Sylvana — Trois-mâts goélette terre-neuvier — Armement Caujole, Saint-Malo.
L’attaque au canon du trois-mâts Sylvana par un ou deux sous-marins,
survenue le 19 novembre 1917.
survenue le 19 novembre 1917.
I. — Torpilleur d’escadre Escopette — alors commandé par le lieutenant de vaisseau Jean Yves Marie GUÉGUEN —, Journal de bord n° x /1917 — 20 oct. ~ 21 nov. 1917 — (Service historique de la Défense, Cote SS Y 199, p. num. 390).
Journée du 19 novembre [1917].
En patrouille au large de Guernesey.
En patrouille au large de Guernesey.
8 h. 00 — Entendu canon dans l’Est (200 tours, route sur les lieux).
Aperçu voilier Sylvana Saint-Malo en dérive.
Recueilli deux embarcations avec l’équipage du Sylvana (canonné par deux sous-marins).
Surveillé Sylvana après lui avoir donné ordre de faire route sur Cherbourg.
Pris en remorque le Sylvana.
16 h. 45 — Passé remorque du voilier Sylvana au yacht Milano (*).
Aperçu voilier Sylvana Saint-Malo en dérive.
Recueilli deux embarcations avec l’équipage du Sylvana (canonné par deux sous-marins).
Surveillé Sylvana après lui avoir donné ordre de faire route sur Cherbourg.
Pris en remorque le Sylvana.
16 h. 45 — Passé remorque du voilier Sylvana au yacht Milano (*).
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(*) Lecture probable.
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II. — Torpilleur d’escadre Escopette — alors commandé par le lieutenant de vaisseau Jean Yves Marie GUÉGUEN —, Rapport de mer n° 48, non daté, Cahier de correspondance du commandant (Service histo-rique de la Défense, Cote SS Y 200, p. num. 1.248 et 1.249).
A Monsieur le Capitaine de frégate, commandant la 2e Escadrille de contre-torpilleurs,
Commandant,
L’Escopette était le 19 novembre, 8 h. 10, à 7 milles N. 80 O. de la pointe Pleinmont, route sur Roches-Douvres, lorsque nous avons entendu dans le N.-O. une assez forte canonnade.
Je suis venu aussitôt à 20 nœuds dans cette direction et ai bientôt aperçu dans l’O. N.-O. un voilier sur lequel j’ai couru. La canonnade avait cessé. Arrivé auprès du voilier (à 8 milles environ dans l’Ouest du point de 8 h. 10), j’ai vu qu’il était abandonné et dérivait avec toutes ses voiles dessus. Il portait des traces de projectiles, surtout dans sa voilure.
Presque aussitôt après, nous avons aperçu à environ un mille deux embarcations. Je les ai recueillies, pensant bien que c’était l’équipage du voilier. J’ai appris alors du commandant que le Sylvana, allant de Saint-Servan à Swansea avec du minerai, avait été attaqué au canon par deux sous-marins, dont un aurait porté une voile. Le second serait de grandes dimensions. Le Sylvana a reçu les premiers obus avant de voir le (ou les) sous-marins ; il a répondu avec son 47 mm, mais le commandant estime que le sous-marin était à 5 ou 6 milles, et que le 47 était donc impuissant.
Le commandant a alors abandonné le bâtiment et l’équipage s’est éloigné dans les deux doris pendant qu’un sous-marin se rapprochait. C’est à ce moment précis que nous fûmes vus par les embarcations et évidemment par l’ennemi qui plongea aussitôt sans que je l’aie aperçu.
Aux dires du capitaine, le Sylvana avait beaucoup souffert, le 47 aurait éclaté.
J’ai reconduit l’équipage à son bord dans les doris et j’ai fait accompagner par mon youyou dans lequel avait pris passage mon officier en second, M. L… [Illisible], et quelques hommes (timonier, armurier, gabier). M. L… m’ayant bientôt signalé que le Sylvana n’avait que des avaries insignifiantes, que sa pièce était intacte, j’ai donné ordre au voilier de faire route pour Cherbourg.
