Re: LANGUEDOC SGTM
Publié : sam. mars 14, 2009 10:48 pm
Bonjour à tous,
LANGUEDOC
Vapeur lancé le 26 Juin 1884 aux chantiers Thomson de White Inch pour la Société Générale de Transports Maritimes, de Marseille.
1612 tx JB (selon rapport du second capitaine) 942 tx JN 1899 tpl
Longueur 77,88 m Largeur 10,32 m TE 5,94 m
1 machine coumpound et deux chaudières
Vitesse 12 nds
Voici le LANGUEDOC amarré à la Joliette, à Marseille.
La perte du LANGUEDOC
Le 10 Février 1916 une pièce d’artillerie de 47 mm est installée sur l’arrière du vapeur.
Le 19 Mai 1916 le LANGUEDOC quitte Cette pour Bône ayant chargé 114 tonnes de céramique à Marseille et 30 tonnes de savon, bougies et liqueurs à Cette.
Beau temps, pas de vent, mer plate et horizon clair.
L’équipage comporte 28 hommes dont
BATTISTI CLC Capitaine
SAINT PLANCAT Célestin CLC Second capitaine
LE MOAL Lieutenant
MIQUELIS Chef mécanicien
BERTONI 2nd mécanicien
OLIVIERI 3e mécanicien
BLANC Restaurateur
SEBILO François QM fusilier Lorient
MADRO Pierre Fusilier Auray
FILIPPI Canonnier
BOCHER Matelot
ALATA Matelot
PELLEGRIN Matelot
FELLICIA Matelot
TORRE Matelot
CAMONS Chauffeur
Le capitaine Battisti ayant été gardé prisonnier sur le sous-marin, c’est le second capitaine Saint Plancat qui va rédiger le rapport des évènements.
Le 20 à 04h30, à 70 milles de Cette, un sous-marin sans pavillon national apparaît sur l’arrière et ouvre le feu au canon. Les obus tombent à peu de distance sur l’avant ou l’arrière.
Le commandant Battisti fait le branle-bas général, demande la vitesse maximum et hisse le pavillon national. La résistance à outrance est décidée d’un commun accord avec les principaux de l’équipage.
Le sous-marin est équipé de deux pièces de 100 mm et le petit canon de 47 n’a qu’une faible portée.
Le combat, acharné, va durer jusqu’à 07h00. Sur 200 projectiles envoyés par le sous-marin, une trentaine atteignent leur but.
Une voie d’eau se déclare dans la machine. Le tir du sous-marin devient très précis à partir de 05h30.
De multiples avaries sont provoquées par les obus. La drosse arrière td est cassée et le navire ne peut plus gouverner.
Le chef mécanicien est sérieusement blessé à la main. Le chauffeur Camons, qui se trouvait près de lui est grièvement atteint. Plusieurs canots sont troués. Un obus traverse la cabine du lieutenant, sur la passerelle inférieure tribord, et décapite le matelot Bocher, réduisant son corps en bouillie.
Hors de portée du canon de 47, le sous-marin ajuste un tir effroyablement précis.
Pour éviter un massacre inutile, le capitaine fait amener le pavillon. Le sous-marin cesse aussitôt le feu. « Il faut lui rendre cette justice et admirer sa magnanimité » souligne le second capitaine. « Je le répète, par son tir d’une précision inouïe, il pouvait en quelques instants nous anéantir jusqu’au dernier ».
Les canots sont amenés à la mer, tandis que les canonniers jettent à l'eau la culasse du canon et les munitions non utilisées.
"Personnel pont, machine et restaurant ont exécuté les ordres qui leur furent donnés sans défaillance, jusqu’au bout, sous un feu d’enfer et avec un sang-froid et un courage qu’on ne louera jamais assez. La conduite des canonniers fut admirable. Ils n’ont pas bronché alors que les explosions les couvraient de débris divers. Le commandant Battisti fut le digne chef d’un équipage de héros."
L’évacuation terminée, le sous-marin s’approche des embarcations.
Le commandant allemand fait monter le capitaine Battisti dans le kiosque et s’adresse à lui en ces termes :
« Je devrais tous vous faire fusiller ». Puis il se reprend et ajoute : « Selon les lois internationales, un navire mercantile (nota : marchand) ne doit pas porter de canon. Non contents de tirer sur le sous-marin, vous avez tenu tête pendant près de trois heures. J’aurais donc le droit de vous faire fusiller. Dites bien à tous les capitaines français qu’ils stoppent au premier coup de canon et se mettent en travers. Ils n’auront rien à craindre et nous leur donnerons tout le temps voulu pour évacuer le navire. Aucun navire n’est coulé sans avertissement préalable (Il insiste particulièrement sur ce point).
