fréquence, il émet des ultrasons ; mais il fait aussi l'inverse quand il en reçoit."

Ce concept, mis au service de la recherche commune qui s'était alors établie entre les alliés, va donner naissance à deux appareils :
- l'un français, dénommé "l’US" (pour Ultra-Sons)
- l'autre, anglais, dénommé "ASDIC" (du nom de l'organisme interallié constitué à Londres en 1917 : Anti-Submarine Detection Comitee).

L'appareil US est mis au point avec le concours de la DCAN de Toulon et bientôt expérimenté à bord du remorqueur Vigoureux ² avec une succession de résultats encourageants : le 26 février 1918 sur une porte du bassin Vauban : le 4 mai à 400 et 500 mètres sur le sous-marin Messidor, puis à 600/800 mètres le 15 mai.

² Ancien remorqueur du canal de Suez.

Enfin, les essais de juin-juillet 1918 feront l'objet de la conclusion suivante :

"La méthode de l'écho par ultrasons fournit un procédé nouveau efficace, et dès maintenant applicable pour la poursuite et l’attaque des sous-marins en plongée, dès que les fonds dépassent quarante mètres."

Dès le mois suivant l'état-major prend la décision d'équiper cinq avisos de la division offensive écoute-torpilles (déjà munis de l'appareil d'écoute microphonique Walser ³).

³ Il s'agit des avisos Aisne, Meuse, Somme, Yser et l'ex-mouilleur de mines Cerbère. Mais les équipements ne seront reçus qu'après l'armistice et il n'est pas sûr que la décision ait alors été suivie d'effet.

Sur ces entrefaites, l'Allemagne dépose les armes et après une dernière réunion au comité londonien où le professeur Langevin donne communication de ses résultats, chaque nation va poursuivre les études et les expérimentations pour son propre compte *.

Image

* L'Angleterre va poursuivre et aboutir dons le plus grand secret. L'école des spécialistes de Portland s'ouvre en 1922 et dès 1925 une première flottille de destroyer des classes V et W - basée en Méditerranée - est équipée d'Asdic.


L 'appareil microphonique à cornet (présenté sur ce croquis) n'est plus utilisé par la Marine depuis 1918. Seul subsistera le principe du plomb de sonde (simple pendule). L'opérateur dispose d'un casque téléphonique ordinaire pour percevoir le son. Cet appareil peu encombrant, très maniable et ne demandant aucune installation spéciale révèlera rapidement la présence d'un submersible, donnera une approximation grossière sur sa distance, permettra de savoir si les hélices tournent vite ou lentement, et si le sous-marin s'éloigne ou se rapproche.

Image

(à suivre)

Re: WALSER - Système d’écoute ASM

Publié : ven. avr. 17, 2009 12:29 pm
par Ar Brav
Re,

Les théories de l'entre-deux guerres

Dans les années 1920, la course aux armements n'est plus de circonstance et les crédits vont presque exclusivement au renouvellement d'une flotte usagée. L'étude de l'appareil ultrasons, installé à Toulon au Laboratoire de guerre sous-marine, se poursuit donc au ralenti. Cependant, l'appareil du professeur Langevin est très avancé et laisse espérer une conclusion rapide pour peu que l'on y consacre quelques crédits. Les théories d'utilisation sont donc ébauchées et des installations de coque sont d'ores et déjà prévues sur les plans des bâtiments des programmes navals de 1922, 1924 et suivants. Ainsi, torpilleurs et contre-torpilleurs réserveront une étroite tranche de coque pour l'installation éventuelle du tube d'immersion, ainsi que d'une cabine d'écoute. L'orifice de sortie du manchon sera même prédécoupé et provisoirement fermé par une tape boulonnée. C'est dire tout l'espoir que l'on porte à cet appareillage alors qu'aucun microphone n'est encore prévu sur ces mêmes bâtiments.

Il faut dire que torpilleurs et contre-torpilleurs ne sont pas encore des chasseurs de sous-marins mais toujours des navires d'escadre.
Suivant les théories de la précédente guerre, les chasseurs de sous-marins seront sélectionnés parmi des navires rapides mais de petit tonnage, susceptibles cependant d'embarquer à la fois un appareil d'écoute passive (microphonique) et un appareil d'écoute active (US).

On a en effet expérimenté qu'un sous-marin ne peut échapper à l'écoute passive qu'en reposant sur le fond ou en réduisant sa vitesse à un ou deux nœuds. Il peut également échapper à l'écoute active soit à distance de l'appareil, soit à portée très réduite où la direction devient trop imprécise. La dualité de l'appareillage est donc encore nécessaire et l'écoute passive d'autant plus utile qu'elle reste le seul moyen de repérage à grande distance et l'ultime indicateur pour l'attaque finale.

Les théories de l'école d'écoute proposeront donc l'équipement d'un chasseur de la manière suivante :

- un appareil d'écoute amplifiée pour le repérage à grande distance.
- un appareil US pour la poursuite d'un sous-marin silencieux.
- un appareil à écoute directe en marche pour la poursuite et l'attaque.

En août 1926, un marché est passé auprès de l'industrie pour la livraison de 34 appareils. mais la commande restera sans suite, faute de crédits... ou plus sûrement par défaut de fiabilité...?
Puis, à partir de 1930, malgré la livraison de plusieurs installations destinées aux nouveaux torpilleurs de 1 500 tonnes, tout sera abandonné *. On en restera là jusqu'à la veille du second conflit mondial sans même prendre la peine d'entretenir nos connaissances théoriques.
Même les exercices ne sont guère plus à l'ordre du jour ! Pense-t-on pouvoir relancer rapidement la réalisation des appareils en cas d'urgence ? En fait, il ne semble y avoir aucune stratégie de guerre sous-marine formellement établie ; preuve en est qu'en 1936, une série de petits torpilleurs, construits pour la circonstance dans les limites du traité de Washington, mais étudiés à l'origine pour l'escorte des convois, ne seront équipés que d'un filet détecteur de sous-marin : engin déjà obsolète en 1918...