Bien que n’ayant à aucun moment aperçu le ou les sous-marins, j’ai pensé qu’ils laisseraient difficilement échapper cette proie et j’ai prescrit de passer par le raz Blanchard, afin d’être plutôt dans les parages difficiles pour les sous-marins. J’ai décrit d’ailleurs de continuelles spirales autour du Sylvana.
Je joins à ce rapport une note de M. L… qui a visité le bâtiment. Mon impression très nette est que le voilier n’a fait qu’esquisser un geste de défense, que son tir a été ridiculement médiocre et qu’enfin, le capitaine s’est décidé très vite à l’abandon du bâtiment. Notre arrivée rapide a seule empêché la scène classique du pillage du voilier suivie de la pose de bombes.
Je crois toutefois que le marin de l’État chef de pièce a eu une belle attitude sous le feu. Enfin, la présence simultanée de deux sous-marins me paraît bien douteuse…
Signé : Jean Guéguen, lieutenant de vaisseau, commandant l’Escopette.
Je suis venu aussitôt à 20 nœuds dans cette direction et ai bientôt aperçu dans l’O. N.-O. un voilier sur lequel j’ai couru. La canonnade avait cessé. Arrivé auprès du voilier (à 8 milles environ dans l’Ouest du point de 8 h. 10), j’ai vu qu’il était abandonné et dérivait avec toutes ses voiles dessus. Il portait des traces de projectiles, surtout dans sa voilure.
Presque aussitôt après, nous avons aperçu à environ un mille deux embarcations. Je les ai recueillies, pensant bien que c’était l’équipage du voilier. J’ai appris alors du commandant que le Sylvana, allant de Saint-Servan à Swansea avec du minerai, avait été attaqué au canon par deux sous-marins, dont un aurait porté une voile. Le second serait de grandes dimensions. Le Sylvana a reçu les premiers obus avant de voir le (ou les) sous-marins ; il a répondu avec son 47 mm, mais le commandant estime que le sous-marin était à 5 ou 6 milles, et que le 47 était donc impuissant.
Le commandant a alors abandonné le bâtiment et l’équipage s’est éloigné dans les deux doris pendant qu’un sous-marin se rapprochait. C’est à ce moment précis que nous fûmes vus par les embarcations et évidemment par l’ennemi qui plongea aussitôt sans que je l’aie aperçu.
Aux dires du capitaine, le Sylvana avait beaucoup souffert, le 47 aurait éclaté.
J’ai reconduit l’équipage à son bord dans les doris et j’ai fait accompagner par mon youyou dans lequel avait pris passage mon officier en second, M. L… [Illisible], et quelques hommes (timonier, armurier, gabier). M. L… m’ayant bientôt signalé que le Sylvana n’avait que des avaries insignifiantes, que sa pièce était intacte, j’ai donné ordre au voilier de faire route pour Cherbourg.
Bien que n’ayant à aucun moment aperçu le ou les sous-marins, j’ai pensé qu’ils laisseraient difficilement échapper cette proie et j’ai prescrit de passer par le raz Blanchard, afin d’être plutôt dans les parages difficiles pour les sous-marins. J’ai décrit d’ailleurs de continuelles spirales autour du Sylvana.
Je joins à ce rapport une note de M. L… qui a visité le bâtiment. Mon impression très nette est que le voilier n’a fait qu’esquisser un geste de défense, que son tir a été ridiculement médiocre et qu’enfin, le capitaine s’est décidé très vite à l’abandon du bâtiment. Notre arrivée rapide a seule empêché la scène classique du pillage du voilier suivie de la pose de bombes.
Je crois toutefois que le marin de l’État chef de pièce a eu une belle attitude sous le feu. Enfin, la présence simultanée de deux sous-marins me paraît bien douteuse…
Signé : Jean Guéguen, lieutenant de vaisseau, commandant l’Escopette.
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