Re: JEANNETTE, 3-mâts goélette de Terre Neuve
Publié : mer. févr. 04, 2009 6:15 pm
Un navire sur lequel j'ai bcp travaillé pour offrir à la famille d'un officier du bord l'histoire exacte de sa fin.
LORIENT 8 OCTOBRE 1917
RAPPORT DE LA COMMISSION D’ENQUETE SUR LA PERTE DU TROIS MATS « JEANNETTE »
Ayant débanqué le 17 septembre, le morutier « JEANNETTE » se trouvait le 2 octobre à 19 heures (heure solaire) par 46°40’ N et 14°34’ W (méridien de Paris) quand on aperçoit par l’AV comme une voilure de petit bateau de pêche. On ne tarde pas à reconnaître un sous-marin et quelques instants après un projectile passe dans la mâture (entre le grand mât et le mât de misaine). La soirée est claire, le navire ne marche que trois nœuds et n’est pas armé. Aussi le capitaine fait-il immédiatement amener les voiles, mettre les six doris à la mer et évacuer son bâtiment.
Les doris s’éloignent puis s’arrêtent à un mille environ. Le sous-marin qui ne s’est pas approché de la « JEANNETTE » et montre une certaine circonspection se dirige lentement vers elles ; son commandant fait accoster celles qui portent le capitaine et le patron de pêche, et fait monter ceux-ci à son bord. Il leur pose en français et en anglais des questions sur leur provenance, leur destination, leur chargement. Il leur ordonne d’évacuer une de leurs embarcations dont les hommes sont répartis dans les cinq autres et il prend cette doris à la remorque, probablement dans le but de s’en servir pour aller reconnaître, piller et couler le voilier.
A la demande du capitaine de la « JEANNETTE » qui lui représente qu’il n’a pas assez de vivres pour faire une traversée de 400 milles et qui sollicite d’aller en chercher à bord, l’Allemand répond : IMPOSSIBLE. Il fait ensuite rembarquer le capitaine et le patron de pêche et leur dit : « je coulerai votre bateau demain matin, partez et bon voyage ».
A 21 heures, les doris se mettent en route pour leur dangereuse traversée. Toute la nuit elles naviguent de concert. Le 3 à midi, celles qui ont une voilure l’établissent et le soir la doris du patron de pêche, qui est en tête, n’en voit plus que 3 derrière elle. Le lendemain 4, le patron de pêche n’a plus personne en vue. Il continue sa route à la voile jusqu’au 7 et à quelques milles de Penmarc’h, il est recueilli par le chalutier « ROSSIGNOL » qui le ramène à Lorient. Des quatres autres doris, aucune nouvelle n’est parvenue et il est probable qu’il y a à déplorer la mort de ceux qui les montaient.
En l’absence du capitaine dont on n’a pas de nouvelles, la commission estime qu’elle n’est pas suffisamment informée pour établir des conclusions fermes. Il lui semble néanmoins que le capitaine ne doit pas être rendu responsable de la perte de son navire.
Signé DUMOULIN capitaine de frégate
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SIGNALEMENT DU SOUS-MARIN
- 80 à 90m de long, 5m de large
- kiosque de 1,5m de haut, murailles droites avec échelle d’accès sur le côté du kiosque à tribord. Un écusson blanc bordé de rouge et portant une croix rouge au milieu (dimensions 20 centimètres au plus). Bouteilles d’air le long du kiosque.
- 2 canons de 120 placés à 3m l’un sur l’AV, l’autre sur l’AR du kiosque et montés sur affût à crinoline, à l’AR de chaque canon, une plate-forme circulaire surélevée de quelques centimètres et paraissant indépendante du pont peut faire croire à un dispositif permettant de rentrer les canons.
- Quand le sous-marin a été vu, il avait une voile aurique arrière et 1 ou 2 focs devant qu’il a amené lorsqu’il a commencé l’attaque, mais ensuite on n’a plus rien vu sur le pont.
- Il y avait deux fils allant de l’AV à l’AR en passant par le sommet du kiosque où ils étaient attachés à des isolateurs de verre.
- Gris foncé, peinture fraîche
- Pas d’embarcation.
Ce serait le même sous-marin qui aurait coulé le 30 septembre le vapeur anglais « DRAKE » par 46°30’ N et 13° W, le 1er le trois mâts « NEUILLY » par 46°27’ N et 15°07’ W, et qui est resté dans les parages jusqu’au 11 octobre.
