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Re: SAUTERNES - Compagnie Worms et Cie

Publié : sam. déc. 06, 2008 10:05 am
par Ar Brav
Bonjour à tous,

SAUTERNES Cargo (1900-1917)

Chantier :

Dobson, W., Low Walker, Grande-Bretagne.
Commencé : 1900
Mis à flot : 26.04.1900
Terminé : 05.1900
En service : 1900 (MM)
Retiré : 05.08.1917 (MM)
Caractéristiques : 902 tjb ; 64 x 9,1 m ; 1 machine alternative ; chaudières ; 11 nœuds.
Armement : I ou II de 75 mm ou de 90 mm, à confirmer.

Observations :

Cargo français Sauternes lancé en 1900 en Grande-Bretagne pour le compte de la Compagnie Worms & Cie, Le Havre. Numéro de chantier 110.
05.08.1917 : le Sauternes est coulé par le sous-marin U-61 (KL Victor Dieckmann) à environ 9 milles du Cap Ferret lors d’un voyage de Bordeaux vers l’Espagne. L’U-61 disparaitra à son tour le 26 mars 1918 dans le Canal Saint Georges.
Le Sauternes ne semble pas avoir été réquisitionné.

Sources :

Répertoire des navires de guerre français, Jacques Vichot, Pierre Boucheix, refondu par Hubert Michéa, AAMM, 2003
La Marine Marchande française, Jean Randier, EMOM, 1980
La Marine Marchande française de 1914 à nos jours, Jérôme Billard, Editions ETAI, 1999
Notre Marine Marchande pendant la guerre, René de la Bruyère, Payot, 1920


Tout renseignement, notamment des photos, sera le bienvenu, merci par avance.

Cordialement,
Franck

Re: SAUTERNES - Compagnie Worms et Cie

Publié : jeu. juin 04, 2015 11:20 am
par Rutilius

Bonjour à tous,


Début 1917, le cargo Sauternes était commandé par Lucien BRIN, capitaine au long-cours, inscrit à Nantes, n° 515, et avait pour chef mécanicien Fernand CHARLEMIN, inscrit au Havre, n° 4.946 (Déc. du sous-secrétaire d’État à la Marine marchande du 21 janv. 1917 établissant la liste des capitaines ou patrons des navires de commerce, des armateurs et des mécaniciens qui ont obtenu des félicitations pour la bonne tenue des postes d'équipage et le bon entretien des machines, chaudières, etc. : J.O., 25 janv. 1917, p. 741).

Re: SAUTERNES - Compagnie Worms et Cie

Publié : jeu. juin 04, 2015 11:43 am
par Rutilius

Bonjour à tous,


Marins disparus le 5 août 1917 avec le cargo Sauternes.

[2/3]

Judiciairement déclarés « Morts pour la France »


Jugement rendu par le Tribunal civil de Brest le 21 novembre 1917 et transcrit à Brest, le 28 novembre 1917.

(Registre des actes de décès de la ville de Brest, Année 1917, Vol. III., f° 133, acte n° 1.765).


« Attendu que le cinq août mil neuf cent dix-sept à quatorze heures trente, le vapeur Sauternes se trouvait dans la mer, Sud-Ouest du cap Ferret, quand il fut torpillé ; le navire coula en peu de minutes et les sieurs Chaintrier Michel, premier chauffeur, et Guernon [Lire : Guernion] Louis Marie Laurent, matelot, durent être engloutis avec le navire car ils ne reparurent pas et toutes les recherches faites par les survivants restèrent sans résultat ; qu’ils ne furent pas non plus recueillis par les autres navires faisant partie du même convoi que le Sauternes ; que depuis cette époque, Chaintrier et Guernon n’ont pas reparu à leur domicile, ni donné de leurs nouvelles à leurs familles et qu’aucun acte de décès n’a été transcrit à leurs noms sur les registres de l’état civil de leur dernier domicile ; que dans ces conditions, il y a lieu de considérer le décès de ces deux marins comme certain ; que le Sauternes avait été armé à Brest le vingt octobre mil neuf cent seize ;

Par ces motifs : Vu les procès verbaux de disparition des deux marins Chaintrier et Guernon, dressés le cinq août mil neuf cent dix-sept ; le premier par M. Prigent, capitaine du vapeur Sauternes ; le second par M. Vicel, capitaine de frégate, commandant la 7e Escadrille des patrouilleurs de Gascogne, dont les copies ont été transmises par M. le Ministre de la Marine à M. le Procureur général près la cour d’appel de rennes, conformément à l’article 90 du Code civil, modifié par la loi du 8 juin 1893. Déclare constant ...
»


— CHAINTRIER Michel, né le 17 novembre 1866 au lieu-dit Baudry, commune de Saint-Ciers-la-Lande – aujourd’hui Saint-Ciers-sur-Gironde – (Gironde) et domicilié à Bordeaux (– d° –), au 35, rue Ausone. Premier chauffeur, inscrit au quartier de Pauillac, n° ...