Si vous aviez stoppé, je ne vous aurais fait aucun mal. Résistant avec opiniâtreté comme vous l’avez fait, vous vous exposez à toutes les représailles. Mais je vous laisse la vie sauve ».
Il fait alors monter quelques hommes dans le youyou, qui vont accoster le LANGUEDOC et y prennent montres, sextants et vivres. Puis ils font un 2e voyage avec deux bombes qu’ils placent l’une dans la cale 2 et l’autre dans la chaufferie. A 08h46, elles explosent et le navire coule par l’avant en quelques minutes.
Voici l’explosion des bombes, vue depuis le sous-marin. Sur la droite, le youyou ramène les marins allemands à leur bord.
Pendant ce temps, le commandant allemand avait laissé les Français récupérer quelques barils d’eau douce, des caisses de biscuits, des avirons et des fusées de détresse dans le canot 1, inutilisable car percé par les éclats d’obus.
A 09h00, le youyou revient vers les canots, mais sans le commandant qui est gardé à bord. Les Allemands ont dit à l’équipage qu’un autre commandant français était déjà prisonnier sur le sous-marin.
Le second capitaine tient à noter l’hommage que l’officier allemand qui est monté sur le LANGUEDOC (et que l'on voit ci-dessus à la proue du youyou) a rendu aux marins français.
Apercevant notre canon de 47 il a marqué sa surprise et son étonnement et a prononcé ces paroles qui se passent de tout commentaires :
-« Comment ? c’est avec ce joujou-là que vous avez osé nous tenir tête si longtemps ! C’est impossible…
Français, vous êtes des braves ! Je n’en puis dire autant de vos alliés anglais qui se rendent lâchement au 2e coup de canon. Votre tir était très bien dirigé, mais tous vos coups tombaient à mi-distance… »
Le sous-marin s’éloigna vers l’WSW.
Les canots firent route vers l’WNW , le youyou étant amarré derrière le canot à longueur de bosse. A 19h00 , ils étaient en vue des côtes d’Espagne. A minuit, les feux d’un vapeur furent aperçus. Attiré par les coups de sifflets, le capitaine du vapeur, qui avait tout d’abord cru au piège d’un sous-marin, fit demi tour et recueillit les naufragés. C’était le vapeur hollandais HELENA , d’Amsterdam, qui allait à Livourne avec un chargement de charbon.
La récupération eût lieu par 41°39 N et 5°45 E, soit à 30 milles dans l’WSW de San Sebastian.
L’HELENA vint au large de Toulon, près du cap Sicié, pour transférer les blessés sur le chalutier patrouilleur FIER . Ce patrouilleur vint débarquer les naufragés dans le vieux port de Marseille.
Les marins décrivent le sous-marin comme long d’environ 75 m, d’un déplacement de 1200 tonnes. Grand blockhaus pouvant contenir 5 personnes. Il porte deux canons de 100 mm escamotables et une mitrailleuse.
Probablement des antennes radio. Ancres s’encastrant dans la coque. Pas de coupe-filets. Peinture gris bleuté.
Tous les officiers allemands parlaient bien le français. Jamais l’anglais ou l’italien n’ont été utilisés.
Voici les divers dessins faits par les rescapés.
L’officier enquêteur note :
« Le capitaine et l’équipage du LANGUEDOC ont fait leur devoir. On ne saurait imputer à crime à des non-combattants de se rendre après trois heures de lutte, ayant eu un tué et un blessé, et leur navire étant criblé par les obus.
Il est regrettable que le LANGUEDOC n’ait pas eu la TSF et un canon de calibre plus fort.
Le discours du commandant du sous-marin à l’équipage du LANGUEDOC est une tentative de pression sur nos équipages pour qu’ils demandent le désarmement des navires sur lesquels on ne peut mettre de canons assez puissants. Mais l’état d’esprit de nos capitaines au long cours est excellent, même si cette insinuation pèse sur l’esprit de certains de nos navigateurs. Il faut donc leur donner tous les encouragements possibles… »
Le LANGUEDOC sera cité à l’ordre de l’armée navale
« A résisté pendant plus de deux heures à l’attaque d’un sous-marin ennemi qui lui a tué ou blesser 13 hommes et a fini par lui provoquer des avaries de barre et de coque qui lui interdisant toute prolongation de résistance. »
Le 19 Juillet, le capitaine Battesti est fait chevalier de la Légion d’Honneur.
