Re: MARCEAU Trois-mâts
Publié : lun. mars 09, 2009 1:31 pm
Bonjour à tous,
MARCEAU
Trois-mâts morutier de Saint Malo
Armateur CHEVALIER, de Saint Malo
Parti de Saint Pierre et Miquelon le 6 Septembre 1917 pour La Pallice avec un chargement de 4500 quintaux de morues.
Voici la composition de son équipage

Le 24 Septembre, le voilier est arraisonné par un croiseur auxiliaire anglais qui lui donne sa position et contrôle ses papiers.
Le 25 Septembre , vers 04h00 du matin, un bruit de moteur est entendu sans que l’on puisse voir aucun navire. Le bruit s’éloigne et disparaît.
A 05h00 du matin, à environ 300 milles de la côte, le voilier fait route à 2 nœuds, très beau temps, mer calme, petite brise de NNW, lorsqu’apparaît à tribord un sous-marin faisant route sur lui à 10 nœuds.
Il tire une trentaine de coups de canons, espacés d’une minute, sur le MARCEAU. Le premier obus passe à travers la mâture, entre le grand mât et la misaine, et tombe long. Le deuxième tombe court, le 3e à 40 m sur bâbord et le 4e à 10m court. Pas de tués ni de blessés.
Le capitaine vient alors vent debout et donne l’ordre d’abandonner. L’équipage descend dans huit doris, déjà préparés. Le capitaine avait effectué une répartition par doris : 1 officier et 1 patron ou bien 2 patrons, accompagnés de 2 avants ou bien d’1 avant et 1 novice. Il les avait pourvus en eau et biscuit. Il avait fait mettre dans chaque doris un compas et une corne de brume.
Les doris s’écartent du MARCEAU que le sous-marin continue à canonner. Puis il s’éloigne vers l’ouest en demi plongée. Le MARCEAU se mâte et coule par l’avant vers 08h30.
Le sous-marin était très grand, la taille d’un bâtiment de 1000 tonnes. Son avant était semblable à celui du VALMY. Il avait un canon de 105 ou 120 sur l’avant du kiosque, et rien d’autre. Coque noirâtre et complètement lisse. Aperçu de loin 4 ou 5 hommes sur le pont. Sur des shchémas qu’on leur présente les marins semblent reconnaître un sous-marin de type U.
Voici le dessin effectué sur les indications du capitaine Le Tallec.

Les huit doris font route vers l’est, suivant les consignes du capitaine. Mais dès le second jour, tous se perdent de vue.
Les archives contiennent les copies d’une série de télégrammes retraçant les découvertes successives de ces naufragés et leurs diverses odyssées.
28 Septembre
Un premier doris est récupéré par 45°34 N et 06°51 W par le vapeur SENEGAMBIE. (Ce petit vapeur de 75 m de long, construit à Nantes en 1902 appartenait à un armement de Bordeaux. Il disparaîtra en 1918 suite à une collision).
Ce sont les rescapés suivants LE RENARD François
KAVORZIN Louis
TARDIVEL Alexandre
COMBE Charles Novice
Jusqu’au 27, ils avaient navigué à la voile cap au SeqE. Le 27 au soir, ils ont progressé à l’aviron, faute de vent. Le 28 au matin , ils ont aperçu une voile à 5 milles au nord ; ils ont hissé la voile pour tenter de lui couper la route et ont hissé une chemise blanche sur un aviron. Mais le voilier a continué sa route. Le soir, ils ont aperçu la fumée et le feu rouge et blanc du SENEGAMBIE. Ils ont forcé sur les avirons pour lui couper la route et crié pour attirer l’attention. Le vapeur a stoppé et les a recueillis.
Depuis le 25, ils ne disposaient que de 15 l deau et de 20 galettes de biscuit, le reste étant avarié. Ils se sont soutenus en mangeant une galette par jour et se disposaient à réduire la ration pour tenter de tenir trois ou quatre jours de plus.
Ils sont débarqués le 4 Octobre à Casablanca.
29 Septembre
Le deuxième doris est repéré à 11h00 du matin et récupéré par le vapeur danois MERCURE sur lequel les hommes sont réconfortés.
Il porte les naufragés suivants GUERET Joseph
FORTIN Ernest
CHEINIER Jules
BUTON Louis
Ils sont débarqués à Cadix, puis dirigés sur Cerbère et Cette où ils sont interrogés. Ce sont les premiers de retour en France et ils ne peuvent donner aucun renseignement sur les 27 autres membres de l’équipage.
