Re: Douze mois au Service des Renseignements en Syrie
Publié : jeu. avr. 09, 2009 4:11 pm
Le titre fait "hors sujet" mais le rédacteur de ce manuscrit était EV de réserve et le début du cahier comporte plusieurs noms de navire. Je retranscris ci-dessous le début "naval" du cahier.
Sidi-Abdallah 28 octbre 1917
<<Commandant en chef à Commandant "Béhir" :
Débarquez et dirigez immédiatement sur Corfou Enseigne-de-vaisseau Phérivong. Dès son arrivée cet officier viendra prendre les ordres du G.E.G.>>
Ce télégramme me surprit au moment où je me disposais à descendre la coupée pour prendre le train qui chaque soir conduisait à Bizerte ces "messieurs de l'Arsenal".
Le Commandant était à bord ; il me fit appeler me montra le télégramme et me dit : Le Numidia, courrier d'escadre qui se rend à Corfou passe justement ici demain ; il faudra être prêt pour partir pour midi.>>
En grommelant je regagnai ma cabine. J'étais furieux ; ce soir-là j'avais précisément rendez-vous avec quelques camarades pour fêter je ne sais plus quoi. De plus j'avais une sainte terreur de l'Armée Navale et la perspective d'embarquer sur un (gros cul) (cuirassé) ne me donnait pas des idées gaies.
<< Timonnier, allez me chercher ma malle qui se trouve dans la soute arrière>> Au bout d'un instant le timonnier revient : << Lieutenant, votre malle a été écrasée elle ne peut plus servir.>>
<< Bon sang ; dis vite au charpentier de m'en confectionner une, il me la faut dans une heure.>>
Ma soirée se passa à faire mes bagages et le lendemain à midi je partais sur le "Numidia".
Deux jours après j'arrivais à Corfou ayant essuyé un bon coup de mistral.
Aussitôt le courrier mouillé je me fis conduire à bord de la "Provence" qui battait pavillon du G.E.G.
Le chef d'Etat-Major me reçut très aimablement et me dit :
<<C'est vous l'Enseigne de Vaisseau Phérivong? Vous êtes désigné par le Commandant en Chef pour une mission de confiance en Syrie. Vous partirez pour Port-Saïd par la première occasion. Dès votre arrivée vous irez vous mettre aux ordres de l'Amiral Varney commandant la division de Syrie. En attendant vous allez prendre subsistance sur le stationnaire "Tourville".>>
Le coeur plus léger je me rendis à bord du "Trouville". Dix jours après j'y étais encore. Je me décidai à retourner voir si le Chef d'Etat-Major ne m'avait pas oublié. Je fus assez mal reçu.
<< Comment, vous êtes encore là! Il y a eu dix occasions pour Port-Saïd et l'Amiral Varney, qui vous réclame d'urgence! ... Vous partires demain matin, à cinq heures, par la "Linotte" qui se rend à Milo ; de là, il y a quotidiennement des bateaux qui vont en Egypte.>>
Je fis une traversée délicieuse à travers les iles Grecques ; nous passâmes par Patras et le canal de Corinthe. Après nous être échoués puis renfloués nous arrivâmes à Milo.
Le surledemain je prenais passage à bord du "Warrior" pétrolier anglais.
Après une traversée insipide avec ces anglais qui ne m'adressaient pas la parole, qui s'ennivraient dans leur cabine et ne me donnaient que de l'eau, j'arrivais à Alexandrie.
Très jolie ville, hospitalière, où la langue française est encore très répandue. Conquis par l'aspect gai des rues, je décidai de m'accorder une petite permission.
Après quelques jours passés de la manière la plus agréable (1) songeant à repartir je fus voir le consul.
Dès le lendemain matin je pris le train et à quatorze heures j'arrivais à Port-Saïd. Aussitôt sorti de la gare j'allais voir le Chef d'Etat-Major de l'Amiral Varney qui me reçut ainsi : << Ah! Enfin! Vous voilà! Depuis un mois le G.E.G. nous a annoncé votre arrivée ; qu'avez-vous bien pu foutre en route?>>
Après cette petite entrée en matière le Commandant Hamon devint charmant << Vous n'êtes pas encore rendu, me dit-il, le "Nord-Caper" qui part après-demain vous conduira à destination.>>
<< Puis-je vous demadner à quel endroit vous m'envoyez?>>
<< Vous allez à Ronad.>>
Ronad! Cela ne me disait rien du tout. Le Commandant Hamon prit une carte de la Syrie, et posant son crayon à quelques milles dans le nord de Tripoli : << C'est ici ....... Ronad est un rocher isolé situé à 3 milles de la côte ennemie.>>
<< Que vais-je faire sur cette île, Commandant?>>
<< Le Gouverneur de Ronad vous le dira.>>
Je ne pus en savoir davantage, et, très intrigué j'allai m'installer pour quelques jours à bord du cuirassé "Jauréguiberry" qui servait de dépôt à Port-Saïd.
(1) Je m'aperçus oh terreur!! que mon portefeuille était complètement vide et qu'il me fallait cependant payer mon hôtel et gagner Port-Saïd par chemin de fer. Un marin ne doit jamais être embarrassé. Je fus trouver le consul et lui exposai la situation. Il rit un peu et m'avança les quelques livres nécessaires.