Fils de Michel CHAINTRIER, né vers 1840, cultivateur, et de Marie CONSTANTIN, née vers 1840, cultivatrice (Registre des actes de naissance de la commune de Saint-Ciers-la-Lande, Année 1866, f° 18, acte n° 63). Époux de Louise Mélina ABADIE.


— GUERNION Louis Marie Laurent, né le 10 août 1894 à Hillion (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –) et y domicilié, Matelot de 3e classe sans spécialité, A.M.B.C. de Bordeaux, Matricule n° 40.965 – 1.

Fils de Jean René Louis GUERNION, né vers 1859, débitant de boissons, et de Jeanne Marie Mathurine CAMPION, née vers 1865, « ménagère » (Registre des actes de naissance de la commune d’Hillion, Année 1894, f° 23, acte n° 43). Célibataire.


Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 4 janvier 1922 (art. 2 ; J.O. 12 janv. 1922, p. 602), inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

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(p. 608)

Re: SAUTERNES - Compagnie Worms et Cie

Publié : mar. déc. 08, 2015 3:15 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

SAUTERNES

Note du Préfet de Gironde au Ministre de la Marine 29 Mai 1917

Le 22 Mai 1917 à 11h30 du matin, à dix milles au large de Bayonne, la vigie du vapeur SAUTERNES de la Compagnie Worms aperçut à la surface de la mer un sillage. Quelques secondes après apparut sur la mer un point noir assez volumineux.

Ordre fut donné de tirer au canon dans la direction où était apparu l’objet suspect. 4 coups furent tirés sans qu’il fût possible de juger des résultats obtenus.
Les batteries du Boucau ouvrirent le feu à leur tour et tirèrent dans la même direction. Il n’a pas été possible de déterminer la nature de l’objet apparu à la surface de la mer.

Le sous-marin (si sous-marin il y a) n’est pas identifié.


Naufrage du 5 Août 1917.
Note envoyée de Madrid à Marine Paris


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Le bruit circulait hier dans l’après midi que le SAUTERNES avait été coulé. Je suis allé aux renseignements à Hendaye où j’ai pu avoir confirmation du fait par le représentant à Pasages de la maison Worms, également venu aux renseignements.
Il résulte que le SAUTERNES a été torpillé hier Lundi vers 04h00 du matin à 7 ou 8 milles du Capbreton. Trois hommes de l’équipage manquent et le reste de l’équipage a été recueilli par les patrouilleurs et ramené à Saint Jean de Luz.

Un fait particulier est que le capitaine habituel du Sauternes, Monsieur Brin, se trouvait actuellement en congés et que son remplaçant, le capitaine Prigent a déjà été torpillé et a perdu il y a quelque temps le vapeur SAINT ELOI de la Société Denain-Anzin.

Je ne possède pas d’autres détails pour le moment et vous enverrai les renseignements complémentaires que j’aurai pu obtenir.

Signature illisible

Télégramme chiffré de Saint Jean de Luz à Marine Paris, BMCR Rochefort, La Rochelle, Bayonne et Bordeaux du 5 Août 1917

Fais connaître deux bâtiments ont été coulés.

Premier, nom inconnu, du convoi montant le 4 à 17h00 par torpille, à 60 milles S60W du cap Ferret, 6 survivants. (Nota : il doit s’agir de l’Anglais COUNTESS OF MAR, 2234 t, traversée Bilbao-Cardiff)

Deuxième SAUTERNES, convoi descendant, à 03h00 le 5 à 12 milles, même relèvement. Trois hommes manquants.

Rapport du capitaine

Vapeur SAUTERNES 539 tx Immatriculé au Havre. Appartenant à la Cie Worms

Quitté Bordeaux le 4 Août avec un chargement de futs vides à destination de Pasages, panneaux bien condamnés, navire en parfait état de navigabilité. Quitté le quai à 07h00 et changé de pilote à Pauillac. Mouillé au Verdon à 12h15 pour attendre le convoi.

Appareillé à 15h00, n° 1 de la ligne de 9 navires, pilote du convoi à bord. Sortie de la passe du Matelier à 19h00. A 19h25 venu au S500 sur ordre du chef de convoi.
Beau temps, ciel nuageux, légère brise de NW, mer peu houleuse.
5 Juillet à 01h25, par le travers du cap Ferret. Beau clair de lune, ciel clair.
A 02h30, une forte explosion se produit sur tribord arrière, sur l’avant de la dunette.

L’arrière du vapeur s’enfonce instantanément et se trouve immergé jusqu’au spardeck. Je télégraphie à la machine de stopper et prend les dispositions de sauvetage.. Les deux embarcations sont amenées et l’équipage, muni de ceintures de sauvetage y prend place. Celle de bâbord est dans de bonnes conditions, mais celle de tribord se remplit d’eau et s’engage sous le pont arrière. Je me rends près d’elle et, l’ayant dégagée, j’y prends place après m’être assuré que l’équipage a quitté le navire. L’arrière s’enfonce rapidement et je fais déborder les embarcations en nous maintenant assez éloignés du bord pour me rendre compte de la situation et ne pas être entraîné par le remous.