L’officier enquêteur écrit :
« Quoique l’évacuation du voilier ait été décidée un peu hâtivement, on ne peut critiquer le capitaine car il n’aurait pu éviter la perte de son bâtiment. Le sort de l’équipage n’aurait pu être amélioré en prolongeant sa présence à bord… »
Après un long calcul rempli d’explications il fixe la position du naufrage à 48°26 N et 08°10 W.
Il écrit aussi que les renseignements donnés sur le sous-marin sont vagues et que le croquis tenté par l’un des matelots est inutilisable.
30 Septembre
Le troisième doris, celui du capitaine, atterrit à Belle-Ile en mer.
Il porte les naufragés suivants : LE TALLEC Emmanuel Capitaine
LE VIGRANT François Maître d’équipage
ROUXEL Jean
ROUXEL Louis
Ce doris avait fait route à la voile et à l’aviron, cap vers la terre. Le 28 à 11h00 un paquebot à deux cheminées est aperçu et passe à 500 m sans voir ni entendre les signaux , vareuse cirée agitée au bout d’un aviron, balancement du tape-cul, appel à la corne de brume. Ce paquebot était probablement le PORTO RICO.
A 17h00 le 28, le pinceau du feu de Belle-Ile est aperçu. On fait route à l’aviron et le 30 à 08h00 du matin le doris est aperçu par un hydravion en patrouille qui le signale aussitôt au sémaphore. Trois heures plus tard, un cotre de pêche prend le doris en remorque et le ramène à Port Goulphar. Les hommes sont ensuite rapatriés sur Lorient où ils sont interrogés.
1er Octobre
Le quatrième doris est retrouvé et recueilli à 22h30 par le voilier français DOUAUMONT.
Il porte les naufragés suivants HELLIO Alexandre (parfois orthographié KELLIO)
YVET Jean-Baptiste
BOIXIERE Joseph
OLLIVIER François Novice
Ils sont déposés le 11 Octobre à Funchal de Madère, puis rapatriés sur Lisbonne à bord du vapeur SAN MIGUEL.
Toutefois, le novice François Ollivier est gardé à bord du DOUAUMONT, ayant signé un nouveau contrat
d’engagement avec le capitaine.
De Lisbonne, les trois autres marins sont rapatriés sur Bayonne où ils arriveront le 6 Novembre.
Nuit du 2 au 3 Octobre
Un cinquième doris atterrit au cap Ferret.
Il porte les naufragés suivants PERRU François
AUVRAY Eugène (parfois orthographié ANRAY)
LE BLANC Auguste
LE RENARD Victor
Ce doris n’a pu se servir de sa voile que deux jours seulement. Dans l’après-midi du 2 Octobre, entre 13h00 et 15h00, ils ont aperçu deux patrouilleurs à 2 ou 3 milles et ont fait des signaux qui n’ont pas été aperçus.
A la nuit, ils ont aperçu un feu à éclats blancs et rouges et se sont dirigés dessus. A minuit, ils ont atterri sous le phare du cap Ferret et ont été secourus par le garde-forestier et sa femme qui leur ont prodigué les soins les plus dévoués et auxquels ils expriment toute leur reconnaissance et leurs remerciements.
Ils ont beaucoup souffert de la soif, leur baril d’eau douce s’étant vidé tant par les faussets que par la bonde. Ils sont restés six jours ne buvant que de l’eau de mer et leur urine.
Ils sont extrêmement faibles et aspirent à prendre quelques jours de repos dans leurs familles. Satisfaction leur sera donnée et toutes les dispositions seront prises par l’Inscription maritime de Bordeaux, indique l’Administrateur.
3 Octobre
Un télégramme de La Rochelle annonce que le torpilleur TROMBLON a recueilli un sixième doris portant trois rescapés du MARCEAU.
Ce sont DARCEL François Second capitaine
COTARD Jean-Marie
CHICHERY Eugène
Ils ont été récupérés à 4 milles seulement au large d’Oléron. Ils sont débarqués à La Rochelle, mais on ne possède pas de récit de leur odyssée.
Le même jour, un autre télégramme annonce que quatre rescapés du MARCEAU viennent de débarquer à La Rochelle.
Ce sont LE SAULNIER Eugène
BOURGET Henri
VINCENT Guillaume
LE MOINE Auguste
Aucun renseignement n’est donné sur la façon dont ils sont arrivés à La Rochelle.
En fin de compte, il semblerait qu’un seul doris n’ait jamais été retrouvé, celui dans lequel avaient pris place
LE PENVEN Yves Patron
LE PENVEN Eugène Avant (fils)
JOSSELIN Mathurin Saleur
AVREUIL Jean-Baptiste Novice
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 54 du KL Kurt HEESELER.