----------------
Effectivement, c'est bien le même sous-marin, il s'agit de l' U 90 du Kplt Walter Rémy
Un chapitre est consacré à la Jeannette sur le site histomar :
http://www.histomar.net/GSM/htm/janet.htm
LORIENT 8 OCTOBRE 1917
RAPPORT DE LA COMMISSION D’ENQUETE SUR LA PERTE DU TROIS MATS « JEANNETTE »
Ayant débanqué le 17 septembre, le morutier « JEANNETTE » se trouvait le 2 octobre à 19 heures (heure solaire) par 46°40’ N et 14°34’ W (méridien de Paris) quand on aperçoit par l’AV comme une voilure de petit bateau de pêche. On ne tarde pas à reconnaître un sous-marin et quelques instants après un projectile passe dans la mâture (entre le grand mât et le mât de misaine). La soirée est claire, le navire ne marche que trois nœuds et n’est pas armé. Aussi le capitaine fait-il immédiatement amener les voiles, mettre les six doris à la mer et évacuer son bâtiment.
Les doris s’éloignent puis s’arrêtent à un mille environ. Le sous-marin qui ne s’est pas approché de la « JEANNETTE » et montre une certaine circonspection se dirige lentement vers elles ; son commandant fait accoster celles qui portent le capitaine et le patron de pêche, et fait monter ceux-ci à son bord. Il leur pose en français et en anglais des questions sur leur provenance, leur destination, leur chargement. Il leur ordonne d’évacuer une de leurs embarcations dont les hommes sont répartis dans les cinq autres et il prend cette doris à la remorque, probablement dans le but de s’en servir pour aller reconnaître, piller et couler le voilier.
A la demande du capitaine de la « JEANNETTE » qui lui représente qu’il n’a pas assez de vivres pour faire une traversée de 400 milles et qui sollicite d’aller en chercher à bord, l’Allemand répond : IMPOSSIBLE. Il fait ensuite rembarquer le capitaine et le patron de pêche et leur dit : « je coulerai votre bateau demain matin, partez et bon voyage ».
A 21 heures, les doris se mettent en route pour leur dangereuse traversée. Toute la nuit elles naviguent de concert. Le 3 à midi, celles qui ont une voilure l’établissent et le soir la doris du patron de pêche, qui est en tête, n’en voit plus que 3 derrière elle. Le lendemain 4, le patron de pêche n’a plus personne en vue. Il continue sa route à la voile jusqu’au 7 et à quelques milles de Penmarc’h, il est recueilli par le chalutier « ROSSIGNOL » qui le ramène à Lorient. Des quatres autres doris, aucune nouvelle n’est parvenue et il est probable qu’il y a à déplorer la mort de ceux qui les montaient.
En l’absence du capitaine dont on n’a pas de nouvelles, la commission estime qu’elle n’est pas suffisamment informée pour établir des conclusions fermes. Il lui semble néanmoins que le capitaine ne doit pas être rendu responsable de la perte de son navire.
Signé DUMOULIN capitaine de frégate
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SIGNALEMENT DU SOUS-MARIN
- 80 à 90m de long, 5m de large
- kiosque de 1,5m de haut, murailles droites avec échelle d’accès sur le côté du kiosque à tribord. Un écusson blanc bordé de rouge et portant une croix rouge au milieu (dimensions 20 centimètres au plus). Bouteilles d’air le long du kiosque.
- 2 canons de 120 placés à 3m l’un sur l’AV, l’autre sur l’AR du kiosque et montés sur affût à crinoline, à l’AR de chaque canon, une plate-forme circulaire surélevée de quelques centimètres et paraissant indépendante du pont peut faire croire à un dispositif permettant de rentrer les canons.
- Quand le sous-marin a été vu, il avait une voile aurique arrière et 1 ou 2 focs devant qu’il a amené lorsqu’il a commencé l’attaque, mais ensuite on n’a plus rien vu sur le pont.
- Il y avait deux fils allant de l’AV à l’AR en passant par le sommet du kiosque où ils étaient attachés à des isolateurs de verre.
- Gris foncé, peinture fraîche
- Pas d’embarcation.
Ce serait le même sous-marin qui aurait coulé le 30 septembre le vapeur anglais « DRAKE » par 46°30’ N et 13° W, le 1er le trois mâts « NEUILLY » par 46°27’ N et 15°07’ W, et qui est resté dans les parages jusqu’au 11 octobre.
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Effectivement, c'est bien le même sous-marin, il s'agit de l' U 90 du Kplt Walter Rémy
Un chapitre est consacré à la Jeannette sur le site histomar :
http://www.histomar.net/GSM/htm/janet.htm