./
Sidi-Abdallah 28 octbre 1917
<<Commandant en chef à Commandant "Béhir" :
Débarquez et dirigez immédiatement sur Corfou Enseigne-de-vaisseau Phérivong. Dès son arrivée cet officier viendra prendre les ordres du G.E.G.>>
Ce télégramme me surprit au moment où je me disposais à descendre la coupée pour prendre le train qui chaque soir conduisait à Bizerte ces "messieurs de l'Arsenal".
Le Commandant était à bord ; il me fit appeler me montra le télégramme et me dit : Le Numidia, courrier d'escadre qui se rend à Corfou passe justement ici demain ; il faudra être prêt pour partir pour midi.>>
En grommelant je regagnai ma cabine. J'étais furieux ; ce soir-là j'avais précisément rendez-vous avec quelques camarades pour fêter je ne sais plus quoi. De plus j'avais une sainte terreur de l'Armée Navale et la perspective d'embarquer sur un (gros cul) (cuirassé) ne me donnait pas des idées gaies.
<< Timonnier, allez me chercher ma malle qui se trouve dans la soute arrière>> Au bout d'un instant le timonnier revient : << Lieutenant, votre malle a été écrasée elle ne peut plus servir.>>
<< Bon sang ; dis vite au charpentier de m'en confectionner une, il me la faut dans une heure.>>
Ma soirée se passa à faire mes bagages et le lendemain à midi je partais sur le "Numidia".
Deux jours après j'arrivais à Corfou ayant essuyé un bon coup de mistral.
Aussitôt le courrier mouillé je me fis conduire à bord de la "Provence" qui battait pavillon du G.E.G.
Le chef d'Etat-Major me reçut très aimablement et me dit :
<<C'est vous l'Enseigne de Vaisseau Phérivong? Vous êtes désigné par le Commandant en Chef pour une mission de confiance en Syrie. Vous partirez pour Port-Saïd par la première occasion. Dès votre arrivée vous irez vous mettre aux ordres de l'Amiral Varney commandant la division de Syrie. En attendant vous allez prendre subsistance sur le stationnaire "Tourville".>>
Le coeur plus léger je me rendis à bord du "Trouville". Dix jours après j'y étais encore. Je me décidai à retourner voir si le Chef d'Etat-Major ne m'avait pas oublié. Je fus assez mal reçu.
<< Comment, vous êtes encore là! Il y a eu dix occasions pour Port-Saïd et l'Amiral Varney, qui vous réclame d'urgence! ... Vous partires demain matin, à cinq heures, par la "Linotte" qui se rend à Milo ; de là, il y a quotidiennement des bateaux qui vont en Egypte.>>
Je fis une traversée délicieuse à travers les iles Grecques ; nous passâmes par Patras et le canal de Corinthe. Après nous être échoués puis renfloués nous arrivâmes à Milo.
Le surledemain je prenais passage à bord du "Warrior" pétrolier anglais.
Après une traversée insipide avec ces anglais qui ne m'adressaient pas la parole, qui s'ennivraient dans leur cabine et ne me donnaient que de l'eau, j'arrivais à Alexandrie.
Très jolie ville, hospitalière, où la langue française est encore très répandue. Conquis par l'aspect gai des rues, je décidai de m'accorder une petite permission.
Après quelques jours passés de la manière la plus agréable (1) songeant à repartir je fus voir le consul.
Dès le lendemain matin je pris le train et à quatorze heures j'arrivais à Port-Saïd. Aussitôt sorti de la gare j'allais voir le Chef d'Etat-Major de l'Amiral Varney qui me reçut ainsi : << Ah! Enfin! Vous voilà! Depuis un mois le G.E.G. nous a annoncé votre arrivée ; qu'avez-vous bien pu foutre en route?>>
Après cette petite entrée en matière le Commandant Hamon devint charmant << Vous n'êtes pas encore rendu, me dit-il, le "Nord-Caper" qui part après-demain vous conduira à destination.>>
<< Puis-je vous demadner à quel endroit vous m'envoyez?>>
<< Vous allez à Ronad.>>
Ronad! Cela ne me disait rien du tout. Le Commandant Hamon prit une carte de la Syrie, et posant son crayon à quelques milles dans le nord de Tripoli : << C'est ici ....... Ronad est un rocher isolé situé à 3 milles de la côte ennemie.>>
<< Que vais-je faire sur cette île, Commandant?>>
<< Le Gouverneur de Ronad vous le dira.>>
Je ne pus en savoir davantage, et, très intrigué j'allai m'installer pour quelques jours à bord du cuirassé "Jauréguiberry" qui servait de dépôt à Port-Saïd.
(1) Je m'aperçus oh terreur!! que mon portefeuille était complètement vide et qu'il me fallait cependant payer mon hôtel et gagner Port-Saïd par chemin de fer. Un marin ne doit jamais être embarrassé. Je fus trouver le consul et lui exposai la situation. Il rit un peu et m'avança les quelques livres nécessaires.
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