Nous avions déjà rencontré ce sous-marin au sujet MARTHE MARGUERITE.
Cdlt
MARCEAU
Trois-mâts morutier de Saint Malo
Armateur CHEVALIER, de Saint Malo
Parti de Saint Pierre et Miquelon le 6 Septembre 1917 pour La Pallice avec un chargement de 4500 quintaux de morues.
Voici la composition de son équipage

Le 24 Septembre, le voilier est arraisonné par un croiseur auxiliaire anglais qui lui donne sa position et contrôle ses papiers.
Le 25 Septembre , vers 04h00 du matin, un bruit de moteur est entendu sans que l’on puisse voir aucun navire. Le bruit s’éloigne et disparaît.
A 05h00 du matin, à environ 300 milles de la côte, le voilier fait route à 2 nœuds, très beau temps, mer calme, petite brise de NNW, lorsqu’apparaît à tribord un sous-marin faisant route sur lui à 10 nœuds.
Il tire une trentaine de coups de canons, espacés d’une minute, sur le MARCEAU. Le premier obus passe à travers la mâture, entre le grand mât et la misaine, et tombe long. Le deuxième tombe court, le 3e à 40 m sur bâbord et le 4e à 10m court. Pas de tués ni de blessés.
Le capitaine vient alors vent debout et donne l’ordre d’abandonner. L’équipage descend dans huit doris, déjà préparés. Le capitaine avait effectué une répartition par doris : 1 officier et 1 patron ou bien 2 patrons, accompagnés de 2 avants ou bien d’1 avant et 1 novice. Il les avait pourvus en eau et biscuit. Il avait fait mettre dans chaque doris un compas et une corne de brume.
Les doris s’écartent du MARCEAU que le sous-marin continue à canonner. Puis il s’éloigne vers l’ouest en demi plongée. Le MARCEAU se mâte et coule par l’avant vers 08h30.
Le sous-marin était très grand, la taille d’un bâtiment de 1000 tonnes. Son avant était semblable à celui du VALMY. Il avait un canon de 105 ou 120 sur l’avant du kiosque, et rien d’autre. Coque noirâtre et complètement lisse. Aperçu de loin 4 ou 5 hommes sur le pont. Sur des shchémas qu’on leur présente les marins semblent reconnaître un sous-marin de type U.
Voici le dessin effectué sur les indications du capitaine Le Tallec.

Les huit doris font route vers l’est, suivant les consignes du capitaine. Mais dès le second jour, tous se perdent de vue.
Les archives contiennent les copies d’une série de télégrammes retraçant les découvertes successives de ces naufragés et leurs diverses odyssées.
28 Septembre
Un premier doris est récupéré par 45°34 N et 06°51 W par le vapeur SENEGAMBIE. (Ce petit vapeur de 75 m de long, construit à Nantes en 1902 appartenait à un armement de Bordeaux. Il disparaîtra en 1918 suite à une collision).
Ce sont les rescapés suivants LE RENARD François
KAVORZIN Louis
TARDIVEL Alexandre
COMBE Charles Novice
Jusqu’au 27, ils avaient navigué à la voile cap au SeqE. Le 27 au soir, ils ont progressé à l’aviron, faute de vent. Le 28 au matin , ils ont aperçu une voile à 5 milles au nord ; ils ont hissé la voile pour tenter de lui couper la route et ont hissé une chemise blanche sur un aviron. Mais le voilier a continué sa route. Le soir, ils ont aperçu la fumée et le feu rouge et blanc du SENEGAMBIE. Ils ont forcé sur les avirons pour lui couper la route et crié pour attirer l’attention. Le vapeur a stoppé et les a recueillis.
Depuis le 25, ils ne disposaient que de 15 l deau et de 20 galettes de biscuit, le reste étant avarié. Ils se sont soutenus en mangeant une galette par jour et se disposaient à réduire la ration pour tenter de tenir trois ou quatre jours de plus.
Ils sont débarqués le 4 Octobre à Casablanca.
29 Septembre
Le deuxième doris est repéré à 11h00 du matin et récupéré par le vapeur danois MERCURE sur lequel les hommes sont réconfortés.
Il porte les naufragés suivants GUERET Joseph
FORTIN Ernest
CHEINIER Jules
BUTON Louis
Ils sont débarqués à Cadix, puis dirigés sur Cerbère et Cette où ils sont interrogés. Ce sont les premiers de retour en France et ils ne peuvent donner aucun renseignement sur les 27 autres membres de l’équipage.