On trouve, dans le dossier LANGUEDOC, une lettre manuscrite du capitaine Battesti dans laquelle il écrit notamment :
« 11 Novembre 1918
A la suite d’une pénible captivité de 30 mois, j’ai enfin le bonheur de réintégrer mon cher pays. J’ai lu avec attention le rapport de Monsieur Saint Plancat, second capitaine du LANGUEDOC, sur les péripéties du combat contre le sous-marin allemand. ..(Suivent quelques considérations sur ce combat qui n’apportent rien de nouveau)…Je le confirme en tous points.
Après le départ des canots, on m’a fait descendre dans la partie avant du sous-marin où j’ai retrouvé mon collègue Castaldi, commandant du MIRA, qui s’y trouvait depuis cinq jours.
Le commandant du sous-marin s’est excusé de ne pouvoir mieux nous loger, faute de place. Mais on nous a installé des hamacs et donné de chaudes couvertures. La nourriture était abondante et nous avions le même traitement que l’équipage.
Le sous-marin a continué sa patrouille puis fait route à petite vitesse vers sa base, afin de permettre à son équipage de se reposer.
Dans la journée, on nous a laissé monter dans le kiosque lorsqu’il faisait beau. En revanche, la nuit, le sous-marin restait en plongée.
Après 17 jours à bord, nous sommes entrés à Cattaro.
Nous avons tout d’abord été internés dans la forteresse de Castel Nuovo, puis dans le camp de K….(illisible) qui était le camp pour les prisonniers de guerre français en Autriche. Dans ce camp, nous étions assez confortablement logés.
Malgré toute cette captivité, je dois dire qu’aussi bien sur le sous-marin allemand que dans les différents camps de prisonniers autrichiens, nous avons été l’objet d’une constante attention. Officiers, autorités et population étaient d’une parfaite correction à notre égard. »
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 34 du KL Claus RÜCKER. Le 15 Mai précédent il avait coulé le vapeur MIRA.
Claus Rücker coulera un total de 80 navires représentant 175000 tonnes. Il en coulera dix entre le 20 et le 30 Mai, lorsque le capitaine Battesti était à son bord ; parmi eux le Français MYOSOTIS.
Sources : "La SGTM" d'Alain Croce
Rapport Saint Plancat des archives Vincennes
Cdlt
LANGUEDOC
Vapeur lancé le 26 Juin 1884 aux chantiers Thomson de White Inch pour la Société Générale de Transports Maritimes, de Marseille.
1612 tx JB (selon rapport du second capitaine) 942 tx JN 1899 tpl
Longueur 77,88 m Largeur 10,32 m TE 5,94 m
1 machine coumpound et deux chaudières
Vitesse 12 nds
Voici le LANGUEDOC amarré à la Joliette, à Marseille.
La perte du LANGUEDOC
Le 10 Février 1916 une pièce d’artillerie de 47 mm est installée sur l’arrière du vapeur.
Le 19 Mai 1916 le LANGUEDOC quitte Cette pour Bône ayant chargé 114 tonnes de céramique à Marseille et 30 tonnes de savon, bougies et liqueurs à Cette.
Beau temps, pas de vent, mer plate et horizon clair.
L’équipage comporte 28 hommes dont
BATTISTI CLC Capitaine
SAINT PLANCAT Célestin CLC Second capitaine
LE MOAL Lieutenant
MIQUELIS Chef mécanicien
BERTONI 2nd mécanicien
OLIVIERI 3e mécanicien
BLANC Restaurateur
SEBILO François QM fusilier Lorient
MADRO Pierre Fusilier Auray
FILIPPI Canonnier
BOCHER Matelot
ALATA Matelot
PELLEGRIN Matelot
FELLICIA Matelot
TORRE Matelot
CAMONS Chauffeur
Le capitaine Battisti ayant été gardé prisonnier sur le sous-marin, c’est le second capitaine Saint Plancat qui va rédiger le rapport des évènements.
Le 20 à 04h30, à 70 milles de Cette, un sous-marin sans pavillon national apparaît sur l’arrière et ouvre le feu au canon. Les obus tombent à peu de distance sur l’avant ou l’arrière.
Le commandant Battisti fait le branle-bas général, demande la vitesse maximum et hisse le pavillon national. La résistance à outrance est décidée d’un commun accord avec les principaux de l’équipage.
Le sous-marin est équipé de deux pièces de 100 mm et le petit canon de 47 n’a qu’une faible portée.