A 02h50, le convoyeur DU COUEDIC nous recueille et le navire ne semble plus s’enfoncer. Je fais monter l’équipage sur le navire sauveteur et constate qu’il y a trois manquants. Je reste dans la baleinière avec le 2e capitaine, le 2e mécanicien, le maître d’équipage et le matelot Toulouse pour retourner à bord et tenter le sauvetage du navire et des manquants. Mais au moment où la baleinière approche, se produit l’explosion des chaudières. SAUTERNES se dresse verticalement et disparaît brusquement dans les flots. Il est 03h10.
Le navire disparu, après avoir exploré les épaves sans aucun résultat je me suis dirigé sur le convoyeur qui nous a recueillis.

Je signale le calme et la conduite de l’équipage pendant les opérations de sauvetage ainsi que la promptitude du convoyeur à nous porter secours. Je signale aussi la conduite et le sang froid du pilote de la flotte Bargain qui, craignant une autre attaque, s’est précipité sur la barre pour faire évoluer le navire et contribuer, avec le 2e capitaine à effectuer les opérations de sauvetage.

Remarques de l’officier enquêteur

Le SAUTERNES a très certainement été torpillé puisqu’un sous-marin était signalé dans les parages. Mais nul ne peut l’affirmer et il y a autant de raisons pour qu’il ait touché une mine. Le seul fait certain est qu’il a coulé et qu’il n’y avait malheureusement rien à faire pour le sauver.

Le capitaine a sauvé les instructions délivrées au départ du Verdon, le mot clé pour le mois d’Août, et le modèle de chiffrement et de déchiffrement des radios. Ces trois documents ont été remis à l’officier enquêteur et détruit par l’officier adjoint du commandant de la Marine à Bayonne.

Mais la question se pose à nouveau de l’intérêt qu’il y a à faire naviguer les convois de nuit ou de jour. La meilleure des veilles reste inefficace la nuit et peu efficace le jour contre un ennemi caché. Mais les possibilités favorables sont pour la veille de jour. Je ne défends pas une thèse personnelle mais une thèse soulevée avec raison à mon avis par certains long-courriers auxquels on pourrait reprocher de ne pas s’être suffisamment entendus entre eux pour faire valoir leur opinion mûrement réfléchie et discutée.

Nos patrouilleurs, peu nombreux et très fatigués par un service continu n’ont pas la vitesse voulue pour être de bons chiens de garde. Tout au plus peuvent-ils aider au sauvetage des équipages torpillés. C’est beaucoup, mais c’est le côté secondaire de la mission qui leur est confiée. Avec une route unique qu’ils surveilleraient de jour comme de nuit, les médiocres patrouilleurs que nous avons n’assureraient-ils pas une protection plus efficace à des navires armés circulant librement ? L’expérience seule pourrait solutionner cet intéressant problème.

Note du Chef du Personnel Militaire de la Flotte

A propos des récompenses, il y aurait inconvénient grave à citer à l’Ordre de l’Armée le canonnier Garniou, tué le 5 Août 1917. Il est probable que ce marin qui a été projeté en l’air au moment de l’explosion est tombé à la mer et n’a pas reparu. Il a été tué, mais ce n’est pas une certitude. Le corps n’ayant pas été retrouvé, aucun acte de décès n’a pu être établi. Le matelot Garniou doit donc être considéré comme disparu, droit qui cesse dès que le décès est constaté (corps retrouvé dans le cas en cause). Le motif de la citation serait donc "Disparu lors du torpillage de son bâtiment". Est-ce un motif suffisant pour une citation à l’Ordre de l’Armée ? J’estime que non.

Le motif de citation du canonnier auxiliaire Berteaud ne rentre pas plus que celui de Garniou dans le cadre fixé par la circulaire du 2 Décembre 1916.

La seule récompense à proposer au Ministre est la citation du Capitaine au Long Cours Prigent à l’Ordre du Régiment.

Récompenses

Citation à l’Ordre du Régiment

PRIGENT Louis Joseph CLC EV auxiliaire Auray 57

Pour les qualités d’énergie dont il a fait preuve lors du torpillage de son bâtiment. Avait déjà été victime d’un torpillage.

Signé : Amiral Salaun

Le sous-marin attaquant

C'était donc, comme pour le COUNTESS OF MAR, l'U 61 du Kptlt Victor DIECKMANN

Cdlt

Re: SAUTERNES - Compagnie Worms et Cie

Publié : mar. déc. 08, 2015 4:11 pm
par Rutilius

Bonsoir à tous,


Le patronyme de l'aide canonnier de l'A.M.B.C. de Bordeaux, tel qu'il figure sur son acte de naissance, était bien « GUERNION » et non « GARNIOU »:


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Et CHAINTRIER était bien, comme son père, prénommé « Michel »


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