* La DM 20 659 CN4 du 19.01.1928 informe de la mise à disposition de sept ensembles U.S. destinés aux torpilleurs La Palme, La Railleuse, Le Fortuné, l'Adroit, Le Brestois, Le Boulonnais et Le Foudroyant, ainsi que six autres installations à livrer dons les mois à venir.

Sans doute, les leçons tirées de la guerre d'Espagne et plus précisément de la lutte contre la piraterie sous-marine apparue en Méditerranée à partir d'avril 1937, vont-elles contribuer à réveiller l'attention de l'état-major sur le développement urgent des moyens de détection, mais on est à présent au seuil du second conflit mondial, et 1939 verra le fruit des négligences
passées.

Image

Les bâtiments type de la lutte anti-sous marine de la période 1917-1918 s'alignent dans l'arsenal de Toulon. Relativement rapides et de petits tonnages, ces bâtiments sont en principe équipés d'un matériel d'écoute microphonique.
(Emery/Marius Bar)

Cordialement,
Franck

Re: WALSER - Système d’écoute ASM

Publié : mar. déc. 30, 2014 8:04 am
par Le grouillot
Bonjour,

Un lien intéressant concernant les écoutes sous-marines (déjà posté en réponse à un sujet équivalent) :

Bulletin officiel de la direction des recherches scientifiques et industrielles et des inventions, Tome 10 pp. 513-546 - Écoutes sous-marines
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... hes.langFR

Bulletin officiel de la direction des recherches scientifiques et industrielles et des inventions, Tome 11 pp. 577-606 - Écoutes sous-marines
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... hes.langFR

Bulletin officiel de la direction des recherches scientifiques et industrielles et des inventions, Tome 12pp. 641-664 - Écoutes sous-marines
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... esMatieres

J'ai quelque part dans mes "archives" une photo du poste récepteur lors des essais faits par C. Tissot à Toulon. Faut que je la retrouve...

Bonne continuation.
Alain

Re: WALSER - Système d’écoute ASM

Publié : sam. janv. 24, 2015 9:24 am
par Le grouillot
Bonjour,

Quand on a de l'ordre, c'est tout simple de retrouver ce qu'on cherche... Oui, mais quand on a de l'ordre...
Donc voilà :

Image

Edmond Rothé lors des essais faits par Camille Tissot (http://www.camille-tissot.fr/)à Toulon sur la détection des sous-marins.

Pas vraiment connu l'Edmond! Et pourtant :
1908 :
Participe à la mise en place d'un centre d'observation météorologique à Tomblaine (Meurthe-et-Moselle),
- liaisons T. S. F. avec la Tour Eiffel pour l'échange des bulletins météorologiques. C'est lui qui demandera à Ferrié de faire participer les facultés des sciences équipées en T. S. F. aux essais.
- liasons T. S. F. avec les dirigeables militaires qui venaient sur la région de Nancy.

1911
Président de la Commission météorologique départementale de Meurthe-et-Moselle.

1912
Chargé de la direction de l'Institut aérodynamique de Nancy.
Commission des hangars et mise en place des premiers aérodromes militaires autour de Nancy,

1914-1918
- Mobilisé en août 1914 (grâce à l'appui du général Foch, commandant le 20e Corps à Nancy), Sous-lieutenant du Génie. Démobilisé le 13 janvier 1919.
- service radiographique du 20e Corps
- participe avec Ferrié à l'essor de la télégraphie militaire,
- chef du secteur aviation au Bureau des Inventions.

Ses principaux travaux :
- Conducteur-microphone à amplificateur,
- Anémomètre à oscillations électriques,
- Ballon-sonde météorologique.

Pour le reste, parce que j'aime bien ce bonhomme qui n'était pas qu'un physicien mais aussi un humaniste!

- Fonde à Strasbourg, avec Leblois la section de la Ligue des droits de l'homme. (Il en sera président d'honneur en 1928).
- Fondateur et président du Cercle Jean-Macé, section strasbourgeoise de la Ligue de l'Enseignement
- Chargé, sans aucun avantage, de la direction du Service météorologique d'Alsace et de Lorraine et du service sismologique
- Directeur de l'Institut de Physique du Globe et du Service Météorologique d'Alsace et Lorraine
- Directeur du bureau central français de Séismologie.
- Directeur du bureau et secrétaire général de l'Union géodésique et géophysique internationale.
- Fonde le Comité d'action républicaine et laïque du Bas-Rhin
- Membre fondateur du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes.
- Président du Comité départemental du Bas-Rhin pour le Rassemblement populaire.

Vous étonnez par qu'à la prise de Strasbourg en 1940, les allemands brûleront sa maison et toutes ses archives.

- Mis à la retraite d'office (24 juin 1941) par le gouvernement de Vichy

Titres honorifiques :
Officier de l'Instruction publique
Officier de la Couronne d'Italie
Chevalier de la Légion d'honneur
Officier de la Légion d'honneur
Médaille de guerre
Chevalier du Mérite agricole
Officier de l'Ordre de Saint-Jacques et de l'Épée - Portugal
Officier de l'Ordre de Léopold - Belgique