Le combat, acharné, va durer jusqu’à 07h00. Sur 200 projectiles envoyés par le sous-marin, une trentaine atteignent leur but.
Une voie d’eau se déclare dans la machine. Le tir du sous-marin devient très précis à partir de 05h30.
De multiples avaries sont provoquées par les obus. La drosse arrière td est cassée et le navire ne peut plus gouverner.
Le chef mécanicien est sérieusement blessé à la main. Le chauffeur Camons, qui se trouvait près de lui est grièvement atteint. Plusieurs canots sont troués. Un obus traverse la cabine du lieutenant, sur la passerelle inférieure tribord, et décapite le matelot Bocher, réduisant son corps en bouillie.
Hors de portée du canon de 47, le sous-marin ajuste un tir effroyablement précis.
Pour éviter un massacre inutile, le capitaine fait amener le pavillon. Le sous-marin cesse aussitôt le feu. « Il faut lui rendre cette justice et admirer sa magnanimité » souligne le second capitaine. « Je le répète, par son tir d’une précision inouïe, il pouvait en quelques instants nous anéantir jusqu’au dernier ».
Les canots sont amenés à la mer, tandis que les canonniers jettent à l'eau la culasse du canon et les munitions non utilisées.
"Personnel pont, machine et restaurant ont exécuté les ordres qui leur furent donnés sans défaillance, jusqu’au bout, sous un feu d’enfer et avec un sang-froid et un courage qu’on ne louera jamais assez. La conduite des canonniers fut admirable. Ils n’ont pas bronché alors que les explosions les couvraient de débris divers. Le commandant Battisti fut le digne chef d’un équipage de héros."
L’évacuation terminée, le sous-marin s’approche des embarcations.
Le commandant allemand fait monter le capitaine Battisti dans le kiosque et s’adresse à lui en ces termes :
« Je devrais tous vous faire fusiller ». Puis il se reprend et ajoute : « Selon les lois internationales, un navire mercantile (nota : marchand) ne doit pas porter de canon. Non contents de tirer sur le sous-marin, vous avez tenu tête pendant près de trois heures. J’aurais donc le droit de vous faire fusiller. Dites bien à tous les capitaines français qu’ils stoppent au premier coup de canon et se mettent en travers. Ils n’auront rien à craindre et nous leur donnerons tout le temps voulu pour évacuer le navire. Aucun navire n’est coulé sans avertissement préalable (Il insiste particulièrement sur ce point).
Si vous aviez stoppé, je ne vous aurais fait aucun mal. Résistant avec opiniâtreté comme vous l’avez fait, vous vous exposez à toutes les représailles. Mais je vous laisse la vie sauve ».
Il fait alors monter quelques hommes dans le youyou, qui vont accoster le LANGUEDOC et y prennent montres, sextants et vivres. Puis ils font un 2e voyage avec deux bombes qu’ils placent l’une dans la cale 2 et l’autre dans la chaufferie. A 08h46, elles explosent et le navire coule par l’avant en quelques minutes.
Voici l’explosion des bombes, vue depuis le sous-marin. Sur la droite, le youyou ramène les marins allemands à leur bord.
Pendant ce temps, le commandant allemand avait laissé les Français récupérer quelques barils d’eau douce, des caisses de biscuits, des avirons et des fusées de détresse dans le canot 1, inutilisable car percé par les éclats d’obus.
A 09h00, le youyou revient vers les canots, mais sans le commandant qui est gardé à bord. Les Allemands ont dit à l’équipage qu’un autre commandant français était déjà prisonnier sur le sous-marin.
Le second capitaine tient à noter l’hommage que l’officier allemand qui est monté sur le LANGUEDOC (et que l'on voit ci-dessus à la proue du youyou) a rendu aux marins français.
Apercevant notre canon de 47 il a marqué sa surprise et son étonnement et a prononcé ces paroles qui se passent de tout commentaires :
-« Comment ? c’est avec ce joujou-là que vous avez osé nous tenir tête si longtemps ! C’est impossible…
Français, vous êtes des braves ! Je n’en puis dire autant de vos alliés anglais qui se rendent lâchement au 2e coup de canon. Votre tir était très bien dirigé, mais tous vos coups tombaient à mi-distance… »
Le sous-marin s’éloigna vers l’WSW.
Les canots firent route vers l’WNW , le youyou étant amarré derrière le canot à longueur de bosse. A 19h00 , ils étaient en vue des côtes d’Espagne. A minuit, les feux d’un vapeur furent aperçus. Attiré par les coups de sifflets, le capitaine du vapeur, qui avait tout d’abord cru au piège d’un sous-marin, fit demi tour et recueillit les naufragés. C’était le vapeur hollandais HELENA , d’Amsterdam, qui allait à Livourne avec un chargement de charbon.