L’officier enquêteur écrit :
« Quoique l’évacuation du voilier ait été décidée un peu hâtivement, on ne peut critiquer le capitaine car il n’aurait pu éviter la perte de son bâtiment. Le sort de l’équipage n’aurait pu être amélioré en prolongeant sa présence à bord… »
Après un long calcul rempli d’explications il fixe la position du naufrage à 48°26 N et 08°10 W.
Il écrit aussi que les renseignements donnés sur le sous-marin sont vagues et que le croquis tenté par l’un des matelots est inutilisable.
30 Septembre
Le troisième doris, celui du capitaine, atterrit à Belle-Ile en mer.
Il porte les naufragés suivants : LE TALLEC Emmanuel Capitaine
LE VIGRANT François Maître d’équipage
ROUXEL Jean
ROUXEL Louis
Ce doris avait fait route à la voile et à l’aviron, cap vers la terre. Le 28 à 11h00 un paquebot à deux cheminées est aperçu et passe à 500 m sans voir ni entendre les signaux , vareuse cirée agitée au bout d’un aviron, balancement du tape-cul, appel à la corne de brume. Ce paquebot était probablement le PORTO RICO.
A 17h00 le 28, le pinceau du feu de Belle-Ile est aperçu. On fait route à l’aviron et le 30 à 08h00 du matin le doris est aperçu par un hydravion en patrouille qui le signale aussitôt au sémaphore. Trois heures plus tard, un cotre de pêche prend le doris en remorque et le ramène à Port Goulphar. Les hommes sont ensuite rapatriés sur Lorient où ils sont interrogés.
1er Octobre
Le quatrième doris est retrouvé et recueilli à 22h30 par le voilier français DOUAUMONT.
Il porte les naufragés suivants HELLIO Alexandre (parfois orthographié KELLIO)
YVET Jean-Baptiste
BOIXIERE Joseph
OLLIVIER François Novice
Ils sont déposés le 11 Octobre à Funchal de Madère, puis rapatriés sur Lisbonne à bord du vapeur SAN MIGUEL.
Toutefois, le novice François Ollivier est gardé à bord du DOUAUMONT, ayant signé un nouveau contrat
d’engagement avec le capitaine.
De Lisbonne, les trois autres marins sont rapatriés sur Bayonne où ils arriveront le 6 Novembre.
Nuit du 2 au 3 Octobre
Un cinquième doris atterrit au cap Ferret.
Il porte les naufragés suivants PERRU François
AUVRAY Eugène (parfois orthographié ANRAY)
LE BLANC Auguste
LE RENARD Victor
Ce doris n’a pu se servir de sa voile que deux jours seulement. Dans l’après-midi du 2 Octobre, entre 13h00 et 15h00, ils ont aperçu deux patrouilleurs à 2 ou 3 milles et ont fait des signaux qui n’ont pas été aperçus.
A la nuit, ils ont aperçu un feu à éclats blancs et rouges et se sont dirigés dessus. A minuit, ils ont atterri sous le phare du cap Ferret et ont été secourus par le garde-forestier et sa femme qui leur ont prodigué les soins les plus dévoués et auxquels ils expriment toute leur reconnaissance et leurs remerciements.
Ils ont beaucoup souffert de la soif, leur baril d’eau douce s’étant vidé tant par les faussets que par la bonde. Ils sont restés six jours ne buvant que de l’eau de mer et leur urine.
Ils sont extrêmement faibles et aspirent à prendre quelques jours de repos dans leurs familles. Satisfaction leur sera donnée et toutes les dispositions seront prises par l’Inscription maritime de Bordeaux, indique l’Administrateur.
3 Octobre
Un télégramme de La Rochelle annonce que le torpilleur TROMBLON a recueilli un sixième doris portant trois rescapés du MARCEAU.
Ce sont DARCEL François Second capitaine
COTARD Jean-Marie
CHICHERY Eugène
Ils ont été récupérés à 4 milles seulement au large d’Oléron. Ils sont débarqués à La Rochelle, mais on ne possède pas de récit de leur odyssée.
Le même jour, un autre télégramme annonce que quatre rescapés du MARCEAU viennent de débarquer à La Rochelle.
Ce sont LE SAULNIER Eugène
BOURGET Henri
VINCENT Guillaume
LE MOINE Auguste
Aucun renseignement n’est donné sur la façon dont ils sont arrivés à La Rochelle.
En fin de compte, il semblerait qu’un seul doris n’ait jamais été retrouvé, celui dans lequel avaient pris place
LE PENVEN Yves Patron
LE PENVEN Eugène Avant (fils)
JOSSELIN Mathurin Saleur
AVREUIL Jean-Baptiste Novice
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 54 du KL Kurt HEESELER.
Nous avions déjà rencontré ce sous-marin au sujet MARTHE MARGUERITE.
Cdlt