La récupération eût lieu par 41°39 N et 5°45 E, soit à 30 milles dans l’WSW de San Sebastian.
L’HELENA vint au large de Toulon, près du cap Sicié, pour transférer les blessés sur le chalutier patrouilleur FIER . Ce patrouilleur vint débarquer les naufragés dans le vieux port de Marseille.
Les marins décrivent le sous-marin comme long d’environ 75 m, d’un déplacement de 1200 tonnes. Grand blockhaus pouvant contenir 5 personnes. Il porte deux canons de 100 mm escamotables et une mitrailleuse.
Probablement des antennes radio. Ancres s’encastrant dans la coque. Pas de coupe-filets. Peinture gris bleuté.
Tous les officiers allemands parlaient bien le français. Jamais l’anglais ou l’italien n’ont été utilisés.
Voici les divers dessins faits par les rescapés.
L’officier enquêteur note :
« Le capitaine et l’équipage du LANGUEDOC ont fait leur devoir. On ne saurait imputer à crime à des non-combattants de se rendre après trois heures de lutte, ayant eu un tué et un blessé, et leur navire étant criblé par les obus.
Il est regrettable que le LANGUEDOC n’ait pas eu la TSF et un canon de calibre plus fort.
Le discours du commandant du sous-marin à l’équipage du LANGUEDOC est une tentative de pression sur nos équipages pour qu’ils demandent le désarmement des navires sur lesquels on ne peut mettre de canons assez puissants. Mais l’état d’esprit de nos capitaines au long cours est excellent, même si cette insinuation pèse sur l’esprit de certains de nos navigateurs. Il faut donc leur donner tous les encouragements possibles… »
Le LANGUEDOC sera cité à l’ordre de l’armée navale
« A résisté pendant plus de deux heures à l’attaque d’un sous-marin ennemi qui lui a tué ou blesser 13 hommes et a fini par lui provoquer des avaries de barre et de coque qui lui interdisant toute prolongation de résistance. »
Le 19 Juillet, le capitaine Battesti est fait chevalier de la Légion d’Honneur.
On trouve, dans le dossier LANGUEDOC, une lettre manuscrite du capitaine Battesti dans laquelle il écrit notamment :
« 11 Novembre 1918
A la suite d’une pénible captivité de 30 mois, j’ai enfin le bonheur de réintégrer mon cher pays. J’ai lu avec attention le rapport de Monsieur Saint Plancat, second capitaine du LANGUEDOC, sur les péripéties du combat contre le sous-marin allemand. ..(Suivent quelques considérations sur ce combat qui n’apportent rien de nouveau)…Je le confirme en tous points.
Après le départ des canots, on m’a fait descendre dans la partie avant du sous-marin où j’ai retrouvé mon collègue Castaldi, commandant du MIRA, qui s’y trouvait depuis cinq jours.
Le commandant du sous-marin s’est excusé de ne pouvoir mieux nous loger, faute de place. Mais on nous a installé des hamacs et donné de chaudes couvertures. La nourriture était abondante et nous avions le même traitement que l’équipage.
Le sous-marin a continué sa patrouille puis fait route à petite vitesse vers sa base, afin de permettre à son équipage de se reposer.
Dans la journée, on nous a laissé monter dans le kiosque lorsqu’il faisait beau. En revanche, la nuit, le sous-marin restait en plongée.
Après 17 jours à bord, nous sommes entrés à Cattaro.
Nous avons tout d’abord été internés dans la forteresse de Castel Nuovo, puis dans le camp de K….(illisible) qui était le camp pour les prisonniers de guerre français en Autriche. Dans ce camp, nous étions assez confortablement logés.
Malgré toute cette captivité, je dois dire qu’aussi bien sur le sous-marin allemand que dans les différents camps de prisonniers autrichiens, nous avons été l’objet d’une constante attention. Officiers, autorités et population étaient d’une parfaite correction à notre égard. »
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 34 du KL Claus RÜCKER. Le 15 Mai précédent il avait coulé le vapeur MIRA.
Claus Rücker coulera un total de 80 navires représentant 175000 tonnes. Il en coulera dix entre le 20 et le 30 Mai, lorsque le capitaine Battesti était à son bord ; parmi eux le Français MYOSOTIS.
Sources : "La SGTM" d'Alain Croce
Rapport Saint Plancat des archives Vincennes
Cdlt